• 10. Les États-Unis après la chute de l'URSS - la nouvelle superpuissance mondiale (22/04/10)

     

    Suite à la chute du bloc de l’est en 1991 qui mit fin à la guerre froide, à l’exception de quelques conflits toujours existants dans certains pays restés communistes, notamment la Chine avec laquelle les relations se normalisent, le petit voisin Cuba duquel on reste méfiant mais auquel on s’est habitué au fil de l’histoire et surtout la Corée du Nord qui reste fidèle à son idéologie, les Étas-Unis devinrent la seule superpuissance mondiale, selon Pierre Mélandri «un empire du milieu autour duquel gravite le monde». Ce travail tente d’analyser la politique extérieure des États-Unis sous les présidents William Jefferson «Bill» Clinton, George Walker Bush et Barack Hussein Obama II après la fin de la guerre froide avant de décrire quelle direction la politique extérieure des États-Unis pourrait prendre pour le vingt-et-unième siècle après une décennie d’expériences.

                En premier lieu, il faut mentionner que certains éléments majeurs de la politique étrangère après la chute de l’Union Soviétique étaient déjà en développement vers la fin de la guerre froide. La guerre contre la drogue en est un bon exemple. L’action militaire la plus connue attribuée à ce nouvel ennemi sans visage concret était d’ailleurs l’invasion du Panama entre le 20 décembre 1989 et le 31 janvier 1990. L’«Opération Just Cause», dont le nom indique déjà à quel point les États-Unis étaient convaincues de la justesse de leur intervention, ce qui éprouve une très bonne estime patriotique et idéologique souvent interprétée comme une sorte d’arrogance et d’imposition par la force, déposa le dictateur Noriega de son pouvoir après avoir été accusé d’être un agent communiste double et d’être impliqué dans le trafic de drogues malgré son travail antérieur pour les États-Unis, notamment pour le «CIA» et la «Drug Enforcement Administration», pour réduire le trafic de drogues et pour promouvoir les intérêts américains en Amérique centrale. À part de la lutte contre le trafic de drogues et la protection de la neutralité du canal de Panama, le président George H. W. Bush défendit l’intervention militaire pour les raisons de la sauvegarde de la vie des citoyens des États-Unis au Panama et la défense de la démocratie et les droits de l’homme, deux éléments de justification qui revinrent souvent au cours de futurs conflits. L’occupation du Panama qui cause de nombreuses victimes civiles, des pillages et une époque d’anarchisme fut malgré tout appelée «Promote liberty», une idée de laquelle les États-Unis sont jusqu’à nos jours encore profondément convaincues et que le pays tente de réaliser à n’importe quel coût. Suite à cette intervention, des pays tels que la Colombie, le Pérou et la Bolivie furent surveillées de plus près et même pénalisés économiquement sous Clinton. Celui-ci mena une politique extérieure plutôt calme et distante en voulant se concentrer sur les problèmes internes du pays après la disparition du grand ennemi communiste. Clinton tenta de collaborer de plus près avec les Nations Unies, par exemple lors de l’«Opération Restore Hope» en Somalie en 1993 qui devint, malgré quelques succès comme la construction de routes et l’établissement d’écoles et d’orphelinats provisoires, un échec complet. Cet échec démarqua le début d’une période moins interventionniste des États-Unis tout au long des deux mandats de Clinton. Celui-ci fut un président plutôt diplomatique qui s’intéressa plutôt à stabiliser l’économie grâce à l’«Accord de libre-échange nord-américain» incluant le Mexique qui entra en vigueur en 1994 et qui fut déjà préparé sous George H. W. Bush et il soutint également l’économie mondiale avec des interventions dosées dans des pays en difficultés ou en voie de développement en Asie et en Afrique. À cause des guerre culturelles, traitant des sujets comme la sexualité, la violence, le féminisme, la défense de l’environnement et des animaux, une toute nouvelle ère diplomatique, une nouvelle vague d’immigrants, le développement de nouveaux mélanges culturels en voie pour ce que l’on appelle la mondialisation et une opposition forte de la part des Républicains dans le Sénat, Clinton fut obligé de se concentrer sur une forte politique interne. Clinton perdit beaucoup de crédibilité avec «l’affaire Monica Lewinsky» et fut encore plus bloqué politiquement vers la fin de son deuxième mandat.

