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                J’ai choisi le livre «Der Schüler Gerber» (en français: «L’élève Gerber»)  de Friedrich Torberg comme volume sur lequel je voulais faire un résumé pour trois bonnes raisons. Premièrement, ce livre est tout simplement un de mes livres préférés qui présente selon moi des personnages authentiques et touchants confrontés à des événements dramatiques. Deuxièmement, je trouve que le sujet du livre est relié au cours de l’hétérogénéité dans les classes, au baccalauréat en enseignement et ainsi aussi à ma future profession en général. Troisièmement, ce livre est un classique dans les pays germanophones, mais malheureusement méconnu à l’extérieur de ces pays et je trouve que cet ouvrage mérite d’être présenté et discuté partout où on se préoccupe des sciences de l’éducation et de la psychologie.

     

                Pour comprendre le contenu du roman, il est important de connaître son auteur. C’est pour cette raison que je vais donner une courte biographie de l’écrivain qui inclut également des faits autour du roman dont je vais parler plus en détail par la suite. Friedrich Torberg est le nom de plume de l’écrivain autrichien Friedrich Ephraim Kantor, né le 16 septembre 1908 à Vienne. Il grandit à Prague où il fut intégré dans un système scolaire arriéré et établie par la monarchie sous lequel il souffrit beaucoup. En 1927, il échoua aux épreuves finales pour obtenir le certificat de la maturité et ne passa les examens qu’en 1928. Dans ce temps-là, Torberg travailla déjà pour plusieurs journaux. Il fréquenta ensuite durant une courte période l’université de Prague pour faire des études en philosophie et peu après en droits. Après trois semestres, il fit face aux premières épreuves écrites et décida d’abandonner ses cours pour ne pas devoir faire face à ces examens, se rappelant de ses mauvaises expériences en 1927.

     

     «Der Schüler Gerber» était son premier roman, écrit en hiver 1929, qui devint un succès inattendu. Le livre fut traduit en sept langues en une année, plus tard en plus que dix langues et un film fut réalisé dans les années quatre-vingt. À nos jours, ce roman est d’ailleurs souvent suggéré comme lecture de cours de pédagogie ou de psychologie en Allemagne, en Autriche et en Suisse. Suite à ce succès, les livres de Torberg, qui avait des racines juives et qui avait écrit pour des journaux sionistes radicaux, furent interdit par le régime nazi. Torberg émigra bientôt en Suisse, par la suite en France et finalement aux États-Unis et il critiqua le régime nazi par le moyen littéraire. Il ne revint dans sa ville natale qu’en 1951 où il s’impliqua politiquement et littérairement contre la nouvelle menace communiste et rédigea d’autres romans qui n’eurent pas tout à fait le même succès que son premier. Il mourut dans cette ville le 10 novembre 1979 à l’âge de 71 ans.

     

                Le roman «Der Schüler Gerber» peut être considéré comme une œuvre semi-autobiographique. Torberg fut fortement inspiré par ses propres difficultés rencontrées durant sa carrière scolaire. Il y a un événement spécial qui a largement influencé l’auteur de composer de son roman. Dans la préface de la version originale, Torberg décrit que dans la semaine du 27 janvier au 3 février 1929, dix suicides commis par des élèves en une seule semaine furent mentionnés par les journaux locaux et bouleversèrent la société.

     

                Pour comprendre le contenu du roman, il faut également parler de conditions de la société et du système scolaire de l’époque. Une décade après la fin de la Première Guerre mondiale, la vie est difficile en Autriche. L’économie se rétablit très lentement de la guerre, il est difficile de trouver un emploi et si les gens en ont un, celui-ci demande beaucoup de temps et d’investissement et les salaires sont peu élevés. Beaucoup de gens épargnent encore de l’argent pour reconstruire leurs biens et maisons qui étaient détruits ou perdus durant la guerre ou ils ont des dettes. À cause de ces nombreux problèmes-là, beaucoup d’enfants n’ont pas l’affection et l’attention nécessaire de leurs parents. Les parents sont souvent frustrés par la situation économique et politique, l’ambiance est mauvaise. La violence des pères souvent tyranniques envers les enfants est fréquente et les femmes ne s’en opposent pas parce qu’elles ont peur. Beaucoup de parents n’ont pas les moyens financiers d’envoyer leurs enfants à l’école. Les élèves qui y vont sont privilégiés et les parents s’attendent en retour que leurs enfants performent bien, réussissent leurs études et pourront trouver leurs places dans la société. La pression sur les élèves est souvent énorme. Le jugement et le rôle des enseignants décident ainsi souvent sur le futur des élèves qui sont dépendants d’eux. Certains enseignants abusent de ce pouvoir.

     

                Le roman «Der Schüler Gerber» raconte l’histoire du jeune Kurt Gerber. Le début du roman est situé vers le début de la dernière année scolaire de celui-ci et le roman finit avec la fin de l’année scolaire et le suicide tragique du personnage principal. Durant ces dix mois de l’année scolaire, le personnage principal vit des changements profonds.

     

                Kurt Gerber est un adolescent qui aime la vie, qui a quand-même un bon nombre de connaissances et d’amis dans sa classe et il est généralement un bon élève, il éprouve seulement des petites difficultés en mathématiques et géométrie. Au début de l’année scolaire, on annonce aux élèves leur enseignant titulaire qui les accompagnera durant l’année scolaire. Kurt Gerber est choqué lorsqu’il apprend que cet enseignant sera le professeur Kupfer, appelé par les élèves «Dieu Kupfer». L’élève avait passé ses vacances en famille au même endroit que le professeur et celui-ci n’avait jamais répondu aux salutations de l’élève et il s’est comporté d’une manière arrogante envers lui. Friedrich Torberg décrit l’anecdote comme suit: «Plus tard, Kupfer rencontra également le père de Kurt Gerber et ses premiers mots étaient: «Ah… Gerber? Le père de l’Octavarien?[1] Eh bien, sachiez que votre fils ne s’amusera pas avec moi. Je viendrais à bout d’un petit fruit comme lui.» Une grande agitation se créa suite à cela et son père voulait qu’il change d’école, mais Kurt lui disait que ce ne serait pas nécessaire et qu’on ne pourrait même pas savoir d’avance si Kupfer pouvait devenir l’enseignant titulaire… et maintenant, Dieu Kupfer est là! ».

     

    Kupfer a donc déjà d’avance une mauvaise perception se son élève, mais Kurt Gerber veut relever le défi et ne pas changer d’école, même quand Kupfer, qui enseigne justement les mathématiques et la géométrie, lui donne déjà la note «insuffisante» lors d’une épreuve orale durant le deuxième cours. Par contre, Kurt a encore un deuxième problème. Son amie Lisa Berwald, qui lui a envoyé une carte postale durant l’été en marquant qu’elle aurait aimé passer ses vacances à la même place que lui et qu’elle aurait hâte de le revoir, a quitté la classe. Il est déstabilisé par cette mauvaise surprise, Torberg décrit la scène comme suit: «Kurt, faisant vigoureusement attention à entendre son nom mentionné au registre de Kupfer, s’attendait à entendre le nom «Berwald» et se tourna vers le bureau de Lisa. Il était vide. Dans sa stupéfaction, il n’entendit pas comment Kupfer dit: «Berwald a quitté», et n’entendit même pas que Kupfer continua dans son registre, que Blank, Brodetzky, Duffek furent appelés, il n’entendit pas le nom de Gerald ou son propre nom. Ses pensées furent bousculées et comme il avait pensé au nom de «Kupfer» auparavant, c’était maintenant autour de «Lisa» que ses pensées gravitaient dans une hectique insensée. «Lisa». Lisa, Lisa, où est Lisa…».

