by Sebastian Kluth
Le 25 octobre 2011, le Théâtre La Rubrique a présenté la pièce «La robe de Gulnara» au Centre culturel du Mont-Jacob à Jonquière. Il s’agissait d’une coproduction du Théâtre I.N.K., de la Compagnie dramatique du Québec et du Théâtre de la Bordée. La pièce de la jeune Gaspésienne Isabelle Hubert qui avait remporté le Prix de la critique, section Québec, il y a un an, présente un drame inspiré de faits historiques. Elle joue dans la zone frontalière entre l’Arménie et l’Aserbaïdjan et expose la situation difficile d’un groupe d’environ dix milles réfugiés d’un peuple minoritaire vivant en pauvreté dans des vieux wagons. La pièce parle d’espoir et de désespoir, de fidélité et de trahison, d’amitié et d’égoïsme et a réussi à toucher n public bien nombreux et diversifié pendant environ soixante-quinze minutes. Il n’y avait pas peu de gens qui avaient les larmes aux yeux vers la fin de cette adaptation très humaine mise en scène par Jean-Sébastien Ouellette.
L’histoire est racontée par un jeune homme qui se souvient de la vie de sa mère qui était une de ces dix milles réfugiés et qui observe les actions de la pièce avec beaucoup d’émotions et quelques commentaires et monologues en russe. De temps en temps, il intervient physiquement dans la pièce en se mettant dans le chemin de sa mère ou en s’assoyant à côté d’elle, mais celle-ci ne réagit pas à ses interactions ce qui signifie que le narrateur s’imagine vivement les éléments du passé et aurait aimé changer le déroulement tragique des événements, mais ses désirs, peurs et désespoirs ne restent que des fantasmes. Il raconte l’histoire de sa mère, la jeune Mika, une fille joyeuse, vivante et charmante de seulement treize ans qui représente une des rares lueurs d’espoir dans une communauté huis clos. Gulnara est la sœur aînée de Mika et veut épouser Arif, un beau jeune homme malhonnête qui gaspille son temps et son argent dans des jeux et de l’alcool. Gulnara dépense toutes ses économies auprès d’un marchand sans scrupule qui ne cesse d’exploiter les réfugiés qui ont pourtant besoin de lui pour acheter une robe de mariage. Elle s’attache au rêve d’une meilleure vie en ville avec son mari. Lors d’un malheureux accident, Mika salit la robe de la future mariée d’une grande tâche et veut réparer son erreur quelques jours avant le mariage. Naïve et curieuse, elle essaie à l’aide des habitants des wagons de trouver un moyen de nettoyer cette robe et sa quête l’amène à côtoyer le meilleur et aussi le pire de ce dont les humains sont capables jusqu’à sa fin tragique.
Un excellent travail de comédiens dans des rôles particuliers
La pièce nous expose une culture étrangère avec toutes ces facettes, mais c’est par le biais des caractères authentiques que les spectateurs sont touchés et peuvent s’identifier aisément à l’histoire. Il y a des passages tristes avec des gestes muets autant que des passages joyeux, bruyants et remplis d’une hectique énergisante. La musique folklorique et l’excellent travail d’éclairage s’ajoutent à un jeu d’acteurs crédible. Les décors sont simples et consistent notamment en rails, valises et robinets ainsi qu’en petits accessoires bien choisis pour chaque caractère. Parmi le bon travail des comédiennes et des comédiens, il faut surtout souligner le travail de trois d’entre eux qui incarnent des personnages beaucoup plus jeunes ou beaucoup plus âgés qu’eux d’une manière exceptionnelle. En premier lieu, il y a bien sûr la jeune comédienne Marilyn Perreault qui joue d’une manière authentique, légère et profonde en même temps le rôle de la jeune Mika. Il faut aussi souligner le talent exceptionnel du comédien Sébastien René dans le rôle de Mahiaddin et surtout de Mubaris, un jeune garçon genre trouble-fête sympathique un peu plus jeune que Mika qui accompagne celle-ci lors de sa quête en tentant de lui aider le plus possible. D’un autre côté, il y a également le travail excellent de la comédienne Nancy Bernier qui joue les rôles de Vilma et surtout de Soviet, une très vieille dame rustique, sévère, mais chaleureuse d’une manière authentique. Ceci étant dit, le spectateur ne remarque souvent même pas que plusieurs comédiens et comédiennes incarnent plusieurs petits rôles tellement que leur jeu d‘acteur ainsi que les accessoires et costumes différents sont bien choisis.
Cette pièce touchante est en ce moment encore en tournée au Québec et jouera le 28 novembre à Fermont, le 30 novembre à Baie-Comeau, le 1er décembre à Sept-Îles et finalement le 4 décembre à Saint-Léonard. Si vous avez l’occasion de voir cette pièce à un de ces endroits, ne ratez surtout pas l’occasion car il s’agit d’un bon investissement d’assister à ce spectacle touchant.