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    Kapitel 15: Mittwoch, 21 Uhr 45, Speisesaal


    Dort befanden sich inzwischen auch der Butler und der Koch, die den Holzsarg aus dem Keller nach oben gebracht hatten und soeben dabei waren, den Toten dort hineinzulegen. Viele Gäste waren bereits verschwunden, da sie den Anblick nicht ertragen konnten und sich entweder auf ihre Zimmer zurückgezogen oder das Eingangsportal geöffnet hatten, um dort etwas frische Luft zu bekommen oder zur Beruhigung eine Zigarette zu rauchen.

    Thomas bemerkte, dass sich noch genau fünf Gäste in dem Speisesaal befanden. Zum Einen waren dies Abdullah und Marilou, die sich angeregt tuschelnd in einer Ecke unterhielten und dabei hin und wieder nachdenkliche Blicke auf den Leichnam warfen. Ebenfalls noch ein wenig abseits saß Jeanette, deren schönes und zartes Gesicht gerötet und verweint wirkte, während sie sich auf einem Stuhl mit angezogenen Knien zusammengekauert hatte und ins Leere starrte. Die einzige Person, die noch am Tisch saß, war Fatmir Skola, der sich inzwischen einen weiteren doppelten Whiskey besorgt hatte und unbeteiligt, fast schon lethargisch wirkte. Nicht weit von ihm entfernt stand noch Magdalena Osario, die nervös hin und her wanderte und grimmig auf ihren Ehemann zuschritt.

    Dieser ignorierte sie völlig, wich ihrem wütenden Blick aus und wandte sich an seine beiden Angestellten, die soeben den Deckel auf den Sarg legten.

    „James, du wirst den Dudelsack in dem großen, zweiten Safe im Keller verschließen. Achte darauf, dass du ihn möglichst lediglich mit Plastikhandschuhen anfasst und ihn in einen Plastikbeutel tust, damit keine Spuren verwischt werden.“, wandte sich Wohlfahrt halblaut an seinen Koch, der monoton nickte, sich mühsam erhob und auch keine weitere Fragen stellte. Auf Thomas wirkte er seltsam mechanisch und emotionslos.

    Wohlfahrt wandte sich nun auch noch seinem steifen Butler zu, der ihn regungslos mit leicht hochgezogener Miene anstarrte und auf Thomas und Mamadou irgendwie unheimlich wirkte.

    „Francis McGregor, ich bitte Sie um Erlaubnis in ihr Zimmer gehen zu dürfen. Wir müssen einen Anruf tätigen und das Telefon in meinem Arbeitszimmer ist leider defekt.“, bat ihn der Direktor und der Butler signalisierte ihm mit einem knappen Nicken seine Zustimmung.

    Der Schlossherr wandte sich unverzüglich in Richtung der Eingangshalle, begleitet von Mamadou und Thomas, sowie auch von Magdalena Osario, die entrüstet neben ihrem Mann herlief und versuchte dessen Aufmerksamkeit zu erlangen. Schließlich hatte sie genug, beschleunigte ihre Schritte und stellte sich direkt vor ihren Mann, der ihr mit einer herrischen Handbewegung befahl auf Seite zu gehen.

    „Ich will sofort wissen was hier vor sich geht!“, befahl sie in einem wütenden Ton, doch ihr Mann umging sie ignorant und drückte ihren Arm zur Seite.

    Thomas konnte es sich nicht verkneifen und griff ein, da es ihn schockierte, wie abschätzig und verachtungswürdig der harte Rektor seine Frau behandelte. Mehr und mehr konnte er verstehen, warum diese unbedingt fliehen wollte.

    „Herr Doktor Wohlfahrt, es würde mehr Sinn machen, wenn Sie ihre Frau einweihen.“, gab Thomas zu verstehen, doch er biss bei dem Direktor auf Granit.

    „Das hat noch Zeit. Zunächst wollen wir wichtigere Dinge klären.“, erwiderte er mit unverhohlener Arroganz und ließ seine Frau stehen, die ihm wütend nachsah und ihre Hände krampfhaft zu Fäusten ballte. Thomas glaubte auch in ihren Augen eine stille Träne zu sehen.