     

    Kurt Gerber ne la rencontre qu’après quelques mois lorsqu’elle rend visite à son ancienne classe. Elle a pris un métier, a un petit ami et semble moins s’intéresser pour Kurt. Mais elle offre à Kurt de passer les vacances d’hiver ensemble avec elle et quelques autres amis et elle joue avec les sentiments de Kurt en s’approchant de lui. Le troisième grand problème de Kurt est la maladie de cœur de son père. Le médecin avait dit que chaque excitation inutile pourrait causer un infarctus mortel. Kurt décide donc de ne pas parler de ses mauvaises notes à son père et ne se confie à personne par rapport à ses problèmes scolaires. Il décide de contrefaire les signatures de son père sous ses travaux et ce n’est qu’en hiver que son père découvre la vérité. Durant le voyage bouleversant avec Lisa, Kurt reçoit une lettre de son père qui lui demande de retourner à la maison et Kurt quitte Lisa dans l’incertitude. Son père ne semble pas être trop fâché après Kurt, mais il lui demande de prendre des cours privés. Kurt décide de les prendre et travaille également davantage avec les meilleurs élèves de la classe. Cela lui cause par contre un quatrième problème. La classe avait déjà été assez bouleversée par Kupfer qui voulait éviter que les élèves se solidarisent contre lui et maintenant, les amis de Kurt se sentent trahis vu qu’il passe son temps avec les meilleurs élèves tandis que ceux-ci ne l’acceptent pas comme l’un des leurs. En plus, Benda, un des anciens camarades de classe de Kurt décède subitement, mais les élèves n’ont pas le temps de pleurer sa perte car Kupfer impose des examens et donne fréquemment des blâmes aux élèves. Kurt est isolé et décide d’arrêter l’apprentissage avec les meilleurs élèves et les cours privés. Il veut faire la fête avec les amis de Lisa Berwald, mais celle-ci ne peut pas lui offrir l’intimité qu’il recherche. Kurt devient de plus en plus sombre et rigide et perd sa virginité à une inconnue payée par lui sans le moindre sentiment de bonheur. Ce n’est que lorsque la santé de son père se détériore davantage et qu’il quitte la famille pour faire une cure, accompagné de la mère, que Kurt se réveille et se remet à faire des efforts pour l’école. Il réussit ses examens finaux écrits et il doit passer par les examens oraux comme dernière étape en avant de la classe devant plusieurs enseignants et élèves. Durant les épreuves en mathématiques et géométrie, Kupfer semble vouloir aider Kurt, mais seulement pour pouvoir dire qu’il était juste avec l’élève et que celui-ci n’a rien su. L’élève commence à mêler la matière avec sa vie réelle dans un enchaînement de pensées monologuistes que Torberg écrit comme suit: «Alors, les données sont un professeur et un élève, n’est-ce pas? L’élève se fait diviser par le professeur. Qu’est-ce qui se passe maintenant? Non, c’est tout faux. Mais le père – n’utilisez pas de tels termes, on ne dit pas: «Le père meurt». On dit: «Le père se fait réduire à zéro.»

     

    Kurt est nerveux et rate ses épreuves en mathématiques, mais fait un travail moyen durant les autres épreuves. Il est par contre obsédé par son échec en mathématiques et n’est plus concentré lors des autres épreuves, tout se mêle dans sa tête, il agit mécaniquement, récite des faux textes et perçoit sa performance d’une manière extrêmement négative. Il perd complètement le sens de la réalité. Lorsqu’il quitte la classe pour attendre ses résultats, il s’isole dans un couloir, monte par une fenêtre et saute dans le vide. Ses dernières pensées et hallucinations sont particulièrement discordantes, il mêle des contenus de ses épreuves avec des discours d’enseignants et sa propre vie privée. Torberg décrit la scène finale comme suit: «… «Gerber!»… Oui, oui, j’arrive. Je suis déjà là. Pourquoi tout le monde est debout? Ah, voilà l’inspecteur Marion. Mes honneurs, cher collègue! Un élève vient d’échouer chez moi. Quoi? La vie. La vie, Franz. Complètement immature, en effet. Qu’est-ce que vous voulez encore, la vie? Non. Ca n’aurait plus de sens. Pourquoi tout le monde et si calme et me regarde? Mais oui, je le sais de toute façon. «Abeo abire», oui. Alors: Finissant, «abiturus sum»: je vais partir. Par le centre. Là, où il y a ces trois personnes, il y a une table en arrière, par-dessus la table est une fenêtre. Parfaitement au centre. Par le centre. Pst! Psst! L’indéterminable s’avance. J’arrive par moi-même, me réjouir de votre joie. Le prêtre lève ses bras: Trois fois condamné! --- «Gerber! Mon Dieu! Que faites-vous?»  Le soleil est si rouge. Il tombe sur moi, complètement… »

     

    Kurt Gerber se suicide au moment que les enseignants le recherchent pour lui transmettre son résultat final. Il passe sa maturité et obtient son diplôme malgré tout, mais il est trop tard. Ici est l’ironie du destin, la composante tragique de l’histoire.

     

    Ce roman décrit en détail comment un élève sain et performant peut se transformer en un individu mentalement instable en seulement une année scolaire. Le roman peut être analysé comme une plaidoirie contre la subjectivité des enseignants et les contextes d’évaluation d’apprentissages en général. Le roman démontre également à quel point la vie humaine est instable et à quel point il est facile de manipuler la population. Kupfer agit comme un dictateur mégalomaniaque qui n’accepte pas les erreurs des élèves et il semble presque que Torberg ajouterait une touche, une métaphore politique à son roman, influencé par les événements se passant en Russie et plus tard en Allemagne durant cette époque. Le roman est donc visionnaire et innovateur et il était le premier à utiliser un langage aussi simple et direct et à décrire la tragédie d’une telle histoire d’une manière réaliste sans la moindre touche poétique.

     

    Torberg fait d’ailleurs attention à ne pas uniquement donner la faute à l’école, car l’élève Gerber fait de bonnes expériences avec tous les enseignants autres que Kupfer et ceux-ci lui conseillent même de changer d’école. Leur erreur est par contre de ne pas s’opposer contre Kupfer, de fuir le problème d’une manière défaitiste et de se rendre beaucoup trop tard compte à quel point certains élèves souffrent dans les cours de Kupfer. Ce dernier est un personnage qui est soi-même isolé dans sa vie privée et qui ne peut montrer sa supériorité ou valeur à travers son rôle d’enseignant dominant. Il ne perçoit pas les élèves comme des personnes, mais comme des machines qui doivent faire des apprentissages et qui réussissent ou ne réussissent pas. Lisa Kupfer est une fille qui veut être autonome et indépendante et qui ne laisse Kurt pas trop s’approcher d’elle. Son problème est qu’elle se perçoit plus mature et indépendante que les autres et ne se rend pas compte du mal qu’elle fait. Les parents de Kurt Gerber ont des soucis sérieux avec la maladie du père et ne lui adressent aucune véritable affection et ne remarquent pas qu’ils sont en train de perdre leur enfant. Ces quatre problématiques – la destruction de l’élève doué, le conflit entre l’enseignant et l’élève, l’amour fatale envers une fille et la maladie du père – mènent enfin au suicide de Kurt Gerber.

     

    Pour en conclure, on peut dire que la pédagogie, la psychologie et les méthodes d’enseignement ont changé depuis 1930. La relation entre l’élève et l’enseignant est devenue plus personnel. Les élèves et les parents ont le droit de critiquer l’enseignant et de porter des plaintes efficaces. Le ministère, les conseils, les associations et les syndicats protègent les droits de tous et de toutes dans le domaine de l’enseignement. Des services tels que des psychologues et intervenants de milieu se soucient de l’état mental des élèves qui peuvent facilement chercher de l’aide aux écoles. Mais malgré tout, il est encore possible à nos jours que le comportement d’un enseignant peut affecter la santé mentale d’un élève. Les «Dieux Kupfer» de ce monde ont beaucoup diminué, mais ils existent encore. En tant que futurs enseignants, c’est notre mission d’éliminer les derniers «Dieux Kupfer» et de les remplacer par des enseignants empathiques, personnels et compétents pour encourager les élèves et éviter un drame tel qu’il l’est décrit dans le roman.

