•           Le texte «Éducation interculturelle et éducation à la citoyenneté dans les nouveaux programmes québécois: une analyse critique» de Marie McAndrew, qui est titulaire au Département d’administration et fondements de l’éducation de l’Université de Montréal, titulaire d’un doctorat en éducation comparée et en fondements de l’éducation et est spécialisée dans l’éducation des minorités et l’éducation interculturelle, était plutôt lourd à lire et il était difficile d’en cerner l’essentiel, mais après plusieurs lectures, il m’a néanmoins amené à songer à deux questions.

                D’abord, Marie McAndrew dit après avoir analysé les programmes d’éducation de plusieurs pays qu’il est possible d’énoncer au moins un ensemble de valeurs sur lesquelles les citoyens peuvent s’entendre. Je me suis posé la question s’il existait un ensemble de valeurs pour le Canada ou pour le Québec. Selon moi, il est difficile, sinon impossible d’énoncer des valeurs communes acceptées par une majorité de Québécois ou de Canadiens. Cela est d’abord lié au fait que l’histoire de la province et du pays est encore très jeune. Ensuite, contrairement à bien des pays européens plus jeunes comme l’Allemagne, ni le Canada, ni le Québec ont eu des épreuves communes à surmonter qui auraient soudé les communautés de la ou des nations telles qu’une occupation du territoire, la perte d’une guerre ou un miracle économique créé sous efforts communs. De plus, la province et le pays sont des terres d’immigration où de différentes cultures européennes, mais récemment aussi africaines, américo-latines et asiatiques ainsi que les cultures des différentes Premières Nations ont formé une énorme diversité sans prendre en compte la culture individualiste très forte en Amérique du Nord. Toutes ces composantes se laissent très difficilement résumer à quelques traits communs. Selon moi, il faudrait donc plutôt développer un programme d’enseignement qui se concentre sur les différentes cultures, nationalités et langues plutôt que de limiter ces richesses diverses en se  focalisant uniquement sur une seule culture ou en expliquant de façon très incomplète et trop sommaire chacune d’entre elles car une véritable citoyenneté canadienne ou québécoise est à nos jours de plus en plus impossible à définir dans un monde globalisé. Il n’est pas question d’assimiler les différentes cultures dont celles des Québécois et des Canadiens, mais d’établir plutôt un enseignement basé sur l’altérité au Québec et sur le multiculturalisme au Canada en général.

                L’auteure observe plus loin que le programme de l’éducation à la citoyenneté se réfère à plusieurs reprises au fait que l’élève aura à articuler son identité sociale par rapport à son identité individuelle sans qu’on précise s’il s’agit de l’identité civique ou de celle(s) liée(s) à un ou des sous-appartenances groupales. Je me suis donc posé la question si on peut aborder ce vaste sujet de l’identité à l’école dans une société de plus en plus individualiste. Je crois en fait qu’il est très important d’aborder ce sujet. Le passage à l’école aide l’élève à forger sa propre identité et il est important de lui proposer et non imposer des repères et de le faire réfléchir sur sa propre et unique personnalité dans une société offrant une panoplie de choix et de possibilité. L’enseignement du développement personnel tant du côté philosophique que pratique ne devrait pas disparaître des horaires scolaires, mais au contraire prendre une plus grande place.

                Enfin, l’auteure constate que l’enseignement de l’histoire est souvent influencé par des interprétations personnelles ou groupales biaisées. J’affirme ces propos car j’ai pu observer que certains manuels scolaires sont biaisés en ne montrant qu’un nombre de points de vue limités, par exemple dans le cas des manuels utilisés dans le cadre des cours de monde contemporain au Québec qui diffusent une vision écologiste et gauchiste sans toucher la vision opposée qui est plus capitaliste et conservatrice. De plus, j’ai rencontré plusieurs enseignants biaisés dans ma propre carrière scolaire allant de l’enseignant en quatrième secondaire qui disait devant ses élèves qu’il brûlerait le drapeau canadien s’il en voyait un en classe tout en affichant fièrement le drapeau québécois jusqu’au professeure d’université qui affiche de visions féministes et gauchistes dans son interprétation de l’histoire. Comment régler ce problème? Ici, il serait primordial de faire en sorte que la politique n’empiète pas ou sinon le moins possible sur l’enseignement. Il faudrait développer des manuels scolaires plus neutres qui diffusent non seulement une vision provinciale, mais aussi une vision fédérale, voir même mondiale. Les différentes maisons d’éditions devraient davantage consulter des experts venant d’autres provinces canadiennes et même d’autres continents tout en gardant bien évidemment le focus sur l’expertise québécoise. Selon moi, l’éducation ne devrait ni être uniquement centralisée par Ottawa, ni par Québec, mais faire preuve d’une collaboration étroite respectant les points de vue de chaque côté. En dehors de cela, les critères d’admission pour les enseignants devraient aujourd’hui impliquer une certaine neutralité professionnelle exigée de la part des commissions scolaires. Cela ne veut pas dire que l’enseignant devrait être encore plus critiqué et évalué durant sa carrière professionnelle, mais que l’on devrait être plus sévère au moment qu’on choisit d’engager un enseignant. Sinon, le métier d’enseignant devrait également être plus valorisé. Les salaires sont beaucoup trop bas en comparaison avec plusieurs autres provinces et notamment avec plusieurs pays européens ou occidentalisés et devraient connaître une hausse progressive. De plus, beaucoup d’enseignant se font explicitement décourager lors de leur passage universitaire et ne sont engagés que très tardivement de façon permanente ce qui affecte bien évidemment aussi l’attitude, la motivation et le professionnalisme des jeunes enseignants de façon très négative ce qui se reflète en dernière instance aussi dans la clientèle visée qui fait face à des problématiques telles que le décrochage. Il paraît logique qu’un bon nombre d’enseignants qui ont été perpétuellement démotivés durant leurs carrières peuvent démontrer des difficultés à motiver eux-mêmes leurs élèves en crises identitaires. Il ne faut certes pas négliger le développement personnel et professionnel perpétuel dans le but d’améliorer soi-même et le monde qui nous entoure, mais une société ayant une vision plus positiviste serait de mise et non une qui ne fait que de toujours mettre tout en question de façon majoritairement négativiste comme de nombreux experts et donc aussi l’auteure elle-même le font.

