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               La section «Réponse à la question: Qu’est-ce que les Lumières», tirée de l’ouvrage «Critique de la faculté de juger» d’Emmanuel Kant m’inspire plusieurs questions.

    Selon Kant, les Lumières constituent une sorte de superposition de l’usage universel, de l’usage libre et de l’usage public de la raison.

    Cette thèse se défend, mais Kant donne des exemples un peu mal choisis. Il décrit par exemple que certaines personnes aisées ne sont pas obligées de penser par et pour elles-mêmes vu qu’elles peuvent payer des gens qui s’en chargent à leur place. Est-ce que les riches sont donc moins autonomes et même moins intelligents que la partie de la population étant moins aisée?

    Je me suis posé d’autres questions suite à des réflexions concernant les explications de Kant. Est-ce qu’une dictature du peuple sans classes sociales et restrictions serait préférable à un État qui nous impose des limites? De combien de liberté est-ce que l’homme a besoin? Est-ce que l’époque des Lumières représente véritablement une révolution pour le peuple entier? Est-ce que notre société a beaucoup évolué depuis les Lumières?

    Je ne suis pas d’accord sur le jugement que les riches soient moins autonomes car aucun homme ne possède un savoir universel et chacun a besoin d’avis et d’expertises qui le rendent plus apte à se forger une place identitaire dans une société moderne. Cela ne veut pas dire que celui qui a les moyens de se laisser conseiller en permanence le fait automatiquement et en tout temps. Il faut voir au-delà des préjugés des classes sociales. La question de réflexion et de maturité n’est pas une question de statut social. Il faudrait voir en les experts des inspirateurs qui propagent leur savoir plutôt que des tuteurs qui présentent leur savoir comme solution magique et unique à tout. Durant l’époque des Lumières, chaque personne était libre de choisir son tuteur comme un médecin ou un prêtre à l’exception du roi et du gouvernement du pays à moins d’émigrer. Cela n’a pas changé jusqu’aujourd’hui sauf que la société dispose de plus de choix qu’à l’époque. En ayant plus de choix, on n’est pourtant pas plus libre, mais plutôt trop libre et selon moi, avoir aucun point d’attachement s’avère être souvent aussi difficile et limitant pour un humain que d’avoir un environnement trop encadré et fixé sur certains tuteurs.

    D’un certain point de vue, les riches ont même plus de ressources de leur côté pour devenir autonomes et majeurs plus rapidement qu’un pauvre. Ce n’est pas pour rien que les gens aisés règnent toujours dans ce monde, mais si les gens pauvres disposaient des mêmes ressources, ils agiraient exactement de la même manière. Le fond de chaque être humain est fort semblable. Un riche en tant que tel n’est pas plus corrompu ou corruptible qu’un pauvre.

    Chaque être humain a besoin de balises, de guides et de règles qu’il doit se faire inspirer avant que ces choses deviennent innées. Je suis ainsi d’accord avec la conclusion de Kant selon laquelle les affaires humaines sont paradoxales. Face à un degré supérieur de liberté civile et du développement de l’esprit du peuple, il doit toujours y avoir des barrières infranchissables. Même si chaque être humain dispose des mêmes moyens, il y en a qui sauront mieux les manipuler que d’autres et rien ne peut donc effacer une certain injustice sociale, un ordre social ou une société de classes naturelle. La démocratie n’est pas une forme d’État idéale et demeure utopique comme toute autre forme d’idéologie car la réalité s’oppose à la pure pensée humaine. Selon moi, cette forme d’État s’approche néanmoins le plus d’un statut quo avec lequel la majorité des gens peuvent vivre de façon relativement autonome. Vu que la nature de l’homme est située de façon controverse entre l’épanouissement au sein d’une société et une forme d’égoïsme naturel, il est toujours question de tolérance dont Kant parle. Surtout, un certain équilibre entre les libertés et les restrictions est de mise pour que la personne reste saine d’esprit.

