• 06. L'échec du communisme en Europe (17/12/09)

     

    « Le communisme soviétique n’a pas échoué parce qu’il était généralement mauvais, mais parce qu’il avait commis une faute. Trop peu de personnes ont su s’emparer du pouvoir. Le capitalisme américain du vingt-et-unième siècle échouera pour les mêmes raisons.», décrit l’auteure Arundhati Roy dans le journal allemand «Frankfurter Allgemeine Zeitung». Il est en effet vrai que le communisme européen n’existe plus et que même hors du continent, il n’y a que peu de pays en Asie et Amérique du Sud qui proclament encore d’avoir un système socialiste. Même des pays comme la Chine se sont ouverts vers une sorte de capitalisme rouge, le Cuba profite énormément du tourisme pour gérer son budget d’État et les derniers pays véritablement socialistes comme la Corée du Nord sont forcés à accepter de l’aide humanitaire des pays capitalistes. Mais Arundhati Roy a-t-elle raison pour les causes de l’échec? Le travail suivant a pour but d’analyser les événements historiques ayant mené à l’échec du communisme européen.

    Sous le régime de Lénine et Staline, la révolution socialiste mondiale avait pris de l’ampleur. Dans «Le Livre noir du communisme. Crimes, terreur, répression.», édité par Robert Laffont, les auteurs constatent une certaine stabilité du communisme qui était établi par la force. Ils nomment ainsi les moyens de la création de la Tchéka, l’établissement d’un service secret dès 1917 qui avait pour but de combattre les ennemis du nouveau régime bolchévique, l’interdiction progressive des journaux d’opposition, le travail forcé dans les goulags, la grande famine de 1932 et 1933, l’arrestation et les assassinats des communistes anti-staliniens, l’époque des grandes purges et plus tard les procès politiques dans les pays de l’Europe de l’Est, par exemple les procès de Prague contre Rudolf Slánský en Tchécoslovaquie, accusé de conspiration et titisme et enfin les répressions des manifestation populaires, par exemple dans la République démocratique allemande en 1953, en Hongrie en 1956 ou en Tchécoslovaquie en 1968.

    Pendant des années, le peuple n’a pas osé se révolter contre le régime de terreur sous Staline. Une première exception était Josip Broz Tito, le dictateur yougoslave qui désirait établir un régime communiste sans poursuivre de près la ligne de Moscou. En tentant des initiatives déplaisantes envers Staline, comme le soutien aux communistes grecs et le projet d’une fédération balkanique, il a causé une rupture avec l’URSS et a poussé Staline à commettre des fautes politiques. Premièrement, Staline décidait de rappeler tous ses conseillers militaires et spécialistes civils en Yougoslavie dans le but d’isoler le pays, mais Tito se voyait plutôt débarrassé de ses opposants internes et se mettait à agir encore plus librement. Staline tentait alors d’exclure le pays du Kominform en espérant un recul des Yougoslaves, mais le parti communiste du pays, épuré des kominformistes, votait contrairement à cette pensée pour un nouveau Comité central qui était dévoué à Tito qui avait réussi de rassembler de plus en plus de fidèles autour de lui. Tito est même encore allé plus loin en créant un camp ou une prison sur l’île croate de Goli Otok, où il a enfermé des communistes staliniens en créant ainsi un nouveau régime totalitaire comparable à l’empire soviétique créé par les moyens de la terreur par Staline. Une situation de tension comparable s’est développée entre la nouvelle République populaire de Chine sous Mao Zedong et le régime de Staline, car les deux états étaient en un conflit territorial concernant notamment la Mongolie et le Xinjiang et car l’URSS prenait son temps à tenir ses promesses données dans plusieurs traités concernant la souveraineté chinoise sur plusieurs ports et chemins de fer.

    Ces événements ont bouleversé l’image du communisme. Le monde entier se rendait compte que même Staline n’était pas invincible et plusieurs pays de l’Est se sont mis à espérer pouvoir atteindre une sorte d’indépendance et liberté comme la Yougoslavie sous Tito. En subissant une crise économique durant les dernières années sous le règne de Staline, ce désir était davantage nourri. Cette vague de pensées libérales s’est agrandie lors de la mort du leader soviétique en 1953. Durant le vingtième congrès du Parti communiste de l’Union soviétique en 1956, le nouveau chef d’État Khrouchtchev proclamait, absolument imprévu par les observateurs, la coexistence pacifique des deux superpuissances et la déstalinisation, ce qui montrait de plus en plus l’unanimité de l’Union soviétique qui semblait développer un système de gauche de moins en moins radical. Plusieurs dirigeants d’autres pays socialistes se donc mis à réaliser des réformes dans leurs politiques intérieures et faisaient semblant de rester fidèle à la ligne de Moscou. Khrouchtchev se rendait compte qu’il avait fait naître de faux espoirs et essayait de réprimer le nombre de révolutions de plus en plus croissant en montrant ainsi une certaine insécurité et instabilité du grand empire. Cela ne pouvait par contre pas empêcher par exemple des fuites de plus en plus nombreuses de la République démocratique allemande vers les pays de l’Ouest, ce qui obligeait le régime de Khrouchtchev de construire le mûr de Berlin et d’agir plus radicalement.

