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    Le présent travail traite le sujet de la distance en analyse géo-économique à l’aide de l’exemple du Canada et plus spécifiquement la province du Québec avec un accent particulier mis sur les villes et villages dans le Grand Nord. Le travail tient à expliquer comment le fardeau de la distance influence l’économie, mais aussi le niveau de vie des populations nordiques. Je vais diviser ce travail en quatre parties principales. En premier lieu, je vais expliquer quelques notions de la distance et son impact mondial. Par la suite, je vais définir la situation socio-économique du Canada et du Québec à l’aide d’une digression dans le domaine de l’histoire où je compare le Canada avec son pays voisin, les États-Unis. La troisième partie tient à comparer la situation canadienne ou québécoise avec celle en Russie. Pour en conclure, je vais essayer de résumer les faits les plus intéressants en nommant des mesures que l’on pourrait impliquer afin de diminuer les restrictions en lien avec la distance pour accélérer l’économie canadienne et surtout la situation des villes et villages dans le nord de ce pays.

    Au cours de l’histoire mondiale, certaines contraintes ont fait du facteur de la distance un problème majeur en ce qui concerne l’économie, la société et l’expansion territoriale. Certains peuples vivent encore aujourd’hui dans des conditions défavorables par rapport à la distance, si on prend l’exemple d’une famille africaine qui doit effectuer plusieurs heures de marche pour chercher son eau potable dont elle a besoin ou pour avoir accès à un hôpital en cas d’urgence. Dans certains pays en route de développement, le terme de l’espace en lien avec la distance est d’une importance majeure. Certains pays, comme l’Inde ou l’Indonésie ont un espace restreint pour une population de plus en plus nombreuse. En plus, l’espace est mal géré, car la plupart de la population se trouve dans les grandes villes, ce qui affecte par exemple le taux de criminalité ou de mortalité et aussi le niveau d’hygiène ainsi que le niveau environnemental. Cette restriction de l’espace facilite la transmission de maladies dans le cas d’une épidémie ou aussi des dommages personnels et matériaux dans le cas d’une catastrophe comme récemment à Haïti où l’on retrouve une densité de 352,3 habitants par kilomètre carré. Dans de tels cas d’urgence, la population est dépendante de la bonne volonté des pays développés où le facteur de la distance et de la population restent relativement stables comme dans les pays d’Europe où les agglomérations principales existent depuis de nombreux siècles. D’autres pays comme le Canada, la Russie ou la Mongolie ont le problème contraire et sont limités à cause d’un vaste territoire face à une population restreinte et n’ont souvent pas les moyens d’exploiter efficacement toutes les richesses et ressources cachées. Ce sont le cas du Canada et de la Russie que j’aimerais étudier et comparer de plus près.

    Le Canada n’a pas du tout les mêmes désavantages que les pays en voie de développement. On retrouve au Canada un niveau satisfaisant de moyens de transport comparable à celui de l’Europe. La jeune histoire du Canada a des avantages et désavantages. D’un côté, le pays n’a pas vécu beaucoup de contraintes historiques en ce qui concerne le transport et l’économie. La révolution industrielle, encore influencée par les liens avec les anciennes mères patries comme l’Angleterre et la France, a été bien adaptée, même si elle était moins importante et épandue qu’en Europe. Les inventions européennes telles que les réseaux ferroviaires, l’automobile ou l’avion ont été importées ou même testées en Amérique du Nord et favorisaient la conquête du continent. L’époque où le Canada ou les États-Unis étaient dépendants de nouvelles inventions ou même des animaux pour atteindre une certaine expansion était très courte. Les populations se sont ainsi vite épandues, cela n’a pris que deux cents ans pour peupler le continent de l’Atlantique au Pacifique, tandis que les royaumes européens étaient beaucoup plus petits, limités et morcelés et vivaient certaines restrictions. D’une certaine façon, le Canada était même avantagé par rapport à l’Europe vu qu’il ne subissait pas d’épidémies et grandes guerres. Jusqu’aujourd’hui, le Canada est un pays pacifique et stable avec un faible taux de mortalité et un bon système de santé. Mais tandis que les États-Unis se sont très bien développés et sont même devenus la puissance économique mondiale au cours de seulement trois cents ans d’histoire, le Canada n’a pas eu le même sort. Il y a trois raisons particulières pour expliquer ce phénomène. En premier lieu, cela s’explique par des raisons économiques historiques. La conception du mercantilisme qui prône le développement économique par l’enrichissement des nations au moyen du commerce extérieur. Cette idéologie économique était adaptée par la France et faisait du Québec une colonie-comptoir tandis que les Anglais visaient une colonie de peuplement. Le territoire français, au départ beaucoup plus important que les conquêtes anglaises, était seulement exploité par un nombre limité de paysans peu instruits qui ne restaient souvent que quelques années dans la colonie. Au début, cette idéologie semblait être gagnante, car l’Angleterre, qui avait davantage mis l’accent sur le peuplement voyait bientôt une révolte au sein de sa colonie qui se déclarait indépendante et formait enfin les États-Unis, ce que l’Angleterre essayait en vain d’empêcher au coût d’une guerre très chère et peu efficace. La France n’avait pas ce problème du développement d’un sentiment national et indépendantiste grâce à sa stratégie. Mais cette stratégie mène au deuxième facteur qui explique pourquoi les États-Unis sont économiquement plus fort. Les Anglais tentaient de coloniser les parties francophones du continent et vu qu’ils étaient beaucoup plus nombreux, la guerre était courte et le résultat assez logique. La présence des Anglais qui exploitaient un vaste territoire au profit de leur pays natal seulement, tandis que les États-Unis pouvaient établir leur propre économie, défavorisait et déterminait encore pendant des siècles le développement économique du Canada. Tandis que les États-Unis prenaient une grande expansion et achetaient même des territoires russes comme l’Alaska ou mexicains comme le Nouveau-Mexique, le territoire anglais ou canadien diminuait plus qu’il ne s’agrandissait et les États-Unis ne laissaient aux Anglais que des territoires nordiques trop éloignés et donc pour des motifs en lien avec le terme de la distance. La dernière raison pour le désavantage économique du Canada est justement en lien avec cela. L’espace nordique du pays était beaucoup moins diversifié et avantageux à exploiter que le territoire américain, ce qui crée un désavantage géographique par rapport à l’économie. Les plus grandes agglomérations canadiennes se trouvent ainsi dans le sud et proche du marché américain auquel le Canada est soumis et duquel il est dépendant.

    Au lieu de trop comparer le Canada avec les États-Unis, je vais essayer de comparer le pays avec la Russie. Cela a plusieurs raisons évidentes pour moi. En premier lieu, il s’agit des deux pays les plus grands de la planète et ils sont donc comparables au niveau de la distance. Deuxièmement, les deux pays sont situés dans le nord de la planète et donc géographiquement et climatiquement semblables. Troisièmement, la diversité ethnique est particulièrement élevée dans les deux pays, ce qui crée des restrictions sociales et conflits comparables. Aussi en ce qui concerne l’immigration, la Russie devient, comme le Canada, de plus en plus une destination pour les étrangers et tous les deux pays font face à un grand urbanisme et un exode rural, surtout au niveau des jeunes, ce qui rend Moscou comparable avec Montréal au Québec. Par contre, le fardeau de la distance est moins élevé en Russie, car le pays est plus que quatre fois plus peuplé que le Canada. Contrairement au Canada, la Russie s’est facilement rétablie des bouleversements sociaux et politiques dans le passé comme par exemple suite à la chute définitive de l’URSS en 1991. Si l’on regarde le niveau du PIB, celui de la Russie a augmente davantage durant les dernières années. Le Canada, qui occupait la huitième place mondiale en 2006 en ce qui concerne le PIB n’occupait que la douzième place en 2008. La Russie, à l’onzième rang en 2006 occupe en 2008 la septième place et a presque triplé sa valeur. Pourquoi la Russie a-t-elle pu réaliser ce bond en avant?

    Cela s’explique par des raisons économiques, politiques et géographiques. En ce qui concerne le fardeau de la distance, celui joue encore un rôle plus important en Russie. Comme le Chemin de fer Canadien Pacifique, la Russie a réalisé l’équivalent du Transsibérien qui est d’ailleurs beaucoup plus réputé et utilisé et qui attire de nombreux touristes, un élément avantageux que le Canada a négligé d’impliquer efficacement. La Russie a investie énormément d’argent dans la construction des routes et même les villes nordiques comme Novy Ourengoï sont liés au vaste réseau. Malgré que la différence entre le réseau routier russe, qui a une longueur d’environ 540,000 kilomètres et le réseau routier canadien, qui a une longueur de 416,000 kilomètres, est existante, mais proportionnellement peu différente, la Russie a su diversifier ce réseau, tandis que le réseau canadien est trop concentré au sud et peu concentré au nord. Cela mène à un autre facteur important, la situation des villes. Tandis que les plus grandes agglomérations canadiennes comme Vancouver ou Montréal se trouvent entièrement dans le sud, les villes russes sont placées d’une manière plus diversifiée et on trouve des très grandes villes au centre, dans le sud et même dans le nord allant de Kaliningrad à l’Extrême-Occident jusqu’à Vladivostok à l’Extrême-Orient. Tandis que le développement économique au Canada se déplace vers l’ouest et vers le sud, les villes dans l’est et le nord de la Russie ne cessent d’agrandir et enlèvent peu à peu le focus central sur Moscou ou Saint-Petersbourg, qui se trouve d’ailleurs déjà onze degrés plus au nord que la ville de Saguenay. Mais malgré cette décentralisation par rapport à la population et l’espace, il y a un certain retour vers le centralisme au niveau de la politique. Moscou contrôle largement Gazprom, officiellement une société anonyme russe qui est le premier exploitant et le premier exportateur de gaz au monde. Ils ont investi de l’argent dans les villes nordiques pour y exploiter des ressources, en y créant des infrastructures nécessaires, en développant des attraits touristiques ou on y construisant des centres de divertissement pour la population comme des cinémas, piscines ou casinos. Au Canada et surtout au Québec, le contraire est le cas. Il n’y a que des petits villages sur place où vivent une centaine de gens, tandis que les autres vivent plus au sud, notamment au Saguenay-Lac-Saint-Jean. En plus, les sommes investies par Hydro-Québec et celles investies par Gazprom ne sont même pas comparable. Au Québec, le taux de chômage et de suicides est élevé et les habitants n’ont que le strictement nécessaire comme infrastructures. En Russie, l’investissement économique dans un nouveau sens aux habitants nordiques et la réussite de ces projets se voit aussi en chiffres. Prenons trois villes en Sibérie : Sourgout dans le centre, Novy Ourengoï dans le nord et Kemerovo dans le sud. En 1959, il y avait une population de 6,000 habitants à Sourgout qui a augmenté lentement à 34,000 en 1970, mais en 2009, on y compte 301,890 habitants. À Novy Ourengoï, on trouvait seulement une population de 16,500 habitants en 1980 et 29 ans plus tard, on parle de 118,659 personnes. À Kemerovo, déjà assez peuplé en 1959 avec 289,000 habitants, on a presque pu doubler ce chiffre à 520,609 habitants en 2009. Prenons trois villes canadiennes d’une région éloignée comme la Sibérie au hasard: Whitehorse (19,157 habitants en 1996 et 20,461 en 2006), Thompson (14,385 en 1996 et 13,446 en 2006) et Saint John’s (101,934 habitants en 1996 et 100,646 habitants en 2006). On peut constater que le nombre d’habitants est à peu près resté constant dans chacune de ses villes. Il est sûrement inutile de mentionner des exemples extrêmes comme Schefferville ou Radisson au Québec, où la situation est encore plus extrême. Ces derniers exemples nous montrent d’ailleurs deux choses: Les investissements de l’état québécois dans les lieux éloignés étaient peu durables, les exploits sur les lieux d’une durée limitée et on n’a pas réussi à trouver des alternatives pour garder ces lieux en vie une fois que les mines étaient surexploitées. En ce qui concerne le niveau national du Canada, on peut constater que ce sont presque uniquement les villes nordiques à l’est du Canada qui voient un certain niveau de stabilité ou même une légère augmentation de la population comme à Whitehorse, mais aussi à Yellowknife ou même dans des petites villes telles que Fort Nelson. En comparaison avec la Russie, il faut aussi noter que la présence du pétrole à certains endroits que l’on n’a pas partout au Canada joue un rôle géographiquement important en ce qui concerne le développement des villes et la notion de la distance. C’est certain qu’on est loin de construire de faire des villes comme Iqaluit ou Labrador City des métropoles autour d’un demi-million d’habitants, mais cela n’excuse pas non plus le fait que ces villes sont en déclin démographique et les habitants de plus en plus isolés et désespérés.

    Comment peut-on donc finalement changer cette situation défavorable? Qu’est-ce que le Canada et particulièrement l’est du Canada avec le Québec doit améliorer pour affronter le fardeau de la distance? À l’exemple de la Russie, on a vu qu’un bon réseau routier est une base indispensable. Le fait que de telles démarches sont en route est déjà un élément positif, mais ce n’est pas encore assez. On devrait non seulement agrandir le réseau des routes, mais aussi le réseau ferroviaire et le rendre plus attirant en augmentant la vitesse et le confort dans les trains. Il est inacceptable que cela prend huit heures pour se rendre de Chambord à Montréal en train, si l’on peut faire ce même chemin en même pas cinq heures en voiture. C’est un peu la même chose pour le train entre Sept-Îles et Schefferville. Pour rendre les destinations nordiques plus intéressantes, il faut investir dans la publicité et le tourisme, mais il faut surtout rendre les villes plus attirantes. On pourrait créer un réseau de pistes de ski ou de motoneige et y créer des centres touristiques. Un vaste réseau pour faire de la chasse ou de la pêche est déjà naturellement disponible. Plus tard, il faudrait créer des petits centres d’achats favorisant le marché régional et des lieux de divertissements comme par exemple des casinos ou cinémas. Politiquement, il faudrait collaborer encore plus proche avec les Premières Nations et développer plus d’ententes et contrats. Le nord a d’ailleurs beaucoup de richesses à exploiter et sûrement encore beaucoup de ressources précieuses cachées que les scientifiques devraient trouver. Sinon, il reste toujours l’hydroélectricité. Pour financer tout cela, on pourrait agir de deux manières. À l’exemple de la Russie et surtout de la Chine, on voit que leurs géostratégies, basées sur un état gauchiste favorisant l’économie, ce que l’on a tendance à nommer le «capitalisme rouge», sont très efficaces et ont fait augmenter le niveau de vie des populations des deux pays considérablement. Le Canada ou le Québec ne devrait pas avoir peur de sortir de sa passivité conservatrice pour impliquer des changements. L’état devrait plus guider l’économie pour ne pas abandonner les habitants du nord du pays. Le deuxième facteur est le développement des centres urbains déjà établis. L’équilibre s’oriente de plus en plus vers l’ouest du Canada et vers des métropoles comme Toronto, Calgary ou Vancouver. Le Québec devrait rétablir le statut de prépondérance des métropoles telles que Montréal et la ville de Québec. On devrait aussi soutenir le développement du Saguenay, le portail vers le nord par la suite et accélérer l’économie de cette manière. Ce sont des projets à longs termes, mais la Chine et la Russie nous ont montrées que les effets se remarquent très vite. Pour en conclure, je suis convaincu que l’on pourrait transformer le fardeau de la distance et de l’espace en un avantage pluraliste et diversifié, lorsque l’on investit d’abord dans des structures déjà existantes et multiplie par la suite ses efforts pour ramener les structures plus récentes à un niveau comparable et acceptable.

