• Orphelinat

    Bonjour chères lectrices et chers lecteurs,

    j'ai trouvé le texte suivant en faisant le ménage sur mon ordinateur. J'avais commencé à écrire cette histoire en octobre 2009. Elle s'intitule "Orphelinat". J'étais inspiré par plusieurs romans et films de suspense et d'horreur à l'époque ainsi que par l'environnement du Saguenay-Lac-Saint-Jean, même si l'histoire se déroule dans un village fictif. Je venais d'avoir vingt ans et je venais d'arriver au Canada quand j'ai écrit les premières lignes de cette histoire. En raison de plusieurs contretemps, je n'ai jamais écrit plus qu'un chapitre et demi et je n'écrirais probablement plus de la même manière aujourd'hui. D'un autre côté, j'ai trouvé cela fort intéressant de redécouvrir ces quatre pages et je me suis dit que je pourrais partager ce petit texte avec vous. Je n'ai pas corrigé certaines erreurs ou tournures de phrases pour que cela soit authentique et représente la manière dont j'ai écrit dans une langue étrangère il y a cinq ans et demi. Je vous souhaite une bonne lecture.

     

    Orphelinat

    (écrit en octobre 2009)

     

    UN.

    Jean Baptiste Duchesne était un home tout sévère et conservateur.

    Depuis de longues années, l’ancien religieux vivait seul sur une petite colline qui était à l’abri de la petite ville. Il avait à peine une vue sur le grand fjord grisâtre qui se promenait comme un serpent d’eau à travers les falaises et les nombreux rochers. La petite maison en briques était aussi vieille et triste que la personne qui y vivait, malgré qu’elle avait ancienne fois eu une splendide et chaleureuse beauté. Aujourd’hui, tout le monde dans la région semblait encore vivre dans le passé. Ici, le temps s’était arrêté, il y a peut-être trente ans.

    Tout cela était en lien avec la fermeture mystérieuse du grand orphelinat, un grand manoir majestueux et épeurant qui régnait sur la ville comme un vieil empereur qui a vu passer ses meilleurs journées, mais qui ne cessait pas d’abandonner le pouvoir de sa présence, une présence entourée d’une atmosphère lourde et tendue comme le brouillard silencieux de cette matinée en octobre. Depuis la fermeture de ce bâtiment, qui s’était effectuée sous des raisons mystérieuses, le beau petit village avait commencé à perdre son charme. Peu après l’orphelinat, c’était le monastère qui se fermait et la grande église noire et solide, située au centre de cette région isolée, a été détruite lors d’un énorme feu en plein milieu de la nuit, un feu qui s’était créé d’une manière subite comme si les portes de l’enfer s’étaient soudainement ouvertes pour dévorer la maison de Dieu. Après cette horreur, le village s’était isolait de plus en plus et le chômage avait forcé les gens vers un exode rurale. Ce n’était que les plus vieux et les plus jeunes qui restaient, ainsi que quelques de ces pauvres enfants étranges de l’orphelinat qui semblaient tous vivre sans joie. La petite ville était presque devenue un village des fantômes. Ceux qui voulaient le quitter aujourd’hui étaient trop vieux ou trop exclus de la société, le passé les enfermait dans ce village, comme s’il était une prison.

    Jean Baptiste Duchesne regardait rigidement le vieux manoir, l’orphelinat dans lequel il s’était occupé de ces pauvres jeunes sans parents, sans éducation, sans futur pendant trois décades. Le brouillard entourait le vieux bâtiment et semblait l’étouffer. Des corbeaux se promenaient d’une manière agitée ou inquiète sur le gazon envahi par la boue et une odeur empestée. Même cet homme vieux et dur sentait des frissons désagréables dans son dos qui l’électrisaient. Bientôt, se disait-il, il serait enfin libéré de cette vue pesante et attristante. Le maire avait décidé qu’il fallait sauver la vie de ce village oublié et voulait détruire ce vieux manoir afin d’y construire un parc d’hiver avec des pistes de ski, des glissades et des terrains de motoneiges. Il voulait ainsi attirer un peu de tourisme et sortir le village de son isolation. Jean Baptiste Duchesne ne voulait pas que sa vie isolée et tranquille soit perturbée par des jeunes sportifs qui hurlaient et se saoulaient tout au long de la journée et qui ne faisaient que fêter, mais le fait qu’il savait maintenant que ce vieux manoir serait enfin détruit, enlevait d’une manière étrange une énorme pression de son âme. Tout était mieux que la malédiction de l’orphelinat. Jean Baptiste était convaincu de cet aspect et assez superstitieux par rapport à ce sujet-là. Il aimait les affaires claires et traditionnelles, mais l’aura menaçante de ce manoir n’était pas saisissable pour lui. En effet, il connaissait peut-être une explication, mais il se sentait incapable de lui faire face.

    L’ancien religieux fut soudainement retiré de ces pensées sombres, lorsqu’il  entendit un grattement affreux, comme si de longues ongles grafignaient du vieux bois. Il se tourna subitement et courut vers la vieille armoire vitrée dans laquelle il cachait son grand fusil. Il le retira brusquement de sa place. À travers les années, Jean Baptiste avait cessé de croire en Dieu, il ne faisait confiance qu’à l’alcool qui anesthésiait sa vie misérable et aux armes qui le protégeaient de ses peurs insaisissables. Il était un peu paranoïde et il se sentait souvent étrangement observé sans trop être capable d’expliquer ce sentiment énervant.