     

     

     

    Bibliographie

     

    1.)    REITER, Maike, «Buchanalyse: Torberg, Der Schüler Gerber», receuil de texte analytiques, 56 pages, édition GRIN, Munich, Allemagne, première édition, juillet 2007 (en allemand)

     

    2.)    TORBERG, Friedrich, «Der Schüler Gerber» (L‘élève Gerber), roman, 308 pages, éditions Deutscher Taschenbuch Verlag, Munich, Allemagne, 38ème édition, septembre 2010 (version originale autrichienne de 1930) (en allemand)

     



    [1] Un Octavarien est un élève qui fréquente la classe de la huitième et dernière année scolaire en Autriche. L’expression «un petit fruit» est utilisée pour décrire quelqu’un d’insolent et d’insignifiant, il s’agit d’une expression très arrogante.

     

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    Jean-Jacques Rousseau fut un des plus grands philosophes des Lumières et influença grandement l’esprit révolutionnaire français et l’idéologie démocratique  malgré qu’il se soit fait un bon nombre d’ennemies publiques parmi les dirigeants de l’époque avec ses œuvres et théories innovatrices et parfois radicales. Les œuvres du rebelle Rousseau furent interdits dans de nombreux pays  Il s’opposa notamment contre le rationalisme de son époque et fut influencé par l’idéalisme romantique. Sa philosophie politique s’approcha plutôt du contractualisme. Certains experts voient en lui même un précurseur du communisme ou socialisme grâce à ses discours sur l’inégalité des hommes. Rousseau était non seulement un philosophe et écrivain, mais également un musicien et il s’intéressa à plusieurs branches dont la religion et la botanique. Ses idées les plus remarquables étaient par contre en lien avec la société, la politique et l’éducation. Avant tout, la maxime de Rousseau était de consacrer sa vie à la vérité même en risquant ainsi sa propre honneur et réputation et c’est pour cela que certaines thèses de Rousseau se contredisent ou font sujet d’analyses diversifiées. Rousseau, soi-même influencé par Plutarque, Machiavel, Hobbes, Descartes, Locke et Malbranche, a influencé des écrivains comme Friedrich von Schiller, des politiciens comme Maximilien de Robespierre ou des philosophes comme Emmanuel Kant, ce qui donne une idée de la diversité de l’héritage rousseauiste qui est encore d’une actualité remarquable à nos jours.

     

    Dans le présent travail, nous aimerions expliquer les raisons qui nous ont conduites au choix des théories de Rousseau, nous aimerions nous concentrer sur les principes centraux de sa philosophie, notamment avec une concentration accentuée sur sa vision de l’éducation  pour parler des conséquences sur le plan pratique pour enfin effectuer une analyse et prise de distance critique envers les idées de Rousseau dans un contexte général et contemporain.

     

     

     

    Les principes centraux de la pensée éducative de Rousseau, qui était d’ailleurs uniquement fonctionnelle, étaient vraiment bouleversants et innovateurs par rapport à la pédagogie établie au dix-huitième siècle et auparavant. Au lieu d’initier l’enfant à imiter les comportements des adultes, la conception de l’enfant ou de l’apprenant selon Rousseau prévoit que l’enfant est son propre modèle. L’enfant est même meilleur que l’adulte car il est influencé par la nature et non par la culture. La conception de Rousseau implique une vision exclusivement utilitariste de la culture car l’enfant ne doit apprendre que ce que lui pourrait être utile durant son existence sans se préoccuper des normes et besoins du reste de la société. Selon ce naturalisme, l’enfant est naturellement bon et libre et c’est la société qui le corrompt. Il existe une nature propre à l’âme enfantine. L’enfant possède un certain égocentrisme, un certain instinct de conservation ce que Rousseau appelle «l’amour de soi». L’enfant juge les autres par rapport à ce qu’ils apportent à l’enfant et non par ce qu’ils sont. Il s’approche instinctivement de ceux qui veulent lui faire du bien et s’écarte de ceux qui lui veulent faire du mal sans développer d’ailleurs des préjugés ou des sentiments négatifs comme la haine. Cet instinct de survie est pour Rousseau l’ultime richesse et pureté de l’enfant. Ce développement débute déjà durant l’étape du nourrisson entre la naissance de l’enfant et son deuxième anniversaire et se poursuit surtout à travers l’étape de l’âge de la nature entre deux et douze ans.

     

    Ce n’est qu’à l’âge adolescent que l’enfant commence à se comparer aux autres. De cela naît un amour physique et l’enfant ne se voit plus lui-même, ne reconnaît plus ses besoins et perd ses instincts. L’enfant voit les besoins des autres et les applique pour lui-même. Souvent, l’individu recherche à plaire à la société et à s’intégrer en consacrant ainsi son véritable caractère. Ainsi se crée la concurrence et la comparaison ce qui mène à des sentiments mauvais comme la jalousie ou la vanité. L’enfant commence à juger les autres par leurs apparences et leurs besoins et bien souvent, son amour devient purement physique et sexuel. L’adolescent choisit ses amis et partenaires en choisissant un corps et non la personnalité de quelqu’un. L’amour devient le contraire de l’instinct. Cette tendance est visible durant l’étape de l’âge de la force entre douze et quinze ans et se poursuit notamment durant l’étape de l’âge de raison et des passions entre quinze et vingt ans. L’amour physique que Rousseau préfère tout de même à l’amour moral ne choisit pas du tout et l’adolescent prendrait la première femme qui lui plaise comme partenaire, même s’il s’agissait de sa sœur tandis l’amour moral implique trop de jugements, sélections et choix selon Rousseau. Le philosophe voit même un fantasme dans l’inceste et considère l’homosexualité entre les femmes comme une relation esthétique. La dernière étape de développement de l’être humain suit après l’influence de la société sur l’adolescent et le règne des sentiments et comportement sexuels. Cette étape se situe entre la vingtième et vingt-cinquième année de vie de l’enfant et Rousseau l’appelle l’âge de la sagesse et du mariage qui conclut la période des changements et bouleversements profonds. Un nouveau stade fixe est enfin atteint, mais la richesse de l’âge enfantin ne pourra plus jamais être atteinte.

     

    Par rapport à l’éducation, il faudrait faire en sorte que l’enfant à l’état pur soit modifiée et influencé le moins possible pour rester envoûté par l’amour de soi. Le maître constitue ainsi un pôle secondaire de la relation pédagogique. Il doit s’adapter à l’enfant et non l’inverse. Le savoir absolu naît de l’enfant et c’est le maître qui devrait avoir pour but d’atteindre de nouveau l’amour de soi, la pureté et innocence de l’âge enfantin, même si cette quête est impossible à être menée jusqu’à sa fin.

     

    En ce qui concerne la conception de l’apprentissage, Rousseau refuse des moyens traditionnels comme l’imitation des modèles ou l’obéissance et suppose que l’apprentissage devrait partir du principe que l’être humain possède en lui-même la raison. Le but de l’éducation selon Rousseau est de favoriser le développement de l’homme complet, d’un être juste et parfait. Pour arriver à ses fins, Rousseau exige que la pédagogie soit basée sur l’observation de l’enfant. L’éducation par les choses devrait idéalement primer sur celle par les mots. Les méthodes sensitives, intuitives et actives doivent être privilégiées. L’apprentissage devrait être déterminé par l’enfant et non par le maître, car un apprentissage est uniquement valable lorsqu’il mobilise l’intérêt et la motivation de l’enfant. Le maître ne doit rien imposer et idéalement même rien proposer à l’enfant qui doit être actif dans son apprentissage et qui a besoin d’espace découvrir. Le maître fonctionne comme un guide qui soutient l’enfant dans ses efforts, mais qui laisse aller les choses.

     

     

     

    Les théories de la pensée éducative de Rousseau ont plusieurs points positifs, mais autant de points négatifs.