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                Depuis environ trente ans, la géo-économie québécoise est influencée par deux facteurs importants, soit le développement d’une nouvelle économie sociale et le mariage urbain-rural. Le territoire est marqué par deux autres facteurs principaux, soit la concentration polycentrique sociale et l’occupation de la périphérie soumise à un nouveau front de pénétration très actuel. Par contre, plusieurs experts ont une vision plutôt pessimiste pour l’économie québécoise qui s’éloigne des grands centres mondiaux et semble avoir de la difficulté de participer à la mondialisation. Mais est-ce que ces gens ont vraiment raison? Je vais essayer de décrire en premier lieu certains termes de la géo-économie contemporaine du Québec en énumérant, comparant et analysant en même temps les points positifs et négatifs de la situation actuelle pour en conclure avec une vision personnelle du futur de la géographie économique de la belle province.

                En premier lieu, j’aimerais décrire le développement continu du mariage urbain-rural dans la province. Celui-ci a débuté véritablement vers la fin des années 1970 et a été précédé par une hiérarchie urbaine. En fait, le Québec a jusqu’aujourd’hui vécu six périodes différentes, en commençant avec la conquête territoriale vers la fin du seizième siècle, ensuite la période de la colonisation qui a débuté avec la fondation de la ville de Québec, la première ville en Amérique du Nord, en 1608, suivie de la fondation des villes de Trois-Rivières en 1634 et de Montréal en 1642, poursuivie par une période de la collecte de ressources à partir du début du dix-neuvième siècle, ensuite une période d’urbanisation et d’industrialisation débutant vers le milieu du dix-neuvième siècle et trouvant sa fin avec ce que l’on appelle la Révolution tranquille du Québec et enfin alors une courte période d’hiérarchie urbaine menant à un mariage urbain-rural. Ce mariage urbain-rural a été initié par des actions politiques concrètes comme l’application de la Loi sur le zonage en 1978, la Loi 125 sur l’aménagement et urbanisme en 1979 et la création des conseils MRC, les municipalités régionales de comté, à partir de 1979. La province a passé d’une population rurale de 80% en 1867 à une population urbaine de 80% en 1970 et cette tendance s’est poursuivie jusqu’à nos jours, évidemment en un rythme moins accéléré vu que l’on n’atteindra jamais un taux exact de 100%. Avec la création des pôles primaires, secondaires, tertiaires et quartenaires depuis 1966, l’économie québécoise a par contre connu une nouvelle ouverture et diversité qui est seulement bloquée par un déplacement des grands marchés vers l’ouest du Canada. Le pôle économique qui était dans la ville de Québec au début de la colonisation et à Montréal à partir de 1850 grâce à l’approfondissement du fleuve Saint-Laurent et d’un meilleur positionnement stratégique est maintenant passé à Toronto depuis la Deuxième Guerre mondiale et se déplace encore continuellement vers des villes centrales du Canada comme Winnipeg ou Calgary ou même vers de villes de l’extrême-ouest canadien comme Vancouver qui a par exemple profité d’une attention mondiale lors des derniers Jeux olympiques d’hiver. En plus, sur un point de vue plus global, le marché américain se déplace de l’est et donc des villes en proximité du territoire québécois comme Boston, New York ou Washington D.C. vers des villes du sud-ouest américain comme Denver, Phénix ou même Houston. Le marché mondial a même la tendance de se déplacer vers l’Asie et vers des pays comme la Chine, mais aussi la Corée du Sud ou le Vietnam. Les principales villes québécoises comme Montréal ou la ville de Québec sont devenues des pôles plutôt régionaux et secondaires avec des marchés restreints et des foyers de croissance limités sur un point de vue nord-américain et mondial. À l’intérieur de la province s’est par contre formée une métapolisation dans la Vallée du Saint-Laurent, un croissant manufacturier qui inclut trois grandes régions urbaines avec Montréal, Québec et Gatineau et des régions métropolitaines secondaires comme Sherbrooke, Granby et Drummondville et même plus loin de villes comme Hull, Rimouski ou même la ville de Saguenay. La province est marquée par une décentration des marchés urbains et une innovation par efforts de proximités. Des centres économiques différents avec des spécialisations particulières comme par exemple les «technoparcs» de Gatineau et de Laval, la technopole agroalimentaire de Saint-Hyacinthe ou encore technomines de l’Abitibi se sont développés ainsi que les foyers provinciaux comme par exemple les zones d’habitations, des zones de villégiatures ou des méga-carrefours. Un exemple régional pourrait être l’essor des régions rurales au Saguenay-Lac-Saint-Jean comme par exemple Shipshaw ou Saint-Bruno qui se trouvent, si l’on veut le désigner ainsi, sur une petite «métapole» entre Alma et la ville de Saguenay. Cette nouvelle expansion du mariage urbain-rural s’explique par les forces centripètes et centrifuges. Ainsi, on a un divertissement culturel et des offres d’emploi plus nombreux dans les grandes villes, mais une meilleure qualité de vie et une paix sociale dans les villages ou petites villes. Le Québec se concentre ainsi non seulement sur une concentration polycentrique sociale, mais également sur une occupation de la périphérie, surtout par rapport à la nouvelle politique liée à l’exploitation du nord de la province qui prévoit largement de nouvelles constructions de routes jusqu’en 2025 ainsi qu’une collaboration plus proche des Premières Nations.

                Il est aussi intéressant de regarder de plus près l’économie québécoise sur un point de vue social et politique, car celle-ci a beaucoup changé et en abordant aussi l’aspect socioculturel du Québec. On parle aujourd’hui d’une économie sociale, pluraliste et collaboratrice, ce qui s’explique par l’exemple de Montréal. Yvon Leclerc, président de l’Association des centres locaux parle d’une nouvelle économie qui devrait favoriser les liens harmonieux entre Montréal et les autres régions tandis qu’une telle harmonisation a été perturbée il y a encore trente ans. Leclerc explique: «On ne se contera pas d'histoire, c'est beaucoup lié à des perceptions qui remontent en grande partie au rapport des années 1970 de Martin, Higgins et Raynault. Selon ce dernier, développer Montréal, c'était aussi développer tout le Québec. C'est comme s'il y avait une grande vague qui part de Montréal et qui se rend jusqu'à Blanc Sablon. » Cette perception a maintenant changé d’autant plus que la ville de Montréal a perdu son statut économique international et même national de plus en plus et s’est donc orienté vers une collaboration avec les autres régions de la province pour se réorienter internationalement par la suite. Cette méthode a aussi été appliquée dans la région de Québec. On pourrait par exemple prendre l’exemple de Trois-Pistoles, une petite ville de 3616 habitants en 2006, où est maintenant située une école de langues affiliée à l’Université Western située en Ontario. Ce lieu d’apprentissage s’ouvre aussi vers l’espagnol et vers l’Amérique latine et essaie de s’ouvrir vers le monde après s’être spécialisé. L’établissement et l’élargissement des Universités du Québec en est un autre bon exemple, car ces établissements s’ouvrent aussi de plus en plus vers des étudiants étrangers, surtout en ce qui concerne les liens avec les universités françaises et chinoises. Grâce à l’éducation et l’économie, le Québec a ainsi atteint une ouverture d’esprit culturelle et progressive. En ce qui concerne la nouvelle économie sociale, celle-ci se base sur le soutien d’une citoyenneté active et responsable prête à mettre en place des organismes rentables socialement comme des organismes de réinsertion et d’aide à l’emploi ou des organismes de commerce équitable, mais en développant aussi le bénévolat, le rôle des femmes et l’apport des communautés. Cette nouvelle économie vise aussi le commerce équitable qui est déjà réalisé par des organisations telles que «Oxfam-Québec» ou «Équiterre». Au Québec on trouve actuellement trois formes de production principales, soit le secteur privé traditionnel avec des activités qui relèvent du marché, le secteur publique avec des activités qui relèvent de l’État et enfin un secteur d’activités qui relèvent de l’économie sociale collée aux besoins de la population par des règles de distribution et de réciprocité, soit le principe de la primauté du facteur humain sur le facteur économique, le soutien et l’encouragement à exercer des choix sociopolitiques dans une prise en charge individuelle et collective. La pluralité de l’économie sociale s’opposant de temps à autre même au néolibéralisme se distingue par la présence de cinq groupes, soit le secteur de l’économie sociale avec des membres représentant par exemple des coopératives funéraires ou des entreprises d’insertion, ensuite le secteur communautaire avec des membres représentant par exemple le mouvement des femmes, après le secteur public avec la présence Centres locaux de développement, des Sociétés d’aide au développement des collectivités et des Corporations de développement économique communautaire, par la suite le secteur syndical avec la présence de la Fédération des travailleurs du Québec et de la Confédération des syndicats nationaux et enfin le secteur financier avec la présence du mouvement Desjardins par exemple. Les acteurs de cette nouvelle tendance économiques sont principalement un carrefour déterminant, une diversité des entreprises marchandes et aussi la présence des entreprises non marchandes. Avec cette nouvelle idéologie, le Québec pourrait devenir un exemple à suivre et influencer la mondialisation à prendre une tendance plus sociale que capitaliste.

                Pour en conclure, je pense que le Québec est dans une ère de développements et transformations perpétuels de la réalité géoéconomique. Même si la métapole de la Vallée du Saint-Laurent a perdu son statut international au fil des dernières années, la province a su se renouveler économiquement et socialement à l’intérieur de ses frontières pour créer une base solide afin de s’attaquer maintenant à trouver sa place à l’intérieur de la mondialisation. En soutenant davantage les pluralismes des différentes régions du Québec au lieu de se concentrer uniquement sur les grandes villes, la province a su se diversifier dans un nouvel esprit de collaboration. Le développement des institutions scolaires, l’occupation de la périphérie et surtout du nord de la province ainsi que le nouvel aspect social de l’économie sont pour moi des bases importantes pour un nouveau positionnement de la province sur le plan géoéconomique. Si l’on regarde en plus des grandes entreprises québécoises possédant un marché considérable à la grandeur de la province comme le réseau des pharmacies «Jean Coutu», le distributeur en produits de rénovations et de quincaillerie «RONA» ou les rôtisseries «St-Hubert» et même les grandes entreprises québécoises sur le marché international comme les producteurs de pâte et papiers «Cascades», le producteur de lait «Agropur» ou les dépanneurs «Couche-Tard», on peut s’apercevoir d’une diversité et richesse économique considérable que je trouve très stimulante et positive. D’autant plus que les entreprises choisies comme exemples ont toutes leurs sièges sociaux ailleurs qu’à Montréal tout au long de la métapole de la Vallée du Saint-Laurent. Si l’on réussissait maintenant de lier des entreprises et institutions comme le groupe minier multinational «Rio Tinto Alcan» encore plus à la province et aux régions spécialisées et diversifiées largement situées un peu partout sur le territoire provincial, en offrant par exemple une hydroélectricité peu coûteuse, la province risque de progresser encore plus économiquement en dehors des grands centres urbains et s’avancer vers un futur prometteur. 

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    Depuis une ère de quatre décennies de prospérité de 1942 à 1981, la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean est actuellement en déclin social et économique. Il y a un énorme exode rural des jeunes générations vers les grandes villes, la population a baissé de 286,159 habitants en 1991 à 274,919 habitants en 2008. La variation de l’emploi est très faible et est située entre 14% à Alma et seulement 7,5% dans la ville de Saguenay. Le taux de chômage est assez élevé autour de 13,7% en 2001 avec une moyenne provinciale de 8,2%. L’innovation est également très faible avec un capital de créativité de seulement 11% pour Dolbeau-Mistassini par exemple. En ce qui concerne le salaire hebdomadaire, celui est de 707,25 dollars canadiens en 2009 tandis que la moyenne québécoise est de 737,76 dollars canadiens. En regardant les statistiques de plus près, on remarque que la différence entre la moyenne salariale provinciale et celle du Saguenay-Lac-Saint-Jean augmente rapidement et a plus que doublé entre 2005 et 2009. En plus, la différence salariale entre les deux sexes est assez élevée pour la région: en 2007, une femme avait un salaire hebdomadaire moyen de seulement 500,49 dollars canadiens face à un salaire de 814,80 dollars canadiens des hommes, tandis que la moyenne provinciale indiquait une différence en bas de deux cents dollars canadiens. Ce contre-cycle actuel risque de se poursuivre et mener à des grandes difficultés économiques et sociales. Le cas de Cathy Gauthier vers le début de l’année 2009, impliquée dans la mort de ses trois enfants et le suicide de son mari et qui ne voyait pas un autre chemin que la mort collective pour affronter leur misère financière, démontre à quel point des problèmes économiques et sociaux peuvent affecter la vie familiale et les valeurs humaines. La question est d’abord comment on peut redémarrer l’économie et la vie sociale dans la région. Comment est-ce que le Saguenay-Lac-Saint-Jean peut-il devenir un pôle de développement nordique, se créer une nouvelle identité et sortir de la crise? Je vais essayer d’illustrer quelques idées et mentionner au début des points positifs et négatifs dans la région, spécialement par rapport à la ville de Saguenay. Par la suite, je vais parler de l’investissement dans des structures déjà existantes, donc d’un aménagement plutôt interne et ensuite d’une nouvelle identité nordique et une ouverture sociale et économique vers le nord du Québec, un aménagement plutôt externe.