    Zu dritt verließen sie den Speisesaal und ließen die hilflose Spanierin zurück, die sich mit einer schnellen Drehung abwandte. Thomas, Mamadou und der Direktor gingen in die Eingangshalle, wo ihnen Elaine Maria da Silva und Björn Ansgar Lykström, die beide an dem leicht geöffneten Eingangsportal standen, neugierig entgegenblickten.

    Dafür jedoch hatte der Direktor selbst keinen Blick übrig und bewegte sich lieber zielstrebig auf die breite Treppe zu und dann in die linke Richtung, wo sie nach einiger Zeit einen Quergang zu einer steile Wendeltreppe erreichten, die in einen der beiden Türme zu führen schien. An dieser Stelle wirkte das Schloss bereits seltsam düster und verlassen und Thomas bekam unwillkürlich eine unangenehme Gänsehaut, als er die ersten Schritte auf die bedrohlich knarrende und staubige Wendeltreppe setzte. Den Direktor störte dieser Zustand weitaus weniger und er ging auch weiterhin energisch voran.

    Nach scheinbar unzähligen Stufen erreichten sie dann keuchend eine schwere Holztür, die der Direktor aufzog, um das Zimmer seines Butlers zu betreten.

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  • Dans les prochaines semaines et lors de mes prochaines contributions pour le blogue de l’UQAC, j’aimerais parler des différentes formes d’art et des expositions et présentations qu’on a pu et qu’on peut encore visiter au Saguenay cet automne. J’aimerais commencer cette petite série avec un bref rapport sur l’art théâtral du Saguenay.

    Je m’intéresse au sujet de l’art théâtral depuis que j’ai lu des pièces des écrivains français Molière et Camus, de l’écrivain russo-ukrainien Gogol, des dramaturges suisses Frisch et Dürrenmatt, du fameux poète Shakespeare ou encore des écrivains allemands tels que Schiller, Goethe et Büchner dans mon école secondaire en Allemagne. Il y a quelques années, j’ai également suivi un cours de théâtre en Allemagne et notre classe avait monté la pièce satyrique hautement critique et très intéressante «Romulus le Grand» de Friedrich Dürrenmatt dans laquelle j’ai incarné le rôle de l’empereur byzantin Zénon.

    Lorsque j’avais la chance de prendre enfin un cours supplémentaire cette session-ci, j’ai décidé de suivre non seulement un cours sur l’histoire du cinéma, mais aussi un cours sur les techniques de jeu théâtral attaché au département des arts de l’université. Dans le cadre de ce cours fort dynamique, j’ai découvert non seulement des techniques différentes telles que le jeu masqué ou l’improvisation, des techniques respiratoires intéressantes et de nouvelles sortes d’étirement et d’exercices vocales, des danses traditionnelles ou des formes d’expression différentes, mais aussi le théâtre québécois. J’ai essayé plusieurs pièces de théâtre québécoises comme «Les beaux dimanches» de Marcel Dubé, «Wouf Wouf» écrit par Yves Sauvageau ou encore «La trilogie des dragons» de Robert Lepage avant de tomber en amour avec la pièce satyrique «Citrouille» de Jean Barbeau dont j’ai interprété une petite séquence de scène. Actuellement, je travaille avec un collègue sur une présentation d’une scène de «Le Bourgeois gentilhomme», une pièce du théâtre français par le fameux Molière. D’ailleurs, cette scène et d’autres scènes tirées d’autres pièces de théâtre diversifiées seront présentées au Pavillon des Arts pour le 13 décembre 2011 à partir de 10 heures du matin. Il vaut vraiment la peine de faire un tour, c’est divertissant, engagé et même gratuit.