    L’idéal d’une société éclairée dont rêvaient les grands penseurs des Lumières n’existe toujours pas à nos jours et demeure inatteignable. Cette époque était néanmoins d’une énorme importance car elle a rendu les sociétés occidentales plus équilibrées, matures et tolérantes qu’avant. Un plus grand taux de population a commencé à formuler sa pensée dans un cadre civique ou publique et non seulement privé en questionnant l’actualité de forme active. Selon Kant, l’époque des Lumières est une forme de processus qui dégage le peuple de l’état de minorité de façon raisonnée et spirituelle, mais il n’a pas entièrement raison car il oublie que ce mouvement progressif était lui-même limité à une minorité et donc d’une certaine manière contradictoire à ses propres objectifs. De plus, l’histoire nous prouve que la société a pendant un certain temps même dégradé après cette époque que l’on croyait trop réformatrice avec un retour de la monarchie en France par exemple et que Kant avait donc plutôt tort que raison sur ses idées des Lumières.

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              La section «La modernité politique», tirée de l’ouvrage «Qu’est-ce que la citoyenneté?» de Dominique Schnapper m’inspire plusieurs questions.

                Existe-t-il un lien naturel entre laïcité et citoyenneté?

                L’idée de la citoyenneté à l’âge des grandes révolutions suivant les Lumières implique une distinction claire entre la sphère publique et la sphère privée. Cela implique également une séparation entre l’Église et l’État selon Schnapper.

    Selon moi, c’est une vision un peu limitée et généralisée car certains citoyens s’identifient même à nos jours encore plus avec l’Église qu’avec l’État. L’appartenance religieuse passe encore avant la citoyenneté ou l’appartenance à un État, une ethnie ou une nation particulière.

    Selon moi, la Révolution française visait également beaucoup plus l’État en forme des classes sociales régnantes comme la royauté et la noblesse que l’association de ces sphères avec l’Église catholique qui était peu contestée à cette époque. Même encore aujourd’hui, les Français sont encore à majorité catholiques tandis qu’ils n’ont politiquement plus aucune association à la royauté des derniers siècles.

                Comment la souveraineté du citoyen peut-elle être compatible avec la construction d’une communauté qui implique l’organisation d’un pouvoir légitime?

                Selon moi, il y a d’une certaine manière une contradiction naturelle entre individu souverain et organisation collective, mais l’un ne fonctionne pas sans l’autre. Selon Schnapper, il existe deux modèles différents d’exercice de la citoyenneté.

    Le citoyen «à l’anglaise» est issu d’une société pluraliste et libérale dans la tradition de Locke et Montesquieu. La démocratie est plutôt considérée comme un équilibre progressif complexe entre pouvoirs et contre-pouvoirs représentatifs des différentes communautés composant la société. L’intérêt général est composé de la somme des intérêts particuliers. La démocratie est ainsi gardée en place par la distribution de pouvoirs.

    D’un autre côté, le citoyen «à la française» est selon les conceptions de Rousseau issu d’une démocratie unitaire qui est elle-même naissante d’une mise en place plutôt subite. D’un autre côté, il ne faut selon moi pas oublier qu’il y avait bien des étapes progressives avant le déclenchement révolutionnaire. La vision de la démocratie est ici très abstraite et idéalisée comme une forme de pureté sociale. Elle se veut plutôt garantie par le refus des intérêts particuliers face à l’intérêt général.

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                 La lecture des différents extraits de «La Grande Charte» du 12 juin 1215, de «L’Acte d’Habeas Corpus» de 1679, du «Bill of Rights» de 1689, de «La Déclaration d’indépendance des États-Unis» du 4 juillet 1776, des «Dix premiers amendements de la Constitution des États-Unis» de 1789 à 1791, de «Des fins de la société politique et du gouvernement», tiré du «Deuxième traité du gouvernement civil» de John Locke datant de 1690 ainsi que des chapitres «du pacte social (chapitre VI)», «du souverain (chapitre VII)» et «de l’état civil (chapitre VIII)» dans la section «Une forme d’association», tirée «Du Contrat social» de 1762 par Jean-Jacques Rousseau m’a amené à de différentes réflexions.

                La première question que je me suis posée est celle-ci: «Est-ce que les différents actes, chartes et codes de loi britanniques ont été des prémisses des constitutions modernes?»

    Ma réponse à cette question serait clairement positive.

