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by Sebastian Kluth

07. L'Américanisation de l'Europe (17/12/09)

 

Dans son article «L’américanisation de la pensée» pour la révue scientifique «Sciences Humaines», le journaliste Jean-François Dortier parle de la loi que  «les grandes idées éclosent toujours au cœur des empires, des cités florissantes et des lieux de pouvoir. Ce fut le cas à Athènes lors du «miracle grec», à Bagdad au temps de l’âge d’or de l’islam et des sciences arabes, à Venise au temps de la Renaissance ou à Vienne au tournant du vingtième siècle. C’est là qu’artistes, écrivains, savants, philosophes et penseurs se retrouvaient.»  Par la suite l’auteur constate que l’Amérique est devenue le centre de vie intellectuelle et que la suprématie dans le domaine des sciences ou technologies nouvelles est évidente.

Aujourd’hui, les grands philosophes et penseurs s’appellent John Rawls, Michael Walzer ou Noam Chomsky et non Platon, Anne Robert Jacques Turgot ou Friedrich Nietzsche. C’est le néolibéralisme né à Chicago qui domine aujourd’hui le monde et la globalisation ou mondialisation et non les idées européennes tel que le marxisme. Aujourd’hui, la culture américaine est prédominante et j’aimerais en donner deux exemples. Les films d’Hollywood sont largement distribuées et traités dans les médias, près de la moitié des films à l’affiche en Europe sont américains et en Angleterre et Allemagne, ce nombre peut même augmenter jusqu’à 70 % et plus. Il y a aussi beaucoup de «remakes» américains, c’est-à-dire des films étrangers qui ont connu un certain succès comme par exemple le film français «Nikita» ou la série japonaise autour de «Godzilla», mais les Américains ont aussi la tendance à faire des reprises ou de glorifier leurs propres films classiques allant du musical «Une étoile est née» jusqu’à «King Kong». Un deuxième exemple se retrouve dans la musique populaire, car la musique anglo-saxonne domine le monde non seulement depuis Michael Jackson. Des nombreux styles ont été inventés et exportés des États-Unis comme le jazz, le rhythm and blues, le rock ‘n’ roll ou le rap.

Mais comment une telle domination a-t-elle pu se développer? Quelles sont les raisons historiques, économiques et sociales? Est-ce que cette tendance se poursuivra-t-elle encore dans le futur?  Le travail suivant essaie d’analyser cette américanisation et a pour but de donner aussi une réponse concernant le futur.

Le véritable terme de l’américanisation désigne l’influence des États-Unis exercée sur la vie des citoyens d’autres pays du monde et date déjà du dix-neuvième siècle. Vers la fin de ce siècle et le début du vingtième siècle, on pouvait constater une émigration de l’Europe vers les États-Unis. Selon Ahmed Amine Khamlichi qui a rédigé l’article «Mouvement d’américanisation et démocratie de propagande» pour le «Cercle Gramsci», 34 millions de personnes sont immigrées aux États-Unis entre 1821 et 1932. Les raisons pour cette vague d’émigration étaient des famines et pauvretés, surtout en Irlande et dans les pays scandinaves, des crises agricoles, par exemple en Allemagne et Europe de l’Est ou la stagnation de la révolution industrielle en Angleterre qui été auparavant le moteur de l’économie mondiale. À cette époque, on pouvait déjà remarquer que la plupart des immigrants aux États-Unis croyaient en le rêve américain qui est l’idée selon laquelle n’importe quelle personne vivant aux États-Unis, par son travail, son courage et sa détermination, peut devenir prospère et riche. Un journal de la communauté italienne, «Il Proletario», écrivait en 1905: «Les Italiens viennent en Amérique avec la seule intention d’accumuler l’argent. Leur rêve, leur seul souci est la liasse d’argent qui leur donnera, après vingt ans de privations, la possibilité d’avoir un standard de vie médiocre dans leurs pays d’origine.» Si l’on regarde les statistiques, on peut remarquer que les pourcentages de ceux qui sont allés aux États-Unis et retournés dans leur pays s’élevaient à 53% entre 1915 et 1922. La pensée néolibérale fut ainsi amené dans les pays d’origine et beaucoup de personnes, remarquant la réussite des anciens émigrants devenus prospères, voulaient faire pareil et rêvaient d’une vie et société à l’Américaine. Les États-Unis ont supprimé le syndicalisme et impliqué une énorme propagande libérale en faveur des termes tel que la liberté, la démocratie et l’harmonie sociale afin d’assimiler les immigrants et afin de s’assurer d’un contrôle stricte de la main-d’œuvre en voulant éviter des révoltes comme en Europe et en voulant surtout supprimer toute pensée bolchévique. Le CIA a ainsi tenté l’invention d’un événement qui rassemblerait les Américains et les immigrants et qui fera développer un sentiment nationaliste et a enfin développé l’idée de transformer la fête du jour de l’Indépendance en une journée nationale d’américanisation. Suite à la grève du textile de Lawrence en 1912, la NACLI, la North American Civic League for Immigrants, développait le slogan suivant: « L’avenir de l’industrie américaine dépend de l’éducation des travailleurs étrangers.» Une énorme campagne propagandiste se développait ainsi et touchait les offices liés au commerce et à l’industrie, les églises, les usines et les médias pour stigmatiser l’immigré non-assimilé. Le CIA, subventionnant cette campagne d’américanisation, a même obtenu le droit d’avoir accès à toutes les écoles et institutions liées à l’enseignement pour perfectionner le programme. Ainsi, non seulement les Américains, mais aussi les immigrants étaient touchés par cette propagande qu’ils ramenaient en Europe. L’économie américaine devenait de plus en plus dominante, les capitaux et méthodes devenaient des références mondiales. Cette influence énorme s’est montrée dans le krach de 1929 à la bourse de New York qui a touché le monde entier.