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  • Raphaëlle Blais
    Jean-René Boutin
    Sebastian Kluth


    Citoyenneté et éducation
    4SHU111


    Travail de session


    Présenté à M. Mario Simard


    Université du Québec à Chicoutimi
    Département des Sciences-humaines


    17 décembre 2012


    TABLE DES MATIÈRES


    Introduction ..........................................................................................3
    Introduction aux termes de citoyenneté, d’identité et de nationalité ........................3
    Définitions de la citoyenneté .......................................................................3
    Canadienne ...........................................................................................3
    Québécoise ...........................................................................................5
    Historique de l’identité citoyenne ..................................................................6
    Canadienne ...........................................................................................6
    Québécoise ...........................................................................................7
    Intégration des immigrants au niveau pancanadien ............................................8
    L’identité canadienne selon les Canadiens ......................................................10
    Le cas du Québec ..................................................................................11
    L’identité canadienne selon les immigrants ......................................................12
    L’identité canadienne dans le monde ............................................................13
    L’identité québécoise pour les immigrants .......................................................14
    Problématiques et défis au niveau de l’immigration pancanadienne .........................15
    Introduction aux visions fédérale et provinciale ...............................................15
    Les problématiques et défis au niveau administratif ...........................................16
    Les problématiques et défis au niveau politique ...............................................17
    Les problématiques et défis au niveau social ...................................................18
    Conclusion ...........................................................................................18
    BIBLIOGRAPHIE ....................................................................................20
    ARTICLES ENCYCLOPÉDIQUES. ..................................................................20
    SITES INTERNET ...................................................................................20
    RESSOURCES INTERNET ..........................................................................21

     

    Introduction

    Les États régissent ceux qui font partie ou non de leur population. Tous les humains à l’intérieur des frontières nationales d’un pays n’ont pas un accès égal aux avantages que les gouvernements procurent à leur population. En général, il existe un cadre légal qui définit qui est admissible à quoi. Il existe un statut qui donne accès à la pleine jouissance des avantages à la population et des services d’un pays : la citoyenneté.


    Il sera instructif, dans le cadre de ce texte, d’analyser le concept de citoyenneté dans son cadre canadien et québécois. Pour se faire, nous commencerons par définir ce que représente la citoyenneté pour le Canada et le Québec, puis nous ferons un portrait de l’évolution du concept à travers le temps. Finalement, afin de bien saisir les tenants et aboutissants de la citoyenneté, nous analyserons comment se fait l’intégration des nouveaux immigrants en sol canadien et nous verrons comment les Canadiens perçoivent l’identité canadienne et comment cette même identité est perçue chez les immigrants.


    Introduction aux termes de citoyenneté, d’identité et de nationalité

    D’abord, il est important de définir les différences souvent transitoires entre les termes de nationalité, de citoyenneté et d’identité. La nationalité culturelle ou sociologique inspire une vision de la vie et de ses comportements tandis que la nationalité politique peut être considérée comme une preuve légale d’appartenance à un État. La citoyenneté produit des normes administratives ayant pour but de manifester une identité commune sur le plan juridique et pratique. L’identité elle-même est une mosaïque en évolution perpétuelle incluant un volet individuel et un volet collectif.

    Définitions de la citoyenneté

    Canadienne

    Au niveau du gouvernement fédéral canadien, la question de nationalité est régie par la Loi sur la citoyenneté. C’est elle qui définit, pour le Canada, comment un individu peut se voir reconnaitre le statut de citoyen. L’Encyclopédie canadienne la décrit comme suit :

    « La Loi sur la citoyenneté, qui régit actuellement la nationalité canadienne [...] définit le “citoyen” comme étant “un citoyen canadien” et prévoit que tout citoyen, qu'il soit né ou non au Canada, jouit des droits, pouvoirs et avantages conférés aux citoyens et qu'il est assujetti aux mêmes devoirs, obligations et responsabilités prévus dans les diverses lois provinciales et fédérales et dans la Loi constitutionnelle de 1867. Au niveau fédéral comme dans toutes les provinces, les citoyens qui sont majeurs jouissent de droits politiques garantis, dont le droit de vote et celui de se porter candidat à une élection. »1

    Ce sont les juges de la citoyenneté qui accordent le droit aux nouveaux arrivants de devenir canadiens. Dans le cadre de leurs fonctions, ils doivent étudier les demandes de citoyenneté (environ 160 000 par année), ce qui constitue environ 90 % de leur tâche. Ils évaluent les demandeurs pour vérifier qu’ils satisfont aux exigences de la Loi et du règlement sur la citoyenneté et leur font prêter le serment. Ils sont garants de l’intégrité du processus d’attribution de citoyenneté. Leur travail consiste également à promouvoir la citoyenneté au sein d’organisations de la communauté, etc.2

    L’encyclopédie canadienne fait aussi état de la non-citoyenneté au Canada. Les résidents permanents et les visiteurs font partie de cette catégorie. Ils n’ont pas accès à la totalité des droits juridiques du citoyen canadien. Ils sont toutefois soumis aux mêmes lois qu’un citoyen. Les visiteurs sont de passage sur le territoire alors que les résidents permanents sont en processus d’acquisition de leur pleine citoyenneté. Ces derniers ont le droit de travailler à l’intérieur des frontières canadiennes.3

    1 GREY, Julius et John GILL. « Citoyenneté », L’Encyclopédie canadienne
    [en ligne] http://www.thecanadianencyclopedia.com/articles/fr/citoyennete
    (Page consultée le 3/12/12).
    2 GOUVERNEMENT DU CANADA, Citoyenneté et Immigration Canada. Les juges de la
    citoyenneté : Rôles et responsabilités, 19 juillet 2012 [en ligne] http://www.cic.gc.ca/francais/
    ministere/commission/roles.asp(Page consultée le 3/12/12).
    3 GREY, Julius et John GILL. op. cit.