    «La Grande Charte» est une preuve que les barons anglais commençaient à imposer au roi d’Angleterre des règles dans le but de limiter son pouvoir et d’agrandir le leur. Le terme de la liberté revient très régulièrement dans cette charte, par exemple en parlant de la liberté de l’Église d’Angleterre ou de la liberté des élections en lien avec cette dernière. À part des questions à titres politique et religieux, les barons définissent également des règles concernant la répartition de l’héritage de leurs dettes et de leurs possessions. Ils favorisent dans une certaine mesure même la décentralisation en réclamant les libertés et l’exerce de libres coutumes des différentes cités, boroughs, villes et ports face à la capitale londonienne. D’un autre côté, les barons aimeraient fixer plus de mesures accessibles, égales et généralisées pour tous les citoyens du royaume en définissant une seule mesure pour le vin, la bière, le blé, les draps teints, les rouettes, les halbergets, les différents poids et ainsi de suite. On exige également une plus grande liberté au niveau de l’économie en ce qui concerne l’entrée et la sortie des marchands dans le royaume. Ces idées s’approchent déjà clairement des constitutions économiques, politiques et sociales modernes. Le message de cette charte est qu’une plus grande diversité et liberté économique, politique et sociale pourrait enrichir le royaume et souder sa population comme une communauté plus forte qu’avant au lieu de créer l’effet contraire que les royautés pourraient craindre.

    «L’Acte d’Habeas Corpus» va même encore plus loin, surtout au niveau légal et pénal en accordant une plus grande liberté aux accusés qui obtiennent dès lors des moyens de prouver leur innocence, de lutter contre des détentions arbitraires et d’entreprendre des démarches contre des institutions exécutives, judicatives et législatives lorsque celles-ci sont fautives ou ne respectent pas les lois établies. Cet acte peut être aperçu comme une sorte d’avènement de la démocratie ou même d’une prémisse de la Déclaration universelle des droits de l’homme de Nations Unies en 1948 à mes yeux.

    Le «Bill of Rights» qui définit les principes de la monarchie parlementaire en Angleterre est un autre progrès des libertés. Ainsi, toute action du monarque exige dès ce moment le consentement du gouvernement parlementaire. On affirme également des droits fondamentaux pour des sujets anglais comme le droit de pétition ou la liberté des élections à la Chambre des communes. Il y a également un début de séparation entre l’Église et l’État qui devient de plus en plus visible.

                Pour en conclure, ces différents actes, chartes et codes de loi britanniques sont définitivement à la base des constitutions démocratiques modernes du monde occidental et elles ont de ce point de vue une longueur d’avance sur les actes, chartes et codes de loi français qui sont encore beaucoup plus fermés, sévères et centrés sur l’Église catholique et surtout sur la monarchie.

                En lisant par la suite «La Déclaration d’indépendance des États-Unis» ainsi que les «Dix premiers amendements de la Constitution des États-Unis» de 1789 à 1791, je me suis posé la question suivante: «Est-ce que ces déclarations et amendements sont une progression logique des différents actes, chartes et codes de loi britanniques?»

                J’étais surpris de voir que je suis arrivé à la constatation que cela ne me semble pas être le cas. Au contraire, cette déclaration semble rompre avec ces actes, chartes et codes de loi progressifs et se présente plutôt comme un recul. Contrairement aux définitions très précises des écrits britanniques, la Déclaration d’indépendance américaine se base beaucoup sur des généralités avec des remarques telles que «tous hommes sont créés égaux», qu’«ils sont doués par le Créateur de certains droits inaliénables» dont se trouvent «la vie, la liberté et la recherche de bonheur». À ces généralités idéalistes s’ajoutent des citations teintées par des biais qui critiquent sans cesse le système britannique d’un point de vue très étroit, même si certains éléments sont certainement historiquement vrais. Il y a des propos très exagérés, haineux et patriotiques malgré qu’un véritable pays ne soit même pas encore mis en place. D’autres parties sont même ouvertement racistes, particulièrement celles qui concernent les Premières Nations qui sont largement stéréotypés. Au lieu d’avancer les idées de plus en plus démocratiques et libérales britanniques, les nouveaux États-Unis d’Amérique ont plutôt pour but de remplacer les buts communs par le bonheur individuel et cherchent à s’isoler du monde plutôt que de s’ouvrir envers lui.

                En lisant enfin les textes de Locke et de Rousseau, je me suis posé la question suivante: «Est-ce que l’homme recherche une véritable forme d’égalité avec tous ses constitutions, déclarations et révolutions au fil des années?»