    En ce qui concerne l’aménagement interne, il y a de nombreux points positifs et négatifs. Commençant par le côté positif, on peut constater que la région est bien située dans la nature et en même temps pas loin des grands marchés, qu’il y a une énorme paix sociale et un faible taux de criminalité et que l’oasis nordique a un hiver rigoureux, mais aussi un bel été qui permet une agriculture quand-même assez vaste. La région a la vocation d’être munie de bons travailleurs. La ville de Saguenay dispose d’une très bonne infrastructure, possède un grand hôpital, deux commissions scolaires d’écoles secondaires, deux cégeps et une université. Des ports à eau profonde comme à La Baie, des routes vers Tadoussac, Alma, la ville de Québec ou Baie-Saint-Paul et l’aéroport de Bagotville centralisent la ville comme un pôle nordique central. La ville est munie d’une dualité urbaine-rurale qui lie des villes industrielles comme Jonquière avec l’usine Arvida de l’Alcan avec des villages florissants comme Shipshaw. En ce qui concerne la culture, le centre des langues attire beaucoup d’immigrants dans la région et des festivals tels que celui des « Rhythmes du monde», «Jonquière en musique» ou encore le «festival forester de Shipshaw» attirent de nombreux visiteurs.

    En ce qui concerne les points négatifs, il y a un manque important d’entrepreneurs, de financeurs et de chercheurs qui ont le goût d’investir dans la région. Il y a des zones économiques primaires et secondaires, mais très peu de développement dans les secteurs tertiaires et quartenaires. Le rythme régional d’adaptation au marché mondial et à la globalisation est beaucoup trop lent et l’économie régionale est peu diversifiée au niveau industriel et peu engagée dans l’ère postindustrielle. Socialement, il y a un grand désintérêt politique avec un taux très faible de participation aux élections. En manque d’alternatives, Jean Tremblay, maire de Chicoutimi depuis 1997 et maire de la ville de Saguenay fusionnée depuis 2002, est incontestablement au pouvoir régional depuis treize ans déjà et le sera encore au moins pendant presque quatre ans après les élections en novembre 2009. Le point négatif le plus important est par contre selon moi le manque d’innovation dans la région, car l’économie ne se concentre presque que sur l’aluminium, le bois et le développement agroalimentaire.

    Selon moi, il faudrait en premier investir dans les structures déjà existantes pour créer de nouveau emplois et une nouvelle dynamique sociale et économique avant de travailler sur la vocation du pôle de développement nordique. J’aimerais nommer plusieurs exemples industriels, infrastructurels et culturels.

    En ce qui concerne l’aspect industriel, la ville devrait plus investir dans le projet du terminal maritime de Grande Anse, le projet d’importation de gaz naturel liquéfié semble attirer peu de progrès économique visible, la population et les médias en parlent peu. En ce qui concerne l’usine Arvida de l’Alcan, celle-ci a pu plus que doubler sa productivité, mais avec les progrès technologiques de plus en plus d’ouvriers perdent leurs emplois et les transformations tertiaires et quartenaires de l’aluminium sont effectuées dans les grandes agglomérations urbaines tandis que les profits de l’usine vont à Rio Tinto à Londres. En ce qui concerne l’agrandissement possible de l’usine Alma de l’Alcan, ceci pourrait déjà contribuer à un nouveau dynamisme économique, mais ce n’est pas encore assez. Vu que l’hydroélectricité fournie à l’usine est peu coûteuse, surtout, si l’on prend en considération que la taxe sur le carbone, prévue comme mesure écologique et probablement applicable d’ici quelques années, peut avantager les alumineries québécoises. Ainsi, on devrait convaincre Rio Tinto à investir encore plus dans la région et de situer aussi des usines de transformation tertiaire ou quartenaire dans la région pour récompenser les avantages financiers de l’hydroélectricité, ce qui pourrait redémarrer les anciennes forces de la fameuse «Vallée de l’aluminium». L’aspect écologique global pourrait également jouer un rôle important pour les boiseries et scieries. En Europe, le papier recyclé est déjà fréquemment en utilisation. Mais d’ici quelques années, il sera davantage important de préserver les bois et développer les parcs régionaux et le papier recyclé deviendra une alternative importante. Le Saguenay-Lac-Saint-Jean pourrait prendre ce développement en considération et développer de telles usines, car le papier recyclé sera bientôt utilisé en masse pour des cahiers d’école, des imprimantes industrielles, des magazines et journaux et plus. La région pourrait en devenir un centre d’exportation globalement important et enfin accéder concrètement à la globalisation. Ces deux idées ne sont que deux possibilités parmi tant d’autres.

    En ce qui concerne l’aspect infrastructurel, le Saguenay deviendra avec la construction des nombreuses routes dans le nord du Québec avec un achèvement prévu pour 2025 un portail vers le nord important. L’investissement dans le tourisme devient primordial, des idées innovatrices comme celle d’«Arbre en arbre», en collaboration avec le baccalauréat en plein air et tourisme de l’université, devraient se développer et attirer davantage de touristes. Le tourisme d’aventure et des activités sportives, en investissant ici dans des structures déjà existantes comme les pistes cyclables autour du Lac-Saint-Jean, la construction de chalets d’été auprès des nombreux lacs et les nouvelles trajets pour faire du kayak ou du rafting pourraient créer une nouvelle vocation pour la région. Pour attirer des gens de l’extérieur, on devrait investir dans le développement de la route ferroviaire de Jonquière à Montréal. À l’aide de la publicité, des prix et offres intéressants surtout pour des jeunes des grandes villes dans le sud du Québec et un trajet accéléré, vu que l’offre actuel du trajet dure neuf heures, la ville devrait collaborer plus près de «VIA Rail Canada» pour réaliser ces projets. L’idée du centre-ville pédestre du maire Jean Tremblay, ainsi que la construction de plus de trottoirs et de feux de signalisation pourrait devenir très innovatrice et soutenir l’ouverture d’esprit de la région.

    Par rapport à l’aspect culturel et social, la région devrait investir encore plus dans des festivals. Si l’on réussissait d’attirer des grands groupes de manière exclusive pour «Jonquière en musique» comme le fait par exemple le «Festival d’été de Québec», la région sera automatiquement plus dans le focus des citoyens canadiens et pourrait même attirer des visiteurs étrangers. En parlant des immigrants, il serait important d’investir davantage dans les camps d’été internationaux, peut-être en lien avec le sport régional, ou le «Centre Linguistique du Collège de Jonquière» pour attirer de nouveaux immigrants. Les écoles de la région pourraient contribuer à cela en ne s’enrichissant non seulement avec le programme d’études internationales, mais avec des échanges scolaires avec des écoles européennes ou américaines. On pourrait même aller encore plus loin de la part de l’université et attirer les immigrants avec des programmes régionaux spécialisés qui ne sont pas disponibles dans toutes les grandes universités et des frais de scolarité plus égaux et raisonnables pour les immigrants qui paient actuellement, à part des Français culturellement et traditionnellement privilégiés, des frais cinq fois plus élevés que les résidents québécois par le simple fait qu’ils sont nés à l’extérieur. Des collaborations avec des universités chinoises, comme elles sont actuellement en cours, pourraient être étendues à d’autres pays.

    Grâce à ces dernières propositions, la région pourrait déjà s’orienter vers l’aménagement externe, mais on pourrait encore pousser plus loin pour que la région devienne un carrefour pour le développement du nord. Les institutions scolaires pourraient se spécialiser sur l’interprétation des cultures des premières nations nordiques, les fouilles archéologiques dans le nord, le travail social et l’enseignement dans les réserves indiennes, les centres d’interprétation et les langues amérindiennes comme l’innu-aimun. Le Saguenay devrait ainsi agir encore plus près des institutions scolaires à Sept-Îles ou Chibougamau. Vu que la ville de Saguenay est la ville la plus grande dans au nord du Québec, elle devrait agir en tant que médiatrice entre le gouvernement et les peuples amérindiens. Pour développer une nordicité dans la région et une nouvelle identité qui ne se développer qu’au fur et à mesure, la ville de Saguenay devrait par exemple collaborer dans les domaines du tourisme, de la culture, de la santé et de l’exploitation des ressources avec les peuples nordiques à l’aide des petits cercles de créativité. De la musique innu à «Jonquière en musique», des marchés avec de la nourriture amérindienne, des musées avec de l’art autochtone, des échanges scolaires avec le Grand Nord du Québec, des centres de traductions de contes amérindiennes ou de développement d’une grammaire des langues autochtones pertinente, tout cela pourrait trouver sa place au Saguenay-Lac-Saint-Jean. Ainsi, la région devrait tenter d’effacer les préjugés et tensions toujours présents dans la population des deux peuples.

    Pour en conclure, il est certain que le nord du Québec se développera de plus en plus. Il est déjà bien présent dans le focus de la politique et de l’économie canadienne. La ville de Saguenay ne devrait pas hésiter de profiter de la chance de devenir un centre entre le sud de la province bien développé et le nord peu exploité. En acceptant son nouveau rôle, la région pourrait démarrer un nouveau cycle géoéconomique florissant et devenir un moteur important et un exemple à suivre pour tout le pays en sortant de sa période «Biedermeier» sociopolitique actuelle, en acceptant son mariage urbain-rural et en occupant encore plus sa périphérie.

     

     

                                                Bibliographie

     

    Livres:

     

    1.      PROULX, Marc-Urbain (2007), «Le Saguenay-Lac-Saint-Jean face à son avenir», Presses de l’Université du Québec, Québec, Canada, 265 pages

    Liens sur internet:

    2.      Centre local de développement de la ville de Saguenay / Promotion Saguenay: «Saguenay en chiffres, Édition 2010-2011», lien direct (consulté le 22 avril 2010): http://www.cldvillesaguenay.ca/img_telechargement/44_telechargement_1268679805.pdf 

    3.      Cyberpresse, article de TOUZIN, Caroline, publié le 24 octobre 2009, «Cathie Gauthier coupable», lien direct (consulté le 23 avril 2010): http://www.cyberpresse.ca/actualites/quebec-canada/justice-et-faits-divers/200910/24/01-914728-cathie-gauthier-coupable.php 

    4.      Énergie Grande Anse, «Le projet», lien direct (consulté le 24 avril 2010): http://www.energiegrandeanse.com/projets.php

    5.      Institut de la statistique de la province du Québec: «Rémunération hebdomadaire et horaire des employés selon le sexe, Saguenay–Lac-Saint-Jean et ensemble du Québec, 2005-2009», lien direct (consulté le 22 avril 2010): http://www.stat.gouv.qc.ca/regions/profils/profil02/societe/marche_trav/indicat/tra_remuneration02.htm 

    6.      Port Saguenay, «Administration portuaire du Saguenay», lien direct (consulté le 23 avril 2010): http://www.portsaguenay.ca/index.php?page=7&lang 

    7.      VIA Rail Canada, «Train Montréal-Jonquière – Horaire», lien direct (consulté le 23 avril 2010): http://www.viarail.ca/fr/trains/quebec-et-ontario/montreal-jonquiere/horaires

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    1.  INTRODUCTION

     

                Notre présent travail a pour but de dresser le portrait de la ville d’Iqaluit. Premièrement, nous parlons de la localisation de la ville que nous introduisons également avec un bref historique. Ceci inclut non seulement sa configuration spatiale, mais aussi les caractéristiques physiques générales du lieu en lien avec l’hydrographie, le climat ou le relief, le lien de la ville avec les provinces, villes et site naturels voisins, notamment par rapport à la communication et l’accès. Ensuite, dans une perspective d’observation, nous dressons l’image socio-économique de la ville ce qui inclut la composition de la population et les services sociaux fournis autant que les principales ressources de la région et le marché du travail régional. Des cartes de localisation ainsi qu’une pyramide démographique se trouvent en annexe. Ce travail sert en tant que présentation de la ville et en tant que préparation aux deux prochains travaux dans lesquels nous identifierons deux problématiques générales en lien avec les aspects humains et physiques en sortant les forces et faiblesses qui s’apparentent à notre localité avant de terminer avec un travail qui a pour but d’analyser et d’estimer le positionnement de la localité à moyen terme en regard des objectifs du développement durable en proposant des méthodes, opérations et améliorations qui pourraient être utiles à la progression de celui-ci.

     

    2.  UN BREF HISTORIQUE ET UNE MISE EN CONTEXTE

     

                La ville d’Iqaluit est la capitale du Nunavut, le plus jeune et le plus grand des territoires du Canada. Pour donner un bref historique, la ville a été baptisée sous le nom de «Frobisher Bay» d’après le marin britannique Sir Martin Frobisher qui avait effectué plusieurs voyages pour la couronne d’Angleterre afin de trouver le passage du Nord-Ouest et de trouver des ressources naturelles précieuses sans succès et qui avait découvert ladite baie en 1576. Il n’y avait que quelques voyages scientifiques ainsi que des activités régionales limitées dans la baie de Frobisher jusqu’en 1942. Dans cette année, la ville de Frobisher Bay a été fondée en tant que base militaire américaine pour permettre des réapprovisionnements et des arrêts aux avions militaires allants et venants de l’Europe durant la Deuxième Guerre mondiale. La «Frobisher Bay Air Force Base» fermait ses portes en 1963, mais l’aéroport régional continuait à exister et la population locale restait sur place. Le premier janvier 1987, le nom de la ville changeait pour la première fois pour «Iqaluit» qui signifie «endroit poissonneux» en inuktitut. En décembre 1995, la ville était choisie pour devenir la future capitale du nouveau territoire du Nunavut à partir de 1999 après un référendum sur tout le territoire, mais cela durait jusqu’au 19 avril 2001 avant que la ville n’obtienne le statut de ville par Ottawa.

