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by Sebastian Kluth

Entrevue avec Ação Libertária

Un groupe révolutionnaire qui met le doigt sur les problèmes sociaux de son pays

Ação Libertária est un jeune groupe dynamique de Natal, la capitale de l’État du Rio Grande do Norte dans le nord-est du Brésil. Les quatre hommes jouent un mélange de hardcore, punk et thrash metal et sont devenus un des plus grands espoirs de la scène underground du Brésil. Ce qui les rend particulièrement intéressants sont les textes en portugais qui sont teintés d’une critique sociale traitant des sujets d’actualité qui touchent beaucoup de Brésiliens et dont le monde entier est devenu témoin lors des manifestations durant la Coupe des confédérations. Même si le Brésil est souvent vu comme un pays en voie de développement prometteur, le fossé entre les riches et les pauvres ne fait que s’accroître. Ação Libertária représentent ce sentiment de révolte qui règne en ce moment au pays et j’ai profité de l’occasion de la sortie de leur premier album «Cavalo de Tróia» pour discuter avec le chanteur Márcio Pigmeu.

Griffonnier: «Un beau bonjour du Canada, Márcio. Pourrais-tu te présenter et nous parler de ton groupe?»

Márcio Pigmeu: «Mon nom est Márcio Pigmeu et je suis le chanteur et compositeur d’Ação Libertária. Les autres membres sont depuis le début Edson «Mustache» à la guitare, Junior à la guitare basse et Toni à la batterie. Nous jouons ensemble depuis 2009 et nous avons toujours voulu créer un mélange de thrash metal, punk et hardcore. Nos paroles touchent des discussions sociopolitiques, des comportements différents et des sujets d’actualité. Notre groupe est en quelque sorte le fruit de notre entourage dans la scène underground de notre ville. Nous sommes nés et avons grandi dans un mélange de pauvreté, d’inégalité sociale, de drogues et de décès d’un bon nombre d’amis qui ne voyaient plus d’issue de se sortir de leur misère que de choisir le chemin de la criminalité. Nos inspirations viennent aussi de différents livres, d’articles scientifiques, de documentaires et d’observations du monde dans lequel nous vivons. Notre but premier est de faire réfléchir les gens aux choses qui influencent leurs vies. Nous aimerions les avertir par rapport aux dangers venant de différents gouvernements de ce monde, d’organisations multinationales et d’élitistes qui manipulent et contrôlent les gens.»

La Coupe du monde du soccer – une grande fête sportive ou un terrible désastre socioéconomique pour le Brésil?

Griffonnier: «Vu que vous êtes un groupe qui critique beaucoup, j’aimerais bien savoir votre opinion sur les manifestations durant la Coupe des confédérations cet été.»

Márcio Pigmeu: «Ação Libertária est plus qu’un groupe, nous sommes des militants libertaires. Nous adorons le soccer; c’est un sport magique. Mais la Coupe du Monde au Brésil en 2014 sera un désastre. Nous avons d’autres chats à fouetter que de construire des stades modernes. La santé, la sécurité, l’éducation et d’autres services publics sont très peu développés au Brésil, mais on investit un maximum d’argent dans ces constructions et on en fait même plus que la FIFA ne nous demande. Celle-ci fait ses propres affaires dans notre pays et s’en fout du peuple brésilien. Les manifestations sont un bon signe. C’est une réponse du peuple à la domination. Nous avons toujours été dans les rues, nous avons été arrêtés dans des manifestations, nous avons occupés la mairie de notre ville il y a déjà deux ans et nous avons eu des confrontations avec la police parce que nous voulions nous battre pacifiquement pour nos droits. La police brésilienne est excessivement fasciste, lâche, répressive et violente. Les partis politiques de la droite font de la propagande contre ces manifestations à l’aide de la chaîne de télévision « Rede Globo». C’est une chaîne qui a déjà supporté la dictature dans notre pays en 1964. Elle essaie de généraliser les manifestants et dit qu’il faut seulement manifester passivement pour ne pas avoir d’effets sur ceux qui règnent notre pays.»

