• Dmitry Glukhovsky - Sumerki - Dämmerung (2007)

     

    Glukhovskys Werk ist ein Roman zwischen den Genres der Fantastik und des Kriminalromans mit philosophisch-dramatischen Passagen. Hier verschmilzt die Grenze zwischen Realität und Fiktion immer mehr und das macht den Reiz des Buches aus. Man bekommt viele Andeutungen und Hinweise und wird als Leser geradezu in akribischer Feinarbeit zum Detektiv bevor einem der ungewöhnliche Schluss präsentiert wird.

    Die Geschichte ist rasch erzählt: Ein Übersetzer gerät an Teile eines mysteriösen Tagebuches, das eine spanische Expedition zur Maya-Zeit beschreibt, bei der nach einem mysteriösen Schatz gesucht wird und immer mehr Teilnehmer sich in Komplotte verstricken, dem Wahnsinn verfallen oder in seltsamen Unfällen ihr Leben lassen. Gleichzeitig gerät auch die moderne Welt des Übersetzers aus den Fugen: Er erfährt von dem mysteriösen Verschwinden seines Vorgängers, ein Mittelsmann von ihm wird ermordert, seine ahnungslose Nachbarin wird Opfer einer nächtlichen Attacke. Ihn plagen mysteriöse Träume, nächtliche Besuche seltsamer Kreaturen und er entdeckt unerforschte Passagen mitten in der Moskauer Innenstadt. Je weiter der Übersetzer sich wagt, desto mehr zweifelt er an seinem Verstand.

    Das Buch ist in höchstem Masse experimentierfreudig geraten. Es ist geradezu so, als ob ein David Lynch, ein Stanley Kubrick oder ein David Cronenberg ins Autoren-Metier gewechselt wäre. Deswegen ist dieser Roman künstlerisch wertvoll, ansprechend und ungewöhnlich, aber gewiss nicht für jeden geeignet.

    Der Autor hat Tendenz zu langen Bandwurmphrasen. Er neigt zu ausschweifenden Detaillierungen. Nach Kapiteln, in denen geradezu nichts geschieht, kommen andere Kapitel, in denen sich Ereignisse geradezu überschlagen. Die Übersetzungspassagen des Schriftsückes, welches der Protagonist studiert, sind ungewöhnlich verfasst mit seltsamen Satzstrukturen und mal sehr altertümlichen, dann fast schon jugendhaften Passagen.

    Man braucht eine Weile sich an diesen sprunghaften Stil zu gewöhnen, aber die Geduld wird mit der Entdeckung eines ungewöhnlichen Rohdiamanten belohnt, der gegen Ende immer mehr zu glänzen scheint.

    80/100

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  • C’est le temps de la rentrée pour les étudiants et étudiantes de l’Université du Québec à Chicoutimi et la première semaine sera une occasion idéale pour s’intégrer dans la communauté étudiante. J’aimerais bien présenter brièvement les événements de la semaine prochaine ainsi que quelques nouveautés au sein de l’université.

    Le lundi nous offre un salon étudiant au centre social entre 9 heures et 16 heures. Espérons qu’il fasse beau car le chapiteau sera ouvert à la cour intérieure juste en arrière du centre social à partir de 11 heures après les premiers cours du trimestre d’automne 2011. Des dîners tacos y seront offerts pour le dîner et le défi des INUK, les équipes sportives représentant notre université, aura également lieu à l’extérieur. En soirée, ce sera la première occasion de redécouvrir le BARUQAC pour voir un spectacle sûrement encore très original du groupe Atomic Old School et le premier sept à minuit. Il y a quelques nouveautés au bar comme de nouvelles sortes de bière, une tireuse à bière mobile et la possibilité pour les associations étudiantes de disposer d’une machine pour cuisiner des hot-dogs. Pour assurer une plus grande sécurité encore pour la clientèle étudiante, le bar collaborera avec les services de la maison ISA pour faire de la prévention contre les agressions à caractère sexuel et applique toujours le système du conducteur désigné qui pourrait avoir des consommations non-alcoolisées gratuites et participer à des tirages spéciaux ainsi que le service d’alcool responsable. À part des serveuses, des responsables d’activité et des travailleuses de milieu, il y aura également une plus forte présence des agents de sécurité lors des parties universitaires et les nouveaux boss boys aideront davantage d’une manière flexible à l’entretien, l’aménagement, la sécurité et la communication entre les employés et les clients. D’autres projets tels que l’installation régulière d’une ligue d’improvisation et d’une ligue de baby-foot seront également de possibles nouveautés intéressantes au sein du bar pour cette année. Ce n’est d’ailleurs pas seulement dans le bar que beaucoup de nouvelles idées ont été investies par le MAGE-UQAC. Le changement le plus visible a sûrement connu la Coopérative étudiante de l’UQAC dans le centre social que vous allez sûrement visiter au courant des prochaines semaines afin de vous y procurer les manuels pour vos cours.