     

    3.  LA LOCALISATION ET LE CLIMAT

     

                Géographiquement, la capitale du Nunavut se trouve dans le sud-est de l’île de la Terre de Baffin, la province canadienne la plus proche étant le nord du Québec. Iqaluit est situé au bord de l’océan Arctique dans la baie de Frobisher. Elle est au nord du détroit d’Hudson, à l’ouest de la mer du Labrador, au sud du détroit de Davis et de la mer ou baie de Baffin et enfin à l’est des passages Nord-Ouest et de la baie d’Hudson. Iqaluit se trouve à approximativement 300 kilomètres dans le sud-est du Lac Amadjuak et plusieurs petits lacs et rivières sans noms officiels se trouvent autour de la ville. La rivière ayant un nom le plus proche de la ville se trouve dans le sud de l’île est s’appelle «Soper River», située dans le «Soper Heritage River Park» depuis 1992[1]. Le «Sylvia Grinnell Territorial Park Reserve» débute à seulement un kilomètre à l’ouest de la ville. La communauté la plus proche se trouve à Apex qui est en fait une subdivision de la ville se trouvant à cinq kilomètres à l’est de la ville principale. Le «Qaummaarviit Territorial Historic Park» se trouve sur une île dans la baie de Frobisher dans le sud d’Iqaluit et le «Katannilik Territorial Park Reserve» est situé un peu plus loin dans le sud-est de l’île de la Terre de Baffin. Ces deux derniers parcs nationaux ne sont pas accessibles par voiture, mais par bateau en été ainsi qu’à pied et à l’aide de motoneiges ou plus traditionnellement de traineaux à chiens en hiver.

     

                Iqaluit se trouve à la frontière de deux zones de climat polaire, soit l’arctique et le subarctique. Selon la classification de Koppen, il s’agit également d’un climat de toundra et il y a donc peu de végétation ce qui permet l’accès à beaucoup de vents froids et secs et des blizzards en hiver. Entre juillet et septembre, il y a une bonne précipitation en haut de 50 millimètres qui peut aller jusqu’à 63,5 millimètres en moyenne au mois d’août. Les températures moyennes en hiver peuvent atteindre -31,2 degrés Celsius en février et une moyenne maximale de 11,6 degrés en juillet pour l’été. Le record de froid a été enregistré le 10 février 1967 à -45,6 degrés Celsius et le record de chaleur date du 28 juillet 2001 avec 25,8 degrés Celsius. La neige débute au mois d’octobre et peut rester jusqu’en juin, mais la quantité est souvent très faible et tourne autour de cinq centimètres ou moins.

     

    4.  LE RELIEF ET LES PRINCIPALES RESSOURCES

     

    Le paysage est englacé pendant huit mois de l’année et on peut voir des bancs de neige sur le pergélisol ainsi que des icebergs plus loin dans la baie de Frobisher si celle-ci n’est pas complètement gelée. Le Bouclier Canadien est érodé par la fonte et le retrait des glaciers. En été, le sol est rocailleux et on peut découvrir des plaines, plateaux et collines très peu couverts de végétation. Les principales ressources naturelles de la région sont les minéraux ainsi que le pétrole que le gouvernement canadien compte davantage exploiter. Par rapport au défi d’assurer l’accès à des ressources en eau suffisantes et salubres, des scientifiques de Ressources naturelles Canada travaillent depuis 2007 sur le projet «Renforcement de la résilience des établissements humains face aux changements climatiques», une activité de transfert de technologie en géomatique et en télédétection durant laquelle un groupe restreint a réussi à produire une carte ainsi que des statistiques détaillées sur les ressources en eau de surface dans le but de former du personnel local afin de préparer la ville et le territoire complet aux défis qu’apporteront le développement durable et le réchauffement climatique afin d’optimiser l’utilisation des ressources d’eau qui y existent en grand nombre[2]. 

     

    5.  LA CONFIGURATION SPATIALE, L’ACCÈS ET LES COMMUNICATIONS

     

                En ce qui concerne la configuration spatiale et l’accès, la ville d’Iqaluit a de nombreux inconvénients. Il n’y a pas de grande autoroute qui lie la ville aux capitales des autres provinces vu que les conditions climatiques et aussi la localisation sur une île sont largement défavorables à la construction d’une telle route. Iqaluit est la seule capitale au sein du Canada qui n’a pas de feux de circulation routière et seulement quelques panneaux routiers. Quelques rues à l’intérieur de la ville ont obtenu des noms depuis 2003, mais il y a encore des rues sans noms dans la région. Le système de routes locales lie la communauté d’Apex au «Sylvia Grinnell Territorial Park Reserve». Il n’existe pas de transports en commun, car le projet d’un système d’autobus traversant la ville a été abandonné à cause d’un manque de clientèle. Pourtant, il y a un système de taxis disponible à Iqaluit. Il y a des voitures à Iqaluit, mais elles sont peu nombreuses à cause des conditions climatiques difficiles et des coûts d’importation élevés. Les motoneiges et des véhicules tout-terrain sont plus nombreux et populaires. Traditionnellement, il y a une route menant à Kimmirut qui est accessible avec des véhicules tout-terrain. Durant l’hiver, la ville devient accessible par motoneiges et traineaux à chiens grâce au détroit d’Hudson lorsque ce dernier est gelé. Il crée ainsi une liaison naturelle d’une longueur allant jusqu’à 700 kilomètres et d’une largeur entre 64 et 240 kilomètres entre le Nunavut et le Québec. Durant l’été, Iqaluit devient accessible par bateau, mais le port n’est pas assez profond pour que les grands bateaux de cargaison puissent directement y accéder. Des petits bateaux locaux transportent les cargaisons de la baie de Frobisher jusqu’au petit port d’Iqaluit. Le seul accès stable est l’aéroport d’Iqaluit, l’ancienne base militaire américaine qui existe depuis 1942. Les avions de «Canadian North» et «First Air» lient Iqaluit à Ottawa et Yellowknife et plusieurs petites villes au Nunavut. Depuis 2010, «Air Canada Jazz» offre également des vols entre Ottawa et Iqaluit à une plus grande clientèle. Sinon, il y a des lignes régionales telles que «Kivalliq Air», «Air Nunavut», «Unaalik Aviation», «Canadian Helicopters» et «Nunasi Helicopters» qui ont accès à l’aéroport d’Iqaluit. Une liaison par avion entre Iqaluit et Nuuk, la capitale du Groenland, est actuellement en état de planification.

     

     

                En ce qui concerne les médias, la ville offre six chaines de radio différentes, trois chaines de télévision et deux journaux. La plupart de ces médias sont locaux, mais souvent mis en place par des institutions ou même sociétés d’État comme Radio-Canada.

     

    6.  LA POPULATION D’IQALUIT

     

                Selon le recensement de 2006, il y a un total de 6184 habitants qui vivent à Iqaluit. Ceci signifie un taux de variation de 18,1% en comparaison avec les chiffres de 2001. Le territoire du Nunavut a connu un taux de variation de 10,2% durant la même période. En 2006, 29474 personnes vivent sur le territoire et cela signifie donc que plus qu’un cinquième de la population territoriale se concentre sur la ville d’Iqaluit. Selon le «Nunavummit Kiglisiniartiit», le Bureau des Statistiques du Nunavut, la population du territoire pourrait atteindre près de 43000 habitants en 2020.[3] L’âge médian de la population d’Iqaluit est très jeune[4] avec une moyenne de 28,8 ans et le taux de naissances est à la hausse. Sur 6085 habitants recensés, 6025 sont des citoyens canadiens et 3650 ont une identité autochtone. Il y a également des minorités ethniques présentes à Iqaluit telles que 55 Chinois, 45 Noirs et Maghrébins et 35 Philippins pour mentionner les minorités les plus nombreuses. Sur 6085 habitants, 4015 parlent la langue anglaise à la maison, 1805 parlent une langue non-officielle et surtout l’Inuktitut et 180 habitants parlent la langue française à la maison. En 1996, 60% de la population parlaient encore l’Inuktitut à la maison comparativement à seulement 35% qui parlaient en anglais.[5] Le revenu médian est beaucoup plus élevé à Iqaluit qu’au reste du territoire et atteint une valeur de 92123 dollars canadiens sans impôt en 2005. Ceci se voit également par rapport au taux de chômage qui est de seulement 7,8% à Iqaluit, mais de 15,6% au Nunavut.[6]

     

    7.  L’ÉDUCATION ET L’ÉCONOMIE À IQALUIT

     

                Sur 4535 habitants qui ont 15 ans et plus, 1615 n’ont aucun certificat, diplôme ou grade, 775 ont un diplôme d’études secondaires ou équivalent et 265 un certificat ou diplôme d’apprenti ou d’une école de métiers. À Iqaluit se trouve une école préscolaire-primaire avec le «Nakasuk School» ainsi qu’une école secondaire qui s’appelle «Inuksuk High School». Les principaux domaines d’études postsecondaires à Iqaluit sont le commerce, la gestion et l’administration publique avec 465 étudiants, l’architecture, génie et services connexes comptent 400 étudiants et les sciences sociales et de comportement ainsi que les études de droit comptent un ensemble de 310 étudiants. En ce qui concerne les professions, cette tendance est semblable. D’une population active âgée de 15 et plus de 3470 personnes, 720 travaillent dans le domaine des affaires, des finances et de l’administration, 700 dans le domaine des ventes et services et 540 dans le domaine de la gestion. L’industrie locale se concentre avec 565 travailleurs sur les services de commerce, mais 1630 personnes travaillent tout simplement dans d’«autres services» en 2006. Depuis la fondation du territoire, l’économie régionale a fait d’énormes progrès.

     

    8.  CONCLUSION

     

                Pour en conclure, la ville d’Iqaluit est en expansion démographique et économique depuis la fondation du territoire du Nunavut. La ville devient un endroit intéressant pour beaucoup de chômeurs venant des autres provinces canadiennes et même certaines minorités ethniques s’y installent. Malgré une configuration spatiale défavorable, des lacunes par rapport à l’accès de la ville et un climat extrême qui se réchauffera d’environ 1,5 à 4 degrés Celsius en moyenne d’ici 2050[7], la ville est une zone émergente qui deviendra d’autant plus importante dans le contexte des revendications territoriales en Arctique en lien avec les ressources pétrolières et un possible accès au légendaire passage Nord-Ouest grâce au réchauffement climatique.

     

     


    [1] INTERNET 1996 WORLD EXPOSITION (1996), «Welcome to the Soper River», lien direct: http://park.org/Canada/arctic/soper1/soper1.html#becoming (consulté le 30 janvier 2011)

    [2] BUDKEWITSCH, PAUL (2009), «Information géomatique sur un bassin versant d’Iqaluit, Nunavut, utilisant des données d’observation de la Terre et des levés de terrain», Ressources naturelles Canada, Ottawa, lien direct: http://cct.rncan.gc.ca/geospatial/iqaluit_f.php (consulté le 30 janvier 2011)

     

    [3] DAHL, JENS, JACK HICKS et GRAHAM WHITE (2000), «Inuit regain control of their lands and their lives», Copenhague, Danemark: «International Work Group for Indigenous Affairs», pages 34 et 35 

    [4] GOUVERNEMENT du Territoires du Nord-Ouest (1998), «Checklist of Northwest Territories government publications for 1998», Yellowknife, lien direct : http://www.assembly.gov.nt.ca/_live/documents/content/check98.pdf (consulté le 30 janvier 2011)

    [5] MALTAIS, BRUNO (2010), «Visages du Nord : Lumière sur Iqaluit», Radio-Canada (chronique web), Ottawa/Montréal/Iqaluit, lien direct : http://www.radio-canada.ca/nouvelles/enprofondeur/national/visages-du-nord/chroniques_web/index.asp?d=2010-4-7 (consulté le 31 janvier 2011)

    [6] STATISTIQUES CANADA (2007), «Profils des communautés de 2006 : Iqaluit», Ottawa, lien direct : http://www12.statcan.gc.ca/census-recensement/2006/dp-pd/prof/92-591/details/page.cfm?Lang=F&Geo1=CSD&Code1=6204003&Geo2=PR&Code2=62&Data=Count&SearchText=Iqaluit&SearchType=Begins&SearchPR=01&B1=All&Custom= (consulté le 30 janvier 2011)

    [7] BERTOL, MICHELLE (2010), «Le lotissement durable d’Iqaluit», Ressources naturelles Canada, Ottawa, lien direct: http://adaptation.nrcan.gc.ca/case/iqaluit_f.php (consulté le 31 janvier 2011)

     

     

    1.  INTRODUCTION

    Suite à notre présentation générale de la ville d’Iqaluit, cette deuxième partie vise de cerner les problématiques qui sont selon nous les plus importantes se rattachant à notre localité dans le but d’évaluer et de diagnostiquer le potentiel global de celle-ci. Nous avons choisi trois problématiques qui sont d’ailleurs toutes interdépendantes et étroitement liées par le contexte de la nordicité de la capitale du Nunavut. La première problématique est celle de l’isolation sociale qui entraîne notamment des désavantages flagrants par rapport aux services sociaux, à la communication et à l’éducation. La deuxième problématique est celle de la géostratégie de la ville d’Iqaluit. Nous parlerons ici en détail de l’aspect de l’accessibilité et de certaines infrastructures autant que de l’économie externe limitée. Notre dernière problématique touche le climat arctique et son influence négative par exemple sur l’économie interne et l’immigration. Le sujet du réchauffement climatique sera également brièvement abordé lors de l’analyse de cette problématique en parlant des avantages et aussi des inconvénients qui se rapportent à ce phénomène précis. Ce sujet sera abordé de nouveau lors du troisième travail pratique qui établira un scénario pour le futur de la ville ainsi que les méthodes et opérations prévues afin de résoudre les problématiques mentionnées dans une approche considérant le développement durable. Le travail présent sera accompagné d’un schéma systémique illustrant nos idées dans le but de faciliter la compréhension du sujet.

    2.  L’ISOLATION SOCIALE

                L’isolement entraine souvent des facteurs quelque peu défavorables. Tout est plus cher et souvent plus rare comme le loyer et la nourriture, sans compter les problèmes liés au taux de mortalité infantile qui est deux fois plus élevé à Iqaluit que la moyenne générale du Canada, le taux de suicide qui est six fois plus élevé, le taux de tuberculose étant huit fois plus haut que le reste du Canada et le taux des maladies transmises sexuellement (MTS) qui est de treize à vingt fois plus élevé que la moyenne nationale. D’autres problèmes s’ajoutent à ceux mentionnés plus haut, tel que le pourcentage de fumeurs (68%) comparativement à 27% pour le reste du Canada, sans parler de l’abus d’alcool des Inuits.