                Je suis alors arrivé à la conclusion que la nature humaine semble être beaucoup trop égoïste pour rechercher une véritable forme économique, politique et sociale de l’égalité. Ainsi, la Déclaration d’indépendance des États-Unis qui est beaucoup plus égoïste, émotionnelle et largement patriotique s’approche beaucoup plus de l’esprit humain que les écrits britanniques. Des lois précises et des juges impartiaux peuvent limiter cette forme d’égoïsme anarchique, mais ne sont pas en mesure de transformer la nature humaine en elle-même. La démocratie est selon moi la forme d’État qui s’approche probablement le plus d’un monde idéaliste, mais elle est loin de fonctionner à la perfection et en tant que telle contradictoire et utopique. Cela m’amène à approuver la majorité des idées décrites par Locke que je juge très réalistes plutôt que de me mettre du côté de Rousseau qui a une vue un peu trop idéaliste de la nature humaine et ceci non seulement dans les extraits présentés ici.

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                     Les extraits des pages 89 à 125 de «Les régimes politiques» de l’universitaire français Philippe Bénéton qui travaille sur la philosophie politique m’ont inspiré plusieurs questionnements et réflexions.

                Tout d’abord, l’auteur constate que sous sa forme radicale, la pensée moderne déclare que l’homme se fait lui-même et devient ainsi son propre créateur. Cette citation m’a amené à réfléchir au dilemme de cette idée.

    D’un côté, cette attitude détache les humains de toute force supérieure et les rend égaux en droits et libertés.

    En même temps, cette idée s’oppose à un sentiment commun. Elle favorise donc plutôt une quête vers l’amélioration perpétuelle et une sorte de système de concurrence dans lequel chaque humain cherche à triompher sur l’autre. Cette thèse est aussi vidée de tout espoir. Si un humain réussit moins qu’un autre, c’est donc uniquement de sa faute et non celle du destin, d’une force supérieure ou d’une société déséquilibrée. Il devrait donc se considérer comme étant plus faible. Cette pensée met beaucoup de pression sur les épaules d’un être humain et symbolise une vision de plus en plus égoïste dans ce monde. En même temps, cette pensée dite moderne ne reflète pas les réalités du monde contemporain. Ce n’est pas juste depuis le début de la mondialisation que le fossé entre les gens pauvres et riches, malades et sains, limités et illimités se cristallise davantage. Cette pensée utopique ne sera jamais tout à fait réelle dans un monde dit émancipé qui est pourtant déchiré entre l’assimilation et la distinction où peu de gens trouvent un bon équilibre entre une intégration dans le monde moderne tout en gardant leurs coutumes et idéaux.

                  Ensuite, l’auteur dresse un bilan dévastateur des régimes totalitaires et autoritaires face aux régimes démo-libéraux.

    Certes, les faits sont véridiques, mais l’auteur fait exprès de choisir les exemples les plus négatifs pour soutenir sa thèse. Je trouve que cette vision est en fait un peu limitée. Ce n’est pas que la plupart des pays sous régime autoritaire sont ignorants et qu’ils ne connaissent pas les bienfaisances d’un système démocratique et libéral. Cela est plutôt le cas dans des régimes totalitaires qui tendent à éliminer toute autonomie humaine et toute influence extérieur comme c’était le cas dans l’Union soviétique sous Joseph Staline ou comme c’est encore le cas en République populaire démocratique de Corée sous la dynastie Kim où le pouvoir fait croire aux gens qu’il n’existe pas d’autre régime fonctionnel que le leur.

    Dans le cas des régimes autoritaires, c’est souvent même le peuple qui a soutenu l’installation de ce dernier car les régimes démo-libéraux ou des régimes autoritaires mis en place ou soutenus par des forces extérieures auparavant étaient facilement corruptibles, peu adaptés aux divers problèmes de la population et manquaient de fil conducteur pour faire face aux nombreux défis. On peut citer la révolution russe ou la révolution cubaine comme exemples pour des exemples pour révoltes populaires contre un régime mis en place suivi de l’installation d’un autre régime autoritaire, mais il y a aussi des exemples démocratiques comme l’échec de la République de Weimar à la fin de laquelle le peuple allemand a fait exprès d’élire par la voie démocratique un homme politique qui avait clairement annoncé de vouloir abolir ce système peu fonctionnel en retournant à une forme autoritaire traditionnelle. Les citoyens allemands qui défendent leur choix en disant qu’ils ne savaient pas qu’Adolf Hitler promouvait des idées radicales ont tort car l’essentiel de son idéologie antisémite  a été rédigé dans «Mein Kampf» et en suivant de près ses discours avant la prise du pouvoir, on a déjà facilement pu se rendre compte de sa vision du monde. Les gens qui ont soutenu cet homme ont donc échoué dans leur devoir citoyen de se renseigner adéquatement sur ce candidat ou ils étaient majoritairement en accord avec lui. Le peuple allemand a librement choisi cet homme et la majorité l’a soutenue jusqu’à la toute fin.