    Dans le cadre de ce cours, j’ai pu voir deux pièces de théâtre dans la région. La première se déroulait au mois d’octobre. C’était «La robe de Gulnara», présentée au Centre culturel du Mont Jacob à Jonquière par le Théâtre de la Rubrique. Cette coopération du Théâtre I.N.K., de la Compagnie dramatique du Québec et du Théâtre de la Bordée a su surprendre avec un scénario jouant dans la zone frontalière entre l’Arménie et l’Aserbaïdjan mettant en scène l’histoire tragique d’une jeune fille faisant partie d’un group de dix milles réfugiés d’un peuple minoritaire vivant dans des vieux wagons. Cette jeune fille avait par erreur tâché la robe e mariage de sa grande sœur quelques jours avant son mariage et s’est mise à chercher à nettoyer la robe ou la remplacer lors d’une véritable odyssée aux fonds de l’âme humaine. Cette interprétation de la pièce écrite par la Gaspésienne Isabelle Hubert était jouée avec beaucoup d’émotions pendant près de soixante-quinze minutes et il n’y avait pas peu de personnes qui avaient les larmes aux yeux à la fin de la présentation. Il était remarquable à quel point les acteurs adultes ont su jouer les rôles de la jeune fille Mika et son ami Mubaris avec beaucoup de réalisme et crédibilité. Les décors, les sons et aussi le jeu de lumière étaient détaillés et précieusement choisis.

    Ensuite, j’ai pu assister au mois de novembre à la pièce «L’Hôtel du libre échange» qui était présentée directement à l’UQAC dans le Petit Théâtre du Pavillon des Arts par le Théâtre Les Têtes Heureuses dont mon professeur Christian Ouellet faisait partie. Il s’agit d’une pièce vaudevilliste en trois actes par le français Georges Feydeau qui met en scène une histoire loufoque dans laquelle un homme marié à un vrai dragon désire la jeune femme de son assistant et veut profiter d’une belle nuit romantique dans un hôtel borgne et chaotique. Au lieu de cela, les deux amants rencontrent une panoplie de caractères qu’ils connaissent beaucoup mieux qu’ils aimeraient et ne cessent pas de mettre les pieds dans le plat durant une vraie odyssée d’événements ridicules. La nuit tourne en désastre complet et les deux infidèles risquent de tout perdre, mais toutes les cartes ne sont pas jouées lorsque quelques surprises les attendent au lendemain. Cette pièce dynamique de deux heures et quart avec entracte a su impressionner avec un jeu courageux des comédiens incluant des scènes de caresses entre le désir et la folie durant lesquelles les comédiens ne se gênaient pas de se toucher et même de se déshabiller partiellement. Mais ce n’étaient point pas ces scènes tendues d’érotisation qui marquaient le plus, mais le travail détaillé des différents caractères, l’un plus antipathique que l’autre. Mis en scène par Rodrigue Villeneuve, la pièce se concentrait sur l’histoire originale intemporelle qui n’avait rien perdu de son charme. La pièce n’était soutenue que par quelques décors simplistes, mais efficaces, des accessoires et costumes élégants, mais assez courants pour ne pas être trop traditionnels, quelques bouts de chansons françaises et de musique classique bien connues ainsi que quelques bruits enregistrés ainsi qu’un jeu de lumières efficace délimitant les champs d’action autant que l’atmosphère de la pièce d’une manière géniale. Notons que plusieurs éléments visuels et oraux signaleurs pour  les différents personnages comme le bégaiement, le lâchement d’un lacet ou l’emploi d’un vilebrequin ajoutaient de temps en temps une petite touche slapstick, dérivée de la commedia dell’arte à la pièce en créant des situations comiques exagérées.

    Bref, ce cours de techniques de jeu théâtral a su réanimer et renforcer en moi ma passion pour le théâtre et je vais tenter de suivre de plus près les nombreuses pièces de théâtres à découvrir dans la région. Je vous conseille de vous renseigner sur les différentes activités qui se déroulent à proximité dans le Pavillon des Arts de notre université en espérant de vous y croiser un moment donné.

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  • Saint Ange / House Of Voices (2004)

     

    Saint Ange is a slow paced and atmospheric French horror movie that has got quite a lot of negative critics. Even though the critics are not completely wrong and have some valuable facts, I think that the movie was at least acceptable if not somewhat intriguing which is justified by my rather positive rating.

    On the negative side you have the fact that there is not much horror in this movie. The opening sequence is great and the weird ending sequences are well done and one or two times you have a somewhat supernatural phenomenon that may surprise you. The rest of the movie focuses on the characters and the locations and even though this is necessary for the story, it gets a little bit boring from time to time. This movie would have needed more thrills and tensions.