    N’ayant pas de bonnes infrastructures, il est difficile de construire un hôpital, un Centre local de services communautaires ou encore un centre policier à Iqaluit. Les matériaux nécessaires à la construction qui ne sont souvent livrés que par la voie maritime et les spécialistes dans leurs domaines tel que les électriciens, architectes sont difficiles à trouver ou procurer. Il n’y a donc peu de personnes qualifiées qui désirent venir travailler à Iqaluit vu son éloignement des grands pôles de développement. Cependant, quelques infirmières et médecins se déplacent une fois par mois, sinon moins, sur place pour donner un service de santé adéquat pour les Inuits qui composent autour de 85 pourcent de la population Iqaluit. Mais le manque d’infirmières est le maux le plus problématique en ce moment dans ce territoire comme partout ailleurs au Canada.  

    Par contre, un point positif vient améliorer leur sort, même si la solution est loin d’être la plus efficace et facile. Depuis quelque temps, on voit une nouvelle technologie de communication s’ouvrir aux patients d’Iqaluit. Alors qu’avant les médecins devaient se déplacer pour diagnostiquer les malades, il est possible maintenant de faire le tout par images satellites et visuelles. Les spécialistes d’Ottawa ou de Montréal peuvent ainsi dire si le patient doit être transporté par avion dans un centre de santé le plus près ou si rien ne presse. Il faut savoir aussi que le seul moyen pour traiter les arrêts du cœur, les grossesses ectopiques ou prématurés, pneumonies ou dommages quelconques est de prendre l’avion qui est payé par le gouvernement. Le budget du Nunavut est de 408.7 millions et environ 80 millions vont directement à la santé pour le transport de 12 des 28 communautés d’Inuits au Nunavut. Même si les communications ne sont pas si perfectionnées, il est tout de même possible d’avoir le cellulaire, l’internet et des ordinateurs dans cet endroit si isolé du reste du Canada. Durant les dernières années, plusieurs stations de radio ont été inaugurées et ouvertes à Iqaluit et des journaux locaux s’y vendent également de plus en plus. On compte actuellement deux journaux, trois chaînes de télévision et six chaînes de radio différentes. En constante évolution, on peut communiquer plus facilement avec Iqaluit et cela permet aux habitants d’avoir de meilleurs soins et services sociaux.

    Concernant l’aspect de l’éducation, plus d’un tiers de la population active n’a aucun grade ou diplôme et le taux de chômage se situe actuellement à 7.8 pourcent. Mais la situation s’améliore perpétuellement. Les infrastructures déjà existantes ont été améliorées graduellement depuis la fondation du territoire du Nunavut. Trois garderies («Les petits Nanooks», «Kids on the beach daycare» et «First steps daycare centre»), deux écoles primaires, la «Nakasuk School» (de la garderie jusqu’à la cinquième année) et une école du nom de «Joamie Iliniarvik School» (pour la première à la cinquième année), l’«Aqsarniit Ilinniarvik School» (à partir de la sixième allant jusqu’à la huitième année) qui est ainsi également appelée «Middle School», une école secondaire modernisée du nom d’«Inuksuk High School» (de la neuvième à la douzième année d’études) et même une école francophone du nom de l’«École des Trois-Soleils», une institution postsecondaire, le «Nunavut Arctic College», et enfin l’«Akitsiraq Law School» qui offre des cours de baccalauréat en étude de droits en collaboration avec l’Université d’Ottawa se trouvent dans la petite ville. Par contre, ce réseau d’éducation énorme ne suffit pas encore de combler tous les besoins. La ville a besoin de travailleurs spécialisés de l’extérieur de la région. Certains jeunes étudiants quittent la ville pour poursuivre les études surtout dans les cégeps et universités de l’Ontario et du Québec.

    3.  L’ASPECT DE L’ISOLATION GÉOSTRATÉGIQUE

                L’isolation géostratégique est un inconvénient majeur se rattachant à la localité d’Iqaluit. La ville est située sur l’île de la Terre de Baffin et la seule voie d’accès régulière à la ville est par avion. Situé dans un grau entouré de collines rocheuses avec un sol acide, mince, pauvre et quasiment infertile à cause du pergélisol où la végétation se limite principalement aux lichens et en été aussi aux épilobes à feuilles larges, aux oxytropis de Maydell, au coton arctique, aux pavots safranés, aux pyroles à grandes fleurs, aux raisins d’ours, aux silènes acaules, aux dryades à feuilles entières, aux canneberges et mûres, aux céraistes vulgaires, au thé du Labrador et aux œillets marins[1], la ville est surtout composée d’une poignée de maisons préfabriquées. Il n’y a qu’un réseau limité de routes de grave d’environ une vingtaine de kilomètres. Les panneaux de circulation sont rares, les rues ne portent pas de noms et les feux de circulation sont aussi inexistants que les stationnements publics. Peu de gens possèdent des voitures qui n’ont pas une longue espérance de vie dans un climat arctique et la plupart des gens se déplacent à l’aide de motoneiges et de sept services de taxi différents en ville.[2] D’une manière étonnante, le passé et le présent vivent ensemble à Iqaluit où une bonne partie des Inuits vont encore à la chasse et célèbrent des danses et chants traditionnels en amenant leurs téléphones mobiles partout. Cet aspect semble être un mélange harmonieux et unique, mais d’un point de vue géostratégique, la jeune capitale a un grand retard à rattraper et une ouverture d’esprit et un sens de l’entrepreneuriat à développer si elle veut faire face aux défis d’un monde globalisé sans sortir perdante des enjeux économiques et politiques se rattachant à celui-ci.

    Le manque d’accessibilité nuit non seulement aux infrastructures, mais aussi à l’économie car la ville offre peu d’avantages pour des entreprises de l’extérieur de s’y installer. Le sol empêche ou au moins complique largement la construction d’usines à Iqaluit. Tout se limite donc à un marché économique interne et il y a une dépendance envers les importations des marchés externes. La main-d’œuvre locale n’est pas suffisante pour suffire aux besoins de la population et le taux d’immigration et de travailleurs externes ayant un contrat à Iqaluit augmente en flèche. L’économie régionale a surtout fait des progrès et a même connu un boom économique suite à la fondation du Nunavut dont Iqaluit est la capitale[3], mais celle-ci est très limitée, a connu un retour à la normale et est dangereusement dépendante des services extérieurs. Les grands marchés, les pays voisins et mêmes les provinces voisines ou territoires voisins sont loin de la ville. L’économie locale est largement basée sur les subventions du gouvernement fédéral. Le «sous-sol» du Nunavut regorge de ressources minières telles que le cuivre, l’or, l’argent, le plomb, le zinc et le diamant et vingt pourcent des richesses pétrolières du Canada se trouvent en territoire nunavummiut, mais le tout est jusqu’à date inaccessible ou extrêmement difficile à exploiter d’un point de vue climatique, technologique et financier. Même si ces richesses sont exploitées, ce seront encore des travailleurs spécialisés de l’extérieur qui profiteront surtout de ce phénomène tandis que la population locale ne s’enrichira que partiellement et pour une période temporairement limitée. Ce qui nuit après tout au développement régional et aussi à la mentalité d’indépendance des habitants est le fait qu’Iqaluit soit encore dépendant des forces extérieures et qu’il soit incapable de s’émanciper réellement.

    4.  LE CLIMAT ET SES CONSÉQUENCES

                Bien que le climat avantage certains endroits sur la Terre, il n’en est pas de même pour Iqaluit. Le climat arctique et désertique de cet endroit du Nunavut ne permet pas aux habitants de cette ville de faire d’importantes infrastructures et encore moins des maisons comme nous sommes tous habitués de voir. Bâtis sur le pergélisol, leurs maisons ressemblent le plus souvent à des maisons mobiles faites sur mesure et les plus grosses infrastructures restent l’hôtel de ville et un hôtel ou encore motel où les gens qui viennent puissent être logés. Le système routier est également très peu développé. Souvent en terre battue, les routes ne sont pas asphaltées, car le mouvement du sol est constant et briserait dès la première année l’asphalte mis en place.

                Le climat a également une influence sur l’économie régionale. À part de l’artisanat inuit et des surplus de la pêche, Iqaluit ne réalise pas beaucoup d’exportations. Le pergélisol empêche presque complètement l’agriculture et la construction d’usines et la ville ou encore le gouvernement fédéral doit investir énormément d’argent et d’efforts afin de combler les besoins de la population par l’importation de marchandises. En ce qui concerne les besoins fondamentaux, il y a de la fabrication de vêtements à Iqaluit, mais le marché régional est trop petit et culturellement spécialisé pour suffire à la population. En ce qui a trait la nourriture, les Inuits restent quelque peu attachés à leurs modes de vie traditionnels, mais ils doivent s’adapter à une nouvelle vie avec une population qui augmente en flèche et qui ne pourrait plus être entièrement nourrie par quelques chasseurs et pêcheurs et surtout avec un réchauffement climatique qui se fait sentir davantage à Iqaluit et qui risque non seulement d’éloigner les animaux chassés de la ville mais qui effacera également une multitude d’emplois et événements traditionnels. À cela s’ajoute sans aucun doute le boycott de certains pays d’importer les fourrures et viandes de la région à cause de l’opposition de plusieurs pays contre les méthodes dont la chasse aux phoques est réalisée qui nuit aux activités économiques traditionnelles. En ce qui concerne les logements, ceux-ci sont importés du sud et souvent des fabrications spéciales. Des champs de travail ou la construction de maisons complètes sur place sont impossibles à cause du pergélisol, le froid énorme et les blizzards.

                En ce qui concerne l’immigration, la ville d’Iqaluit voit de plus en plus de minorités s’installer dans la région, mais peu d’immigrants du sud du Canada ou même de l’extérieur du pays restent de manière permanente à Iqaluit. Les conditions climatiques, la nature monotone et le manque de divertissements sont des obstacles considérables à l’immigration.

    5.  CONCLUSION

                Pour finir, Iqaluit est pour le moment une ville isolée du reste du monde. Cependant, si nous regardons vers le futur, presque tous les aspects mentionnés risquent de se modifier avec les impacts du réchauffement planétaire. Avec un climat plus doux, les modes de vie traditionnels sont en voie de disparition, mais un nouveau marché économique et une nouvelle vague d’immigration pourraient se créer avec l’accessibilité du Passage du Nord-Ouest. L’amélioration dans les communications permet aux habitants d’Iqaluit de sortir de leur isolation permanente et aux spécialistes de la santé d’offrir un meilleur service à leurs patients du Grand Nord. Les ressources précieuses cachées sous le pergélisol deviendront également accessibles et pourraient être exploitées et créer un boom économique temporaire. Pourtant, la question des revendications territoriales en Arctique pourrait éventuellement placer la ville d’Iqaluit au centre de tensions diplomatiques et même militaires dans le pire scénario. Il ne reste qu’à savoir maintenant si les peuples anciens sont prêts pour faire face aux changements que le réchauffement climatique amènera sur le territoire du Nunavut.



    [1] IQALUIT 2002-2003 (2003), «Fleurs de la toundra», lien direct: http://iqaluit.free.fr/nunavut/geo_fleurs.html (consulté le 19 février 2011)

    [2] JOHNSON, MAUREEN (1999), «Canada’s new arctic territory charts its course», Washington D.C., États-Unis, «Pan American Health Oraganization», magazine «Perspective in health», volume 4, No.2, lien direct: http://www.paho.org/English/DPI/Number8_article1.htm (consulté le 19 février 2011)

    [3] RADIO-CANADA (1999), «Boom économique à Iqaluit», Montréal, Québec, Canada, lien direct: http://archives.radio-canada.ca/politique/provincial_territorial/clips/857/ (consulté le 19 février 2011)


     

    1.  INTRODUCTION

                    Suite à l’identification de problématiques au niveau social, géostratégique et climatique en lien avec Iqaluit, ce dernier volet de notre travail vise à identifier le positionnement à moyen terme en regard des objectifs du développement durable. On se penche sur la question si le proche futur de la ville d’Iqaluit suivra un scénario optimiste ou pessimiste. Pourtant, lors de l’étude de cette tâche, deux volets différents au sein d’un même scénario ont émergé. D’un point de vue positif, les aspects sociaux et géostratégiques connaîtront une nette amélioration tandis que cette croissance s’avérera négative par rapport à la problématique climatique ou écologique.

    2.  LE DÉVELOPPEMENT DURABLE

                En premier lieu, il faut clarifier ce qui est le développement durable. Celui-ci concilie les trois piliers économique, social et écologique dans le but de trouver un équilibre cohérent et viable à long terme. Selon le rapport de Brundtland, «le développement durable est un mode de développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre à leurs».[1] Nous allons diviser notre travail en trois parties orientées à ces trois piliers et aux trois problématiques identifiées lors de notre deuxième volet tout en indiquant des mesures, méthodes et opérations afin de contrer les problématiques et de renforcer le développement durable.

    3.  LE PILIER ÉCONOMIQUE

    Le développement économique est en forte croissance à Iqaluit, surtout au niveau de la construction et de l’exploitation minière et pétrolière. «L’exploitation minière demeure une activité économique essentielle au Nunavut qui attire des centaines de millions de dollars en investissements chaque année»[2], souligne John Duncan, ministre de l’Agence canadienne de développement économique du Nord. Le géant français «Areva» tente d’installer une exploitation minière d’une valeur de 1,5 milliards de dollars sur le sol du Nunavut pour recueillir de l’uranium.[3] Les compagnies «Peregrine Diamonds Ltd.» et «BHP Billiton» ont récemment annoncé qu’elles voudraient investir 17,7 millions de dollars dans l’exploitation de diamants à Chidliak, en proximité d’Iqaluit.[4] Tout en gardant les marchés traditionnels tels que l’artisanat inuit et la pêche qui connaît d’ailleurs encore des investissements de plusieurs centaines de milliers de dollars afin de trouver de nouvelles stratégies de commercialisation[5], le Nunavut entier se modernise et s’ouvre à des investissement étrangers. Étant donné que le territoire du Nunavut est pratiquement inexploré, ce genre d’investissement semble être durable et non seulement temporaire comme cela était le cas avec le Nord-de-Québec ou la Côte-Nord où des villes minières comme Schefferville[6] n’ont connu qu’un essor très court et limité.

