by Sebastian Kluth
C’était dimanche le 16 juin 2013 quand le jeune groupe de heavy et speed metal d’Edmonton Striker s’est déplacé dans la belle région du Saguenay pour offrir une prestation au Sous-Bois situé en bas du Café Cambio sur la rue Racine. Le jeune groupe qui a d’ailleurs réussi à se faire déjà une certaine renommée internationale est sans aucun doute un des groupes les plus respectés parmi toute une gamme qui essaient de faire revivre la musique rock et métal des années quatre-vingts tels que Rusted, Ryder et XspendX pour ne nommer que quelques groupes québécois du genre.
Deux groupes qui font revivre la diversité métallique des quatre dernières décennies
Devant une petite foule d’une quarantaine de personnes incluant les techniciens, les membres de familles et petites amies des deux groupes qui allaient jouer, c’est le très jeune groupe de heavy métal Dancing Dead qui a ouvert la soirée autour de 21h45. Ce groupe n’existe que depuis 2011 et est autant inspiré par des vieilles légendes telles que Metallica et Ozzy Osbourne que par les groupes qui ont plutôt fait fureur durant les dernières années comme Avenged Sevenfold et Bullet For My Valentine. Ce qui m’a beaucoup plu était le talent musical du groupe. Le son de la batterie était déchainée, mais également impeccable d’un point de vue technique. Les riffs des deux guitares étaient énergisantes et les solos très émotifs. La guitare basse savait se distinguer et trouver une place très dynamique dans le son du groupe. Malgré un petit rhume, le bassiste et chanteur s’est assez bien débrouillé durant les cinq pièces originales du groupe telles que «Time To Leave» et «Tormented Memories». Le groupe ne s’est pas arrêté là et a fait appel à un chanteur invité pour offrir des reprises de deux classiques: le fameux «Paranoid» de Black Sabbath qui ont connu tout un retour sur scène cette année avec leur nouvel album «13» et ensuite «Symphony Of Destruction», une des chansons les plus populaires de Megadeth qui viennent également de sortir un nouvel album intitulé «Super Collider» qui est pourtant plutôt mal reçu par les critiques et la plupart des fans de longue date. En ce qui concerne Dancing Dead, leur prestation d’environ trente-cinq minutes a su convaincre avec beaucoup de talent musical, de belles pièces originales et une bonne dose de conviction et d’énergie. Il serait intéressant de continuer à suivre la jeune carrière du groupe de près.
Après un peu plus de vingt minutes de pause, c’était le tour de Striker qui se sont donnés à fond sur la petite scène très peu appropriée pour ce genre de spectacle. Les cinq Albertains ont immédiatement pris d’assaut la petite foule et ont délivré une performance hautement passionnée en nous présentant une douzaine de chansons tirées de leur EP «Road Warrior» de 2009, de leur premier album «Eyes In The Night» de 2010 et surtout de leur deuxième album studio «Armed To The Teeth». Tandis que les deux premières sorties sont clairement dédiées au power et speed métal nord-américain et inspirés par des groupes tels que Annihilator, Crimson Glory, Exciter, Grim Reaper ou Vicious Rumors, le dernier album sonnait beaucoup plus diversifiée et mélodique tout en étant principalement inspiré par des légendes européennes comme Accept, Gamma Ray, Helloween, Iron Maiden et Judas Priest tout en touchant aussi des bouts signés par AC/DC ou Dokken. Les deux approches et styles ont bien fonctionné durant le concert et les chansons sonnaient même davantage directes, honnêtes et passionnées durant la prestation mémorable qui mettait en vedette environ une bonne douzaine de pièces. Après soixante-dix minutes d’énergie déchainée, le groupe revenait sur scène pour un très court rappel d’une chanson pour venir ensuite prendre une bière avec les quelques âmes qui décidaient de rester jusqu’aux petites heures du matin au Sous-Bois. Striker avaient prouvé à tous ceux et celles qui ne les connaissaient pas encore pourquoi ils ont réussi à avoir une aussi bonne réputation après une si courte carrière qui n’a commencé qu’il y a six ans. Ils ont certainement réussi à gagner quelques nouveaux fans et à enchanter ceux qui les appréciaient déjà.
Une salle et un équipement peu appropriés et quelques accidents malheureux
Malgré deux excellentes prestations, il y avait aussi un peu de négatif durant la soirée. Premièrement, la salle de spectacle assez alternative et improvisée manquait d’espace pour les artistes et c’est à ces moments-là que la fermeture du Bunker sur le boulevard Saguenay se fait encore sentir de façon négative. Ensuite, le son des deux groupes était loin d’être parfait non plus et plutôt brouillon à certains moments. Mes oreilles semblaient encore être bouchées et je me sentais même un peu sourd le lendemain matin ce qui ne m’arrive que très rarement et j’étais loin d’être proche de la scène. Le point le plus négatif était certainement le fait que plusieurs jeunes se bousculaient assez rudement en avant de la scène. Il n’y a rien à dire contre un peu d’action tant que cela ne vire pas au chaos général. Certaines personnes donnaient malheureusement des coups imprévisibles dans les dos des gens et un verre de bière s’est rapidement brisé par terre. Il est arrivé l’inévitable quand un des spectateurs s’est généreusement coupé une partie du bras dans les éclats du verre. Un autre éclat de verre a même transpercé une de mes chaussures jusqu’à l’intérieur et j’étais très chanceux de ne pas avoir été blessé. Cela a pris un bon bout de temps pour enlever le verre de l’intérieur de ma chaussure et je trouvais l’incident dommage car c’était le seul point vraiment dérangeant d’une soirée autrement assez parfaite.
Espérons que d’autres groupes de renommée nationale et internationale viennent découvrir le Saguenay et ne se laissent pas décourager par l’absence d’équipements sonores sophistiqués, le manque criant de petites salles de spectacle appropriées pour ce genre de prestations et des foules n’excédant souvent pas une trentaine ou quarantaine de personnes qui sont très intimes et passionnants sans le moindre doute, mais malheureusement très peu rentables pour les groupes.