• Mémoires cauchemaresques

    Prenez un petit quinze minutes et lisez la première partie de mes "Mémoires cauchemaresques". Qu'est-ce que c'est? Je ne divulgue rien, à vous de me le dire. J'ai hâte d'entendre vos idées et vos impressions. Ce n'est qu'un début, mais l'histoire ne sera pas très longue, j'envisage à écrire à peu près cinq autres parties pour un petit "short story". Je vous souhaite une bonne lecture!

     

          Jérôme s’ennuya énormément dans le grand auditorium rempli de trop de personnes bruyantes et son envie de repartir chez lui grandissait à chaque instant. D’un autre côté, il avait promis à ses amis d’assister à la conférence d’un archéologue chinois dans son université. Il n’était pas tellement venu pour faire plaisir à ses amis, mais parce qu’une jeune fille les accompagnait. Elle était dans ses cours en arts et elle était une étudiante chinoise qui s’intéressait à la conférence de cet homme qui venait de la même région qu’elle. Jérôme aurait bien aimé la connaître plus, lui parler en toute intimité, lui faire des allusions par rapport à ses sentiments pour elle. Mais cette fille était tout le temps entourée de ses amies chinoises avec lesquelles elle vivait en colocation. Aujourd’hui, Jérôme voulait attendre le bon moment pour lui parler. Il voulait peut-être le faire durant une pause de la conférence. Mais Jérôme savait que ses amis Jacob, Régis et Yves allaient probablement l’empêcher en lui parlant de leur projets de fin de soirée dans un bar, dans une discothèque ou dans une résidence en prenant de la bière commerciale à qualité médiocre et en regardant des films de guerre américains évoquant les pires stéréotypes. Il songeait à s’asseoir près de la jeune femme chinoise durant la conférence, de lui glisser quelques mots, de s’approcher d’elle le plus subtilement possible. Mais juste quand il prit un peu de courage, son ami Yves arrivait et s’assoyait entre Jérôme et la fille avec un gros sac de popcorn, des nachos au fromage fondant puant et un verre de mousseux terrible. Jérôme voulait alors peut-être tenter sa chance juste à la fin de la conférence et inviter la fille à prendre un café à la cantine étudiante avec lui. C’était une autre occasion peu probable d’être couronnée de succès. Le grand auditorium était simplement rempli de trop de personnes bruyantes et Jérôme ressentait une envie grandissante de repartir chez lui.

                «Jérôme, est-ce que tu veux prendre un peu de popcorn? J’en ai assez pris pour nous deux. Écoute, hier, je suis tombé sur un album vraiment malade sur internet. C’est un album franchement bizarre d’un groupe expérimental avec des paroles assez surréelles, des titres de chansons complètement aléatoires et une pochette des plus bizarroïdes.», commença Yves à coté de lui, mais Jérôme ne faisait que fixer la fille chinoise assise près de son ami et ne répondit pas. Il regarda autour de lui. Son ami Régis suait et avait la tête toute rouge. Il parlait sans cesse de politique avec Jacob, toucha ses épaules, ses cheveux, son dos et soulignait ses propos avec des gestes absurdement brusques et hectiques. Jacob haussa ses épaules, avait le regard vide et son langage corporel était quelque peu tendu. Jérôme regarda devant lui et une jeune femme se tourna vers lui. Jérôme fit un saut terrible. Cette jeune femme à peine plus jeune que lui avait le visage cicatrisé comme si elle avait reçu un liquide acide en pleine face. Son nez était inexistant et un trou noir sanglant était à sa place. Ses yeux avait des contours noircis et elles étaient enfoncés loin dans sa tête. Sa bouche n’était qu’une mince ligne de haine, de rancune et de désespoir. Elle fixa Jérôme avec un air de reproche lorsque que le bébé déposé dans une poussette à côté d’elle pleura avec beaucoup de peine. La fille étrange détourna son regard de Jérôme, prenait le bébé et le cacha aux yeux fixes de Jérôme. Le bébé n’arrêtait pas de crier. Un vieux couple assis deux rangés devant Jérôme se tourna et regarda avec des faux sourires la femme et son bébé. Jérôme se réveilla de son état paralysé, se tourna vers sa gauche et rencontra le regard stupéfait de la fille chinoise. Il voulait plonger dans ses yeux brunes séduisantes, mais elles étaient grandes ouvertes et traduisaient un sentiment d’effroi terrifiant envers lui et la fille affreuse qu’elle venait de voir. Yves s’entreposa entre les deux, fixa Jérôme et lui montra son énorme sac de popcorn en mâchant bruyamment cette nourriture trop salée. Il n’avait rien remarqué et balbutia une autre phrase. «Tiens, ne te gênes pas, en tout cas, il y en a assez de popcorn pour toi et moi.»