    La seule problématique en lien avec ce développement positif est le fait que la ville dépende encore énormément des subventions fédérales et que non seulement la plupart des investissements économiques mais aussi des travailleurs qualifiés viennent de l’extérieur. La présence de cette main-d’œuvre crée davantage d’emplois régionaux au secteur tertiaire, mais les secteurs primaires et secondaires restent négligés. D’un point de vue positif, le secteur secondaire est déjà en augmentation à court terme vu que l’augmentation de la population et l’installation de nouvelles entreprises demande la construction de nouveaux bâtiments, des réparations routières et des créations et rénovations d’un bon nombre de réseaux et d’institutions. Au niveau primaire, les changements climatiques pourraient offrir de nouvelles voies à une agriculture quasiment inexistante jusqu’à date et malgré que certains espèces animal et végétal disparaîtront, de nouvelles espèces plus vastes et splendides venant du sud enrichiront la région à long terme également. Ce n’est que la période de transition qui sera difficile à gérer, mais elle sera comblée par l’essor économique actuel. Ce scénario positif est souligné par l’essor du domaine de l’éducation à Iqaluit et son rôle de centre intellectuel du nord du Canada. Avec trois garderies, cinq écoles primaires et secondaires et deux institutions postsecondaires récemment établies et élargies, le peuple inuit souligne sa volonté de faire directement partie et d’améliorer l’essor économique de façon durable.

    4.  LE PILIER SOCIAL

                «Les trois communautés, inuit, anglophone et francophone, cohabitent bien chez nous.», souligne Dominique Huserau, représentante de «Carrefour Nunavut».[7] La ville d’Iqaluit est en effet un exemple parfait de la mondialisation. Environ deux tiers de la population parlent aujourd’hui l’anglais. À part des 6025 citoyens canadiens dont 3650 ayant une identité autochtone, il y a des minorités ethniques venant d’endroits aussi exotiques que la Chine, le Maghreb et les Philippines.[8]

    Pourtant, cette ville en perpétuel changement démontre également les problèmes qui viennent avec cette création d’une société hétérogène isolée dans le nord. Le Nunavut a le plus grand taux d’homicides, de suicides, d’abus d’alcool et de drogues et de maladies transmises sexuellement ainsi qu’une image dévastatrice de la santé publique.[9] Le reportage de Patrick White[10] en donne des exemples. La prison d’Iqaluit construite pour environ soixante-cinq prisonniers est pleine à craquer avec une centaine de jeunes criminels. Certains prisonniers doivent dormir ensemble dans un gymnase. Un policier en ville témoigne que neuf sur dix appels à la police, sinon plus, sont en lien avec des actes de violence en lien avec l’abus d’alcool. Un autre problème est le taux de croissance de la population qui crée un surplus de déchets, un manque d’habitations et des conflits intrafamiliaux. On donne l’exemple d’une famille de seize personnes qui attend la construction d’une maison et qui dort ensemble dans une chambre à coucher ne contenant que des lits pour trois personnes. Mais ce n’est pas seulement le manque de nouvelles locations qui pèse lourd sur la société, car les appartements et maisons existants exigent souvent des rénovations et hébergent de l’air pourri, des murs poreux et des planchers brisés. La très jeune population du Nunavut doit faire face à un tas de problèmes qui n’a pas cessé d’augmenter depuis la fondation du territoire il y a douze ans.

    Pourtant, la situation est devenue tellement grave que le scénario pour le futur de la ville reste malgré tout optimiste car la situation ne risque plus d’empirer. Avec l’arrivée de plus en plus de visiteurs et d’immigrants, la société d’Iqaluit risque de s’adapter à un nouveau standard de vie et sortira de son isolation qui est un des facteurs principaux de sa misère. De nouvelles activités culturelles et une ouverture vers les cultures étrangères mèneront à davantage d’activités sociales. Les investissements économiques et gouvernementaux favoriseront à long terme la construction de nouveaux bâtiments ce qui enlèvera le poids des confrontations, frustrations et agressions au sein des logements serrés, délabrés et peu personnalisés et diminuera le taux de criminalité élevé. L’essor des institutions scolaires donnera aux futures générations une multitude de choix de carrière et une stabilité et intégration dans un monde hétérogène auquel les générations plus âgées ne se sont jamais habituées. De plus, des préventions face aux maladies transmises sexuellement et aux abus de drogues et d’alcool seront davantage réalisées au sein de ces institutions. Iqaluit devrait également s’impliquer politiquement dans la lutte contre l’abus d’alcool et suivre l’exemple de Pangnirtung, la deuxième ville du Nunavut, qui a réalisé une prohibition sur son territoire.[11] En fait, sur vingt-cinq communautés au Nunavut, sept communautés ont récemment installé une prohibition et treize autres ont au moins certaines restrictions. Iqaluit est parmi les cinq communautés restantes qui n’ont pas encore entrepris des mesures significatives contre l’abus d’alcool. Avec de telles mesures, la phase de transition difficile durant laquelle le peuple inuit doit se forger une nouvelle identité et existence entre le passé traditionnel et la culture occidentale infuse du présent se réalisera d’une manière plus contrôlée et sécuritaire.  

    5.  LE PILIER ÉCOLOGIQUE

                Iqaluit, qui connaît une température annuelle moyenne relativement modérée de moins dix degrés Celsius, devra faire face à une augmentation de la température entre un degré et demi et quatre degrés jusqu’en 2050 ce qui entraînera des changements importants sur terre et en mer comme une augmentation de quinze pourcent des précipitations annuelles.[12] La ville d’Iqaluit est consciente de l’importance du développement durable. La maire Madeleine Redfern souligne qu’«Iqaluit a pris un engagement à long terme vers le développement durable et s’est engagé à étendre les services municipaux.»[13] Des anecdotes telles que la construction d’une première serre dans l’Arctique en plein centre-ville d’Iqaluit qui sera bientôt agrandie démontrent que la communauté tente se premiers pas hésitants vers ce nouveau modèle peu connu.[14] 

    D’un autre côté, Iqaluit a besoin de s’ouvrir envers le monde par les moyens de l’économie et du tourisme pour contrer ses problèmes sociaux et afin d’atteindre et maintenir un standard de vie plus élevé. La montée des explorations de sites de ressources naturelles et des exploitations minières et pétrolières ainsi que la création d’un nouveau port en eaux profondes et l’agrandissement et la modernisation de l’aéroport en place visent la prospérité économique et la modernisation bien avant le développement durable. Le site «Population Data» souligne que «ce développement, loin de satisfaire aux exigences du développement durable en cette période de frénésie, risque bien de se faire au détriment de la faune locale.»[15] Mais les menaces vont plus loin. En juin 2008, la ville de Pangnirtung avait vécu sous état d’urgence pendant un mois à cause d’une inondation venue d’une montagne qui était provoquée par des pluies sur neige abondantes.[16] Suite à cela, des oiseaux inconnus sous cette latitude tels que des geais bleus et des merles ont été repérés. Les saisons de pêche et de chasse sont en changement rapide depuis que les anciens avaient remarqués les premiers changements climatiques il y a environ vingt ans. Mais le véritable danger n’est pas visible: sous le pergélisol ses cachent des tonnes de méthane qui pourraient se libérer. Avec la fonte du pergélisol, les maisons et bâtiments pourraient aussi être endommagés.[17] Cela souligne le besoin criant de la construction, rénovation et stabilisation des bâtiments et systèmes routiers au Nunavut ainsi qu’une augmentation de mesures de sécurité. À cause de son isolation et son manque d’expériences, le Nunavut semble être impuissant face à des possibles catastrophes et changements naturels pouvant freiner l’essor socioéconomique.

    6.  CONCLUSION

                Finalement, le scénario à court et moyen terme à Iqaluit semble positif en ce qui concerne le développement économique tandis que le scénario pour le pilier social est en ce moment très instable, mais risque de trouver un certain équilibre à moyen et long terme. Ce n’est que sur le pilier écologique que les progrès du Nunavut sont encore hésitants malgré que les effets du réchauffement climatique soient visibles et niés par personne. Malgré une meilleure intégration socioéconomique, la population d’Iqaluit ne semble pas encore être prête à court et à moyen terme de changer ses habitudes de vie en harmonie avec le développement durable et le territoire ne semble pas être en mesure de se protéger contre des éventuelles catastrophes naturelles. Cette capacité d’adaptation ainsi que la prise de mesures immédiates au niveau infrastructurel et écologique soutenues notamment par le gouvernement fédéral prouveront dans les prochaines années si le scénario d’Iqaluit et du Nunavut sont aussi roses qu’ils semblent être en ce moment.


    Bibliographie

    1.      AGENCE CANADIENNE DE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE DU NORD (10 mars 2011), «CanNor donne un élan à l’industrie de la pêche du Nunavut», Toronto, «Marketwire», lien direct: http://www.marketwire.com/press-release/CanNor-donne-un-elan-a-lindustrie-de-la-peche-du-Nunavut-1409281.htm (consulté le 3 avril 2011)

     

    2.      AGENCE CANADIENNE DE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE DU NORD (21 mars 2011), «Le gouvernement fédéral appuie le Symposium minier du Nunavut», Toronto, «Marketwire», lien direct: http://www.marketwire.com/press-release/Le-gouvernement-federal-appuie-le-Symposium-minier-du-Nunavut-1414860.htm (consulté le 3 avril 2011)

     

    3.      BERTOL, Michelle (2010), «Le lotissement durable d’Iqaluit», Ottawa, Ressources naturelles Canada, lien direct: http://adaptation.nrcan.gc.ca/case/iqaluit_f.php (consulté le 5 avril 2011)

     

    4.      BRAUNE, Gerd (2009), «Tomaten in der Arktis», Berlin, «Berliner Zeitung», lien direct: https://www.berlinonline.de/berliner-zeitung/archiv/.bin/dump.fcgi/2009/0311/horizonte/0006/index.html (consulté le 5 avril 2011)

     

    5.      COMMISSION MONDIALE SUR L’ENVIRONNEMENT ET LE DÉVELOPPEMENT (1988 (version originale en anglais de 1987)), «Notre avenir à tous», Montréal, Éditions du Fleuve, 454 pages

     

    6.      GEORGE, JANE (29 mars 2011), «Diamond companies will spend another $17.7 million on exploration near Iqaluit», Iqaluit, «Nunatsiaq News», lien direct: http://www.nunatsiaqonline.ca/stories/article/2903_diamond_companies_will_spend_17.7_million_on_exploration_near_iqaluit/ (consulté le 3 avril 2011)

     

    7.      GLOBE AND MAIL, THE (4 avril 2011), «Why is Nunavut’s crime rate much higher than Canada’s?», Toronto, lien direct: http://www.theglobeandmail.com/news/national/nunavut/why-is-nunavuts-crime-rate-much-higher-than-canadas/article1969940/ (consulté le 4 avril 2011)

     

    8.      JACOT, Martine (2009), «Les Inuits redoutent les effets du changement climatique», Paris, «Le Monde», lien direct: https://ethnolyceum.wordpress.com/2009/07/06/les-inuits-redoutent-les-effets-du-changement-climatique/ (consulté le 5 avril 2011) 

     

    9.      MARTIN, Terence (2011), «Pour des bâtiments et routes plus sécuritaires dans le Nord canadien», Ottawa, Ressources naturelles Canada, lien direct: http://www.nrcan-rncan.gc.ca/com/elements/issues/56/cannor-fra.php?PHPSESSID=76eda76e5379a5b3c465072540d4f09c (consulté le 5 avril 2011)

     

    10.  PANGNIRTUNG – COMMUNITY PROFILE (déclaration de presse du 23 juin 2010), Pangnirtung, lien direct: http://www.pangnirtung.ca/profile (consulté le 5 avril 2011)

     

    11.  PIERRE-DESCHÊNES, CLAUDINE, «Schefferville», «L’encyclopédie Canadienne», Toronto, «Institut Historica Dominion», lien direct: http://www.thecanadianencyclopedia.com/index.cfm?PgNm=TCE&Params=F1ARTF0007197 (consulté le 3 avril 2011)

     

    12.  POPULATION DATA (2008), «Villes du bout du monde: Iqaluit», lien direct:  http://www.populationdata.net/index2.php?option=article&aid=73&article=2008-05-30-Villes-du-bout-du-monde-(serie)-:-Iqaluit (consulté le 5 avril 2011)

     

    13.  PRESSE CANADIENNE (3 avril 2011), «Nucléaire: le Japon fait réfléchir le Nunavut», Toronto (Montréal pour «Métro Montréal»), lien direct: http://www.journalmetro.com/linfo/article/822189--nucleaire-le-japon-fait-reflechir-le-nunavut (consulté le 3 avril 2011)

     

    14.  REDFERN, Madeleine, «Welcome to the city of Iqaluit», Iqaluit, présence sur internet, lien direct: http://www.city.iqaluit.nu.ca/i18n/english/index.php (consulté le 5 avril 2011)

     

    15.  STATISTIQUES CANADA (2007), «Profils des communautés de 2006 : Iqaluit», Ottawa, lien direct : http://www12.statcan.gc.ca/census-recensement/2006/dp-pd/prof/92-591/details/page.cfm?Lang=F&Geo1=CSD&Code1=6204003&Geo2=PR&Code2=62&Data=Count&SearchText=Iqaluit&SearchType=Begins&SearchPR=01&B1=All&Custom= (consulté le 4 avril 2011)

     

    16.  THÉRIAULT, Charles (10 mars 2011), «Les retraites ouvrent le marché de l’emploi», Ottawa, «Le Droit», lien direct: http://www.cyberpresse.ca/le-droit/actualites/economie/201103/10/01-4378161-les-retraites-ouvrent-le-marche-de-lemploi.php (consulté le 4 avril 2011)

     

    17.  WHITE, Patrick (1er avril 2011), «The trials of Nunavut: Lament for an Arctic Nation», Toronto, «The Globe and Mail», lien direct: http://www.theglobeandmail.com/news/national/nunavut/northern-crime/article1963420/ (consulté le 4 avril 2011)



    [1] COMMISSION MONDIALE SUR L’ENVIRONNEMENT ET LE DÉVELOPPEMENT (1988 (version originale en anglais de 1987)), «Notre avenir à tous», Montréal, Éditions du Fleuve, 454 pages