    D’autres pays sont tellement divisés en différents groupes ethniques ou linguistiques qu’un système démo-libéral créerait davantage de confusions et des infrastructures trop instables qui changeraient à chaque fois qu’un nouveau gouvernement prendrait le pouvoir. On voit que le chaos règne davantage dans des pays tels que l’Afghanistan, l’Iraq ou la Libye depuis que les systèmes autoritaires ont chuté. Ici, on n’est pas loin d’une anarchie dévastatrice qui est encore beaucoup plus grave que les systèmes autoritaires d’avant. Un régime autoritaire n’est peut-être pas juste à l’égard de tous et de toutes, mais il promet une certaine longévité et une sorte de compromis radical. Ce n’est pas pour rien que plusieurs pays de l’ancienne Union soviétique souhaitent aujourd’hui réintégrer la Russie vu qu’ils font face à un manque d’infrastructures, une économie très peu variée et des influences extérieures hostiles mettant en péril l’héritage culturel de ces pays comme la montée de l’islamisme dans des pays tels que le Tadjikistan.

    D’autres pays autoritaires semblent même être très fonctionnels dans le monde moderne tel que la République populaire de Chine dont le produit intérieur brut ne cesse d’augmenter dans un temps où les pays occidentaux doivent tous couper dans leurs budgets ou ne tiennent le coup que grâce à une communauté forte comme c’est le cas en Grèce. Si le pouvoir central chinois ne s’opposait pas aux mouvements indépendantistes, cela déstabiliserait tout le continent et mènerait à davantage de conflits. Imaginons que le Tibet devienne indépendant et formerait un nouveau pays sous le dalaï-lama. Alors d’autres minorités ethniques et religieuses en seraient motivées pour réclamer radicalement l’indépendance à leur tour aussi, par exemple la Mongolie-Intérieure ou le Xinjiang ce qui désintégrera le pays entier. Le fait d’accorder des statuts de régions autonomes à ces endroits n’est pas tout à fait un chemin démo-libéral, mais un compromis sensé pour l’ensemble de la population et le gouvernement dans le contexte chinois.

    C’est pour cela que j’observe les contestations indépendantistes en Catalogne, en Tchétchénie, au Québec, au Tibet et partout ailleurs dans le monde de façon moins enthousiaste et avec beaucoup de prudence. De plus, les derniers pays ayant obtenu l’indépendance tels que le Sud-Soudan n’ont pas réellement pu progresser et constituent davantage un fardeau pour la communauté internationale.

    Ceci étant dit, je suis clairement opposé à tout régime totalitaire et en général en désaccord avec un bon nombre de régimes autoritaires vu que je me considère l’état démocratique comme un système se rapprochant le plus d’un idéal pourtant utopique et je suis très reconnaissant d’avoir pu grandir et de vivre dans de tels systèmes. Mais les régimes démo-libéraux ne constituent pas la seule et unique solution et ont leurs lacunes qui font en sorte que certains endroits dans le monde ne pourront pas être fonctionnels sous ce système et semblent être mieux gouvernés sous des régimes autoritaires. Les universitaires occidentaux devraient donc être plus vigilants et ouverts d’esprit lorsqu’ils se prononcent sur les régimes politiques et se mettre davantage dans le contexte des pensées et réalités locales sans considérer ces pays comme retardataires ou en voie de développement. N’oublions pas que la démocratie moderne est également issue d’une révolution arbitraire et très sanguinaire en France qui a été un échec clair et net en résultant dans un retour relativement durable à la monarchie. N’oublions pas non plus que le système démocratique a été rigoureusement imposé par des forces extérieures dans le cas des pays tels que l’Allemagne et le Japon sans compter les pays colonisés par la force par des pays tels que la Belgique, l’Espagne, la France, les Pays-Bas, le Portugal, le Royaume-Uni et ainsi de suite. Il faut aussi constater que les pays démo-libéraux ne sont pas très tolérants envers toute autre forme d’état. Si un pays de l’Union européenne décidait d’élire un régime autoritaire par la voie démocratique, il serait sans le moindre doute tout de suite exclu de l’association et puni sur plusieurs niveaux pour son choix pourtant démocratique et libre ce qui est contradictoire. Il faut donc se poser la question, si nos systèmes politiques modernes sont aussi démo-libéraux qu’on nous fait croire.