    Québécoise

    Chacune des provinces canadiennes ayant leurs spécificités, elles ont nécessairement leur propre vision de la citoyenneté. Le Québec ne fait pas exception et y va de sa propre définition de la citoyenneté québécoise qui s’ajoute à celle canadienne. L'article 95 de la constitution canadienne stipule que l’immigration est gérée en partenariat : les gouvernements fédéral et provinciaux coopèrent sur la question. Le guide "Apprendre le Québec"4 fourni par le gouvernement provincial aux nouveaux immigrants, fait état de ses objectifs en matière d’immigration :

    « Le Québec vise à faire de la société québécoise une société d'intégration, à assurer son poids démographique et politique au sein de l'ensemble canadien, à enrayer les transferts linguistiques vers l'anglais et à promouvoir les relations interculturelles et le respect de la diversité au sein de la communauté politique québécoise. »5


    On peut constater que ces spécificités québécoises quant à la citoyenneté répondent à des besoins et des enjeux locaux. Parmi ceux-ci, on retrouve évidemment la question linguistique. Ainsi, on demande aux nouveaux arrivants en sol québécois d’atteindre un niveau minimal de maitrise du français. En ce qui a trait aux résidents permanents du Québec, le gouvernement les informe de leurs droits et obligations par le biais du guide Apprendre le Québec. Les résidents permanents bénéficient des mêmes avantages sociaux que les citoyens, notamment l’assurance maladie, et peuvent vivre, étudier et travailler n’importe où au Canada, demander la citoyenneté canadienne, être protégés par les lois canadiennes et la charte des droits et libertés du Québec et du Canada. Toutefois, ils devront respecter les lois canadiennes et québécoises et payer des impôts aux différents paliers de gouvernement. Le droit de vote ne leur est pas encore reconnu, ni le droit de se présenter à une élection.


    4 GOUVERNEMENT DU QUÉBEC, Immigration Québec. Apprendre le Québec, 3e édition, 2012,
    145 p.[en ligne] http://www.immigration-quebec.gouv.qc.ca/publications/fr/divers/
    apprendrelequebec-accessible.pdf(Page consultée le 3/12/12).
    5 Ibid. p.11


    Ils ne peuvent non plus occuper un emploi demandant une autorisation de sécurité de haut niveau. Ils devront quitter le pays en cas de demande d’extradition (causée, par exemple, suite à un acte criminel grave).6

    Historique de l’identité citoyenne

    Canadienne

    Le Canada étant un dominion du Royaume-Uni, c’est la citoyenneté britannique qu’obtiennent d’abord les naturalisés au pays. C’est le cas jusqu’en 1947, date à laquelle entre en vigueur la Loi sur la citoyenneté canadienne, adoptée par le Parlement. Cette loi définit que les habitants du Canada sont des citoyens canadiens et non plus britanniques. Avec l’entrée en force de cette nouvelle loi, la citoyenneté des femmes mariées ne dépend plus de celle de leur mari.7

    En 1968, le gouvernement fédéral adopte la politique officielle du bilinguisme, puis celle du multiculturalisme trois ans plus tard. Auparavant prévalait la conception selon laquelle le fédéralisme canadien était un pacte entre « deux peuples fondateurs (les Canadiens français et les Canadiens anglais). » Plusieurs autres groupes culturels s’opposaient à cette dernière conception puisqu’ils s’y trouvaient lésés. C’est ainsi que le premier ministre Pierre-Eliott Trudeau répondit à cette opposition par l’adoption d’une « définition multiculturelle de l’ensemble canadien où il n’y aurait aucune culture officielle. 8»


    Le prochain changement à survenir dans le domaine de la citoyenneté canadienne arrive en 1976 lorsqu’on adopte une nouvelle loi. Les femmes sont maintenant les véritables égales des hommes face à la citoyenneté. Toute personne née sur le territoire canadien est désormais automatiquement citoyen canadien. Quelques exceptions s’appliquent toutefois, notamment pour les enfants de diplomates. Les enfants ayant un


    6 Apprendre le Québec, op. cit. p.91-92
    7 GREY, Julius et John GILL. op. cit.
    8 Ibidem

    parent citoyen canadien, mais qui naissent à l’étranger auront aussi la citoyenneté canadienne, mais pas ceux des générations suivantes (à moins de faire certaines démarches). Les enfants d’immigrants peuvent aussi devenir canadiens si une demande de citoyenneté est faite en leur nom par leurs parents (si tous sont des résidents permanents).

