• 54. Un thriller intellectuel et plein d’action d’envergure internationale

    L’été, c’est fait pour aller dehors et aussi pour faire de la lecture. Durant les deux dernières sessions universitaires, je n’avais pas trouvé le temps de m’attaquer sérieusement à un nouvel roman et j’avais ainsi hâte de me remettre dans le monde des lettres. J’ai décidé de consacrer un peu de temps à un auteur originaire de Chicoutimi qui s’appelle Michel Jobin. Il avait publié deux romans à suspense fort intrigants dans le passé. Le premier est nommé «La Trajectoire du pion» et raconte l’enlèvement d’un propriétaire d’une écurie de la Formule 1 qui mène un journaliste très motivé dans des situations hautement dangereuses à Montréal, Milan et Moscou. Ce roman de 2001 avait remporté le Prix du meilleur roman du Salon du Livre du Saguenay-Lac-Saint-Jean en 2002. Quatre ans après, l’auteur a publié «La Nébuleuse iSIEME» qui est un thriller jouant à plusieurs endroits dans le monde et qui crée un lien entre deux décès étranges au Royaume-Uni et en Thailande. C’est pourtant à son troisième roman que je me suis d’abord attaqué. Il est sorti en cette année 2013 et ce thriller international s’intitule «Projet Sao Tomé».

    À la découverte des sales intrigues de Sao-Tomé-et-Principe

    L’histoire met en vedette toute une gamme de personnages diversifiés et intrigants qui interagissent ensemble. D’abord, il y a le jeune et riche Joao Da Silva qui est devenu président de l’ancienne colonie portugaise de Sao Tomé-et-Principe suite à des élections démocratiques hautement médiatisées et surveillées. L’économiste et politicien ambitieux et idéaliste s’attaque à la corruption et ne désire que la prospérité de son peuple tout en lui faisant oublier les vices de son prédécesseur sans pitié Manoel Santos. Suite à son initiative, une équipe de géologues suédois découvre une énorme réserve de pétrole au large de l’île principale. Joao Da Silva décide d’entamer un appel d’offres transparent en voulant choisir l’entreprise pétrolière qui offre la plus grande somme pour l’exploitation de cet or noir. Mais ce que le président croyait être la meilleure chose qui soit arrivée à son pays finit par devenir son pire cauchemar. Après un putsch échoué à la dernière minute de la part de l’ancien dictateur Manoel Santos, Joao Da Silva doit laisser trente pourcent des gains économiques liés à l’exploitation du pétrole au Nigéria. Les problèmes ne s’arrêtent pas là. Deux agents secrets infiltrent son cercle d’amis sous couverture. Ils sont près à tuer n’importe qui pour boycotter l’appel d’offres transparent pour que le pétrole tombe entre les mains de leur patrie. Il s’agit d’abord du loup solitaire américain Tom Hendrix de la CIA qui est hanté par les démons de son passé sombre. Ensuite, il y a le très jeune et discipliné agent du Guoanbu Meng Jiang qui a des nerfs d’acier et qui est prêt à tout pour servir son pays. Le conflit entre les deux parties devient bientôt inévitable. Le petit état insulaire est ensuite bouleversé par des meurtres racistes et des complots impliquant beaucoup d’argent et même de la drogue. La manipulation et la ruse sont au rendez-vous. Le jeune président de plus en plus désespéré et radical fait rapidement recours au contrôle drastique et aux purges violentes et change complètement lorsqu’il ne sait plus à qui faire confiance. Mêmes ses confidentiels les plus proche semblent avoir des secrets et leurs propres visions de l’avenir dans lesquelles les Santoméens comptent pour vraiment peu.

    Au pouls des conflits géopolitiques contemporains

    Ce troisième roman de Michel Jobin est sans le moindre doute un des meilleurs romans que j’ai lus depuis longtemps. Tout d’abord, il est écrit de manière très compréhensible, fluide et moderne sans manquer d’élégance, de profondeur ou de vocabulaire sophistiqué. Le scénario est très réaliste et on remarque dès le début que l’auteur a fait des recherches très poussées pour créer des personnages crédibles. Les différentes interactions économiques, diplomatiques et politiques sont décrites en détail sans devenir ennuyant. Dès les premières pages, les lecteurs font face à une atmosphère très sombre et à un développement de personnage très poussé. Loin des enjeux du monde contemporain, le roman touche aussi un côté émotionnel et légèrement philosophique comme le désir sexuel, les limites de la loyauté et les valeurs familiales modernes. Le roman est plein d’événements qui sont rarement prévisibles. Ce débit s’accélère de plus en plus sur ces 660 pages et mène vers une conclusion bouleversante où le lecteur saisit enfin les dimensions incroyables des différentes intrigues. À la fin on s’est tellement accroché aux différents personnages principaux et même secondaires qu’il fait presque un peu mal de s’en séparer. D’un autre côté, la fin du roman laisse une petite porte ouverte à un retour de certains d’entre eux et j’espère que cette petite allusion finira par se réaliser.

    Un autre succès de la nouvelle vague de littérature de suspense québécoise

    Tous les amateurs des suspenses internationaux intellectuels riches en événements devraient se procurer ce petit chef-d’œuvre. En ce qui me concerne, ce roman se trouve déjà facilement parmi les vingt meilleurs romans que j’ai lus dans ma vie et se range aisément sur le podium de la nouvelle vague de littérature de suspense québécoise émergente des deux dernières décennies. Espérons enfin que cet écrivain plein de talents qui est parfois comparé à Jean-Jacques Pelletier ne prendra pas encore une fois près de huit ans pour nous offrir enfin son prochain roman.

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