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by Sebastian Kluth

05. Travail sur l'évolution de la science historique (14/12/09)

 

Le texte suivant a pour but de décrire l’évolution de la science historique à travers le temps et notamment le développement qui a eu lieu au dix-neuvième et vingtième siècle.

Afin d’analyser les mouvements plus récents, il faut d’abord analyser et mentionner brièvement les origines de la science historique. De l’Antiquité jusqu’au dix-huitième siècle, il y avait deux sortes importantes de la science historique. En premier lieu, il s’agissait de l’histoire profane et en deuxième lieu de l’histoire religieuse. L’objectif de ces deux genres était de montrer la grandeur de certains événements, des institutions publiques ou des personnages qui avaient soit joué un rôle dans ces événements ou soit œuvré à l’intérieur de ces institutions. L’efficacité et professionnalité de la science historique était par contre très faible durant cette époque. La première raison pour ce manque était les sources des historiens qui n’avaient accès qu’aux documents d’archives publiques qui ne contenaient pas toujours les détails les plus importants, si ceux-ci étaient trop bouleversants, et qu’à leurs propres observations personnelles ou des récits de témoins souvent transmis oralement et pas toujours fiables. Un autre problème était que tous les historiens étaient engagés par les pouvoirs publics en Europe entre le quatorzième et dix-huitième siècle et que ces historiens avaient donc souvent un manque de neutralité. Même si les historiens essayaient de rédiger un texte détaillé et critique, celui devait encore passer par la censure de l’État et des Églises. De cette manière, l’histoire et le travail d’un historien étaient souvent limités, modifiés et ainsi falsifiés.

En Europe, cela ne changeait que vers la fin du dix-neuvième siècle, mais les démarches pour atteindre et développer une nouvelle formule pour une science historique plus vaste et libre étaient longues et dures. Cela commençait déjà partiellement avec la naturalisation des archives de France durant la Révolution française en 1791. L’historien Jules Michelet par exemple, reconnu pour ses œuvres innovateurs et monumentaux comme «Précis d’histoire moderne» en 1827, «Introduction à l’Histoire universelle» en 1831 ou son plus grand œuvre «Histoire de France», rédigé entre 1833 et 1841, dénonça plus tard la trahison de l’Église romaine face au peuple dans ses trois œuvres «Des jésuites» en 1843, «Du prêtre, de la femme, de la famille» en 1845 et finalement «Le peuple» en 1846 et se mettait à introduire ses propres opinions et sa philosophie dans ces œuvres. Cela avait pour conséquence que le clergé français décida de détruire la carrière publique de l’auteur et d’interdire ses cours. Quand Michelet refusa plus tard aussi de prêter serment à l’Empire après le coup d’État de Napoléon III, il perdit même sa place aux Archives. Mais malgré les restrictions encore bien existantes après la Révolution française exercées par l’État et le clergé, Michelet continua à travailler et parla plutôt des sujets moraux et philosophiques et contribua ainsi largement à l’émancipation de la science historique. En même temps, la création de l’École nationale des chartes en 1821 et la première publication de la «Bibliothèque de l’École des chartes» en 1839, une des plus anciennes revues scientifiques françaises, eut également une influence majeure sur le développement de la science historique et renouvela dès 1849 la pédagogie et méthodologie de la recherche historique, car ses élèves reçurent dès maintenant un enseignement diversifié. Malgré quelques difficultés et oppositions au début, l’École nationale des chartes obtint un certain «monopole chartiste» dans la deuxième moitié du siècle. Entre 1870 et 1930, une école dite méthodique se développa en France et reforma encore la science historique grâce au travail pionnier de l’École nationale des chartes et l’influence de Michelet que l’on peut même nommer l’un des plus grands historiens de tous les temps. Cette école mit l’accent sur le contexte culturel des historiens autant que l’École des chartes, mais aussi sur la réflexion historique, sur les réalisations exercées suite à des formations et publications et finalement sur le point de la critique intérieure, qui porte sur la cohérence des textes, et extérieure, qui porte sur l’authenticité des sources, développé par les historiens Charles-Victor Langlois et Charles Seignobos. En tout, il devenait plus important d’analyser soigneusement chaque source étudiée par un historien soigneusement éduqué et cultivé.

À partir de 1930, l’évolution de la science historique fut largement influencée par l’École française des Annales. Autour de cette date, l’histoire était confrontée à une crise à la fois morale, intellectuelle et institutionnelle. Ces incertitudes s’expliquaient par la révolution einsteinienne, une nouvelle réalité et atmosphère sombre entre les deux guerres mondiales et surtout la crise de recrutement aux universités qui était en lien avec le vieillissement des professeurs devenus peu favorables à l’innovation. C’est dans ce contexte que l’historien Lucien Febvre prit conscience de sa responsabilité d’historien et fonda alors avec l’historien Marc Bloch l’École française des Annales. Celle-ci avait pour but de rejeter le déterminisme de l’école dite méthodique en le remplaçant par le possibilisme, théorisé par le géographe Paul Vidal de La Blanche. En faisant cela, l’École des Annales développa «l’histoire-problème» en expliquant, analysant et critiquant l’évolution accélérée des sociétés. Cette école ne vit pas en l’histoire une description, mais bien une explication de quelque chose. L’école prévit le développement d’une analyse approfondie grâce aux autres disciplines et des termes comme la psychologie, géographie ou sociologie historique se sont ainsi établis. L’École des Annales, fondée sur les quatre points de l’évolution et pensée, les réalisations en lien avec des formations académiques et publications, les influences en Occident et les critiques mit surtout l’accent sur ce dernier point et distingua quatre critiques au lieu de deux de l’École méthodique. Ces quatre sortes de critique étaient l’histoire qui est devenue une discipline spécialisée avec une méthodologie rigoureuse, l’histoire qui cohabite avec les sciences connexes, la forme de culte envers les fondateurs, les héros et finalement l’intérêt envers le militaire et les guerres. Cette nouvelle école comportait donc une évolution de la méthodologie ainsi qu’un changement de sources et questionnements. Cette nouvelle école éprouvait par contre des problèmes à s’établir, car plusieurs personnes importantes pour son développement, tel que le sociologue Maurice Halbwachs ou le cofondateur de l’école, Marc Bloch, mouraient durant la Deuxième guerre mondiale. Beaucoup d’historiens furent emprisonnés et exécutés et on peut ainsi parler d’une mise en veille de la science historique. Ce n’est que dans la deuxième moitié du vingtième siècle que la science historique pouvait encore une fois s’émanciper et mettre adéquatement en œuvre les théories de l’École française des Annales. Après 1970, la science historique se développa encore une fois davantage avec le développement d’une mentalité historique au sein de la population causé par les mouvements de l’année 1968 et une ouverture de la science historique aux femmes.

En conclusion, on peut constater que la science historique n’avait pas beaucoup évolué pendant des millénaires avant de s’émanciper et changer plusieurs fois en seulement deux cents ans, à partir de la Révolution française jusqu’aux révoltes de l’année 1968. Il est donc fortement probable que la science historique évoluera encore dans le futur et que ces changements seront en lien direct avec les changements au sein de la société et ses pensées, ce qui rapprochera la science historique de la vie de tous les jours et causera une ouverture sociale envers cette science de plus en plus diversifiée. 

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