    Les parents ayant le statut de résident permanent peuvent aussi présenter une demande de citoyenneté après avoir vécu trois ans au Canada. Un pouvoir discrétionnaire peut être exercé par le ministre de l’immigration responsable Il peut, par exemple, faciliter une demande en allégeant les conditions et le gouverneur peut lui demander de faire des citoyens pour cause de détresse ou de récompense pour services rendus à la nation.9

    Québécoise

    La Révolution tranquille voit arriver un regain d’intérêt pour les questions d’immigration et d’affirmation nationale qui se traduit par une refonte et une remise en question des relations intergouvernementales. Le gouvernement du Québec revendique alors de plus en plus de contrôle sur la destinée de ses citoyens.10 Cela se traduit par le gain de certains pouvoirs politiques. Il faut attendre février 1968 et le premier ministre Daniel Johnson pour voir la création du ministère de l’Immigration. Celui-ci interpelle les immigrants et tente de les convaincre que la terre québécoise est autant la leur et rappelle la nécessité de préserver la langue française. Le nouveau ministère se voit attribuer deux objectifs principaux, soit de : — « faciliter l'adaptation des immigrants à leur nouvelle patrie »; - « recruter des immigrants dont la formation ou l'expérience est de nature à combler les besoins économiques du Québec ».11

    9 GREY, Julius et John GILL. op. cit.
    10 SÉVIGNY, Charles-Antoine. Citoyenneté et pluralisme cluturel: le modèle québécois face à l’idéal de l’interculturalisme, Mémoire de maîtrise en science politique, UQAM, Octobre 2008, p. 87
    11 PÂQUET, Martin. Vers un ministère québécois de l'immigration, 1945-1968. Ottawa : La Société historique du Canada, 1997, p.20 dans SÉVIGNY, op. cit. p.86

    Il est aussi intéressant de noter les réactions à la politique officielle du multiculturalisme du gouvernement Trudeau. En effet, certains Québécois perçoivent le changement comme un affront au caractère fondateur de la nation québécoise. Au même moment, apparait au Québec un changement de paradigme. Le Québec redéfinit sa conception de la communauté passant d’une vision organique et généalogique à une autre plus contractuelle et territoriale. 12

    Avant les années 1960, les Québécois se définissent en opposition à la communauté anglophone et perçoivent les immigrants comme une menace potentielle à leur nation13. Entre 1960 et 1970, cette perception de la communauté québécoise évolue et commence à se référer davantage au territoire de la province et moins à la nation canadienne-française qui elle, est pancanadienne. On accorde également plus d’importance aux apports des Québécois d’autres origines. Ce glissement s’effectue très lentement et non sans heurt dans la population. Reste que la communauté québécoise se redéfinit devient plus inclusive. Elle commence à revendiquer un meilleur contrôle de sa vie collective et de la communauté immigrante.14

    Intégration des immigrants au niveau pancanadien

    Le Canada est un pays qui jouit selon nous d’une réputation d’ouverture envers l’immigration. Si on va plus loin que les mots, est-ce que la société canadienne permet aux nouveaux arrivants de bien s’y intégrer? La partie n’est peut-être pas facile pour les immigrants. Voyons à quoi ressemble leur intégration, d’abord dans l’optique de l’emploi, qui est un indicateur d’intégration important.

    12 SÉVIGNY, op. cit. p.87
    13 JUTEAU, Danielle. «The Citizen Makes an Entrée: Redefining the National Community in Quebec », Citizenship Studies, vol.6, no 4, (2000), p.443. dans SÉVIGNY, op. cit. p.87
    14 SÉVIGNY, op. cit. p.88


    Malgré le fait que les immigrants soient davantage scolarisés que les Canadiens d’origines, ceux-ci semblent avoir plus de difficulté à s’intégrer au marché de l’emploi. Une récente étude a établi que la proportion de diplômes universitaires chez les immigrants au pays depuis moins de 5 ans atteignait 51 % versus 19 % chez les autres Canadiens15. Malgré cette forte diplomation, le salaire moyen des immigrants atteignait seulement 85 % de celui des Canadiens en 1980. Cette proportion a diminué pour atteindre un maigre 63 % en 2005.16 Au niveau du chômage, on remarque qu’il est deux à trois fois plus élevé chez les immigrants que pour le reste de la population et le clivage est encore plus grand au Québec que dans les autres provinces canadiennes.17


    De plus, l’expérience de travail à l’étranger est beaucoup moins considérée au Québec. L’expérience acquise à l’extérieur des frontières est reconnue dans seulement 32 % des cas. Ainsi, les nouveaux arrivants ont souvent à refaire leurs études ou stages pour voir leur compétence reconnue en sol québécois. En Ontario, la reconnaissance est beaucoup plus grande. Elle se chiffre à 47 % et des programmes de stages et de mentorat contribuent aussi à améliorer la situation.18 Il y a de quoi briser le mythe selon lequel le Québec est une terre accueillante pour les nouveaux arrivants, ou, à tout le moins, un endroit où il est facile de s’intégrer au marché du travail peu importe sa provenance. La reconnaissance des acquis à l’étranger, le racisme et l’exclusion sont les principales difficultés auxquelles se heurtent les aspirants québécois, selon Fo Niemi, directeur général du Centre de recherche-action sur les relations raciales (CRARR). Au Québec, en
    2006, les immigrants et à plus forte raison les minorités visibles avaient des taux de chômage élevés. On parle de 16 % pour ceux-ci et de 20 % pour ceux-là. On peut donc y voir un indicateur révélateur d’une forme de racisme fondé sur l’ethnicité.

    15 ANONYME (RADIO-CANADA). Des immigrants plus scolarisés, mais moins rémunérés, mis à
    jour le 27 novembre 2012 à 13 h 27, [en ligne] http://www.radio-canada.ca/nouvelles/societe/
    2012/11/27/004-canada-immigratoin-scolarite.shtml
    (Page consultée le 7/12/12)
    16 Ibidem
    17 Ibidem
    18 Ibidem

    Une étude faite par l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS) révélait que le Québec accueillait 11,5 % de l’immigration canadienne pour l’année 2006, comparativement à 27,5 % pour la Colombie-Britannique et 28,3 % pour l’Ontario.19 Qu’est-ce qui explique ces chiffres? Serait-ce dû au fait français ou à une moins grande popularité de la province auprès des immigrants? Ou encore, est-ce que les politiques du gouvernement québécois en matière d’immigration freinent l’arrivée de néoquébécois? Ces questions restent ouvertes.