    On the good side you have the solid acting of the three women that stay at the Saint Ange orphanage. The development of these characters is very important to understand the highlight of the movie which is the ending. I'm sure that many critics didn't like this movie because they thought that the ending was strange or surreal but these people didn't get the real sense of the movie as there is much more behind it than it seems but I don't want to reveal too much and suggest you to watch the movie and make up your own mind. In fact, the director said that the movie is rather open to interpretation and can be understood in many different ways. I think this is a strong point of the movie.

    This is the main reason why I suggest the readers of my contribution to ignore both very negative and very positive critics of this movie. They should not be influenced or have any expectations and watch this movie until the very end and do the effort to think about what they have just seen. It's not so twisted and complicated as it seems, Asian horror cinema for example is way more difficult to approach but also way better in my opinion. Those who expect a thrilling horror movie may be disappointed but those who like slow paced psychological crime or drama movies might actually like this.

     

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    1.      Introduction

    Le présent travail traite le texte «Occidentalism» d’Ian Buruma et Avishai Margalit, publié en janvier 2002 dans le quarante-neuvième volume de «The New York Review of Books». Ian Buruma est un intellectuel européen né à la Haye aux Pays-Bas ayant étudié la littérature chinoise et le cinéma japonais. Avishai Margalit est à son tour un philosophe et universitaire israélien.

    Ce travail sera divisé en trois parties principales. La première traite le lien et même l’entrecroisement que les deux auteurs du texte font entre la haine de l’Occident et le problème de la décadence. Par la suite, ce travail cherche à analyser si les adversaires de l’Occident offrent un véritable modèle alternatif ou s’il ne s’agit que d’une simple critique négative. En troisième et dernière place, cet exposé décrit plus en profondeur le refus de quatre grands phénomènes ou facteurs distinctifs sur lesquels se base la haine de l’Occident. La conclusion finale cherche à comparer le modèle dit occidental avec le modèle antioccidental en amenant une ouverture traitant le développement de ces deux systèmes concurrents depuis la publication du document de base datant du début de la dernière décennie.

    2.      La haine de l’Occident et le problème de la décadence

    Les concepts de la théorie de l’Anti-Occidentalisme et le résultat du problème de la décadence s’entrecroisent à plusieurs moments selon les dires des auteurs Buruma et Avishai. Les extrémistes religieux et idéologiques comme Oussama ben Laden cherchent principalement à purger leur culture de toute influence occidentale. Les termes qu’un nombre respectable de ces personnalités associent à l’Occidentalisme sont parmi tant d’autres des concepts idéologiques comme le matérialisme, le libéralisme ou le capitalisme ainsi que la laxité morale et le terme vague de la décadence. Ces concepts devraient selon les théories antioccidentales, par exemple selon des théoriciens japonais durant la pré-époque et l’époque-même de la Deuxième Guerre mondiale, être défaits par des termes de force: à la base la force de la volonté, de l’esprit et de l’âme, mais plus loin également la force de frappe militaire. La dite décadence des sociétés occidentales est expliquée de manière scientifique et idéologique par la propagande japonaise: les différentes cultures occidentales se sont mélangées et ne sont plus pures ce qui mène selon la propagande à une confusion mentale et une corruption spirituelle.

    On peut donc voir le lien entre la haine de l’Occident et le problème de la décadence comme une conséquence et raison principale prônée à l’appui de la propagande antioccidentale. Il y a également une sorte de dualisme concurrentiel très biaisé à la base de ce lien. D’un côté, il y a un peuple pur, homogène, fidèle aux autorités, très encadré idéologiquement qui cherche à défendre radicalement son intégrité face à l’Occident. De l’autre côté, il y a l’Occident lui-même qui est hétérogène, individualiste, sans âme et très libertin.

    Il faut aussi définir plus clairement le terme de l’Occidentalisme. Pour certains, comme certaines colonies africaines ou les anciens ennemis héréditaires qui étaient les Allemands, le mal de l’Occidentalisme est représenté par la République française. Pour d’autres, c’est le capitalisme américain comme dans le cas de plusieurs peuples asiatiques. Encore pour d’autres, il s’agit du libéralisme anglais dans certaines colonies et dans les pays ayant des idéologies plus gauchistes. Pour d’autres encore, l’Occidentalisme n’est pas une idéologie attribuable à un pays ou régime en particulier, mais à une ethnie ou un peuple en particulier, par exemple les juifs cosmopolites et déracinés selon certains philosophes allemands. Pour d’autres, c’est encore plus vaste et l’Occidentalisme englobe tous ces éléments ou se définit par tous les adeptes de religions étrangères dans le cas des Islamistes. Le terme d’Occident peut donc être très vaste et diversifié, mais l’association de la décadence s’applique étrangement à tous ces cas sans beaucoup de différentiations.