     

    L’idée de base de soustraire l’enfant des mauvaises influences de la société est encore un sujet d’actualité à nos jours. Ce sont surtout les médias qui créent des faux idéaux et suggèrent des besoins exagérés par rapport aux biens et apparences dont Rousseau parle dans sa théorie sur l’amour physique et moral. Par contre, l’influence des médias est incontournable pour trouver sa place intellectuelle et personnelle dans un monde qui est de nos jours de plus en plus interdépendant et ouvert et une exclusion volontaire de l’enfant face aux médias et aux sociétés le condamnerait à nos jours à une vie isolée et irréelle sans perspectives d’avenir. En s’excluant de la société, on s’exclut automatiquement aussi des standards que cette société a créée, par exemple par rapport au vivre-ensemble des nations et à la citoyenneté de chacun et chacune. Des exemples plus pratiques pourraient être le monde du travail et le système de santé. Si l’enfant est éduqué d’une manière à se développer par lui-même sans être influencé par la société et ses acquis, cela voudrait dire que l’enfant devrait renoncer à de tels services ce qui est décidément un recul en arrière. En voulant éviter de se faire classer par la société, on crée ainsi une nouvelle classe. Le film «Le village» démontre très bien cette utopie et raconte l’histoire d’un village isolée dans la forêt qui a renoncé à la société moderne et essaie de vivre en harmonie avec la nature tout en préservant des vieilles traditions. Mais pour garder le mensonge et l’illusion vivants, les chefs du village gardent leurs concitoyens dans une immense prison et inventent l’histoire qu’il y a des monstres dans les forêts pour éviter que certains citoyens puissent s’enfuir et découvrir le monde réel. Un système autocratique de la terreur se développe ainsi et lorsque l’illusion s’écroule à la toute fin, le contact avec la société moderne est un choque extrême pour les villageois isolés.

     

    Un des points les plus positifs des idées de Rousseau est sans aucun doute le respect et la sensibilisation de l’individu face à la nature dans un contexte de réchauffements climatiques et de disparitions de races entières. Mais cette réalité est justement le problème de la théorie de Rousseau. Vu que la démographie, la population mondiale ne cesse d’augmenter et prend de plus en plus d’espace et que la destruction de la nature s’avance de plus en plus rapidement selon de nombreuses analyses scientifique, la théorie de Rousseau de l’orientation de l’individu vers la nature au lieu de la culture devient de moins en moins applicable et n’a tout simplement pas de futur. Même si on décidait d’adapter mondialement le naturalisme de Rousseau d’un jour à l’autre, il serait impossible de réaliser ses principes à cause des mentalités établies et destructions progressées.

     

    Un autre point positif est le fait qu’il n’y ait pas d’hiérarchie entre les enseignants et les élèves et que l’enseignant doit s’adapter aux besoins personnels de son élève. Par contre, Rousseau ne se contente pas de mettre le maître et l’apprenant sur un pied d’égalité, il met l’élève même par-dessus l’enseignant. Cela est une vision très utopique et une situation d’apprentissage difficilement réalisable, car la tâche de la plupart des enseignants est à nos jours d’instruire, de socialiser et de qualifier leurs élèves comme cela est le cas au Québec. Les théories de Rousseau demandent donc une renonciation des enseignants à leurs supériorités, à leurs désirs de transmettre des savoirs et à leur volonté de donner une touche personnelle à leur enseignement, car tout ce concentre aveuglement sur l’élève. Il nous semble peu probable qu’un ministère de l’éducation restructurerait aussi radicalement l’enseignement. Si le Québec décidait d’initier une telle révolution des institutions et des mœurs par le moyen d’une révolution de l’éducation comme Rousseau le suggère, la province s’isolerait complètement au plan mondial et échouerait avec cette stratégie dans le monde contemporain dans une ère de la globalisation et mondialisation. Ce que la théorie de Rousseau demanderait, serait enfin une révolution mondiale, sa pensée éducative, sa philosophie deviendrait ainsi une véritable idéologie qui fait naître de nouvelles valeurs et conditions sociales. L’histoire nous a par contre démontré que l’idée d’une révolution mondiale comme le prévoyait par exemple le socialisme est utopique et simplement non réalisable. Il nous semble alors que les théories de Rousseau sont trop radicales et irréelles.

     

    En ce qui concerne finalement un point de vue plus pratique, les écoles Waldorf et Montessori, qui sont basées sur une éducation plus centrée sur les élèves, plus concentrées sur les talents artistiques et plus harmonieuse en lien avec la conception de la nature d’après Goethe, qui fut soi-même fortement influencé par les théories de Rousseau, ne sont pas très nombreuses sur la planète et n’ont pas véritablement réussi à initier des changements profonds dans l’éducation. Le problème est aussi que le monde du travail ne reconnaît souvent pas les finissants de tels systèmes scolaires ou préfère les diplômés réguliers à eux. La plupart des finissants deviennent artistes ou exercent des travaux pratiques et la société a malheureusement la tendance de considérer ce groupe d’adolescents comme des êtres anormaux qui sont huis clos. Les élèves qui sont formés à de telles écoles sont difficilement comparables à leurs pairs à l’intérieur et extérieur des écoles et presque chaque élève à un autre niveau de connaissances vers la fin de sa carrière scolaire. Si l’éducation sur une échelle planétaire fonctionnait comme dans les écoles Waldorf, cela serait l’anarchie car on ne pourrait pas juger et classer les gens et chaque cas serait tellement spécial et unique qu’on ne pourrait plus parler d’une société. Ainsi se formeraient donc de nouvelles structures sociales et idéologies qui s’opposeraient bientôt les unes contre les autres et il n’y aura plus de valeurs communes et certitudes. Une vie dans l’incertitude totale serait une des choses les plus graves que nous nous puissions imaginer.

     

     

     

    Sources :

     

    http://www.histoiredumonde.net/article.php3?id_article=1560

     

    Film : Le village par M. Night Shyamalan (États-Unis, 2004) http://www.imdb.com/title/tt0368447/

     

    Notes de cours 

     

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                Depuis environ trente ans, la géo-économie québécoise est influencée par deux facteurs importants, soit le développement d’une nouvelle économie sociale et le mariage urbain-rural. Le territoire est marqué par deux autres facteurs principaux, soit la concentration polycentrique sociale et l’occupation de la périphérie soumise à un nouveau front de pénétration très actuel. Par contre, plusieurs experts ont une vision plutôt pessimiste pour l’économie québécoise qui s’éloigne des grands centres mondiaux et semble avoir de la difficulté de participer à la mondialisation. Mais est-ce que ces gens ont vraiment raison? Je vais essayer de décrire en premier lieu certains termes de la géo-économie contemporaine du Québec en énumérant, comparant et analysant en même temps les points positifs et négatifs de la situation actuelle pour en conclure avec une vision personnelle du futur de la géographie économique de la belle province.

