• 09. Comment intégrer les personnes ayant le syndrome d'Asperger dans les classes régulières (08/11/10)

     

    Précisions sur le syndrome d’Asperger en lien avec l’autisme en général

    Un bon nombre de scientifiques sont unanimes en ce qui concerne le syndrome d’Asperger. Certains parlent d’un propre syndrome et d’autres d’une simple variante de l’autisme de Leo Kanner. Les scientifiques européens sont ici beaucoup plus spécialisés et ouverts d’esprit envers le syndrome d’Asperger que la science américaine.

    Scientifiquement, il y a plus de points en commun que de différences entre les deux, mais il y a quand-même au moins cinq indicateurs[1] qui aident à tracer une différenciation.

    Le premier facteur de différenciation est celui des premières caractéristiques insolites observables. Chez un autiste, on reconnaît des troubles comportementaux dès l’âge d’un jeune enfant, généralement encore avant le trentième mois de vie. Un autiste a par exemple la tendance de ne pas croiser le regard de ses interlocuteurs. En ce qui concerne le syndrome d’Asperger, on peut difficilement identifier ce syndrome durant l’âge d’un jeune enfant, mais à partir de la quatrième année de vie, même si le syndrome existe généralement dès la naissance de l’individu. Il est génétiquement transmis et ne peut pas être créé par un trauma comme l’abus sexuel ou un accident de voiture ou la mauvaise éducation des parents par exemple en abandonnant l’enfant. Ses particularités sont plus difficilement observables.

    La deuxième différenciation se fait au niveau du langage. Il y a des retards possibles par rapport au développement de la langue chez les autistes. Un enfant atteint du syndrome d’Asperger n’a pas de retards par rapport au développement de la langue, mais plutôt par rapport à la communication en général. Il apprend ses premiers mots au moins avant l’âge de deux ans et son langage est même souvent très développé, très mature et presque artificiellement neutre et sans émotions.

    La troisième différenciation se fait au niveau de l’intelligence. Les jeunes autistes ont souvent des restrictions par rapports à certains efforts intellectuelles tandis que les jeunes atteints du syndrome d’Asperger ont souvent des coïncidences avec les cas d’un enfant surdoué ou le syndrome du savant, c’est-à-dire qu’ils ont dès le jeune âge une pensée analytique, une mémoire extraordinaire et un grand niveau d’objectivité et d’honnêteté.

    Cette troisième différenciation est un lien avec le quatrième point, les intérêts particuliers des jeunes atteints du syndrome d’Asperger. Ceux-ci peuvent atteindre des connaissances précises et extraordinaires par rapport à un certain champ d’intérêt. Souvent, les gens ayant un syndrome d’Asperger sont tellement absorbés par leur champ d’intérêt qu’ils sont prêt à tout pour y exceller. Un jeune Asperger peut par exemple apprendre tous les résultats des trois dernières saisons de la LNH par cœur ainsi que les noms de tous les joueurs ayant marqué des buts ainsi que le temps pendant lequel les buts ont été marqués. Un deuxième exemple est un jeune Asperger qui écoute une pièce de musique classique avec un grand orchestre et qui est capable de retenir des mélodies et de les reproduire exactement sur un instrument après une seule écoute.

    La cinquième différenciation se fait au niveau des mouvements sensori-moteurs. Chez les autistes normaux, il n’y a pas de problème à ce niveau, mais par rapport à un jeune Asperger, des mouvements inhabituels sont souvent observables.

    Les points en commun entre ces deux particularités sont pourtant des difficultés au niveau la communication par exemple en ce qui concerne la capacité de saisir les signaux non verbaux intuitivement chez les autres et de les envoyer soi-même. Les deux ont également des difficultés en lien avec l’intégration sociale, c’est-a-dire, ils démontrent un isolement social et affectif. Ils sont souvent huis clos et éprouvent un manque d’empathie. Un autre point en commun sont les activités et intérêts stéréotypes et répétitifs.

    L’intégration des élèves ayant le syndrome d’Asperger dans les classes

    Le passage de l’école est une étape cruciale pour chaque élève. Pour un jeune Asperger, il s’agit de négocier ce virage avec une approche sociale, cognitive et éducative particulière.[2]

    En ce qui concerne l’autorité scolaire, celle-ci doit soutenir le jeune enfant avec le syndrome d’Asperger à travers toute sa scolarisation. Il est important d’intégrer l’élève dans une classe régulière, mais de lui fournir des ressources matérielles spécialisées pour accomplir ses tâches le mieux possible. Un enseignant spécialisé que le jeune élève avec le syndrome d’Asperger connaît et qui est présente lors de certains cours pourrait aider énormément. Avant qu’un élève qui a le syndrome d’Asperger fréquente une nouvelle école, l’autorité scolaire devrait faire une visite des nouveaux lieux avec lui et ses parents et peut-être l’intégrer dans un groupe-classe pendant une première visite avant le changement d’école définitif. Ces démarches donnent des réponses concrètes aux soucis concrets du jeune élève comme la forte résistance aux changements et la peur de l’inconnu. Une autre démarche importante de la part de l’autorité scolaire est d’informer tous les enseignants concernés que l’élève a le syndrome d’Asperger et ce que cela signifie.