    Voilà quelques définitions encore plus précises sur la décadence: le théoricien anglais Houston Stewart Chamberlain voit non seulement une menace, mais même une judaïsation des sociétés en France, Angleterre et aux États-Unis. Il critique que la citoyenneté est réduite à une valeur politique sans valeurs ni culture. Dans son propre pays, il donne également l’exemple de l’infiltration des peuples noirs obtenant la citoyenneté anglaise. Un autre exemple est la vision suivante: le philosophe allemand Oswald Spengler voit une menace dans toutes les ethnies visiblement étrangères et nomme le «péril jaune» qui asiatise la Russie et la culture africaine et afro-américaine en disant que «la musique de jazz et les danses des nègres sont la musique pour la marche de la mort d’une grande civilisation». Il va même plus loin dans l’exemple de la France qui est selon sa théorie xénophobe menacée par plusieurs cultures étrangères comme les «soldats noirs, les hommes d’affaires polonais et les fermiers espagnols». Pour d’autres, la décadence a un niveau religieux et les villes modernes et hétérogènes à l’exemple de l’Occident sont associées à la déchéance de Sodome et Gomorrhe ou à la tour de Babel. Cette image négative, cette haine de l’Occident a été créée vers le milieu et la fin du dix-neuvième siècle, mais elle existe encore à nos jours. Les cadres et les justifications ont changé pendant les deux siècles, mais le noyau de la décadence a persisté en toutes les théories.

    3.      La haine de l’Occident: critique négative ou modèle alternatif

    La prochaine partie cherche à distinguer si les adversaires de l’Occident ne font que des critiques négatives ou s’ils offrent une véritable alternative. Il y a des alternatives qui sont dominés par un dualisme assez étrange.

    D’un côté, on s’accroche aux valeurs du passé comme la descendance culturelle, la durée de l’histoire du peuple ou la composante spirituelle. Un bon exemple est la conviction d’un professeur japonais à l’Université de Tokyo qui prévoit en 1942 que le Japon sera victorieux sur le matérialisme anglo-américain car le Japon englobe la «culture spirituelle» de l’Est. La théorie raciale dans l’Allemagne nazie se base sur la pureté et prédominance biologique de la race aryenne. Ces valeurs sont souvent assez concrètes, même si ses justifications scientifiques sont douteuses.

    De l’autre côté, les adversaires de l’Occident s’accrochent beaucoup au futur. Ils font des spéculations en se basant sur la stabilité et la grandeur de leur culture dans le passé. La propagande nazie destinait par exemple le Troisième Reich à durer mille ans. Ces valeurs sont donc hautement utopiques et ne peuvent pas être un pilier pour une alternative crédible.

    Il y a aussi le côté abstrait dans les modèles antioccidentaux qui est également plutôt utopiste. Lors de la Deuxième Guerre mondiale par exemple, les Alliés se battaient au nom de la liberté et les Japonais au nom de la paix et de la «justice divine».

    Il est donc encore question de conviction et de propagande. Aux yeux d’un intellectuel occidental, les adversaires de l’Occident offrent des idéologies utopiques fondées sur des visions limitées qui ne sont pas de véritables alternatives. Mais le nombre élevé d’adeptes aux mouvements antioccidentaux depuis plus d’un siècle montrent que ceux-ci ne cessent pas de croire en ces concepts, théories et valeurs et voient en leurs manières de vivre et d’agir non seulement des alternatives réelles, mais bien les seules voies possibles et justifient à leur tour que les cultures et idéologies occidentales sont trop individualistes, hétérogènes et libertins pour persister.