    Cela m’amène à réfléchir sur un dernier point. Est-ce que la démocratie libérale est réellement si profondément enracinée dans les pays occidentaux comme Philippe Bénéton le souligne? Je pense que cela n’est pas le cas car la tradition démocratique n’est que très jeune dans le cas d’un bon nombre de pays occidentaux. Dans la majorité des pays, cela ne fait même pas un siècle que la démocratie libérale est mise en place et auparavant, ces pays avaient un passé souvent monarchique et autoritaire durable et fonctionnel pendant plusieurs siècles.

    Ensuite, Philippe Bénéton juge que la démocratie libérale exige un minimum de vertu civique des acteurs politiques. Je me pose donc la question suivante: est-ce qu’une démocratie sans démocrates est réellement fonctionnelle? Je pense qu’un certain flegmatisme politique de la part de la population que l’on peut également observer dans la participation aux élections dans les pays occidentaux indique un certain désenchantement au sein de la communauté face aux réalités des états démo-libéraux. Ce découragement n’est pas sans danger car les gens diffusant des opinions radicales seront plus écoutés et ceux-ci ne tarderont pas à s’impliquer sur le plan politique pour augmenter leur poids d’influence. Il est difficile de contrer ce problème, mais il y a plusieurs pistes de solution allant d’une sensibilisation au niveau des institutions scolaires ou des médias à l’imposition d’un vote obligatoire qui doit être effectué par chaque citoyen. Pourtant, ces interventions ciblées seront rarement effectuées de façon neutre et peuvent même causer des effets contraires à la pensée démo-libérale ce qui démontre une des principales faiblesses de ce système qui ne peut pas avoir une forme parfaite de l’altérité.

     Sur le plan historique, les systèmes démo-libéraux semblaient avoir emporté la victoire après la chute du communisme en Union soviétique il y a vingt ans, mais depuis ce temps-là, les pays occidentaux ont vécu des crises économiques et politiques graves qui les ont affaiblis et certains régimes restent toujours accrochés à d’autres fromes d’états ou ont même vu des retours à des systèmes radicaux. Des cas de génocides comme au Ruanda ou même en Yougoslavie prouvent que certains problèmes du passé vécus sous des régimes autoritaires persistent encore dans un monde de plus en plus démo-libéral. Cela montre qu’il n’y a pas une telle chose qu’une «victoire finale» (ce terme me déplaît car il a été fréquemment utilisé par les dirigeants du Troisième Reich allemand ce qui prouve que la terminologie radicale entre les différentes formes d’état n’est malheureusement pas tellement différente) pour un système en particulier et que notre monde demeure malgré les effets positifs de la mondialisation une planète bien diversifiée faisant face à des nouveaux, mais aussi à des vieux défis qui semblent des fois être éternels.

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  •           Le texte «La démocratie s’apprend-elle comme les mathématiques?» par le journaliste et professeur à l’Institut national de recherche scientifique Daniel Latouche m’a inspiré dès les premières pages plusieurs questions.

                Premièrement, est-ce qu’il est pertinent d’apprendre la démocratie à l’école et est-ce que cela s’apprend réellement comme les mathématiques comme Daniel Latouche semble vouloir suggérer?

                Personnellement, je suis d’accord qu’il faut enseigner aux élèves ce qu’est la démocratie – autant qu’il faut enseigner ce que sont par exemple l’anarchie, la monarchie ou les différentes formes de dictature. Il faut montrer les avantages et les limites de chacune des formes d’État tout en les prouvant avec des exemples concrets et faciles à digérer pour les élèves. Ce qu’il ne faut surtout pas faire est de vanter aveuglement son système comme le seul fonctionnel et comme le meilleur dans le monde car cela n’est que la même forme de propagande que les systèmes démocratiques reprochent eux-mêmes aux systèmes autoritaires et totalitaires. Il est important que l’enseignement soit des plus diversifiés et neutres en ce qui concerne la question délicate des différentes formes d’État. Il ne faut surtout pas imposer un point de vue. Ainsi, on peut comparer la question des différentes formes d’État avec celle de la religion. Alors que l’enseignement au Québec était encore strictement religieux il y a à peine cinquante ans, il est devenu de plus en plus laïque et ainsi ouvert avec le temps. Aujourd’hui, on présente les points forts et faibles de chaque forme de religion. Cela devrait être la même chose pour l’exposition des différentes formes d’État. Il ne faut surtout pas être superficiel est donner l’impression que tous les Canadiens sont des démocrates, que tous les Chinois sont des communistes et ainsi de suite et bien différencier entre un système politique et les habitants des différents pays. Lorsqu’on se met à critiquer certaines formes d’État, il faut en premier commencer par sa propre forme d’État ce qui n’est malheureusement pas encore le cas. En ce qui concerne cette problématique, l’enseignement québécois a donc encore beaucoup de chemin à faire. Enfin, la démocratie est bien plus qu’une forme d’État, mais bien une sorte de philosophie et une manière de penser et de vivre. Cela ne se compare pas du tout avec les mathématiques qui sont une matière beaucoup plus scientifique basée sur des faits.