                Vers le début du nouveau millénaire, les États-Unis connurent une période de paix, stabilité et prospérité et Clinton incarna cette tranquillité. Par contre, cette prospérité causait une certaine inflation, le faussé entre les plus riches et les plus pauvres s’agrandissait, le taux de chômage augmentait tranquillement. Malgré quelques ralentissements de l’aggravation des problèmes, le manque d’initiatives et de solutions du nouveau président George W. Bush, ayant gagné les élections présidentielles malgré certaines anomalies contestables en Floride, mena vers une crise économique mondiale vers la fin de son mandat en 2008. Ses deux mandats furent marqués par une guerre contre le terrorisme à l’aide d’un contingent militaire maintenu élevé, malgré l’époque pacifique sous Clinton et du renforcement du Département de la Défense des États-Unis. Selon Colin Powell, ancien militaire et Secrétaire d’État, la nouvelle politique extérieure des États-Unis chercha à surmonter les différences entre les pays et cultures au lieu de sauver ces particularités en favorisant l’unilatéralisme plutôt que la diplomatie. Le nouveau gouvernement, contrairement à celui de Clinton, ne chercha qu’à s’approcher principalement des pays qui se développèrent le mieux comme la Chine, l’Inde et la Russie, tandis que l’Europe fut plutôt considérée comme un grand ensemble de pays partenaires sans expliciter leurs particularités. Selon Noam Chomsky, les États-Unis percevaient comme communauté internationale seulement les pays étant d’accord avec les idées principales des États-Unis. Cette attitude explique largement les interventions américaines en Afghanistan et en Irak suite aux attentats terroristes du 11 septembre 2001. En ce qui concerne le premier exemple, les États-Unis ne voulurent pas montrer de faiblesses et refusèrent de mener une action militaire avec les quatre-vingts pays qui offrirent leur soutien au régime dans sa légitime défense nationale, à l’exception des Britanniques et de quelques petits groupes spécialisés et limités. Cette attitude changea durant le deuxième mandat de George W. Bush lorsqu’il demanda aux Nations Unies de soutenir la démocratisation et stabilisation en Afghanistan qui n’est toujours pas atteinte. Au contraire, l’Afghanistan est déjà devenu une sorte de deuxième Vietnam, un traumatisme américain où l’idéologie américaine ne peut pas être adaptée ni par le moyen de la guerre, ni par le moyen d’une occupation qui se veut diplomatique. Lors de la deuxième intervention majeure, la guerre en Irak, le régime américain s’isola encore plus en attaquant le pays sans passer par l’autorisation du Conseil de Sécurité et sans fournir des épreuves pertinentes pour une menace des armes de destruction massive qui ne furent d’ailleurs jamais trouvées. Cette intervention fut encore un échec plus considérable pour le gouvernement de George W. Bush. Depuis la guerre, l’Irak se retrouve quasiment dans un état de guerre civile avec des attentats meurtriers quotidiens, de nombreux pillages, de nombreux sans-abris et fugitifs traversant illégalement la frontière envers d’autres pays et quant à la politique extérieure, une bonne partie du monde perçut le gouvernement américain comme une unité basée sur des interventions unilatérales, agressives et délibérées qui déstabilisèrent la diplomatie et la paix mondiale. En stigmatisant l’Irak, l’Iran et la Corée du Nord comme «l’axe du mal», en appuyant en même temps financièrement et militairement la Corée du Sud et l’Israél  et en envahissant l’Irak, le gouvernement américain poussa les pays mentionnés à s’isoler davantage et à s’extrêmiser. Tandis que la Corée du Nord sous Kim Jong Il s’était échangée de plus près avec le gouvernement de Clinton qui avait accepté certains compromis et rapproché le pays divisé vers une possible politique d’apaisement, le pays se retira complètement suite à ces discours provocateurs et investit davantage dans le militaire et dans des programmes spatiaux et nucléaires. Par rapport à l’Iran, les États-Unis acceptèrent le programme nucléaire de l’Israël comme légitime défense et n’intervinrent pas non plus concrètement aux expansions territoriales aux dépens des droits de l’homme et la liberté du peuple palestinien et envahirent en plus le pays voisin de l’Iran, ce qui fut une sorte de triple-provocation dangereuse envers l’Iran après les discours sur l’«axe du mal». Cette nouvelle politique interventionniste, agressive et anti-diplomatique détériora l’image des États-Unis vers la fin du deuxième mandat de George W. Bush et même l’adversaire politique de l’actuel président Obama, parla d’un événement historique et d’une nouvelle voie qui s’ouvrit aux États-Unis avec l’Élection du nouveau président.