    L’URSS ne devait pas seulement faire face à une instabilité intérieure, mais aussi à une menace extérieure venant des États-Unis qui agissaient de plus en plus agressifs envers les pays soviétiques depuis la Deuxième Guerre mondiale et la mort de Staline. Suite à l’installation des missiles américains en Turquie, l’Union soviétique se sentait forcée d’agir et provoquait par la suite la crise de missiles à Cuba qui risquait de provoquer une Troisième Guerre mondiale. C’était encore l’URSS qui faisait en quelque sorte le premier pas en acceptant finalement de retirer leurs missiles de l’île constamment menacée et infiltrée par les États-Unis. Jusqu’aujourd’hui, il n’est par contre pas prouvé, si les Américains avaient retirés leurs missiles de la Turquie par la suite.

    À ces échecs politiques s’ajoutaient aussi des problèmes économiques, car les programmes économiques directement surveillés et mis en œuvre par les membres du parti communiste étaient de plus en plus critiqués et menaient à des échecs et aussi à une perte de crédibilité au sein de la population soviétique lorsque Khrouchtchev tentait de développer de nouvelles réformes reformant les anciennes. Mais celles-ci n’étaient pas acceptées et le parti se divisait en plusieurs groupes unanimes, ce qui trouvait son point culminant avec le renversement de Khrouchtchev et une annulation de ses réformes et idées politiques.

    Le nouveau dirigeant Brejnev, ancien partisan de Staline, établissait même une sorte de néostalinisme en annulant complètement les déclarations et efforts que Khrouchtchev avait fait durant et après le vingtième congrès du parti communiste. Mais ces mesures ne pouvaient plus faire revenir l’époque du contrôle absolu sous le régime de Staline. Les membres du parti communiste ayant atteint un âge moyen de 70 ans provoquaient un communisme conservateur, une stagnation extrême et aucune modernisation ce qui faisait en sorte que l’Union soviétique ne pouvait plus véritablement concurrencer mondialement. Lors de la guerre en Afghanistan, ce phénomène se démontrait aussi militairement et devenait une véritable débâcle pour l’URSS. L’établissement du communisme et l’expansion de la révolution mondiale du socialisme échouait radicalement, car les communistes afghanes s’enfuyaient du pays et étaient remplacés par les membres radicaux du Taliban.

    De plus, le régime soviétique devenait de plus en plus instable, ce qui s’explique par l’âge des dirigeants. Avec Brejnev, Andropov et Tchernenko, trois dirigeants soviétiques décédaient en peu de temps et c’était alors Gorbatchev qui prenait la relève. Celui-ci tentait une réforme du communisme et croyait en une nouvelle phase de détente entre les deux superpuissances. Gorbatchev décidait d’annuler la doctrine Brejnev et impliquait les systèmes de Glasnost et de Pérestroïka qui avaient pour but de reformer les structures arriérées du pays et donner finalement plus de pouvoir à la démocratie.

    Cette sorte de nouveau libéralisme, comparable aux réformes de Khrouchtchev, devenait bientôt incontrôlable. Mais cette fois, contrairement à Khrouchtchev, Gorbatchev n’envoyait pas de missiles ou chars militaires afin d’empêcher les révolutions par la force. Surpris et motivés par cette réaction neutre et pacifique, les pays de l’Europe de l’Est misaient en marche des mouvements indépendantistes que Gorbatchev ne pouvait et voulait plus empêcher. Son libéralisme et communisme humain réformé avait involontairement donné le coup de grâce à un communisme affaibli. Plusieurs rébellions, putschs et crises en peu de temps menaient ainsi à l’indépendance de la plupart des pays socialistes et à la chute du mûr de Berlin qui signifiait la fin de la guerre froide qui n’était devenue qu’un moyen de propagande américain depuis au plus tard la mort de Brejnev. Déclaré d’avoir été dépassé par les événements, l’étoile de Gorbatchev descendait et il se faisait remplacer par Eltsine qui ne réussissait par contre plus de rétablir le communisme ou l’URSS effondrée.

    Pour en conclure, le communisme soviétique avait seulement connu une sorte de stabilité lors du règne des dirigeants les plus radicaux et meurtriers. Il est finalement vrai que durant l’époque où le pouvoir a été pris par Lénine et Staline, l’URSS était une véritable puissance mondiale qui diminuait de plus en plus lorsque les dirigeants socialistes ne s’emparaient plus du pouvoir comme ancienne fois Lénine durant la Révolution bolchévique ou Staline suite à sa mort, mais se succédaient, contredisaient et s’affaiblissaient de plus en plus avant que Gorbatchev a su détendre la situation d’une manière pacifique et libérale et donner le coup de grâce au communisme européen, ce qui changeait la politique et l’équilibre des puissances pour le monde entier.

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