    Quelque chose affila sur le bois de la porte d’entrée et le bruit provoqua des frissons désagréables. Jean Baptiste pensa à des mains minces, rigides et sèches d’un mort qui grattait l’intérieur de son cercueil lourd. En effet, il pensa plus encore à des petites mains sales et usées, aussi usées que l’esprit et les corps de ces jeunes êtres dont il s’était occupé à travers les années à l’orphelinat. Il sentait encore aujourd’hui leurs regards vides et froids sur lui et il tressaillit en pensant aux nombreux enfants qui n’avaient pas survécu les pneumonies en hiver ou qui avaient préféré de se couper leurs carotides que de vivre dans cette prison grise. Il se souvint également de la famille bourgeoise qui avait acheté le terrain du manoir pour y trouver une nouvelle résidence pour eux et leurs cinq enfants il y a plus de vingt ans. Ils avaient quitté l’endroit d’une manière perturbée et vide d’esprit après six mois seulement, en revendant le territoire à la mairie.

    Le grattement mystérieux s’arrêta enfin et Jean Baptiste eut le courage de traverser le couloir sombre qui grinçait sous ses pas prudents comme une des vieilles portes usées du sous-sol de l’orphelinat. Peu de lumière pénétra les petites fenêtres sales de la porte d’entrée. Jean Baptiste crut pour un instant qu’il avait vu une ombre qui se hâta de quitter les lieux, mais peut-être que ses pensées sombres lui jouaient un tour morbide.

    Muni d’un souffle lourd et d’un pas décidé, Jean Baptiste tourna la poignée rouillée de sa porte, la tournait brusquement et donna un coup de pied agressif à la porte qui s’ouvrit avec un grincement affreux.

    De l’air froide et un nuage de brouillard étouffant frappèrent soudainement son visage et il eut de la misère à s’orienter. Il fit un pas en avant et regarda autour de lui sur la petite galerie, mais il ne voyait personne, ce qui n’était pas trop étonnant, car la vue ne lui permettait pas de regarder plus loin que trois ou quatre pieds autour de lui. Jean Baptiste grogna comme un chien, la sueur se mit à couler sur son visage et pénétra ses yeux qui en brûlaient. Il se sentit soudainement ridiculisé, il ressentit de la honte et se moqua de sa réaction exagérée par rapport au grincement pourtant inexplicable.

    Jean Baptiste voulait déjà se tourner et retourner dans sa maison vide et sombre, lorsqu’il s’aperçut d’une petite boîte blanche qui se trouva juste dans le coin derrière la porte d’entrée. L’ancien religieux fit le saut et regarda autour de lui. Ses regards essayaient en vaine de pénétrer un peu plus le brouillard afin de jeter un coup d’œil à la petite forêt qui menait de la vallée du village tout au long de la rive d’une toute petite rivière jusqu’à l’orphelinat. Il avait encore l’impression que deux yeux sombres l’observaient de ce boisé impénétrable. Il se sentit soudainement nu et bouleversé. Il se hâta de prendre le colis et l’amena dans sa maison en fermant d’un bruit lourd et hectique sa porte d’entrée. Il respira fort par sa bouche et se sentit enfin en sécurité.

    Il prit plusieurs instants avant de fixer la boîte entre ses grandes mains remplies de sillons aussi profonds que ceux sur les champs de blé d’Inde délaissés et pourris en arrière de sa maison. Il regarda la boîte d’une manière inquiète. Rien n’était marqué sur cette vielle boîte blanche, ni d’expéditeur, ni destinataire et pourtant, il avait l’impression qu’il avait déjà vu cette boîte quelque part et quelque temps, mais le souvenir ne lui revint plus.

    Jean Baptiste se mit donc à ouvrir la boîte qui n’était pas trop remplie et semblait être très légère. Enfin, il réussit à ouvrir le côté de la boîte et une vieille photographie y sortit, flotta doucement dans l’air et tomba par terre. Jean Baptiste voulut regarder la vieille photographie pâle en noir et blanc de plus proche, mais il était trop tendu et trop curieux face à l’autre objet qui se trouva encore dans la petite boîte. Il mit sa main profondément dans le colis et toucha quelque chose qui porta des soies et tout à coup sa main se déposa sur un matériel plus dur et froid. Jean Baptiste trembla, recula et se pressa nerveusement contre sa porte d’entrée et sortit d’une façon dégoutée et effrayée une vieille poupée déformée de la boîte, avec des cheveux rougeâtres et pâles, un visage artificiel à moitié déchiré, portant des vêtements plein de boue et de puces. Il manqua un bras de la poupée, ainsi que ses yeux qui n’étaient que des trous noirs et profonds qui semblaient hypnotiser le vieux religieux.

    « Non, ce n’est pas vrai. Pitié, le dernier jugement! », balbutia Jean Baptiste et laissa tomber la poupée de ses mains, comme si elle était devenue brûlante. Il recula encore davantage vers la porte d’entrée, lorsqu’il entendit soudainement de nouveau un grincement sombre et raide.  Cette fois-ci par contre, le bruit se situa tout juste derrière lui!

    Jean Baptiste se tourna et vit le visage fricassé collé contre les fenêtres sombres de la porte d’entrée, il fixa les yeux méchants et noirs de la personne face à lui. Et avant qu’il soit capable de réaliser qui lui attendait dehors, Jean Baptiste sentit un pincement dans sa poitrine et fut envahi d’un étourdissement lourd, lorsque ses muscles tressaillirent subitement et d’une façon incontrôlée. Le vieux religieux s’écria et essaya de prendre une grande respiration lorsqu’un poing sans pitié sembla effectuer une pression étourdissante sur son cœur.

     

    La dernière chose qu’il vit était le sourire sauvage et triomphant de l’homme-créature devant sa porte d’entrée, avant qu’il tombe subitement par terre, heurta sa tête contre une marche de bois de son escalier et fut envahi par une noirceur impitoyable et éternelle…

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