    [2] AGENCE CANADIENNE DE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE DU NORD (21 mars 2011), «Le gouvernement fédéral appuie le Symposium minier du Nunavut», Toronto, «Marketwire», lien direct: http://www.marketwire.com/press-release/Le-gouvernement-federal-appuie-le-Symposium-minier-du-Nunavut-1414860.htm (consulté le 3 avril 2011)

    [3] PRESSE CANADIENNE (3 avril 2011), «Nucléaire: le Japon fait réfléchir le Nunavut», Toronto (Montréal pour «Métro Montréal»), lien direct: http://www.journalmetro.com/linfo/article/822189--nucleaire-le-japon-fait-reflechir-le-nunavut (consulté le 3 avril 2011)

    [4] GEORGE, JANE (29 mars 2011), «Diamond companies will spend another $17.7 million on exploration near Iqaluit», Iqaluit, «Nunatsiaq News», lien direct: http://www.nunatsiaqonline.ca/stories/article/2903_diamond_companies_will_spend_17.7_million_on_exploration_near_iqaluit/ (consulté le 3 avril 2011)

    [5] AGENCE CANADIENNE DE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE DU NORD (10 mars 2011), «CanNor donne un élan à l’industrie de la pêche du Nunavut», Toronto, «Marketwire», lien direct: http://www.marketwire.com/press-release/CanNor-donne-un-elan-a-lindustrie-de-la-peche-du-Nunavut-1409281.htm (consulté le 3 avril 2011)

    [6] PIERRE-DESCHÊNES, CLAUDINE, «Schefferville», «L’encyclopédie Canadienne», Toronto, «Institut Historica Dominion», lien direct: http://www.thecanadianencyclopedia.com/index.cfm?PgNm=TCE&Params=F1ARTF0007197 (consulté le 3 avril 2011)

    [7] THÉRIAULT, Charles (10 mars 2011), «Les retraites ouvrent le marché de l’emploi», Ottawa, «Le Droit», lien direct: http://www.cyberpresse.ca/le-droit/actualites/economie/201103/10/01-4378161-les-retraites-ouvrent-le-marche-de-lemploi.php (consulté le 4 avril 2011)

    [8] STATISTIQUES CANADA (2007), «Profils des communautés de 2006 : Iqaluit», Ottawa, lien direct : http://www12.statcan.gc.ca/census-recensement/2006/dp-pd/prof/92-591/details/page.cfm?Lang=F&Geo1=CSD&Code1=6204003&Geo2=PR&Code2=62&Data=Count&SearchText=Iqaluit&SearchType=Begins&SearchPR=01&B1=All&Custom= (consulté le 4 avril 2011)

    [9] GLOBE AND MAIL, THE (4 avril 2011), «Why is Nunavut’s crime rate much higher than Canada’s?», Toronto, lien direct: http://www.theglobeandmail.com/news/national/nunavut/why-is-nunavuts-crime-rate-much-higher-than-canadas/article1969940/ (consulté le 4 avril 2011)

    [10] WHITE, Patrick (1er avril 2011), «The trials of Nunavut: Lament for an Arctic Nation», Toronto, «The Globe and Mail», lien direct: http://www.theglobeandmail.com/news/national/nunavut/northern-crime/article1963420/ (consulté le 4 avril 2011)

    [11] PANGNIRTUNG – COMMUNITY PROFILE (déclaration de presse du 23 juin 2010), Pangnirtung, lien direct: http://www.pangnirtung.ca/profile (consulté le 5 avril 2011)

    [12]  BERTOL, Michelle (2010), «Le lotissement durable d’Iqaluit», Ottawa, Ressources naturelles Canada, lien direct: http://adaptation.nrcan.gc.ca/case/iqaluit_f.php (consulté le 5 avril 2011)

    [13] REDFERN, Madeleine, «Welcome to the city of Iqaluit», Iqaluit, présence sur internet, lien direct: http://www.city.iqaluit.nu.ca/i18n/english/index.php (consulté le 5 avril 2011)

    [14] BRAUNE, Gerd (2009), «Tomaten in der Arktis», Berlin, «Berliner Zeitung», lien direct: https://www.berlinonline.de/berliner-zeitung/archiv/.bin/dump.fcgi/2009/0311/horizonte/0006/index.html (consulté le 5 avril 2011)

    [15] POPULATION DATA (2008), «Villes du bout du monde: Iqaluit», lien direct:  http://www.populationdata.net/index2.php?option=article&aid=73&article=2008-05-30-Villes-du-bout-du-monde-(serie)-:-Iqaluit (consulté le 5 avril 2011)

     

    [16] MARTIN, Terence (2011), «Pour des bâtiments et routes plus sécuritaires dans le Nord canadien», Ottawa, Ressources naturelles Canada, lien direct: http://www.nrcan-rncan.gc.ca/com/elements/issues/56/cannor-fra.php?PHPSESSID=76eda76e5379a5b3c465072540d4f09c (consulté le 5 avril 2011)

    [17] JACOT, Martine (2009), «Les Inuits redoutent les effets du changement climatique», Paris, «Le Monde», lien direct: https://ethnolyceum.wordpress.com/2009/07/06/les-inuits-redoutent-les-effets-du-changement-climatique/ (consulté le 5 avril 2011) 

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    I.                   INTRODUCTION

    La Corée du Nord est un pays qui ne semble pas être de ce monde. Depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale suite à laquelle la péninsule coréenne fut libérée de l’occupation japonaise presque simultanément par l’Union soviétique dans le nord et par les États-Unis dans le sud et suite aux déclaration d’indépendance des deux parties en 1948 qui ne se reconnaissaient pas diplomatiquement et prétendaient être chacune le seul état coréen légitime, la Corée du Nord s’est davantage isolée. Suite au conflit fratricide de la Guerre de Corée entre 1950 et 1953 ayant mené à un armistice et pacte de non-agression et en 2007 historiquement à une déclaration de paix mais non à un véritable traité de paix, la création d’une zone démilitarisée et une profonde séparation des deux états coréens sont maintenues jusqu’à nos jours. La Corée du Nord a poursuivi une géopolitique agressive à l’exemple d’un régime sévèrement socialiste inspiré de l’idéologie staliniste où des provocations stratégiques et des fois même armées comme les récents essais nucléaires alternent avec des apaisements diplomatiques et concessions politiques comme les réunions de familles coréennes séparées. Le pays a ajouté sa propre touche idéologique à cette inspiration afin de définir sa souveraineté culturelle, idéologique et politique avec l’établissement du «juche» basée sur une société autonome sans classes et un culte de personnalité discipliné et fortement endoctriné autour du président éternel Kim Il-sung. Après son décès, la «politique de songun», développée par le fils et successeur Kim Jong-Il, accorde une importance énorme à l’autonomie militaire. La péninsule coréenne reste jusqu’aujourd’hui la poudrière de l’Asie de l’Est, un dernier vestige de la guerre froide et le dernier état séparé au monde.

    Le travail de session tente à mettre l’accent sur la géopolitique nord-coréenne en analysant ses origines, en dressant son développement historique et en caractérisant son état actuel par rapport au contexte global de l’Asie de l’Est à nos jours.

    II.                LA GUERRE EN CORÉE ET SES CONSÉQUENCES  

    Suite à l’occupation soviétique du nord de la péninsule libérée par les forces japonaises, Kim Il-Sung, s’étant retiré sur le territoire de l’Union soviétique après une courte période au sein de la guérilla et résistance anti-japonaise et s’étant ensuite hissé au sein de l’Armée rouge jusqu’au grade de commandant de division et ayant ainsi acquis la réputation d’un héros de guerre, retourna en Corée du Nord. Au début, il y revint en tant qu’employé et conseiller d’un possible futur commandant de la nouvelle capitale nord-coréenne Pyongyang, un rôle auquel Kim et un bon nombre d’anciens émigrants nord-coréens avaient été idéologiquement préparés par l’Union soviétique depuis un an. Le régime soviétique ne vit pourtant en les forces rebelles déjà en place à Pyongyang aucun partenaire à la hauteur de leurs attentes idéologiques et décidèrent ainsi de mettre le héros de guerre Kim Il-Sung au pouvoir. Il était un fidèle collaborateur du régime staliniste et une icône respectée parmi les autres émigrants en même temps. Selon Pierre Rigoulot, les documents de l’époque révèlent que le futur conflit coréen «fut entièrement préparé par le chef d’État stalinien de Pyongyang» et Kim semble avoir envoyé un total de 48 télégrammes concernant le feu vert de Moscou pour une attaque de l’armée du sud.[1] Celle-ci était peu nombreuse, mal équipée et délaissée par les Américains qui n’avaient pas jugé bon, selon l’analyse du secrétaire d’État Dean Acheson, d’inclure la Corée du Nord dans le périmètre de sécurité américain en Asie.[2] Ce n’était qu’en 1950 que Kim reçut le feu vert de Staline qui avait attendu que la guerre civile chinoise soit remportée par les forces communistes qui se mirent aussitôt à assurer une possible intervention au côté de la Corée du Nord lors d’une possible riposte américaine malgré des doutes de Mao qui «se laissa convaincre» par Staline.[3] Sous-estimant le danger d’un possible conflit car «une guerre ne serait pas à envisager pour le moment»[4], les États-Unis se firent surprendre par l’éclatement des hostilités débutant le 25 juin 1950. La Corée du Nord conquit Séoul trois jours plus tard et le pays entier à part d’une petite partie autour de Busan jusqu’en septembre 1950 avant que les Américains aient été en mesure de riposter. Les hostilités opposant les Nations Unis au Bloc de l’Est durant cette guerre par procuration se poursuivirent avec des conquêtes territoriales équilibrées menant à une guerre de position jusqu’au 27 juillet 1953. Les conflits causèrent la mort de près de quatre millions de militaires et civiles pour un résultat de conquêtes territoriales quasiment identiques à la situation initiale.[5]

    III.             À LA RECHERCHE D’UNE IDENTITÉ NORD-CORÉENNE  

    Tandis que la Corée du Sud signa un traité de défense mutuelle avec les États-Unis le premier octobre 1953 et que les États-Unis agrandirent leur périmètre de sécurité en instituant le 8 septembre 1954 l’Organisation du Traité de l’Asie du Sud-Est, la Corée du Nord resta engoncée dans son alternance entre fidélité et attraction entre Pékin et Moscou. En même temps, le pays préserva une approche indépendante sans adhérer à des organisations telles que le Conseil d’assistance économique mutuelle ou au Pacte de Varsovie ce qui était au début bien vu par les puissances occidentales qui jugèrent que le pays soit moins radical que ses confrères socialistes. La séparation ne devait être que temporaire, mais la réunification signifiait l’absorption d’un côté par l’autre que les deux parties ne voulaient pas subir et le statut quo fut ainsi maintenu.

    La Corée du Nord connut une croissance annuelle de l’industrie plus élevée que celle de la Corée du Sud avec près de vingt-cinq pourcent lors des dix premières années suivant la guerre et ce bond en avant devint connu sous le nom inspiré du cheval mythique coréen «Chollima». Le pays fut avantagé historiquement par le fait que la plupart des centrales électriques et complexes industriels avaient été construits sur le territoire de la Corée du Nord lors de l’occupation japonaise, politiquement par le soutien étroit des autres pays socialistes en ce qui concerne par exemple les réformes agraires, la nationalisation des grandes industries et la mise en place d’un système d’organisations en coopératives et géographiquement par le fait que la plupart des ressources minières étaient localisées dans le nord.[6] Pourtant, lorsque le bloc de l’Est initia officiellement une déstalinisation au vingtième congrès du Parti communiste d’Union soviétique suite à laquelle plusieurs crises et réorientations suivirent, la Corée du Nord connut des purges de plus en plus étendues qui tentèrent à renforcer la position de Kim Il-Sung en créant ainsi un système dynastique. Cette création d’un culte der personnalité créa des premières tensions entre la Corée du Nord et les autres pays socialistes. La stratégie de Kim Il-Sung trouva un premier point culminant avec l’application de la «Constitution socialiste» en 1972 qui prépara l’hégémonie mettant en place la succession de Kim Jong-Il à son père. La crise au sein des pays socialistes et surtout le fossé entre la Chine sous Mao et l’Union soviétique sous Khrouchtchev et ses successeurs firent ralentir l’essor économique de la Corée du Nord surtout à partir de la deuxième moitié des années 1960.

    IV.             EN QUÊTE DE LA RÉUNIFICATION ET D’UNE OUVERTURE 

    Concernant les relations diplomatiques, la Corée du Nord développa au début un véritable terrorisme d’État contre son voisin du sud incluant des enlèvements et attentats terroristes ainsi que l’envoi d’agents subversifs et d’équipes de guérilla afin de renverser le régime occidentalisé. Ce ne fut qu’après que le pays fit un pas hésitant vers la question de la réunification qui mena à la déclaration conjointe du 4 juillet 1972 entre les deux Corées. Les sept points principaux de la déclaration continrent la création de trois piliers de la réunification. Ceux-ci étaient l’indépendance, la paix et l’union nationale, l’interdiction d’utiliser de la force militaire et de porter des préjugés l’un envers l’autre, la mise en place des actions de coopération entre les deux pays, la coopération avec la Croix-Rouge, l’installation d’une ligne de communication directe entre les deux pays, la mise en place d’un Comité de coordination Nord-Sud et enfin le respect et l’attention particulière portés à cette déclaration conjointe.[7]  La Corée du Nord s’ouvrit ainsi envers une collaboration économique avec le voisin du sud en implantant des usines sud-coréennes dans le nord et aussi des rapprochements sociaux en lien avec l’organisation de retrouvailles pour des familles séparées. Lors des inondations de la Corée du Sud vers le milieu des années 1980 ou encore les pertes agricoles et famines en Corée du Nord vers la fin des années 1990, les deux pays s’aidèrent mutuellement. La Corée du Nord s’ouvrit également aux puissances occidentales lorsque Kim Il-Sung rencontra l’ancien président américain Jimmy Carter en lui promettant de cesser la production d’armes nucléaires en échange d’un soutien économique de la part des États-Unis. Mais lorsque les détentes diplomatiques s’accentuèrent de plus en plus, Kim Il-Sung décéda en 1994.