                En premier lieu, j’aimerais décrire le développement continu du mariage urbain-rural dans la province. Celui-ci a débuté véritablement vers la fin des années 1970 et a été précédé par une hiérarchie urbaine. En fait, le Québec a jusqu’aujourd’hui vécu six périodes différentes, en commençant avec la conquête territoriale vers la fin du seizième siècle, ensuite la période de la colonisation qui a débuté avec la fondation de la ville de Québec, la première ville en Amérique du Nord, en 1608, suivie de la fondation des villes de Trois-Rivières en 1634 et de Montréal en 1642, poursuivie par une période de la collecte de ressources à partir du début du dix-neuvième siècle, ensuite une période d’urbanisation et d’industrialisation débutant vers le milieu du dix-neuvième siècle et trouvant sa fin avec ce que l’on appelle la Révolution tranquille du Québec et enfin alors une courte période d’hiérarchie urbaine menant à un mariage urbain-rural. Ce mariage urbain-rural a été initié par des actions politiques concrètes comme l’application de la Loi sur le zonage en 1978, la Loi 125 sur l’aménagement et urbanisme en 1979 et la création des conseils MRC, les municipalités régionales de comté, à partir de 1979. La province a passé d’une population rurale de 80% en 1867 à une population urbaine de 80% en 1970 et cette tendance s’est poursuivie jusqu’à nos jours, évidemment en un rythme moins accéléré vu que l’on n’atteindra jamais un taux exact de 100%. Avec la création des pôles primaires, secondaires, tertiaires et quartenaires depuis 1966, l’économie québécoise a par contre connu une nouvelle ouverture et diversité qui est seulement bloquée par un déplacement des grands marchés vers l’ouest du Canada. Le pôle économique qui était dans la ville de Québec au début de la colonisation et à Montréal à partir de 1850 grâce à l’approfondissement du fleuve Saint-Laurent et d’un meilleur positionnement stratégique est maintenant passé à Toronto depuis la Deuxième Guerre mondiale et se déplace encore continuellement vers des villes centrales du Canada comme Winnipeg ou Calgary ou même vers de villes de l’extrême-ouest canadien comme Vancouver qui a par exemple profité d’une attention mondiale lors des derniers Jeux olympiques d’hiver. En plus, sur un point de vue plus global, le marché américain se déplace de l’est et donc des villes en proximité du territoire québécois comme Boston, New York ou Washington D.C. vers des villes du sud-ouest américain comme Denver, Phénix ou même Houston. Le marché mondial a même la tendance de se déplacer vers l’Asie et vers des pays comme la Chine, mais aussi la Corée du Sud ou le Vietnam. Les principales villes québécoises comme Montréal ou la ville de Québec sont devenues des pôles plutôt régionaux et secondaires avec des marchés restreints et des foyers de croissance limités sur un point de vue nord-américain et mondial. À l’intérieur de la province s’est par contre formée une métapolisation dans la Vallée du Saint-Laurent, un croissant manufacturier qui inclut trois grandes régions urbaines avec Montréal, Québec et Gatineau et des régions métropolitaines secondaires comme Sherbrooke, Granby et Drummondville et même plus loin de villes comme Hull, Rimouski ou même la ville de Saguenay. La province est marquée par une décentration des marchés urbains et une innovation par efforts de proximités. Des centres économiques différents avec des spécialisations particulières comme par exemple les «technoparcs» de Gatineau et de Laval, la technopole agroalimentaire de Saint-Hyacinthe ou encore technomines de l’Abitibi se sont développés ainsi que les foyers provinciaux comme par exemple les zones d’habitations, des zones de villégiatures ou des méga-carrefours. Un exemple régional pourrait être l’essor des régions rurales au Saguenay-Lac-Saint-Jean comme par exemple Shipshaw ou Saint-Bruno qui se trouvent, si l’on veut le désigner ainsi, sur une petite «métapole» entre Alma et la ville de Saguenay. Cette nouvelle expansion du mariage urbain-rural s’explique par les forces centripètes et centrifuges. Ainsi, on a un divertissement culturel et des offres d’emploi plus nombreux dans les grandes villes, mais une meilleure qualité de vie et une paix sociale dans les villages ou petites villes. Le Québec se concentre ainsi non seulement sur une concentration polycentrique sociale, mais également sur une occupation de la périphérie, surtout par rapport à la nouvelle politique liée à l’exploitation du nord de la province qui prévoit largement de nouvelles constructions de routes jusqu’en 2025 ainsi qu’une collaboration plus proche des Premières Nations.

                Il est aussi intéressant de regarder de plus près l’économie québécoise sur un point de vue social et politique, car celle-ci a beaucoup changé et en abordant aussi l’aspect socioculturel du Québec. On parle aujourd’hui d’une économie sociale, pluraliste et collaboratrice, ce qui s’explique par l’exemple de Montréal. Yvon Leclerc, président de l’Association des centres locaux parle d’une nouvelle économie qui devrait favoriser les liens harmonieux entre Montréal et les autres régions tandis qu’une telle harmonisation a été perturbée il y a encore trente ans. Leclerc explique: «On ne se contera pas d'histoire, c'est beaucoup lié à des perceptions qui remontent en grande partie au rapport des années 1970 de Martin, Higgins et Raynault. Selon ce dernier, développer Montréal, c'était aussi développer tout le Québec. C'est comme s'il y avait une grande vague qui part de Montréal et qui se rend jusqu'à Blanc Sablon. » Cette perception a maintenant changé d’autant plus que la ville de Montréal a perdu son statut économique international et même national de plus en plus et s’est donc orienté vers une collaboration avec les autres régions de la province pour se réorienter internationalement par la suite. Cette méthode a aussi été appliquée dans la région de Québec. On pourrait par exemple prendre l’exemple de Trois-Pistoles, une petite ville de 3616 habitants en 2006, où est maintenant située une école de langues affiliée à l’Université Western située en Ontario. Ce lieu d’apprentissage s’ouvre aussi vers l’espagnol et vers l’Amérique latine et essaie de s’ouvrir vers le monde après s’être spécialisé. L’établissement et l’élargissement des Universités du Québec en est un autre bon exemple, car ces établissements s’ouvrent aussi de plus en plus vers des étudiants étrangers, surtout en ce qui concerne les liens avec les universités françaises et chinoises. Grâce à l’éducation et l’économie, le Québec a ainsi atteint une ouverture d’esprit culturelle et progressive. En ce qui concerne la nouvelle économie sociale, celle-ci se base sur le soutien d’une citoyenneté active et responsable prête à mettre en place des organismes rentables socialement comme des organismes de réinsertion et d’aide à l’emploi ou des organismes de commerce équitable, mais en développant aussi le bénévolat, le rôle des femmes et l’apport des communautés. Cette nouvelle économie vise aussi le commerce équitable qui est déjà réalisé par des organisations telles que «Oxfam-Québec» ou «Équiterre». Au Québec on trouve actuellement trois formes de production principales, soit le secteur privé traditionnel avec des activités qui relèvent du marché, le secteur publique avec des activités qui relèvent de l’État et enfin un secteur d’activités qui relèvent de l’économie sociale collée aux besoins de la population par des règles de distribution et de réciprocité, soit le principe de la primauté du facteur humain sur le facteur économique, le soutien et l’encouragement à exercer des choix sociopolitiques dans une prise en charge individuelle et collective. La pluralité de l’économie sociale s’opposant de temps à autre même au néolibéralisme se distingue par la présence de cinq groupes, soit le secteur de l’économie sociale avec des membres représentant par exemple des coopératives funéraires ou des entreprises d’insertion, ensuite le secteur communautaire avec des membres représentant par exemple le mouvement des femmes, après le secteur public avec la présence Centres locaux de développement, des Sociétés d’aide au développement des collectivités et des Corporations de développement économique communautaire, par la suite le secteur syndical avec la présence de la Fédération des travailleurs du Québec et de la Confédération des syndicats nationaux et enfin le secteur financier avec la présence du mouvement Desjardins par exemple. Les acteurs de cette nouvelle tendance économiques sont principalement un carrefour déterminant, une diversité des entreprises marchandes et aussi la présence des entreprises non marchandes. Avec cette nouvelle idéologie, le Québec pourrait devenir un exemple à suivre et influencer la mondialisation à prendre une tendance plus sociale que capitaliste.

                Pour en conclure, je pense que le Québec est dans une ère de développements et transformations perpétuels de la réalité géoéconomique. Même si la métapole de la Vallée du Saint-Laurent a perdu son statut international au fil des dernières années, la province a su se renouveler économiquement et socialement à l’intérieur de ses frontières pour créer une base solide afin de s’attaquer maintenant à trouver sa place à l’intérieur de la mondialisation. En soutenant davantage les pluralismes des différentes régions du Québec au lieu de se concentrer uniquement sur les grandes villes, la province a su se diversifier dans un nouvel esprit de collaboration. Le développement des institutions scolaires, l’occupation de la périphérie et surtout du nord de la province ainsi que le nouvel aspect social de l’économie sont pour moi des bases importantes pour un nouveau positionnement de la province sur le plan géoéconomique. Si l’on regarde en plus des grandes entreprises québécoises possédant un marché considérable à la grandeur de la province comme le réseau des pharmacies «Jean Coutu», le distributeur en produits de rénovations et de quincaillerie «RONA» ou les rôtisseries «St-Hubert» et même les grandes entreprises québécoises sur le marché international comme les producteurs de pâte et papiers «Cascades», le producteur de lait «Agropur» ou les dépanneurs «Couche-Tard», on peut s’apercevoir d’une diversité et richesse économique considérable que je trouve très stimulante et positive. D’autant plus que les entreprises choisies comme exemples ont toutes leurs sièges sociaux ailleurs qu’à Montréal tout au long de la métapole de la Vallée du Saint-Laurent. Si l’on réussissait maintenant de lier des entreprises et institutions comme le groupe minier multinational «Rio Tinto Alcan» encore plus à la province et aux régions spécialisées et diversifiées largement situées un peu partout sur le territoire provincial, en offrant par exemple une hydroélectricité peu coûteuse, la province risque de progresser encore plus économiquement en dehors des grands centres urbains et s’avancer vers un futur prometteur. 

