• 01. Travail sur la pièce de théâtre satirique québécoise "Citrouille" de Jean Barbeau (06/09/11)

     

    1.      De quoi parle la pièce? Qu’est-ce qu’on raconte?

     

    La pièce de théâtre «Citrouille» par Jean Barbeau est une satire dramatique qui parle de trois ardentes féministes de caractères assez différentes qui séquestrent un homme d’affaires dans une cabane pendant plusieurs jours. Les trois femmes voient en leur victime une manifestation maligne du sexe masculin cliché qui étouffe la liberté des femmes et leurs valeurs par son comportement dominateur, égoïste et ignorant. L’enlèvement est plutôt mal organisé et les trois kidnappeuses ayant chacune sa propre raison de vouloir se venger du sexe masculin ont en fin de compte des opinions différentes, des plans dystopiques et une vision plutôt limitée du monde. Tous ces facteurs sèment de la confusion et mènent à la tragédie ultime avec le viol de la victime à la fin de la pièce.

     

    1. Qui sont les personnages?

     

    «Citrouille» met en vedette quatre personnages.

     

    Citrouille est la chef des trois kidnappeuses. Elle est dominante, sans pitié et très brutale. Citrouille passe à l’action au lieu de parler, elle est très têtue et très sûre d’elle. Elle ressemble étrangement à sa victime qu’elle déteste tant. La jeune féministe haït les hommes depuis qu’un amant potentiel l’a laissée tomber d’une manière très humiliante. Son grand défaut est qu’elle est très égocentrique et cholérique tout en ayant une tendance à toujours aller jusqu’au bout peu importe le prix à payer. Elle devient d’une certaine sorte la victime de ses préjugés aveugles.

     

    Rachel est une jeune femme bien éduquée et intelligente et une sorte d’équilibre entre une Citrouille trop violente et une Mado trop déstabilisée. C’est elle qui a eu l’idée de l’enlèvement. Elle déteste les hommes car elle se sentait toujours mise de côté par ses parents et en particulier par son père qui aurait voulu avoir un fils. Son grand défaut est qu’elle devient de plus en plus un facteur instable dans le trio des kidnappeuses. Elle n’est pas tout à fait d’accord avec les gestes brutaux posés par Citrouille, mais ne sait guère comment s’y opposer et se fait enfin embarquer dans le jeu de la terreur en devenant elle-même une victime de son propre plan.

     

    Mado est une jeune femme de la campagne peu instruite. Elle est belle et prend les choses à la légère. C’est elle qui séduit la victime et lui tend un piège. Elle déteste les hommes car ses premières relations sexuelles ont été humiliantes pour elle. Elle a donc changé de direction pour devenir lesbienne selon ses propres dires plus ou moins crédibles tout au long de la pièce. Elle parle souvent pour parler. Son insouciance lui donne un air naïf voir sotte. Elle est très nerveuse, se laisse facilement impressionner et se laisse toujours convaincre par les autres de n’importe quoi. Elle est très dépendante des deux autres jeunes femmes et elle-même une victime manipulée.

     

    La véritable victime physique de la pièce s’appelle Michel Lemoyne qui est un jeune homme d’affaires qui réussit bien, mais qui traite le sexe opposé d’une manière superficielle. Il trompe sa femme régulièrement, sa bonne est sous-payée et il s’oppose aux syndicats des femmes. Michel Lemoyne est un homme plutôt intelligent qui manipule ses kidnappeuses et sème de la confusion. Son plus grand défaut est qu’il est trop sûr de lui, qu’il regarde les gens de haut et qu’il ne prend pas au sérieux du tout les trois kidnappeuses. 

     

    1. Quelle est la situation ou l’enjeu de l’extrait choisi?

     

    La scène choisie se trouve au centre du deuxième acte lorsque Michel Lemoyne a une discussion philosophique avec ses trois kidnappeuses sur les valeurs morales de la société et le rôle de la femme au sein de la société moderne.