    4.      Le refus de quatre grands phénomènes distinctifs sur lesquels se fonde la haine de l’Occident

    L’Occidentalisme est un ensemble d’images et d’idées pour ses adversaires dont quatre phénomènes principaux reviennent très fréquemment. Ce sont les facteurs de la ville, celui du bourgeois, celui de la raison et enfin celui du féminisme.

    En ce qui concerne le facteur de la ville, celle-ci est souvent associée aux images du commerce, des populations mixtes, de la liberté artistique, de la licence sexuelle, des recherches scientifiques, des loisirs, de la sécurité personnelle, du bien-être et du pouvoir. D’un point de vue religieux radical, les villes sont critiquées comme lieux du pêché, de la décadence sociale et de la mégalomanie. Ici encore, les exemples de Sodome et Gomorrhe et celui de la tour de Babel sont souvent cités. Pour les adversaires de l’Occident qui ne se fondent pas sur la religion, mais par exemple sur l’idéologie socialiste, la ville est un endroit stratégiquement difficile à contrôler et à surveiller qui porte les dangers de l’individualisation de la société autant que de regroupements antigouvernementaux et de rébellions. L’histoire leur donne raison car les villes ont souvent joués un rôle primordial dans la chute d’anciens systèmes politiques et religieux. Les différentes révolutions russes au début du vingtième siècle se sont faites dans les principales villes russes comme Moscou et Petrograd. Le mouvement de révoltes étudiantes de mai 1968 avait commencé à la Sorbonne de Paris. Le printemps arabe a été déclenché par l’immolation du marchand humilié Mohamed Bouazizi dans la petite ville tunisienne de Sidi Bouzid et les réunions de révolutionnaires se sont ensuite étendues aux villes principales qui cherchaient à contrôler ces points stratégiques au plus vite. C’est pour cela que les régimes antioccidentaux glorifient l’image de la vie et de la pureté rurale où ils peuvent mieux contrôler et diriger les masses.

    Le facteur du bourgeois est d’un côté critiqué par les adversaires de l’Occidentalisme car cette classe sociale très importante peut prendre beaucoup de pouvoir et influencer et bouleverser les régimes en place. Pour les Allemands nazis, les juifs prenaient la place des bourgeois et contrôlaient et corrompaient selon leur propagande l’économie mondiale à leur guise. Pour les pays socialistes, la bourgeoisie est l’ennemi principal qui essaie de se mêler des décisions étatiques tout en soumettant les ouvriers à leur cause. Pour les Talibans, les bourgeois vivant dans les villes principales ont plus facilement tendance à entrer en conflit avec leurs valeurs religieuses fondamentalement radicales. Ces bourgeois vont envoyer leurs filles à l’école et leur permettre de ne plus porter le voile et de rencontrer des étrangers. D’un autre côté, le bourgeois individualiste se souciant en premier lieu de sa propre sécurité n’a surtout pas de valeurs honorables selon les adversaires de l’Occident. Ceux-ci glorifient plutôt le sacrifice, par exemple dans le cas des jeunes kamikazes japonais courageux et héroïques qui ont su frapper Pearl Harbor et blesser l’adversaire américain.

    Le facteur de la raison est évidemment plus abstrait. Les adversaires de l’Occident s’opposent à l’idée juive que la science est internationale et que la raison est humaine. La théorie juive précise même que la raison humaine est le meilleur instrument de recherche scientifique. Pour les ennemis de l’Occident pourtant, la science comme chaque chose doit être pénétrée d’un idéal supérieur que ce soit un peuple entier dans le cas des Allemands sous la gouvernance nazie, que ce soit par un leader politique et spirituel en particulier dans le cas des dictatures s’opposant à la démocratie occidentale et prônant plutôt la démocratie populaire ou que ce soit encore une divinité ou figure religieuse importante comme Allah dans le cas des Islamistes.