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    Les États-Unis ont été la plus grande puissance économique, politique et sociale tout au long du vingtième siècle après que le dix-neuvième siècle avait encore été dominé par le vieux continent et tandis que le siècle présent risque d’être de plus en plus dominé par la Chine et d’autres pays en Asie qui font des progrès accélérés et énormes. Selon moi, une des causes majeures de la prédominance américaine étaient les deux guerres mondiales durant lesquels les Américains ont agi en tant que médiateurs, dominateurs et grands gagnants pendant que les pays européens se dévastaient entre eux. Je vais tenter d’affirmer ma thèse en donnant des exemples économiques, sociaux et politiques concrets à l’intérieur et à l’extérieur des États-Unis.

    En ce qui concerne la Première Guerre mondiale, les États-Unis ne sont intervenus qu’en 1917 suite à la déclaration de l’Empire allemand de mener une guerre sous-marine à outrance en attaquant les navires américains allant vers l’Europe et suite à l’interception par les services de renseignements britanniques d’un télégramme adressé par le ministre allemand des affaires étrangères à son ambassadeur mexicain qui parlait d’une alliance des deux pays pour déstabiliser les États-Unis en aidant le Mexique à reconquérir le Texas. Cette hésitation de la part de la présidence américaine de Woodrow Wilson s’explique par une politique d’isolationnisme qui fut d’ailleurs poursuivie après la guerre. Déstabilisée par la Guerre de Sécession et vivant une forte industrialisation et modernisation, les États-Unis cherchaient leur place dans le monde et tentaient plutôt de s’essayer dans l’impérialisme, mais cet interventionnisme avait connu des résultats peu satisfaisants suite à la révolte des patriotes aux Philippines et des conflits en Amérique centrale et latine. Les États-Unis, préoccupés de calmer diplomatiquement la situation en Amérique et de se tourner vers une conquête pacifique des marchés étrangers grâce à un système capitaliste et une nouvelle suprématie économique difficile à gérer, ne voulaient pas se mêler des conflits de plus en plus hostiles en Europe qui était bousculée de plusieurs mouvements indépendantistes et une politique d’alliances souvent peu stable. Lorsque les États-Unis furent humiliés par le télégramme et plusieurs centaines de navires capturés et coulés par la marine allemande, le pays rompit avec sa neutralité officielle et mit en marche une propagande de masse pour l’enrôlement dans la guerre, devenue fameuse grâce à l’image de l’Uncle Sam ainsi qu’une mobilisation économique et industrielle totale. La présence américaine en Europe fut courte et victorieuse, mais le Congrès et le président n’étaient pas d’accord sur les mesures à poursuivre après la fin du conflit. Wilson, qui rêvait d’une paix mondiale après tant de conflits et qui avait initié la création de la Société des Nations en voulant donner accès au rêve américain au vieux continent, fit face à une opposition vive au Congrès qui décida de ne pas ratifier le traité fondateur de la Société des Nations. Wilson perdit de plus en plus sa réputation aux États-Unis isolationnistes, quitta les conférences menant au Traité de Versailles et essaya en vain de convaincre son peuple de sa politique étrangère dans une campagne de discours dans les principales villes américaines, ce qui l’empêcha de s’impliquer davantage internationalement.

          Économiquement, les États-Unis avaient fait preuve d’avoir eu une bonne gestion de l’industrialisation qui avait permis au pays de se rétablir de sa guerre civile et d’être avantagé face à une Europe dévastée depuis plusieurs décennies par des petites guerres coûteuses. Cela se démontra dans la supériorité militaire et dans une mobilisation industrielle remarquable vers la fin de la guerre. L’économie américaine connut d’ailleurs une forte inflation et une prospérité économique considérable au fil des années 1920. Vu que la plupart des belligérants avaient même des dettes envers les États-Unis, ceux-ci gagnèrent de plus en plus de pouvoir et influence au niveau mondial de l’économie. Les productions et la réputation de New York surmonta dès la fin de la guerre largement les capitales européennes comme Londres, ancien moteur de l’époque industrielle. Cette ère de prospérité durera jusqu’à la Grande Dépression et ce krach boursier influença maintenant déjà l’économie mondiale et montra une certaine interdépendance mondiale et éprouva le statut central de l’économie américaine pour le monde.

                Politiquement, les idées démocratiques et pacifiques furent la base majeure pour l’établissement de la Société des Nations et pour une courte période de normalisation et de réconciliation officielle entre la France et l’Allemagne, ce qui se démontra par la distribution de deux prix Nobel de la paix consécutifs aux deux pays vers la moitié de la décennie. La plupart des vieilles monarchies européennes s’écroulèrent et s’adaptèrent tranquillement à un système plus démocratique à l’américaine. Ce n’est que l’isolationnisme politique qui empêcha les États-Unis de démontrer sa nouvelle superpuissance mondiale.

                Socialement, les États-Unis, malgré des problèmes internes avec des syndicalistes, anarchistes et grévistes au début de la nouvelle décennie, devinrent une sorte d’idole ou objectif à atteindre pour les pays européens. Le rêve américain et l’American Way of Life furent partagés par un bon nombre de citoyens européens.

                L’influence des États-Unis sur le monde et la montée à la superpuissance s’accélérèrent d’ailleurs encore durant et après la Deuxième Guerre mondiale. L’isolationnisme, la prospérité incontrôlée et les conditions du Traité de Versailles furent peut-être les seules erreurs majeures du pays, car la situation en Europe, nourrie par la jalousie envers la prospérité américaine, les sentiments de vengeances patriotiques et l’échec du capitalisme lors du krach boursier et de la démocratie en Allemagne, se détériora vers une politique extrémiste. Les États-Unis, cette fois-ci plus présents au niveau international, surtout après la Charte de l’Atlantique en 1941, lorsque le président Roosevelt promit «d’entreprendre de jeter les fondements d’une nouvelle politique internationale», s’impliquèrent dans l’organisation d’une paix et d’un équilibre mondial après la guerre. De l’organisation minutieuse du jour J jusqu’au lancement de deux bombes atomiques, les États-Unis jouaient un rôle déterminant dans la tournure de la guerre sur le front européen et asiatique qui marqua le monde entier.

                Économiquement, les États-Unis avaient pu initier un armement efficace grâce à un avantage financier, technologique et scientifique sur le reste du monde. Le résultat le plus marquant de cette dominance fut le fait que les États-Unis étaient le seul pays à avoir pu développer des bombes atomiques vers la fin de la guerre et l’emploi de celles-ci démontra la nouvelle détermination interventionniste du pays et une nouvelle confiance et estime de soi lorsque le pays envisagea le lancement des deux bombes en se permettant la liberté de ne pas consulter l’opinion publique ou de chercher l’accord des pays alliés. Aux États-Unis, la mobilisation de millions d’Américains pour la production de guerre avait sorti le pays de la Grande Dépression et avait permis le développement d’un mouvement féministe, car les femmes s’impliquèrent comme ouvrières dans les usines et d’un mouvement envers une nouvelle égalité des races aux États-Unis, vu que les Afro-Américains furent enrôlés comme soldats. Le «Fair Deal» tenta d’assurer dans la continuité du «New Deal» le plein-emploi, l’augmentation du salaire minimum, le soutien des tarifs agricoles et le renforcement de système de sécurité sociale. Sur le plan de la géographie économique, celle-ci fut bouleversée par l’implantation des industries aéronautiques et d’armement dans les états de l’Ouest et du Sud. Une forte urbanisation se développa suite à la guerre. Vu que le dollar américain resta relativement stable tout au long de la guerre, les États-Unis dominèrent tous les domaines économiques mondiaux et se permirent d’appliquer le «plan Marshall» en lien avec la «doctrine Truman» pour offrir de l’aide financière à l’Europe et surtout aux pays voulant s’opposer à la menace communiste de l’Union Soviétique, deuxième grand gagnant de la guerre et nouvelle superpuissance également.