    V.                LE RÈGNE DE KIM JONG-IL ET LA CRISE DES ANNÉES 1990 

    Les années 1990 étaient une décennie difficile pour la Corée du Nord. Le bloc de l’Est s’effondra et le pays perdit ainsi le soutien d’un de ses alliés économiques, politiques et idéologiques avec l’Union soviétique. Celle-ci n’agissait qu’en tant que conciliateur diplomatique en cas de conflit, mais fut occupée par de nombreux conflits intérieurs. L’élite politique autour des deux Kim craignit que ces bouleversements puissent également affecter la nouvelle identité nord-coréenne et tandis que Kim Il-Sung accepta de s’ouvrir envers le monde occidental, son fils se basa sur l’isolement afin de préserver l’hégémonie et les valeurs de fidélité autour d’un culte de personnalité soutenue par une discipline staliniste endoctrinée par l’État. Il annula ainsi les efforts démontrés par son père lors des dernières années de sa vie. Aux bouleversements internationaux s’ajoutèrent les problèmes internes avec le décès de Kim Il-Sung auquel son fils succéda. Celui-ci était beaucoup moins énergétique, peu habile en matière diplomatique et politique et également peu soutenu au sein du parti dirigeant. Ces facteurs menèrent à un deuil national de trois ans durant lequel Kim Jong-Il chercha l’appui de son pouvoir au sein du militaire et géra une politique intérieure renfermée et encore plus endoctrinée afin de cacher ses habiletés réduites en tant que dirigeant charismatique. De mauvaises récoltes causées par des changements climatiques entrainant des phénomènes tels que les sécheresses, les inondations et les déforestations menèrent à une période de grande famine durant les dernières années de la décennie. Cette politique renfermée et la situation économique et humanitaire défavorable provoquèrent un exode nord-coréen lorsque de plus en plus de réfugiés nord-coréens s’échappèrent de leur pays en prenant des risques lors de véritables odyssées pour se réfugier notamment en Corée du Sud, en Chine ou même des fois dans les pays de l’Asie du Sud-Est. Cette vague migratoire ainsi que plusieurs témoignages permirent tranquillement à la communauté internationale de dresser une image de plus en plus négative de la Corée du Nord. À une «politique de rayon de soleil» de la Corée du Sud visant un apaisement et rapprochement envers la Corée du Nord suivit rapidement un régime plus strict et conservateur tandis que les États-Unis sous le règne de George W. Bush stigmatisèrent le pays comme une partie de l’«Axe du Mal». Tous ces événements géopolitiques firent en sorte que la Corée du Nord s’isola et s’appauvrit davantage en cherchant à défendre son intégrité par une politique visant l’intimidation à l’aide d’attaques militaires, d’essais d’armes de destruction massive et d’une montée de discours diffamatoires visant la Corée du Sud et ses principaux alliés diplomatiques. La Corée du Nord est ainsi encore aujourd’hui diplomatiquement coincée entre une dépendance des pays occidentaux afin de répondre aux besoins criants d’une population affamée et malade et une volonté fière et acharnée de vouloir garder son autonomie et son honneur à l’intérieur et à l’extérieur du pays.

    VI.             LA GÉOPOLITIQUE CONTEMPORAINE DE LA CORÉE DU NORD 

    À nos jours, la Corée du Nord se prépare à poursuivre son hégémonie avec la succession de Kim Jong-Un qui a fait une partie de ses études en Suisse et qui prendra la place de son père souffrant de diabète et selon des rumeurs aussi d’un accident vasculaire cérébral.[8] Malgré la chute du monde socialiste, une mondialisation accélérée des pays voisins tels que la Chine et la Corée du Sud et les dernières rebellions contre des régimes autoritaires au Maghreb et au Moyen-Orient, la Corée du Nord semble toujours rester indifférente à tous ces changements. Pourtant, le pays joue encore un rôle important dans la géopolitique contemporaine.

    En premier lieu, il faut évidemment mentionner la Corée du Sud. Les deux pays se sont prononcés pour une éventuelle réunification et de nombreux réfugiés nord-coréens et organisations sociales coréennes tentent de faire de la prévention auprès du pays isolé et si ce n’est qu’en envoyant des ballons avec des messages critiquant le régime staliniste à travers la frontière hautement surveillée. D’un autre côté, le statut quo a également des avantages pour Séoul car il justifie la présence militaire américaine sur leur territoire de laquelle le militaire sud-coréen bénéficie par rapport aux dépenses en matière de défense et au partage d’un savoir-faire de la puissance militaire la plus importante au monde. Lors d’une possible réunification, Séoul estime aussi que les coûts élevés d’une restructuration sociopolitique complète du nord, le nombre de réfugiés nord-coréens et le ralentissement économique pourraient nuire à l’image et le rôle de la Corée du Sud dans un monde globalisé et mondialisé. La Corée du Nord de sa part ne peut s’imaginer une réunification que sous la tutelle de leur régime actuel qui prendra ainsi une expansion vers le sud.

    En ce moment, la Corée du Nord est encore un pion stratégique pour la Chine dont celle-ci n’a pas l’intention de se départir et ceci non seulement parce que le pays sert comme zone de tampon entre le concurrent économique sud-coréen et la présence militaire américaine jugée trop présente. La Chine protège le pays isolé contre la stricte application des sanctions internationales et fournit de l’aide alimentaire autant que des ventes d’armes et de technologie nucléaire. Les deux pays entretiennent une relation économique mutuellement bénéfique et le commerce bilatéral s’est soldé à 2,8 milliards de dollars en 2008 ce qui signifie une augmentation près de quarante pourcent par rapport à l’année précédente. Mais contrairement à l’opinion populaire, la Chine profite également de ces ententes. Elle s’est par exemple vue attribuer la gestion de plusieurs installations portuaires nord-coréennes. Pourtant, l’apparition de rapports confidentiels ayant vu le jour en lien avec les dévoilements de «wikileaks» selon lesquels la Chine pourrait s’imaginer une réunification coréenne sous la gouvernance du sud montre que la relation dite harmonieuse et forte entre les deux pays est en train de se fissurer. Le nouveau leader économique de l’Asie semble également progressivement se désengager de son partenariat stratégique avec Pyongyang qui est devenu trop encombrant et nuisible à l’émergence pacifique de Pékin.[9] Mais la Chine est devenue le partenaire économique principal pour la Corée du Nord et le seul défenseur ardent du pays et sa stabilité politique, sociale et économique dépend énormément du grand voisin.

    Le Japon a une mauvaise perception de la Corée du Nord car celle-ci n’hésite pas d’effectuer ses essais de lancements de missiles par-dessus les eaux et îles du territoire japonais et vu que celle-ci a également kidnappé un total de dix-sept Japonais afin de former des espions nord-coréens et enrichir culturellement la propagande staliniste.[10] Le Japon se prononce aussi contre une réunification à l’exemple allemand des deux états coréens pour des raisons purement économiques en craignant que la Corée pourrait se classer ainsi au huitième rang économique mondial d’ici 2050 ce qui est soutenu par une étude de Goldman Sachs.[11] Pour le régime nord-coréen, le Japon est encore perçu comme une menace impérialiste ayant humilié le peuple coréen et les deux régimes n’entretiennent des relations diplomatiques qu’à l’aide de l’intervention chinoise.

    Les États-Unis, diffamés par la propagande agressive de la Corée du Nord qui ne s’approche de l’ennemi impérialiste que sous condition d’aides économiques et infrastructurelles notables, vise la lutte contre la prolifération nucléaire, la dénucléarisation du pays et l’ouverture de discussions bilatérales à ce sujet au sein d’un processus de négociation à six et notamment avec la Chine. Le scénario idéal des États-Unis semble être le soutien de la Chine d’un coup d’État nord-coréen impliquant ensuite également l’intervention américaine afin de justifier leur future présence continue en Corée. En éliminant le régime staliniste, les États-Unis aimeraient voir le remplacement du régime en place par une nouvelle dictature temporaire dans le but de démocratiser le dernier vestige de la guerre froide, de se débarrasser des ambitions nucléaires du pays et d’atteindre enfin une nouvelle ouverture vers le monde à l’exemple contemporain de la géopolitique chinoise. Sachant que ces buts restent utopiques, les États-Unis ont pourtant accepté le statut quo et profitent du prétexte de la crise coréenne pour maintenir des forces armées en Corée du Sud et au Japon pour former une ceinture militaire face à une Chine aux aguets.

    VII.          CONCLUSION 

    Malgré les déclarations internationales soutenant une possible réunification coréenne, la plupart des pays profitent du statut quo actuel malgré les périodes de tensions et de détentes qui s’enchaînent de façon sinusoïde auxquels les parties impliquées se sont bizarrement habituées. La Corée du Nord tente à garder à tout prix son autonomie archaïste, la Corée du Sud préserve le soutien militaire de la puissance mondiale américaine tout en continuant à progresser économiquement, la Chine continue à grandir dans le rôle de conciliateur et évite de possibles changements profonds au sein de ses pays voisins qui pourraient perturber l’émergence de l’Asie de l’Est, les États-Unis continuent à justifier leur présence militaire en Asie tout en observant et influençant doucement à leur avantage l’essor économique et géopolitique de la région et le Japon est encore débarrassé de la crainte d’une possible émergence d’une force économique unie entre les deux Corées. L’Asie de l’Est embrasse le changement et la prospérité de la mondialisation tandis que le régime de la Corée du Nord se plaît dans son rôle d’état rebelle, têtu et unique qu’il maintient avec une persévérance aveugle malgré que les anciens alliés comme la Russie et la Chine ou les pays sous le joug d’une dictature comparable telle que la Libye s’adaptent à un monde moderne et globalisé. Si la Corée du Nord n’avait pas encore changé d’un pouce son idéologie, c’est qu’elle ne prévoit pas de changer quoiqu’il soit à moins que ce soit un jour par l’influence peu probable d’une force extérieure qui devrait pourtant hésiter à faire ce pas radical contre un pays possédant autour de six ou sept bombes nucléaires selon les dernières estimations.

    Il n’y a qu’une solution possible pouvant entrainer des changements majeurs dans ce statut quo. Ce sera une révolution à l’intérieur du régime staliniste venant non des militaires et politiciens prospères, mais des travailleurs, paysans et prisonniers nombreux mourant de faim. En attendant ces changements, la Corée du Nord célèbre la quatre-vingt-dix-neuvième année du Juche et se prépare à continuer l’hégémonie staliniste.


    BIBLIOGRAPHIE

    1.      ASSOCIATION D’AMITIÉ FRANCO-CORÉENNE (2009) : «La puissance économique d’une Corée réunifiée pourrait dépasser celles de l’Allemagne et du Japon», lien direct  sur «KOREA IS ONE»: http://www.korea-is-one.org/spip.php?article3184

    2.      BÉSANGER, Serge (1996): «Le défi chinois», Éditions Alban, Roissy-en-France (Paris), France, p. 375

    3.      CHARVIN, Robert et Guillaume Dujardin (2010): «La Corée vers la réunificatione», Éditions L’Harmattan, Paris, France, p.118

    4.      CHAUTARD, Sophie (2006): «L’indispensable de la géopolitique», Éditions Studyrama, Levallois-Perret (Paris), France, p. 295

    5.      COURMONT, Barthélémy (2008): «L’autre pays du matin calme: les paradoxes nord-coréens», Éditions Armand Colin, Paris, France, pp. 9

    6.      FALLETTI, Sébastien (2010): «L’ahurissant royaume des Kim» dans le magazine «Le Point», numéro de janvier 2010, Holding Artémis, Paris, France

    7.      HAUTER, François (2008): «Les captives étrangères de la Corée du Nord» dans le journal «Le Figaro», numéro du 21 avril 2008, Éditions Socpresse, Groupe Dassault Communication, Paris, France

    8.      KBS World Radio (2011): «La Corée du Nord de A à Z», Séoul, Corée du Sud, lien direct (consulté le 17 avril 2011) : http://world.kbs.co.kr/french/event/nkorea_nuclear/general_01.htm

    9.      RIGOULOT, Pierre (2000): «Un si beau dimanche à Séoul», SA Sophia Publications, Paris, France, Revue «L’Histoire» No. 244, juin 2000, p. 18-19

    10.  SIMMONS, Walter (1950), Article du 14 juin 1950 dans le Chicago Tribune, Tribune Company, Chicago, États-Unis

    11.  SOUTY, Patrick (2002): «La guerre de Corée, 1950-1953: guerre froide en Asie orientale», Presses Universitaires de Lyon, Lyon, France, p. 212



    [1] RIGOULOT, Pierre (2000): «Un si beau dimanche à Séoul», SA Sophia Publications, Paris, France, Revue «L’Histoire» No. 244, juin 2000, p. 18-19

    [2] CHAUTARD, Sophie (2006): «L’indispensable de la géopolitique», Éditions Studyrama, Levallois-Perret (Paris), France, p. 295

    [3] BÉSANGER, Serge (1996): «Le défi chinois», Éditions Alban, Roissy-en-France (Paris), France, p. 375

    [4] SIMMONS, Walter (1950), Article du 14 juin 1950 dans le Chicago Tribune, Tribune Company, Chicago, États-Unis

    [5] SOUTY, Patrick (2002): «La guerre de Corée, 1950-1953: guerre froide en Asie orientale», Presses Universitaires de Lyon, Lyon, France, p. 212

    [6] KBS World Radio (2011): «La Corée du Nord de A à Z», Séoul, Corée du Sud, lien direct (consulté le 17 avril 2011) : http://world.kbs.co.kr/french/event/nkorea_nuclear/general_01.htm

    [7] CHARVIN, Robert et Guillaume Dujardin (2010): «La Corée vers la réunificatione», Éditions L’Harmattan, Paris, France, p.118

    [8] FALLETTI, Sébastien (2010): «L’ahurissant royaume des Kim» dans le magazine «Le Point», numéro de janvier 2010, Holding Artémis, Paris, France

    [9] COURMONT, Barthélémy (2008): «L’autre pays du matin calme: les paradoxes nord-coréens», Éditions Armand Colin, Paris, France, pp. 9

    [10] HAUTER, François (2008): «Les captives étrangères de la Corée du Nord» dans le journal «Le Figaro», numéro du 21 avril 2008, Éditions Socpresse, Groupe Dassault Communication, Paris, France

    [11] ASSOCIATION D’AMITIÉ FRANCO-CORÉENNE (2009) : «La puissance économique d’une Corée réunifiée pourrait dépasser celles de l’Allemagne et du Japon», lien direct  sur «KOREA IS ONE»: http://www.korea-is-one.org/spip.php?article3184

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