     

    Lors de son monologue, Michel démontre son intelligence, sa persévérance et aussi son vrai visage. Ce moment est également le début de la fin. Son discours force les trois jeunes féministes à amorcer une sorte de jeu de rôle car elles réalisent qu’elles ne seront jamais capables de convaincre la victime de leur cause. Cette fatalité mène enfin à la violence physique et mentale extrême.

     

    1. Quel est l’objectif du personnage dans la scène?

     

    Michel Lemoyne tente d’éclaircir les trois kidnappeuses sur le fait qu’elles sont libres à faire de leurs vies ce qu’elles veulent, mais qu’elles ne devraient pas imposer ce choix aux autres femmes tout en généralisant leurs points de vue. Il met l’accent sur le fait que leur enlèvement est le mauvais geste et qu’elles auraient dû s’attaquer avant aux femmes qui les poignardent dans le dos. Il dit plus loin qu’il ne faut pas repasser en arrière, mais penser à l’avenir et il sera même prêt à pardonner l’erreur fatale des trois kidnappeuses.

     

    Avec ce discours, Michel veut atteindre quatre choses. Il cherche à déstabiliser les points faibles dans le trio de ses kidnappeuses en utilisant une rhétorique convaincante. En plus de cela, Michel veut prouver qu’il est résistant et que les actions de ce trio ne peuvent point le briser. En même temps, il veut faire semblant ici et plus loin dans le texte également de se mettre partiellement de leur côté idéologiquement en encourageant l’émancipation de la femme et son rôle dans la société par d’autres moyens que ceux que les trois femmes entreprennent afin d’apaiser leur soif de vengeance. Il cherche enfin à mettre l’accent sur l’inutilité des plans de ce trio en espérant que celles-ci acceptent de le libérer. Bref, il démontre sa supériorité, prétend offrir son soutien intellectuel et se bat pour sa liberté avec une dignité manipulatrice tout en provoquant Citrouille, Rachel et Mado.

     

     

     

    1. L’extrait ou le monologue choisi de la pièce «Citrouille»

     

    Voici l’extrait choisi de la pièce «Citrouille» de Jean Barbeau, apparue dans la Collection Répertoire Québécois, Éditions Leméac à Ottawa en 1974 et à Québec en 1975. La scène se passe lors du deuxième acte, plus exactement dit sur les pages 73 et 74 de la version mentionnée ci-dessus.

     

     

     

     

    MICHEL: «Qui vous empêche de faire ce que vous voulez? Aujourd’hui. Maintenant. Ben sûr que si vous attendez l’approbation des autres. Tout ce que vous dites, vous avez même pas le culot de le faire. Au lieu d’enlever des hommes pour leur faire avaler vos lieux communs, commencez donc par kidnapper les femmes qui vous poignardent dans le dos, qui vont combattre jusqu’à leur râlement pour préserver leur rôle d’épouse, de mère, de forman de cuisine, de technocrate du foyer, de haut-fonctionnaire à la direction générale de la main d’œuvre familiale. Sans parler de celles de votre acabit, qui au premier mâle qui sait comment s’y prendre, se laisse enfirwaper… in fur wrap… envelopper dans de la fourrure… Finie, la liberté… Vive l’esclavage! L’esclavage à grande gorgée. Vous courrez après. Vous puez l’esclavage. Le respect, ça s’impose, et pas par des lois. […] Arrêtez donc de regarder en arrière, de pleurnicher sur la déchéance de Sodome et Gomorrhe… Vous allez finir par vous changer en statue de sel, comme la femme de Loth. Il faut regarder en avant, penser à l’avenir… […] Vous allez toutes finir par rencontrer quelqu'un... […] On doit à cette fatalité d’être présent ici, et d’en discuter… Je me demande même comment on peut faire pour remettre en question une chose aussi primaire.»

     

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