 Après la Deuxième Guerre mondiale, l’expansion de l’américanisation a atteint un autre niveau. Le plan Marshall pour aider la reconstruction de l’Europe était une première marque de l’hégémonie américaine qui s’impliquait dès 1945 et qui laissait une empreinte sur le sol européen. Un bon exemple pour l’américanisation est aussi l’accord Blum-Byrne entre la France et les États-Unis. Les États-Unis étaient prêts à liquider une partie de la dette française envers les États-Unis suite à la Seconde Guerre mondiale et offraient même à la France un nouveau prêt gigantesque de 300 millions de dollars remboursables en 35 ans. La seule condition était que toutes les salles de cinéma françaises soient ouvertes aux films américains sauf une fois par mois, car les États-Unis craignaient une influence croissante du socialisme en Europe et surtout en France après la Seconde Guerre mondiale. L’image du «American way of life» se popularisait énormément à l’aide de cette exigence. Mais ce n’était pas seulement le cinéma américain qui a connu une popularisation, car des produits de consommation américains se sont peu à peu répandus en Europe en diffusant ainsi une forme américaine de culture de masse, ce qui a trouvé un point culminant avec la «Mcdonaldisation de la société», un terme employé par le sociologue américain George Ritzer, avec les composants de l’efficience, la quantification, la prédictibilité et le contrôle.

Politiquement, les États-Unis ont également eu une influence majeure en Europe. Suite à l’échec de la Société des Nations, les États-Unis se sont davantage impliqués dans l’OTAN, l’Organisation du traité de l’Atlantique du Nord, fondé en 1949, pour éviter une débâcle comparable à celle après la Première Guerre mondiale qui avait mené à des instabilités, sentiments nationalistes, extrémismes, xénophobies et à une nouvelle guerre. Selon Hastings Lionel Ismay, secrétaire générale à l’époque, l’OTAN a su «garder les Russes à l’extérieur, les Américains à l’intérieur et les Allemands sous tutelle». L’Allemagne, où la démocratie n’a jamais eu la chance de se développer auparavant, se faisait démocratiser par force et devenait même le champ de bataille entre les deux idéologies des superpuissances. Les États-Unis faisaient tout pour supprimer l’idéologie communiste en essayant même d’offrir aux pays de l’Est leur soutient idéologique et monétaire si ceux-ci désiraient de devenir indépendants et de développer un système à l’Américaine. Sinon, les États-Unis se sont souvent largement impliqués dans des guerres acharnées contre le socialisme, notamment au Viêt Nam. Cela a entraîne une courte vague d’anti-américanisation. Charles de Gaulle décidait de quitter l’OTAN, les révolutions de mai 1968 entraînaient de nombreuses manifestations et mouvement gauchistes, par exemple avec la création de la Fraction armée rouge, une organisation terroriste d’extrême-gauche allemande. Ces mouvements étaient souvent réprimés par les états démocratisés, souvent à l’aide du militaire ou même l’implication directe des États-Unis qui veillait sur le développement européen. Après l’échec du communisme, les États-Unis devenaient la seule puissance mondiale et le système et l’idéologie américaine s’établissaient peu à peu aussi dans les pays de l’Europe de l’Est. Les politiciens anti-américains comme Charles de Gaulle en France se faisaient à long terme remplacer par des hommes politiques plutôt en faveur des États-Unis comme Nicolas Sarkozy. Dans l’article «L’américanisation de la France en 7 points» apparu dans le jourenal «Le Post», l’auteur Ed Williamson constate que Sarkozy mène une vie clichée à l’exemple du rêve américain, qu’il désire le retour de la France à l’OTAN et qu’il favorise la culture américaine à celle de la France.

Pour en conclure, on peut constater que l’Europe a en effet été américanisée après la Deuxième Guerre mondiale et même auparavant au niveau social, politique et économique. Après la chute du communisme, les États-Unis ont trouvé un nouvel ennemi principal dans le terrorisme et l’islamisme et ont tenté de renverser de tels systèmes en Afghanistan et en Iraq même sans le soutien de la majorité européenne. Cela montre à quel point les États-Unis prennent au sérieux leur but de la démocratisation et l’américanisation du monde. Même Barack Obama, mondialement glorifié par les médias, qui a déjà reçu un prix Nobel de la paix sans même avoir accumulé une année d’expérience en étant président américain, a annoncé que ce prix ne l’empêcherait pas de trouver des mesures pour combattre les pays radicaux ayant des armes atomiques tel que l’Iran ou la Corée du Nord qui faisaient déjà selon George W. Bush partie de l’«Axe du Mal» dont l’Iraq a déjà été bouleversé et poussé dans le désordre qui prend une extension comme ancienne fois la débâcle de la guerre au Viêt Nam. Il est donc évident que l’influence américaine ne cesse d’agrandir et d’être, s’il le faut, aussi imposée par la force, même par un président libéral comme Barack Obama.

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