    L’identité canadienne selon les Canadiens


    De base, il est déjà assez difficile de définir ce qu’est l’identité canadienne. Selon Michael Adams, président de la firme de sondage « Environics », « l’identité du Canada est celle d’une place où la diversité est une occasion et où on est accommodant pour l’autre : le multiculturalisme est l’identité du Canada. »20 L’identité canadienne est donc une chose récente car il n’y avait pas encore de drapeau ni d’hymne nation canadien il y a cinquante ans. Cette identité n’a commencé à émerger que durant les années cinquante lorsque le premier ministre John Diefenbaker disait : « Je suis le premier, premier ministre de ce pays qui n’est ni d’origine anglaise, ni d’origine française. Je suis donc déterminé à faire émerger une citoyenneté canadienne universelle.»21 Pourtant, dans les médias et les sondages, les Canadiens se comparent encore souvent à l’identité américaine pour se distinguer eux-mêmes. Quant aux différentes minorités, elles tentent de se distinguer de ce qui est communément appelé de manière beaucoup trop simpliste le Canada anglais en développant des patriotismes provinciaux, linguistiques et mêmes locaux. Selon plusieurs sondages, les Canadiens ne s’entendent pas sur des valeurs communes et n’obtiennent

    19 ANONYME (RADIO-CANADA). Op. cit.
    20 JOURNET, Paul, «Qu’est-ce qu’un Canadien » dans La Presse, Montréal, Canada, 30 juin 2010, lien direct : http://www.lapresse.ca/actualites/quebec-canada/politique-canadienne/201006/30/01-4294354-quest-ce-quun-canadien.php (consulté le 3 décembre 2012).
    21 ARCHIVES NATIONALES DU CANADA, «Les premiers ministres du Canada, 1867-1994 : biographies et anecdotes », Publications des Archives nationales du Canada, Ottawa, 1994, 40 pages.

    qu’un très large consensus pour quatre sur douze valeurs définies : l’égalité homme-femme, un système politique favorisant la participation citoyenne, des services de santé publics et le respect de toutes les religions.22

    Le cas du Québec

    Au Québec, la perception de l’identité est influencée par plusieurs caractéristiques du milieu provincial. Le Québec est une société où la francophonie est très largement majoritaire. Même si l’inquiétude face au recul du français dans certaines régions de la province revient périodiquement dans les médias, les donnés démographiques sont encore ceux d’une société ou le français domine. La langue semble constituer un facteur central dans la définition de l’identité québécoise par ses habitants qui doivent composer avec une Amérique du Nord presque toute anglophone, sinon hispanophone. Le peuple québécois se reconnaît dans cette langue qui lui est propre, mais aussi dans d’autres repères identitaires.

    La commission d’enquête sur les accommodements raisonnables mise en place par le gouvernement du Québec et présidée par messieurs Gérard Bouchard et Charles Taylor a permis de constater l’inquiétude de plusieurs québécois face aux changements démographiques qu’entraînent la baisse des taux de natalité et un renouvellement de la population qui se fait de plus en plus via l’immigration. Ainsi, on craint que l’ajustement de certaines pratiques perçues comme des repères identitaires et la place faite à d’autres, étrangères vienne déranger, voire mettre en danger la culture québécoise. Ce phénomène est loin de faciliter l’intégration des nouveaux arrivants qui devront faire face à la méfiance d’une partie de la population et à des préjugés. Il semble que l’identité québécoise ait besoin de se donner des repères solides et d’en faire des traits

    22 LA PRESSE CANADIENNE, « Les Canadiens ne s’entendent pas sur des valeurs communes, indique un sondage », dans Le Huffington Post Québec, Montréal, Canada, 21 novembre 2012, lien direct : http://quebec.huffingtonpost.ca/2012/11/21/valeurscanadiennes_n_2170033.html#slide=1082014 (consulté le 9 décembre 2012).

    nationaux fièrement vécus et défendus. Le rapport de la commission sus-mentionnée s’exprimait ainsi sur le sujet: « Minorité culturelle, la francophonie québécoise a besoin d’une identité forte pour calmer ses inquiétudes et pour se comporter comme une majorité tranquille. »23

    L’identité canadienne selon les immigrants

    Concernant la perception de l’identité canadienne par ses immigrants, la question demeure autant complexe. Il est par exemple intéressant d’analyser le témoignage de l’auteur Neil Bissoondath, originaire de Trinité-et-Tobago, qui est arrivé au Canada en 1973 et qui est représentatif d’un bon nombre de témoignages semblables se trouvant sur internet. Dans une entrevue en 2002, il critique le multiculturalisme qui insiste selon lui
    que «le passé est plus important que le présent, que le pays d’origine est plus important que le Canada » et qui constate par la suite qu’il s’agit d’une «politique qui encourage l’individu à rêver et ils sont des dizaines de milliers qui le font chaque année de retourner dans leur pays d’origine et la plupart de ces cas finissent par revenir au Canada. Il rejette cette approche sociale, car il veut s’ouvrir au monde sans s’enfermer derrière des murs ethniques et être considéré comme citoyen canadien tout court.24 En partie en raison de la devise du multiculturalisme, un bon nombre d’immigrants gardent un fort sentiment d’appartenance envers leur culture d’origine et développent peu à peu une appartenance grandissante envers l’identité canadienne. Sur le plan plus pratique, des immigrants de longue date décrivent les Canadiens souvent comme étant conservateurs, en excès de zèle, gentils, patients, polis, sages et serviables tout en mettant l’accent sur l’importance de la