                Obama fut souvent comparé à John F. Kennedy qui avait amené une certaine fraîcheur à la Maison Blanche et qui avait, estimé d’être trop jeune, différent et incompétent par ses adversaires, réussi à maîtriser la crise des missiles de Cuba. Obama donna des promesses révolutionnaires et souvent utopiques comme la fermeture de la prison de Guantanamo, en acceptant par contre celle de Bagram, en prônant le dialogue avec les ennemis du pays, mais en avertissant qu’un interventionnisme serait toujours préférable à une passivité trop dangereuse, en voulant changer avec un monde en mouvement perpétuel, tout en protégeant l’idéologie du rêve américain et celle des pères fondateurs des États-Unis, en travaillant proche de la future superpuissance Chine afin de s’adapter à une ère transpacifique, tout en envisageant de pouvoir aussi travailler seul et en critiquant l’idéologie communiste du pays. Vu de même, Obama se veut rigide et patriotique comme Bush, mais ouvert d’esprit, moderne, moins impulsif et plus diplomatique comme Clinton. Pour un président américain, il incorpore le changement, mais le reste du monde risque d’avoir de trop hautes attentes envers lui, ce qui démontra par exemple la distribution du prix Nobel de la paix à Obama, car celui-ci n’est pas assez diplomatique pour pouvoir réparer les provocations entreprises par George W. Bush envers l’axe du mal et pour régler les conflits mondiaux les plus importants, notamment en Asie et en Afrique d’une manière assez neutre. La politique étrangère américaine dépend ici de la bonne volonté de ses anciens et nouveaux adversaires et concurrents. Si ceux-ci sont prêts à faire de sacrifices et à favoriser la diplomatie, Obama pourrait tenir ses promesses et agir en tant que médiateur neutre en acceptant des pays tels que la nouvelle puissance mondiale chinoise comme un partenaire honnête, mais si les autres pays ne changent et ne se globalisent pas, il devrait continuer à agir comme interventionniste en voyant par exemple en la nouvelle puissance mondiale chinoise un concurrent. Même si ces différences ne risquent pas de mener à des conflits guerriers, aussi grâce à une population américaine plus impliquée concrètement dans des mouvements pacifiques qu’à la fameuse époque du «peace and love», elles pourraient nuire à la mondialisation et séparer la planète de nouveau en deux camps. La politique étrangère américaine risque alors de favoriser des partenariats et compromis au fur et à mesure d’atteindre un équilibre global tendu d’une poursuite accélérée de la mondialisation. Le plus grand travail idéologique du nouveau siècle sera d’ailleurs pour la société américaine d’envisager de ne plus être la superpuissance mondiale, mais un global player parmi plusieurs.

    Bibliographie

    1.      FRIESECKE, Uwe (2009), «US-Aussenpolitik auf neuen Wegen» («La politique extérieure etats-unienne sur de nouveaux chemins»), apparu sur le site politique allemand «www.solon-line.de» le 10 mars 2009, Wiesbaden, lien sur internet:

    http://www.solon-line.de/us-aussenpolitik-auf-neuen-wegen.html 

     

    2.      GOODMAN, Amy (2010), «Noam Chomsky sur la politique étrangère d’Obama, sur sa propre histoire et sur l’importance de faire entendre son opinion», apparu sur le site de «Mecano Web news» (traduction d’une entrevue lors de l’émission américaine «Democracy Now!»), le 15/20 mars 2010, New York, lien sur internet: http://mecanoblog.wordpress.com/2010/03/20/noam-chomsky-sur-la-politique-etrangere-d%E2%80%99obama-sur-sa-propre-histoire-et-sur-l%E2%80%99importance-de-faire-entendre-son-opinion-democracy-now/ 

     

    3.      Gxs/AFP (auteur inconnu), «Barack Obama – Aussenpolitik soll nach Asienreise mehr auf China ausgerichtet werden» («Barack Obama – La politique extérieure devrait être plus adaptée à la Chine après le voyage en Asie»), apparu dans le magazine hebdomadaire allemand «Focus» le 12 novembre 2009, Munich, lien sur internet: http://www.focus.de/politik/weitere-meldungen/barack-obama-aussenpolitik-soll-nach-asienreise-mehr-auf-china-ausgerichtet-werden_aid_453435.html 

     

    4.      KLOSE, Hans-Ulrich (2004), «Was will Amerikas Aussenpolitik im 21. Jahrhundert?» («Que veut la politique extérieure etats-unienne au 21e siècle?»), apparu dans le journal quotidien allemand «Hamburger Abendblatt» du 31 janiver 2004, Hambourg, lien sur internet:

    http://www.abendblatt.de/politik/ausland/article232922/Was-will-Amerikas-Aussenpolitik-im-21-Jahrhundert.html 

     

    5.      NOUAILHAT, Yves-Henri (2009), «Les États-Unis de 1917 à nos jours», les Éditions Armand Coln, Paris, 192 pages 

     

    6.      NouvelObs (auteur inconnu) (2008), «Obama changerait-il vraiment la politique étrangère des États-Unis?», apparu sur «www.nouvelObs.com», journal d’actualité en temps réel, le 12 mars 2008, Paris, lien sur internet: http://globe.blogs.nouvelobs.com/archive/2008/03/11/obama-quelle-politique-etrangere.html 

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