    Enfin, le facteur non négligeable du féminisme est également largement attaqué par les adversaires de l’Occident. Pour le propagandiste nazi Alfred Rosenberg, l’émancipation des femmes du mouvement de l’émancipation des femmes est nécessaire pour que celles-ci puissent servir quelque chose de plus grand qui est le peuple allemand. Il souligne que l’émancipation des femmes mène à la décadence bourgeoisie. Cette thèse englobe donc deux autres termes qui sont souvent mentionnés par les mouvements antioccidentaux et on peut ici voir à quel point ces différents mouvements se ressemblent et ont une vision plutôt limitée dans laquelle tous les aspects négatifs sont mélangés des manières les plus curieuses. C’est un peu comme dans l’affiche de propagande nazie «Le Juif Éternel» où le juif est visuellement associé au socialisme et au capitalisme en même temps comme s’il s’agissait d’une trinité inséparable des trois éléments. Les Japonais allaient même plus loin et utilisaient les femmes de prisonniers étrangers comme prostituées dans des bordels pour garder leurs propres soldats de bonne humeur. Oussama ben Laden argumente de la même façon que l’Allemagne nazie et souligne que l’émancipation des femmes dépossède la pleine virilité des hommes qui devraient diriger le monde. Presque la totalité des mouvements antioccidentaux avaient donc en commun que les femmes occupaient une place dégradante dans leurs sociétés.

    5.      Conclusion

    Pour en conclure, il y a donc deux visions du monde profondément différentes. Il y a la vision dite occidentale qui prône la liberté individuelle, l’économie de marché libre et la démocratie réelle dans une société hétérogène et très libertine. La vision s’opposant à cette idéologie prône les vieilles valeurs et traditions dans lesquelles l’individu doit se soumettre à un idéal plus grand comme celui de la famille, de la race ou encore celui d’un leader politique ou spirituel dans une société homogène très encadrée. Les deux visions sont nées environ en même temps, par exemple lorsque Karl Marx répondait avec sa théorie du communisme au libéralisme anglais lors de la révolution industrielle. Depuis ce temps-là, les deux visions se sont légèrement modifiées selon les pays, régions et époques, mais elles sont toujours aussi présentes à nos jours. Le véritable dualisme idéologique dans le monde n’était donc pas l’Axe versus les Alliés, le socialisme versus le capitalisme ou le christianisme versus l’islamisme. Ces parties n’étaient que des parties de quelque chose de plus grand qui étaient les idéologies occidentale et antioccidentale.

    À nos jours, ces deux idéologies divisent encore le monde et malgré sa vision restrictive, il ne faut pas sous-estimer la haine de l’Occident à nos jours. Depuis le 11 septembre 2001, d’autres attentats ont suivi dans les métros de Londres et de Madrid. Malgré la chute de certains dictateurs qui étaient souvent même pro-occidentaux sous certaines réserves, les résultats du printemps arabe nous montrent encore aujourd’hui que beaucoup de pays comme la Tunisie préfèrent choisir la voie radicale de l’islamisme plutôt que de coopérer ou s’adapter à l’idéologie occidentale. Ce dualisme est la raison pour laquelle il y a encore beaucoup de poudrières dans le monde qui pourraient exploser n’importe quand que ce soit le conflit entre les pays arabes et l’Israël, que ce soit la résistance imprévue de la Corée du Nord qui garde son stalinisme vivant et fait toujours de la propagande agressive contre les agresseurs occidentaux potentiels vingt ans après la chute de l’Union Soviétique ou que ce soit le renouveau des gouvernements gauchistes en Amérique latine s’opposant à l’influence des États-Unis dans le Nord.

    D’un autre côté, il y a aussi des tendances positives en lien avec la mondialisation. Des régimes fermés comme la Chine communiste s’ouvrent jusqu’à un certain degré à l’Occidentalisme et beaucoup d’anciens ennemies de cette idéologie comme l’Allemagne nazie ou l’Empire du Japon ont changé de cap et jouent aujourd’hui des rôles primordiaux dans le camp des pays dits occidentaux.

    Après tout, ces tendances d’assimilation à l’Occidentalisme ou de dé-radicalisation des anciennes idéologies antioccidentales sont trop peu pour désamorcer le conflit toujours persistant entre les deux camps. Vu que les États-Unis connaissent véritablement un déclin, une «décadence» selon les propagandistes antioccidentaux, sur le plan social et surtout économique et vu que l’Europe subit également des difficultés économiques accentuées en ce moment, cela ne fera que motiver et justifier les mouvements antioccidentaux. Ainsi, ce dualisme s’affrontera et se radicalisera de nouveau car les deux côtés cherchent désespérément à survivre et vaincre l’autre partie.

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