                Politiquement, les États-Unis voulaient à tout prix éviter les erreurs commises après la Première Guerre mondiale et organiser la restructuration de l’Europe pour y garantir une époque de paix et de démocratie. L’isolationnisme fut aboli et la Charte des Nations unies symboliquement signée à San Francisco, acte fondateur de l’ONU. Au lieu de répéter l’erreur du Traité de Versailles de blâmer uniquement l’Allemagne pour le déclenchement de la guerre et d’exiger des réparations de guerre, on rejeta l’idée du «plan Morgenthau» des paiements en faveur du «plan Marshall» de l’aide financière de la part de la nouvelle superpuissance. En même temps, celle-ci se prépara à repousser le communisme en craignant en lui un nouveau potentiel de conflits mondiaux, ce qui se justifia au cours des prochaines décennies, mais surtout nourri par une nouvelle politique américaine interventionniste, préventive, conservatrice et agressive.

                Socialement, une exportation de culture, une américanisation se réalisa suite à la guerre, car les soldats américains exportèrent le cinéma d’Hollywood, le jazz et le rock ‘n’ roll, le blue jeans et la nouvelle fraîcheur du rêve américain symbolisée par  «l’American Way of Life». Le pays s’ouvrit à une nouvelle vague d’immigration et devint un centre intellectuel.

                En tout, l’implication des États-Unis dans les deux guerres mondiaux a bâti le chemin envers le développement d’une superpuissance économique et technologique. Influençant la future politique mondiale sur l’idéologie américaine, le pays créa un nouveau multiculturalisme menant plus tard à une mondialisation grandissante suite à la chute du bloc de l’est, le seul concurrent américain considérable. Les guerres n’ont pas seulement transformé les États-Unis, mais les guerres ont surtout permis aux États-Unis de changer le monde et de remplacer l’ancienne hégémonie européenne.

     

    Bibliographie

     

    1.      BARREAU, Jean-Claude et Guillaume Bigot (2005), «Toute l’histoire du monde – de la préhistoire à nos jours», Librairie Arthème Fayard, 416 pages

    2.      LAGELÉE, Guy et Gilles Manceron (1998), «La Conquête mondiale des droits de l’homme», Le Cherche Midi et Éditeur et l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture, Paris, 537 pages

    3.      NOUAILHAT, Yves-Henri (2009), «Les États-Unis de 1917 à nos jours», les Éditions Armand Colin, Paris, 192 pages 

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    Suite à la chute du bloc de l’est en 1991 qui mit fin à la guerre froide, à l’exception de quelques conflits toujours existants dans certains pays restés communistes, notamment la Chine avec laquelle les relations se normalisent, le petit voisin Cuba duquel on reste méfiant mais auquel on s’est habitué au fil de l’histoire et surtout la Corée du Nord qui reste fidèle à son idéologie, les Étas-Unis devinrent la seule superpuissance mondiale, selon Pierre Mélandri «un empire du milieu autour duquel gravite le monde». Ce travail tente d’analyser la politique extérieure des États-Unis sous les présidents William Jefferson «Bill» Clinton, George Walker Bush et Barack Hussein Obama II après la fin de la guerre froide avant de décrire quelle direction la politique extérieure des États-Unis pourrait prendre pour le vingt-et-unième siècle après une décennie d’expériences.

                En premier lieu, il faut mentionner que certains éléments majeurs de la politique étrangère après la chute de l’Union Soviétique étaient déjà en développement vers la fin de la guerre froide. La guerre contre la drogue en est un bon exemple. L’action militaire la plus connue attribuée à ce nouvel ennemi sans visage concret était d’ailleurs l’invasion du Panama entre le 20 décembre 1989 et le 31 janvier 1990. L’«Opération Just Cause», dont le nom indique déjà à quel point les États-Unis étaient convaincues de la justesse de leur intervention, ce qui éprouve une très bonne estime patriotique et idéologique souvent interprétée comme une sorte d’arrogance et d’imposition par la force, déposa le dictateur Noriega de son pouvoir après avoir été accusé d’être un agent communiste double et d’être impliqué dans le trafic de drogues malgré son travail antérieur pour les États-Unis, notamment pour le «CIA» et la «Drug Enforcement Administration», pour réduire le trafic de drogues et pour promouvoir les intérêts américains en Amérique centrale. À part de la lutte contre le trafic de drogues et la protection de la neutralité du canal de Panama, le président George H. W. Bush défendit l’intervention militaire pour les raisons de la sauvegarde de la vie des citoyens des États-Unis au Panama et la défense de la démocratie et les droits de l’homme, deux éléments de justification qui revinrent souvent au cours de futurs conflits. L’occupation du Panama qui cause de nombreuses victimes civiles, des pillages et une époque d’anarchisme fut malgré tout appelée «Promote liberty», une idée de laquelle les États-Unis sont jusqu’à nos jours encore profondément convaincues et que le pays tente de réaliser à n’importe quel coût. Suite à cette intervention, des pays tels que la Colombie, le Pérou et la Bolivie furent surveillées de plus près et même pénalisés économiquement sous Clinton. Celui-ci mena une politique extérieure plutôt calme et distante en voulant se concentrer sur les problèmes internes du pays après la disparition du grand ennemi communiste. Clinton tenta de collaborer de plus près avec les Nations Unies, par exemple lors de l’«Opération Restore Hope» en Somalie en 1993 qui devint, malgré quelques succès comme la construction de routes et l’établissement d’écoles et d’orphelinats provisoires, un échec complet. Cet échec démarqua le début d’une période moins interventionniste des États-Unis tout au long des deux mandats de Clinton. Celui-ci fut un président plutôt diplomatique qui s’intéressa plutôt à stabiliser l’économie grâce à l’«Accord de libre-échange nord-américain» incluant le Mexique qui entra en vigueur en 1994 et qui fut déjà préparé sous George H. W. Bush et il soutint également l’économie mondiale avec des interventions dosées dans des pays en difficultés ou en voie de développement en Asie et en Afrique. À cause des guerre culturelles, traitant des sujets comme la sexualité, la violence, le féminisme, la défense de l’environnement et des animaux, une toute nouvelle ère diplomatique, une nouvelle vague d’immigrants, le développement de nouveaux mélanges culturels en voie pour ce que l’on appelle la mondialisation et une opposition forte de la part des Républicains dans le Sénat, Clinton fut obligé de se concentrer sur une forte politique interne. Clinton perdit beaucoup de crédibilité avec «l’affaire Monica Lewinsky» et fut encore plus bloqué politiquement vers la fin de son deuxième mandat.