Griffonnier: «Selon toi, quels sont les défis et problèmes principaux auxquels la société brésilienne et le monde entier doivent faire face et quels sont les moyens pour améliorer des choses?»

Márcio Pigmeu: «Nous croyons que si les gens ont accès à une meilleure éducation et à une véritable liberté de pensée, le monde fonctionnerait beaucoup mieux. Au Brésil, les plus grands problèmes sont les élitistes et les politiciens corrompus qui sucent l’énergie des plus pauvres comme des moustiques le font avec notre sang. Nous devons agir avant qu’il ne soit trop tard. À chaque jour, les choses deviennent plus difficiles, les gouvernements imposent plus de contrôle sur le peuple, les multinationales et banques contrôlent les gouvernements et ainsi nos vies. Les gens doivent s’unir et se battre pour la liberté. Les lois qui ne fonctionnent pas pour le peuple doivent être modifiées.»

Griffonnier: «Un autre sujet d’actualité est celui des révélations d’Edward Snowden.»

Márcio Pigmeu: «J’ai suivi ses révélations et les répercussions qu’il vit. Je soutiens son attitude. Le nouvel ordre mondial essaie d’étouffer des gens partout au monde. Nous devrions nous unir et nous battre ensemble contre ces problèmes. L’impérialisme américain et bien d’autres pouvoirs mondiaux dictent aux gens ce qu’ils doivent faire, mais ne nous permettent pas grand chose.»

Comment envisager un monde meilleur et combattre les discours vides

Griffonnier: «Vos paroles sont écrites en portugais. Pourquoi avez-vous fait ce choix?

Márcio Pigmeu: «Nous ne sommes ni des patriotes, ni des nationalistes, mais nous chantons en portugais car notre auditoire principal est brésilien. Nous parlons de nos réalités, mais certains mots deviennent néanmoins internationaux en raison de leur contenu. Le nom de notre groupe fait allusion à nos attitudes de délivrance et de liberté dans nos vies en opposition au sentiment de solitude dans des discours vidés de tous les sens. Nous avons quelques affinités avec l’anarchie car elle nous donne la liberté de penser, d’agir et d’envisager un monde meilleur pour tous.»

Griffonnier: «Parle-nous un peu de vos publications.»

Márcio Pigmeu: «Notre premier démo «Ação Libertária» n’a été enregistré que quatre mois après notre formation en 2010. Durant la même année nous avons enregistré notre premier EP «Criptocracia» qui démontre déjà une certaine évolution. La scène de notre ville nous a chaleureusement accueillis et on nous a dévoué beaucoup d’attention. Notre nouvel album «Cavalo de Tróia» a consolidé le groupe dans la scène de notre ville. Nous avions enfin atteint un bon niveau esthétique et de bonnes compositions. Notre volonté est de nous améliorer perpétuellement. Notre style est rapide, acide et agressif. Nous offrons notre musique gratuitement sur internet. Notre but n’est pas de faire de l’argent, mais de faire passer un message. Nous vendons quelques copies physiques de nos albums après nos concerts et elles ne récompensent que les coûts de production des disques. Si vous voulez connaître d’autres groupes de la scène underground de notre ville, essayez le groupe de death metal et grindcore «Expose Your Hate», le groupe de heavy metal «Comando Etilico» et les groupes de punk et hardcore «N.T.E. – Nem Todas Esquecem» et « Manifest Rebeldia».»

Griffonnier: «Merci pour cette entrevue. Les derniers mots sont à toi!

Márcio Pigmeu: «Je te remercie pour ton soutien et ton énergie! Nous souhaitons que l’Homme ait plus de sagesse à faire face à ce monde cruel dans lequel nous vivons. Nous espérons que les nations pourront un jour vivre en harmonie sans guerre, sans famine, sans pauvreté, sans radicalisations et sans contrôles gouvernementaux. Nous tenons à remercier tous ceux qui ont été capables de lire cette entrevue jusqu’à la fin, haha. Nous vous embrassons!»

 

www.facebook.com/acaolibertaria 

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