• 1. Travail de réflexion sur la position d'Immanuel Kant face aux Lumières

     

               La section «Réponse à la question: Qu’est-ce que les Lumières», tirée de l’ouvrage «Critique de la faculté de juger» d’Emmanuel Kant m’inspire plusieurs questions.

    Selon Kant, les Lumières constituent une sorte de superposition de l’usage universel, de l’usage libre et de l’usage public de la raison.

    Cette thèse se défend, mais Kant donne des exemples un peu mal choisis. Il décrit par exemple que certaines personnes aisées ne sont pas obligées de penser par et pour elles-mêmes vu qu’elles peuvent payer des gens qui s’en chargent à leur place. Est-ce que les riches sont donc moins autonomes et même moins intelligents que la partie de la population étant moins aisée?

    Je me suis posé d’autres questions suite à des réflexions concernant les explications de Kant. Est-ce qu’une dictature du peuple sans classes sociales et restrictions serait préférable à un État qui nous impose des limites? De combien de liberté est-ce que l’homme a besoin? Est-ce que l’époque des Lumières représente véritablement une révolution pour le peuple entier? Est-ce que notre société a beaucoup évolué depuis les Lumières?

    Je ne suis pas d’accord sur le jugement que les riches soient moins autonomes car aucun homme ne possède un savoir universel et chacun a besoin d’avis et d’expertises qui le rendent plus apte à se forger une place identitaire dans une société moderne. Cela ne veut pas dire que celui qui a les moyens de se laisser conseiller en permanence le fait automatiquement et en tout temps. Il faut voir au-delà des préjugés des classes sociales. La question de réflexion et de maturité n’est pas une question de statut social. Il faudrait voir en les experts des inspirateurs qui propagent leur savoir plutôt que des tuteurs qui présentent leur savoir comme solution magique et unique à tout. Durant l’époque des Lumières, chaque personne était libre de choisir son tuteur comme un médecin ou un prêtre à l’exception du roi et du gouvernement du pays à moins d’émigrer. Cela n’a pas changé jusqu’aujourd’hui sauf que la société dispose de plus de choix qu’à l’époque. En ayant plus de choix, on n’est pourtant pas plus libre, mais plutôt trop libre et selon moi, avoir aucun point d’attachement s’avère être souvent aussi difficile et limitant pour un humain que d’avoir un environnement trop encadré et fixé sur certains tuteurs.

    D’un certain point de vue, les riches ont même plus de ressources de leur côté pour devenir autonomes et majeurs plus rapidement qu’un pauvre. Ce n’est pas pour rien que les gens aisés règnent toujours dans ce monde, mais si les gens pauvres disposaient des mêmes ressources, ils agiraient exactement de la même manière. Le fond de chaque être humain est fort semblable. Un riche en tant que tel n’est pas plus corrompu ou corruptible qu’un pauvre.

    Chaque être humain a besoin de balises, de guides et de règles qu’il doit se faire inspirer avant que ces choses deviennent innées. Je suis ainsi d’accord avec la conclusion de Kant selon laquelle les affaires humaines sont paradoxales. Face à un degré supérieur de liberté civile et du développement de l’esprit du peuple, il doit toujours y avoir des barrières infranchissables. Même si chaque être humain dispose des mêmes moyens, il y en a qui sauront mieux les manipuler que d’autres et rien ne peut donc effacer une certain injustice sociale, un ordre social ou une société de classes naturelle. La démocratie n’est pas une forme d’État idéale et demeure utopique comme toute autre forme d’idéologie car la réalité s’oppose à la pure pensée humaine. Selon moi, cette forme d’État s’approche néanmoins le plus d’un statut quo avec lequel la majorité des gens peuvent vivre de façon relativement autonome. Vu que la nature de l’homme est située de façon controverse entre l’épanouissement au sein d’une société et une forme d’égoïsme naturel, il est toujours question de tolérance dont Kant parle. Surtout, un certain équilibre entre les libertés et les restrictions est de mise pour que la personne reste saine d’esprit.

    L’idéal d’une société éclairée dont rêvaient les grands penseurs des Lumières n’existe toujours pas à nos jours et demeure inatteignable. Cette époque était néanmoins d’une énorme importance car elle a rendu les sociétés occidentales plus équilibrées, matures et tolérantes qu’avant. Un plus grand taux de population a commencé à formuler sa pensée dans un cadre civique ou publique et non seulement privé en questionnant l’actualité de forme active. Selon Kant, l’époque des Lumières est une forme de processus qui dégage le peuple de l’état de minorité de façon raisonnée et spirituelle, mais il n’a pas entièrement raison car il oublie que ce mouvement progressif était lui-même limité à une minorité et donc d’une certaine manière contradictoire à ses propres objectifs. De plus, l’histoire nous prouve que la société a pendant un certain temps même dégradé après cette époque que l’on croyait trop réformatrice avec un retour de la monarchie en France par exemple et que Kant avait donc plutôt tort que raison sur ses idées des Lumières.

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