                Vers le début du nouveau millénaire, les États-Unis connurent une période de paix, stabilité et prospérité et Clinton incarna cette tranquillité. Par contre, cette prospérité causait une certaine inflation, le faussé entre les plus riches et les plus pauvres s’agrandissait, le taux de chômage augmentait tranquillement. Malgré quelques ralentissements de l’aggravation des problèmes, le manque d’initiatives et de solutions du nouveau président George W. Bush, ayant gagné les élections présidentielles malgré certaines anomalies contestables en Floride, mena vers une crise économique mondiale vers la fin de son mandat en 2008. Ses deux mandats furent marqués par une guerre contre le terrorisme à l’aide d’un contingent militaire maintenu élevé, malgré l’époque pacifique sous Clinton et du renforcement du Département de la Défense des États-Unis. Selon Colin Powell, ancien militaire et Secrétaire d’État, la nouvelle politique extérieure des États-Unis chercha à surmonter les différences entre les pays et cultures au lieu de sauver ces particularités en favorisant l’unilatéralisme plutôt que la diplomatie. Le nouveau gouvernement, contrairement à celui de Clinton, ne chercha qu’à s’approcher principalement des pays qui se développèrent le mieux comme la Chine, l’Inde et la Russie, tandis que l’Europe fut plutôt considérée comme un grand ensemble de pays partenaires sans expliciter leurs particularités. Selon Noam Chomsky, les États-Unis percevaient comme communauté internationale seulement les pays étant d’accord avec les idées principales des États-Unis. Cette attitude explique largement les interventions américaines en Afghanistan et en Irak suite aux attentats terroristes du 11 septembre 2001. En ce qui concerne le premier exemple, les États-Unis ne voulurent pas montrer de faiblesses et refusèrent de mener une action militaire avec les quatre-vingts pays qui offrirent leur soutien au régime dans sa légitime défense nationale, à l’exception des Britanniques et de quelques petits groupes spécialisés et limités. Cette attitude changea durant le deuxième mandat de George W. Bush lorsqu’il demanda aux Nations Unies de soutenir la démocratisation et stabilisation en Afghanistan qui n’est toujours pas atteinte. Au contraire, l’Afghanistan est déjà devenu une sorte de deuxième Vietnam, un traumatisme américain où l’idéologie américaine ne peut pas être adaptée ni par le moyen de la guerre, ni par le moyen d’une occupation qui se veut diplomatique. Lors de la deuxième intervention majeure, la guerre en Irak, le régime américain s’isola encore plus en attaquant le pays sans passer par l’autorisation du Conseil de Sécurité et sans fournir des épreuves pertinentes pour une menace des armes de destruction massive qui ne furent d’ailleurs jamais trouvées. Cette intervention fut encore un échec plus considérable pour le gouvernement de George W. Bush. Depuis la guerre, l’Irak se retrouve quasiment dans un état de guerre civile avec des attentats meurtriers quotidiens, de nombreux pillages, de nombreux sans-abris et fugitifs traversant illégalement la frontière envers d’autres pays et quant à la politique extérieure, une bonne partie du monde perçut le gouvernement américain comme une unité basée sur des interventions unilatérales, agressives et délibérées qui déstabilisèrent la diplomatie et la paix mondiale. En stigmatisant l’Irak, l’Iran et la Corée du Nord comme «l’axe du mal», en appuyant en même temps financièrement et militairement la Corée du Sud et l’Israél  et en envahissant l’Irak, le gouvernement américain poussa les pays mentionnés à s’isoler davantage et à s’extrêmiser. Tandis que la Corée du Nord sous Kim Jong Il s’était échangée de plus près avec le gouvernement de Clinton qui avait accepté certains compromis et rapproché le pays divisé vers une possible politique d’apaisement, le pays se retira complètement suite à ces discours provocateurs et investit davantage dans le militaire et dans des programmes spatiaux et nucléaires. Par rapport à l’Iran, les États-Unis acceptèrent le programme nucléaire de l’Israël comme légitime défense et n’intervinrent pas non plus concrètement aux expansions territoriales aux dépens des droits de l’homme et la liberté du peuple palestinien et envahirent en plus le pays voisin de l’Iran, ce qui fut une sorte de triple-provocation dangereuse envers l’Iran après les discours sur l’«axe du mal». Cette nouvelle politique interventionniste, agressive et anti-diplomatique détériora l’image des États-Unis vers la fin du deuxième mandat de George W. Bush et même l’adversaire politique de l’actuel président Obama, parla d’un événement historique et d’une nouvelle voie qui s’ouvrit aux États-Unis avec l’Élection du nouveau président.

                Obama fut souvent comparé à John F. Kennedy qui avait amené une certaine fraîcheur à la Maison Blanche et qui avait, estimé d’être trop jeune, différent et incompétent par ses adversaires, réussi à maîtriser la crise des missiles de Cuba. Obama donna des promesses révolutionnaires et souvent utopiques comme la fermeture de la prison de Guantanamo, en acceptant par contre celle de Bagram, en prônant le dialogue avec les ennemis du pays, mais en avertissant qu’un interventionnisme serait toujours préférable à une passivité trop dangereuse, en voulant changer avec un monde en mouvement perpétuel, tout en protégeant l’idéologie du rêve américain et celle des pères fondateurs des États-Unis, en travaillant proche de la future superpuissance Chine afin de s’adapter à une ère transpacifique, tout en envisageant de pouvoir aussi travailler seul et en critiquant l’idéologie communiste du pays. Vu de même, Obama se veut rigide et patriotique comme Bush, mais ouvert d’esprit, moderne, moins impulsif et plus diplomatique comme Clinton. Pour un président américain, il incorpore le changement, mais le reste du monde risque d’avoir de trop hautes attentes envers lui, ce qui démontra par exemple la distribution du prix Nobel de la paix à Obama, car celui-ci n’est pas assez diplomatique pour pouvoir réparer les provocations entreprises par George W. Bush envers l’axe du mal et pour régler les conflits mondiaux les plus importants, notamment en Asie et en Afrique d’une manière assez neutre. La politique étrangère américaine dépend ici de la bonne volonté de ses anciens et nouveaux adversaires et concurrents. Si ceux-ci sont prêts à faire de sacrifices et à favoriser la diplomatie, Obama pourrait tenir ses promesses et agir en tant que médiateur neutre en acceptant des pays tels que la nouvelle puissance mondiale chinoise comme un partenaire honnête, mais si les autres pays ne changent et ne se globalisent pas, il devrait continuer à agir comme interventionniste en voyant par exemple en la nouvelle puissance mondiale chinoise un concurrent. Même si ces différences ne risquent pas de mener à des conflits guerriers, aussi grâce à une population américaine plus impliquée concrètement dans des mouvements pacifiques qu’à la fameuse époque du «peace and love», elles pourraient nuire à la mondialisation et séparer la planète de nouveau en deux camps. La politique étrangère américaine risque alors de favoriser des partenariats et compromis au fur et à mesure d’atteindre un équilibre global tendu d’une poursuite accélérée de la mondialisation. Le plus grand travail idéologique du nouveau siècle sera d’ailleurs pour la société américaine d’envisager de ne plus être la superpuissance mondiale, mais un global player parmi plusieurs.

    Bibliographie

    1.      FRIESECKE, Uwe (2009), «US-Aussenpolitik auf neuen Wegen» («La politique extérieure etats-unienne sur de nouveaux chemins»), apparu sur le site politique allemand «www.solon-line.de» le 10 mars 2009, Wiesbaden, lien sur internet:

    http://www.solon-line.de/us-aussenpolitik-auf-neuen-wegen.html 

     

    2.      GOODMAN, Amy (2010), «Noam Chomsky sur la politique étrangère d’Obama, sur sa propre histoire et sur l’importance de faire entendre son opinion», apparu sur le site de «Mecano Web news» (traduction d’une entrevue lors de l’émission américaine «Democracy Now!»), le 15/20 mars 2010, New York, lien sur internet: http://mecanoblog.wordpress.com/2010/03/20/noam-chomsky-sur-la-politique-etrangere-d%E2%80%99obama-sur-sa-propre-histoire-et-sur-l%E2%80%99importance-de-faire-entendre-son-opinion-democracy-now/ 

     

    3.      Gxs/AFP (auteur inconnu), «Barack Obama – Aussenpolitik soll nach Asienreise mehr auf China ausgerichtet werden» («Barack Obama – La politique extérieure devrait être plus adaptée à la Chine après le voyage en Asie»), apparu dans le magazine hebdomadaire allemand «Focus» le 12 novembre 2009, Munich, lien sur internet: http://www.focus.de/politik/weitere-meldungen/barack-obama-aussenpolitik-soll-nach-asienreise-mehr-auf-china-ausgerichtet-werden_aid_453435.html 

     

    4.      KLOSE, Hans-Ulrich (2004), «Was will Amerikas Aussenpolitik im 21. Jahrhundert?» («Que veut la politique extérieure etats-unienne au 21e siècle?»), apparu dans le journal quotidien allemand «Hamburger Abendblatt» du 31 janiver 2004, Hambourg, lien sur internet:

    http://www.abendblatt.de/politik/ausland/article232922/Was-will-Amerikas-Aussenpolitik-im-21-Jahrhundert.html 

     

    5.      NOUAILHAT, Yves-Henri (2009), «Les États-Unis de 1917 à nos jours», les Éditions Armand Coln, Paris, 192 pages 

     

    6.      NouvelObs (auteur inconnu) (2008), «Obama changerait-il vraiment la politique étrangère des États-Unis?», apparu sur «www.nouvelObs.com», journal d’actualité en temps réel, le 12 mars 2008, Paris, lien sur internet: http://globe.blogs.nouvelobs.com/archive/2008/03/11/obama-quelle-politique-etrangere.html 

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