           «Voulez-vous bien fermer vos sales gueules pour une fois?», cria tout à coup le vieillard assis devant la femme laide avec le bébé. Jérôme voulait répliquer quelque chose, mais ne trouva pas ses mots. «N’osez même pas en discuter. Ce sont des choses imprononçables.», remarqua le vieillard et se tourna vers le centre de l’auditorium. La vieille femme regarda autour d’elle avec un sourire sot et flatta la tête de son mari avant de toucher doucement ses cuisses. Le bébé derrière le couple pleura plus fort encore. La fille avec le visage cicatrisé se mettait à trembler intensément pendant un moment avant de se donner un coup de poing contre sa propre tête. Elle arrêta de trembler, reprit le contrôle de son corps et le bébé se calma dans le même instant. La lumière se ferma et le public dans l’auditorium se calma pour regarder le podium au centre de la salle. Une lumière brouillée apparut et un nain habillé tout en rouge marcha avec beaucoup d’effort sur la scène en se rapprochant du microphone au centre du podium qui était placé bien trop haut pour lui. Les mouvements du nain semblaient être ridicules et son maquillage en noir et blanc qui couvrit son visage ajouta une touche étrange à son apparence. Mais sa voix était grave, ses mouvements tendus et ses yeux aussi intelligents que menaçant lorsqu’il se mit à parler à la foule à voix haute. «Ce que vous allez voir ne sont que des fragments de la mémoire. Ce sont des contes d’événements vécus. Ce sont des discours subjectifs. Vous n’avez qu’à puiser plus loin pour connaître la vérité.» Il fixa la foule avec un sourire et Jérôme croisa le regard de ce nain étrange. Il se sentait étrangement nu. Il se sentait seul. Il se sentait visé par ce court discours. Le nain se détourna du public et quitta subtilement la scène. Une musique de jazz se mettait à jouer et un saxophoniste arriva sur scène qui joua un solo des plus discordants avec son instrument. Le saxophone cria et grinça et le musicien se faufila sur scène comme s’il avait des pulsations extrêmes ou encore une crise d’épilepsie. Il s’approcha du microphone et se mettait à jouer la fin de son solo. Abruptement, il se calma, il prit le saxophone et le déposa doucement par terre. La musique et le solo de saxophone continuèrent à jouer. Le musicien toucha son visage pâle avec des cheveux longs et gris et enleva ce masque de son vrai visage. C’était l’archéologue chinois qui déposa son déguisement par terre, s’inclina tranquillement devant son public et sourit. «Mesdames et messieurs, des fois nos apparences ainsi que nos actions ne sont pas ce qu’elles semblent être. Méfiez-vous en tout temps. Je suis le docteur Tai Ming, docteur en archéologie. Je vais vous parler de mes découvertes dans la tombe d’un grand empereur chinois.» Le docteur Tai Ming prit une petite bourse brune très féminine qu’il porta sur son dos et l’ouvrit tranquillement. Il en ressortit un vieux miroir entouré de figurines de singes, de serpents et de dragons qui était complètement couvert de poussière. Le docteur Tai Ming présenta le miroir aveugle au public avant de souffler sur cet artefact. La poussière tomba comme un rideau gris et l’archéologue chinois leva son miroir dans les airs. Jérôme regarda le miroir et vit un visage terrifiant. C’était l’image d’un jeune homme aux cheveux longs qui avait une bouche complètement déformée. Sa langue sortait de cette gueule et était coupée en deux morceaux. Les oreilles de cet homme étaient grandes et rondes et son visage était sauvagement poilu. Jérôme était dégouté au plus haut point par cette apparence étrange. En ce moment, il entendit une voix loin derrière lui qui cria: «Coupée!» La lumière s’ouvrit tellement subitement que Jérôme en fut aveuglée et il protégea son visage avec ses mains. Lorsqu’il rouvrit ses yeux, le chaos avait éclaté autour de lui. Les gens se levaient de leurs sièges et se précipitaient à hautes voix vers les sorties de secours. Jérôme jeta un regard furtif vers le podium. Il était complètement désert. Jérôme entendit encore le vieillard frustré crier. «Merde, fermez donc vos grandes gueules enfin!»

            Jérôme voyait la fille chinoise partir qui jeta encore un dernier regard sur lui avant de disparaître dans une foule bouleversée avec ses amies. Yves s’était levé et cria en jetant son sac de popcorn, son assiette aux nachos et son verre de mousseux loin de lui. Régis avait de la misère à respirer et paniquait autant que les autres. Jacob semblait encore complètement perdu et ne semblait pas saisir la situation. Il jeta un regard sur une grosse femme sérieuse qui avait été assise à côté de lui. Elle lui bloquait le chemin du côté droit tandis que Régis et Yves bloquaient avec leurs réactions chaotiques l’issue à gauche. Jérôme et Jacob se regardaient et avaient instinctivement la même idée. Ils sautaient par-dessus les sièges et se dirigeaient en bas vers le centre de l’auditorium. La femme avec le bébé et les deux vieillards étaient partis en la direction inverse et le chemin s’était dégagé pendant un instant. Jérôme ne pensait plus à Régis et Yves. Il ne voulait que quitter ce rêve cauchemaresque au plus vite. Il courait vers le centre de l’auditorium et arriva au podium juste un peu avant Jacob. Il jeta un regard vers l’arrière du podium d’où le nain et le docteur chinois étaient venus, mais deux portiers tatoués s’étaient mis devant les portes qui menaient derrière la scène. Ils n’avaient pas l’air de vouloir laisser passer quelqu’un par ce chemin. Ils avaient l’air d’être pétrifiés et n’étaient pas du tout émus par les événements stressants autour d’eux. Jacob prenait un peu d’avance et sortait par une porte sur le côté qui menait dans le centre social de l’université qui n’était pas tellement loin de la sortie. Jérôme se faisait dépasser par le gros Régis et même par Yves qui était couvert de tâches de sa sauce de nachos et qui se mouchait nerveusement dans le coude de son vieux manteau troué. Jérôme se réveilla enfin et suivit ses amis. Il quitta la salle en dernier et se dirigea ensuite vers la sortie de l’université. Les gens se poussaient en panique et des gardiens de sécurité criaient complètement en vain leurs avertissements. C’était la confusion complète. En sortant, Jérôme voyait comme par hasard encore une fois la fille chinoise loin devant lui dans la foule. Elle était hors distance et bien loin de lui, mais il aurait pu jurer qu’elle avait encore croisé son regard pendant un instant avant de disparaître avec ses amies au prochain coin de rue.

    *

    à suivre...

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