    23 BOUCHARD, Gérard et Charles TAYLOR, Fonder l’avenir: le temps de la conciliation, Rapport
    de la commission de consultation sur les accommodements raisonnables, 2008, (page inconnue).
    24 FREUDIG, MARIA, « Ich möchte kein Bindestrich-Kanadier sein. Der Schriftsteller Neil
    Bissoondath. » dans l’émission SWR2 – Wissen du Südwestrundfunk, Stuttgart, Allemagne, émission du 28 février 2002, page 6 (manuscrit d’émission de 14 pages), lien direct : http://webcache.googleusercontent.com/search?q=cache:9-jG-cIVgz8J:www.uni-saarland.de/fileadmin/user_upload/Professoren/fr43_ProfGhoshSchellhorn/Tas_Datenbank/Caribbean/wi022002501.rtf+&cd=30&hl=fr&ct=clnk&gl=ca&lr=lang_es|lang_eo|lang_fr (consulté le 5 décembre 2012).

    valeur de la famille dans la culture pancanadienne et sur l’émergence de la culture Do it yourself en ce qui concerne les volets de la construction ou de la mécanique. L’identité canadienne dans le monde. Sur le plan plus pratique, la perception de l’identité canadienne peut varier selon l’origine ethnique des gens questionnés dans le monde. Selon un sondage réalisé par le «Ipsos-Institut Historica-Dominion – La Presse », l’Inde considère le Canada comme un pays suivant de près les États-Unis, surtout sur le plan des convictions en matière de politique étrangère. D’un autre côté, l’Allemagne, la France, la Grande-Bretagne et le Japon considèrent les Canadiens plus indépendants des politiques américaines. Selon ce même sondage, 70 % des citoyens du monde perçoivent les Canadiens comme étant différents des personnes vivant aux États-Unis, 67 % considèrent le Canada comme un chef pour la paix et les droits humains, 62 % croient que les Canadiens sont généreux envers les autres pays et 55 % croient que le Canada est un pays qui a de l’influence sur la scène internationale.25 Selon plusieurs témoignages de gens d’origine européenne, l’identité anglo-saxonne est marquée par une politesse exagérée, une sorte d’euphémisme et un certain nombre de banalités dans les discours qui font en sorte que ces gens apparaissent moins directs, plus polis, mais moins honnêtes. On considère les Nord-Américains également comme étant plus capitalistes, ce qui est souvent justifié par le fait que l’endettement personnel y est très élevé et atteint d’ailleurs toujours de nouveaux sommets.26 Une facette de la culture pancanadienne qui est souvent critiquée à l’étranger est celle de la chasse, notamment la chasse au phoque qui est pourtant très importante dans l’identité culturelle de plusieurs Premières Nations. Malgré ces aspects critiques,


    25 ASSELIN, PIERRE, « Canada, pas toujours «le meilleur pays au monde», dans Le Soleil, Québec, Canada, 22 juin 2010, lien direct : http://www.lapresse.ca/le-soleil/actualites/politique/201006/22/01-4292203-canada-pas-toujours-le-meilleur-pays-du-monde.php (consulté le 8 décembre 2012).
    26 LE COURS, RUDY, «L’endettement personnel à un sommet historique», dans La Presse, Montréal, Canada, 15 octobre 2012, lien direct : http://affaires.lapresse.ca/finances-personnelles/201210/15/01-4583571-lendettement-personnel-a-un-sommet-historique.php (consulté le 9 décembre 2012).

    l’identité canadienne a une plutôt bonne perception dans le monde. Selon un bon nombre de témoignages, on les considère comme des personnes sympathiques et serviables.


    L’identité québécoise pour les immigrants

    Le nationalisme canadien s’oppose au nationalisme québécois dans la province et ce sont autant les immigrants que les touristes étrangers qui ont constaté une différence entre les citoyens canadiens et les citoyens québécois en particulier. On parle d’ailleurs d’une province qui a sa propre langue et dont les habitants ont leur propre charme particulier. Tandis qu’on considère les Québécois autant que les Canadiens comme des personnes sympathiques et serviables, certains immigrants mettent l’accent sur le fait que les Québécois ont une plus grande joie de vivre et qu’ils aiment cuisiner, bien manger, boire beaucoup et fêter beaucoup et régulièrement.27 En ce qui concerne les étrangers qui n’ont jamais mis le pied dans la belle province, il y a deux perceptions fautives qui reviennent régulièrement. Premièrement, beaucoup de gens considèrent les Québécois comme étant des Français résidant en Amérique du Nord et croient donc en la thèse erronée que ces deux cultures pourtant très distinctes sont très proches, sinon identiques.28

    Ensuite, un bon nombre de personnes croient que le Canada n’a pas beaucoup de différences culturelles, que la tolérance y est très grande et que les gens grandissent de façon bilingue et que l’anglais est parlé aisément dans toutes les villes canadiennes sans faire une différence entre la province francophone du Québec et le reste du Canada.