                Ensuite, l’auteur énonce plus loin que «vivre à l’école, c’est apprendre à faire face à l’injustice et aux privilèges». Il dit même que «l’école, c’est l’inégalité institutionnalisée».

                Je suis complètement en désaccord avec ces propos et aussi avec les exemples que l’auteur tente de donner par la suite pour prouver son discours qui me semble être trop populiste. L’école est un microcosme représentant la société dans laquelle on vit, mais il est beaucoup plus juste que la vie adulte. Il est certain que certains enseignants peuvent encore porter préjuger face à certains élèves en raison de leurs ethnicités, leurs conviction religieuses, leurs styles vestimentaires ou autres, mais cette tendance s’est vraiment beaucoup améliorée depuis la révolution tranquille au Québec et une enseignante ou un enseignant qui démontre trop ses préjugés sera rapidement mis à l’ordre. De plus, l’école n’est certainement pas une forme d’inégalité institutionnalisée. Au contraire, l’école récompense ceux qui s’impliquent davantage aux niveaux intellectuel et social tout en montrant aux élèves en problème le bon exemple en se souciant de leur avenir. L’école offre de l’aide aux élèves en difficulté en se soucie généralement de la réussite de toutes et tous. Dans la vie de tous les jours, les personnes impliquées ne seront pas toujours assez valorisées, ceux qui démontrent des comportements fautifs seront souvent laissés à eux-mêmes et les différentes forces et faibles seront souvent peu soignées et ressorties.

                Encore un peu plus loin, l’auteur souligne que l’école n’est pas vraiment un milieu démocratique. Selon moi, il ne faut surtout pas confondre démocratie et liberté ou même anarchie. En tant que telle, l’école est une institution beaucoup plus démocratique que la vie d’adulte de tous les jours. Dans la plupart des écoles, il y a davantage de liberté en ce qui concerne par exemple le style vestimentaire, les élèves peuvent facilement se rassembler et porter plainte contre une enseignante ou contre un enseignant sans subir de conséquences injustes, ils ont un bon nombre de matières optionnels  ou encore des matières à différents niveaux qu’ils peuvent choisir assez librement et ainsi de suite. Il est évident qu’aucun système d’éducation est à cent pourcent parfaitement démocratique, mais ce serait une utopie d’y croire. Comme l’auteur le dit lui-même plus loin, l’école introduit les élèves à des concepts tels que le bien commun, le compromis, l’ouverture, la règle et la tolérance. Ce n’est qu’avec de telles balises et un bon équilibre qu’une saine démocratie peut fonctionner et le bien commun doit être autant valorisé que le bien individuel. D’un autre côté, une démocratie ne peut fonctionner sans démocrates et même si cette idée semble être contradictoire, il faut exiger avec vigueur une certaine participation de la part de l’équipe-école et de ses différents intervenants autant que de la part des élèves pour le présent et pour le futur et des parents pour que ce système fonctionne le plus possible. L’école constitue en quelque sorte une première expérience de démocratie pour les élèves. Ceux et celles qui sont d’avis que les écoles ne sont pas d’endroits démocratiques devraient même se poser la question si la société n’est pas encore moins démocratique et si cette forme d’État est réalisable d’une quelconque manière. Pour en conclure sur une note un peu plus ouverte et provocatrice, on pourrait même dire que ceux qui croient que les écoles ne sont pas démocratiques sont soit ignorant et ne savent pas ce que sont les valeurs de la démocratie soit tout simplement antidémocratiques.

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