          En ce qui concerne l’enseignant, celui-ci doit montrer beaucoup d’empathie pour le jeune Asperger. Il est important de transmettre aux autres élèves du groupe-classe que l’élève en question a certaines particularités mais en insistant sur le point qu’il n’a pas d’handicap. L’enseignant devrait faire cela d’une manière très calme, explicite et précise sans blesser les sentiments de l’élève en question. Ce qui est important est de créer une atmosphère agréable dans la classe pour l’élève en question qui a des difficultés au niveau de l’intégration et communication sociale. On devrait l’intégrer dans des travaux d’équipe et surveiller de plus près à ce que ceux-ci se passent bien et que les élèves se respectent. L’enseignant et l’autorité scolaire doivent ensemble rassurer les parents en proposant une certaine continuité et routine en lien avec l’éducation de l’enfant.

    Les interventions de l’enseignant spécialisé ou même de l’enseignant régulier devraient seraient idéalement de cinq ordres. Premièrement, l’enseignant devrait écouter et rassurer l’élève au niveau social et affectif, ce qui inclut déjà deux ordres en même temps. Il faut lui expliquer les codes sociaux et les règlements les plus importants de la commission scolaire avec un vocabulaire précis en cherchant à éliminer toute ambiguïté et tout doute possible. L’enseignant doit faire épreuve d’une grande empathie et patience pour réaliser ces interventions et il doit avoir pour but de développer une relation de confiance avec l’élève. Su un autre niveau social, l’enseignant devrait également essayer d’intégrer l’élève dans des groupes de travail, mais aussi développer l’identification de l’élève avec son école en lui proposant par exemple des activités parascolaires en lien avec ses champs d’intérêt.

    Deuxièmement, l’enseignant doit établir des routines pour l’élève au niveau organisationnel. Il faut inviter l’élève à classer et ranger son matériel, de noter précisément les tâches et consignes et d’expliquer clairement toute activité parascolaire qui pourrait sortir de la routine habituelle. Idéalement, les enseignants réguliers devraient même transmettre certains exercices et certaines questions pour un examen à un possible enseignant spécialisé pour que celui-ci puisse les reformuler pour l’élève directement ou pour l’enseignant qui modifiera ainsi ses textes pour rendre les démarches claires pour l’élève.

    Au niveau sensori-moteur, l’enseignant devrait prendre en considération que l’élève avec le syndrome d’Asperger dispose peut-être de plus de temps pour écrire les réponses d’un examen et lui accorder un temps additionnel pour résoudre les tâches et pour stabiliser la concentration de l’élève en lui enlevant au moins partiellement la pression. En ce qui concerne les cours d’éducation physique, l’élève a besoin d’une éducation spéciale et peut-être même d’un programme beaucoup plus léger que les autres élèves.

    Au niveau cognitif, l’enseignant devrait avoir comme objectif de reprendre régulièrement des notions scolaires afin de détecter les problèmes de compréhension chez l’élève. Des notes de cours précis, des résumés ou travaux de synthèse sont indispensables pour l’élève. Des supports visuels comme des films, des photographies ou l’intégration du tableau lors de l’apprentissage faciliteraient également les apprentissages de l’élève.

    Le but de toutes ces démarches sont de fournir un environnement stable et rassurant à l’élève en l’intégrant peu à peu au sein d’un groupe-classe normal sous des conditions normales. L’enseignant découvrait peut-être aussi que son élève a un talent spécial comme un bon nombre de gens qui ont le syndrome d’Asperger et devrait soutenir l’élève à mettre en valeur ses habiletés et connaissances par rapport à talent, par exemple en l’invitant à participer à des concours régionaux.

     

    Conclusion

                En fin de compte, les élèves qui ont le syndrome d’Asperger sont une clientèle très particulière pour les écoles. Vu que ces élèves ont des difficultés au niveau de la communication, interaction ainsi qu’imagination sociale, par rapport aux actions sensori-motrices et enfin par rapport aux changements, il est important pour l’enseignant de créer une routine rassurante pour ces élèves. À l’aide d’un enseignant spécialisé ou un intervenant spécialisé qui accompagne au début l’élève concerné à l’école, il faut minutieusement créer des liens de confiance et démontrer beaucoup d’empathie et de patience envers cette clientèle. Il faut intervenir au niveau social et affectif, au niveau organisationnel, au niveau sensori-moteur et au niveau cognitif. Ce qui est important est de considérer un élève Asperger comme une personne normale qui a seulement une manière différente de penser et d’agir. Ces cinq sens reçoivent les mêmes informations  qu’un élève normal, mais elles sont mal interprétées par le cerveau et la personne décode mal la vie, l’environnement et les relations sociales.

    Le syndrome d’Asperger ne peut pas être guéri est beaucoup de personnes concernes vivent d’ailleurs très bien avec ce syndrome et s’identifient même complètement avec celui. Grâce à de nouvelles technologies telles que la nouvelle méthode ABA (« Applied behavior analysis » ou encore analyse appliquée du comportement) ainsi que la méthode PECS (le « Picture exchange communication system »), un système visuel basé sur l’usage de pictogrammes ayant pour but d’apprendre aux enfants comment s’exprimer ou `a faire des demandes en enseignant ainsi les bases de la communication, les jeunes élèves avec le syndrome d’Asperger seront de mieux en mieux reconnus, encadrés et aidés. Des organisations telles que la Fédération québécoise de l’autisme et des autres troubles envahissants du développement émergent également de plus en plus.



    [1] Terminologie de l’autisme sur http://www.autismus-web.de/terminologie.htm

    [2] CURCHOD, Sonia, enseignante spécialisée, « Intégration et scolarisation de Bryan, élève Asperger », http://www.asperger-romandie.ch/pdfs/pagesromandes.pdf, pages 16 à 18, Valais, Suisse, avril 2010

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