    27 BOPP, Herbert, «Wie tickt eigentlich der Kanadier?», dans le blogue Inside Canada: So lebt’s sich hier, Montréal, Canada, 9 novembre 2012, lien direct : http://canada365.wordpress.com/2011/11/09/wie-tickt-der-kanadier-eigentlich/ (consulté le 9 décembre 2012)
    28 INCONNU, «Kanadier – Echt französisch geblieben», dans le journal Der Spiegel, Rudolf Augstein GmbH & Co. KG, Hambourg, Allemagne, 13/1950, lien direct : http://www.spiegel.de/spiegel/print/d-44447754.html (consulté le 9 décembre 2012)

    Problématiques et défis au niveau de l’immigration pancanadienne

    Introduction aux visions fédérale et provinciale

    En matière d’immigration, deux visions diamétralement opposées s’offrent aux nouveaux arrivants selon l’actuel ministre québécois de la Culture et des Communications, le député péquiste d’origine camerounaise de la circonscription provinciale de Bourget, Maka Kotto. Selon lui, il y a d’abord la vision canadienne reposant sur le multiculturalisme et bilinguisme promue par l’ancien premier ministre du Canada, Pierre Elliott Trudeau. Cette vision rencontre les cultures étrangères avec beaucoup de tolérance et leur accorde un grand niveau de liberté d’expression, mais elle risque aussi de mener à une forme de ghettoïsation, à un communautarisme de repli où les différentes cultures coexistent plutôt que de se mélanger pour contribuer à l'édification d'une nation seule nation à facettes multiples.29 Selon d’autres opinions critiques, la double identité de certains Canadiens a eu pour effet de dénaturer l’identité nationale. Ensuite, la vision québécoise est plutôt fondée sur l’interculturalisme qui demande aux immigrants de faire partie intégrante de la nation québécoise, la prédominance du français qui est considéré comme porte d’entrée à la culture québécoise et le partage des valeurs communes qui doivent être respecté par chaque immigrant, notamment l’égalité entre les femmes et les hommes, la primauté de la langue française comme langue commune et de convergence, la séparation de la religion et de l'État, la recherche d'une meilleure justice sociale et la diversité de la culture québécoise. D’un autre côté, cette culture n’implique pas qu’il y ait égalité intrinsèque entre les différentes cultures et la diversité se joue dans un cadre qui garantit la suprématie incontestée du français.30 On met donc un certain accent sur l’aspect de l’assimilation exigée auprès des immigrants tandis que la vision fédérale ne parle que très globalement d’intégration.

    29 KOTTO, Maka, «Les défis de l'intégration des immigrants - Deux visions diamétralement opposées s'offrent aux nouveaux arrivants qui débarquent au Québec» dans Le Devoir, Montréal, Canada, 26 janvier 2011, lien direct : http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/315411/les-defis-de-l-integration-des-immigrants-deux-visions-diametralement-opposees-soffrent-aux-nouveaux-arrivants-qui-debarquent-au-quebec (consulté le 4 décembre 2012).
    30 DEWING, Michael, «Le multiculturalisme canadien», Bibliothèque du Parlement du Canada, Division des affaires sociales, Ottawa, Canada, page 17 (29 pages), lien direct : http://www.parl.gc.ca/Content/LOP/ResearchPublications/prb0920-f.pdf (consulté le 6 décembre 2012).

    Les problématiques et défis au niveau administratif


    Le plus grand défi est sans aucun doute de trouver un terrain d’entente entre ces deux visions opposées aux niveaux administratifs, politique et social. Cela implique d’abord une meilleure communication entre le gouvernement provincial et le gouvernement fédéral en matière de questions sur l’immigration. Souvent, le gouvernement provincial est aussi mal renseigné sur certaines exigences bureaucratiques au niveau fédéral que le gouvernement fédéral sur les spécificités en matière d’immigration que le gouvernement du Québec impose aux nouveaux arrivants et les plus désavantagés dans cette ignorance sont les immigrants eux-mêmes qui doivent jongler entre ces deux institutions complexes. D’ailleurs, il y a une certaine forme de favoritisme administratif qui se fait sentir au Québec et qui pèse lourd sur les immigrants. Un étudiant ou travailleur d’origine française a souvent beaucoup plus d’avantages sociaux que même une personne venant d’une autre province ou d’un autre territoire canadien tandis que les autres immigrants doivent payer des frais beaucoup plus élevés que les Québécois, Français, et Canadiens d’autres provinces et territoires en ce qui concerne par exemple les déclarations d’impôts qui coutent trois fois plus cher si elles sont faites par des professionnels, les frais de scolarité qui coutent cinq fois plus chères aux étudiants étrangers ou les traitements médicaux dispendieux qui sont gratuits pour les autres. Il est certain qu’un étudiant ou travailleur étranger ne pourrait pas être traité de la même façon qu’un Québécois, mais l’écart est définitivement trop grand. Une solution pourrait être de faire payer seulement le double des frais de scolarité aux étudiants étrangers comme c’est le cas en Colombie-Britannique et d’offrir davantage de bourses d’études et d’excellence auxquels les étudiants étrangers seraient admissibles.31 D’un autre côté, le gouvernement provincial devrait promouvoir des assurances maladie équitables pour les étudiants et travailleurs étrangers et conclure davantage d’ententes de réciprocité avec les gouvernements des pays d’origine des nouveaux arrivants tout en


    31 KLUTH, Sebastian, «Une manifestation bien sage», dans Le Griffonnier – Journal étudiant de l’UQAC, Saguenay, Canada, Communications étudiantes universitaires de Chicoutimi, numéro 66, 23 septembre 2010, page 5 (16 pages), lien direct : http://data0.eklablog.com/kluseba/mod_article58073559_508315af658b6.pdf?3988 (consulté le 3 décembre 2012).


    baissant les charges administratives et bureaucratiques et en mieux reconnaissant les diplômes des immigrants qualifiés qui sont d’ailleurs sous-payés.

    Les problématiques et défis au niveau politique

    Malgré l’existence d’autres provinces ayant des particularités culturelles et linguistiques au sein du Canada telle que les Territoires du Nord-Ouest ou le Nunavut, seule la province du Québec est habilitée à choisir, de manière autonome, ses immigrants, et, le cas échéant leur délivrer un Certificat d’Acceptation du Québec pour les étudiants étrangers et un Certificat de Sélection du Québec pour les travailleurs ou résidents permanents au niveau politique. La sélection des immigrants doit ensuite être validée par le gouvernement fédéral. Selon l’Accord Canada-Québec relatif à l’immigration et à l’admission temporaire des aubains datant du 5 février 1991, le Québec est seul responsable de la sélection des immigrants à destination de cette province et le Canada est seul responsable de l’admission des immigrants dans cette province.32 Cet accord faisait suite à l’échec de l’Accord du lac Meech et a accompli dans une large mesure ce qui se serait produit dans le domaine de l’immigration s’il avait été ratifié. L’Accord Canada-Québec n’est toutefois pas le premier du genre et suit l’entente Lang-Cloutier de 1971, l’entente Andras-Bienvenue de 1975 et l’entente Cullen-Couture de 1979.33 Tandis que cet accord donne une très grande autonomie à la province au sein de la confédération, les immigrants désireux de s’installer au Québec doivent faire le double des démarches administratives et payer le double des frais de traitements pour un bon nombre de démarches. Il serait à long terme plus pratique sur le plan bureaucratique de développer

    32 MINISTÈRE DE LA CITOYENNETÉ, DE L’IMMIGRATION ET DU MULTICULTURALISME,
    «Accord Canada-Québec relatif à l’immigration et à l’admission temporaire des aubains», Ottawa et Québec, Canada, 1991, page 4 (32 pages), lien direct : http://www.micc.gouv.qc.ca/publications/fr/divers/Accord-canada-quebec-immigration-francais.pdf (consulté le 5 décembre 2012).
    33 BECKLUMB, PENNY, «L’immigration : L’Accord Canada-Québec», Bibliothèque du Parlement du Canada, ivision du droit et du gouvernement, Ottawa, Canada, page 4 (10 pages), lien direct : http://www.parl.gc.ca/Content/LOP/researchpublications/bp252-f.pdf (consulté le 5 décembre 2012).

    une seule politique d’immigration pancanadienne respectant les particularités des différentes provinces et des différents territoires.

    Les problématiques et défis au niveau social

    Au niveau social, l’éducation sur les différentes cultures, la sensibilisation face aux immigrants et des investissements dans des programmes d’aide à l’intégration des nouveaux arrivés sont des outils primordiaux sur lesquels il faut miser. D'ailleurs, les tendances sont généralement positives au niveau social. Selon un sondage du ministère de la Citoyenneté, de l'Immigration et du Multiculturalisme datant de 2010, le nombre de Canadiens affirmant un trop grand nombre d’immigrants au pays a diminué de moitié depuis 1996, 71% des Canadiens sont d’avis que l’immigration a une incidence positive au Canada et la proportion de Canadiens affirmant que l’immigration a une incidence positive sur leur collectivité a augmenté de 8% en seulement un an.34

    Conclusion

    En de hors de ces défis, les conclusions tirées de multiples études réalisées il y a vingt ans au Canada et au Québec sont toujours valides. On peut constater que plus la population se diversifie, plus il faudra faire preuve de tolérance et d'ouverture d'esprit les uns envers les autres. Dans un monde globalisé où le nombre de migrations d’un pays à l’autre ne cesse d’augmenter, l'appréciation et l'acceptation des différences culturelles sont à la base des défis de l’intégration des immigrants. Une vision assimilatrice de l’immigration devient de moins en moins réaliste, car les nouvelles vagues d’immigration ne viennent plus des pays culturellement proches de l’Europe occidentale depuis la Deuxième Guerre mondiale, mais surtout de l’Asie et de plus en plus de l’Afrique, de l’Amérique centrale, de l’Amérique du Sud et des Antilles. La politique de


    34 MINISTÈRE DE LA CITOYENNETÉ, DE L’IMMIGRATION ET DU MULTICULTURALISME, «Enquête de suivi – Hiver 2010 – Sommaire», Ottawa, Canada, avril 2010, 9 pages, lien direct : http://epe.lac-bac.gc.ca/100/200/301/pwgsc-tpsgc/por-ef/citizenship_immigration/2010/102-09/sommaire.pdf (consulté le 5 décembre 2012).

    multiculturalisme la plus adéquate est sans doute celle qui répondra aux besoins de tous les citoyens, qu'ils soient Canadiens de longue date ou nouveaux venus dans un contexte où le phénomène des unions interethniques croît à un rythme inégalé au Canada. Ce qu’un bon nombre d’immigrants et un bon nombre de Canadiens ont en commun est une identité à facette multiple difficile à cerner. En conclusion, tous les Canadiens ainsi que celles et ceux qui veulent devenir citoyens canadiens devraient au-delà de la fierté de leur patrimoine individuel s'efforcer de contribuer à une identité nationale, car l'avenir du pays en dépend.35 De plus et contrairement à un bon nombre de pays occidentaux, les conflits d’intérêts intercanadiens entre Premières Nations, francophones et anglophones constituent toujours un point plus chaud que l’intégration des immigrants. 19

    35 CENTRE D’ÉTUDES CANADIENNES DE L’UNIVERSITÉ MOUNT ALLISON et PROGRAMME DES ÉTUDES CANADIENNES DU MINISTÈRE DU PATRIMOINE CANADIEN, «Réalités canadiennes : Le multiculturalisme au Canada», Sackville, Nouveau-Brunswick et Gatineau, Québec, Canada, 1993 à 1997, lien direct : http://www.mta.ca/faculty/arts/canadian_studies/francais/realites/multi/#table (consulté le 5 décembre 2012).

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