    Le mardi offre le plus d’activités pour les anciens et nouveaux étudiants. La journée commence avec une «Pause SAE» de 9 heures à 10 heures au centre social où du café et des biscuits gratuits seront offerts aux étudiants. Entre 9 heures et 12 heures aura lieu la rencontre «Entre deux cours tu pourrais faire quequ’chose» au P0-5000. Pour le dîner, on nous offre des souvlakis à un prix raisonnable et entre 14 heures et 16 heures, ce sera le temps du «Plaisir glacé» pour prendre une crème glacée offerte par l’ADAUQAC au centre social. Juste après sera offerte une bonne occasion de savoir davantage sur l’université et le nouveau trimestre avec un quatre à sept du Recteur avec la présence de Monsieur Michel Belley qui ne sollicitera pas un troisième mandat à titre de recteur de l’UQAC. Son mandat prend sa fin le 25 novembre prochain et on attend encore la présentation des candidats potentiels pour succéder à son poste. Durant cette même rencontre aura également lieu le tirage des bourses de la rentrée. Votre présence y pourrait donc être très avantageuse. La journée se terminera encore au BARUQAC, cette fois-ci avec un concert du jeune auteur-compositeur-interprète Phil Brach qui vous conduira dans un carambolage de styles musicaux intéressants.

    Pour le mercredi, on nous réserve un programme semblable à celui du mercredi. Sur l’heure du dîner sera servi du méchoui dans la cour intérieure et on pourra assister à une initiation et démonstration de la danse swing offerte par le groupe «Saguenay Swing» qui vient aussi de temps en temps pour démontrer son talent au BARUQAC. En après-midi, entre 16 heures et 19 heures aura lieu une activité mystère au BARUQAC. Il s’agira ici surtout d’une compétition amicale entre les différentes associations étudiantes. Si vous êtes curieux à savoir en quoi ces défis consistent et si vous voulez mieux connaître vos associations et leurs membres, ceci est l’occasion idéale pour se connaître davantage. La soirée se terminera dans le bar avec un concert du groupe Les Gouroux du Rock qui est un groupe de rock saguenéen rendant hommage aux sons des années soixante-dix avec leurs propres compositions énergisantes.

    Pour le jeudi, des pizzas, des ailes de poulet ainsi que des nachos seront servis lors de la rencontre des associations étudiantes à la cour intérieure qui est prévue pour 17 heures. En soirée aura lieu le premier party universitaire et il aura lieu le spectacle à ne pas manquer. Après Karkwa en 2009 et GrimSkunk en 2010, ce sont cette année Les Vulgaires Machins qui vous animeront pour le coût de seulement cinq dollars à partir de 22 heures 30 avec du rock alternatif québécois qui vous fera connaître la culture musicale de la belle province dont on se souvient.

    Les vendredis seront en majorité réservés pour digérer vos impressions et expériences.

    Venez en grand nombre et profitez de votre première semaine de la nouvelle année universitaire.

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  • Comme vous avez pu constater, j'ai mis quelques travaux universitaires en ligne qui ont tous été réalisés par moi-même ou des équipes dans lesquelles je me suis majoritairement impliquées entre 2009 et 2011 à l'Université du Québec à Chicoutimi. J'ai subdivisé mes travaux en trois catégories: géographie, histoire et pédagogie. Ces travaux ne serviront non seulement comme souvenirs personnels et professionels ou comme lectures intéressantes, mais aussi comme sources. Si vous voulez utiliser un de mes textes pour un de vos travaux de recherche, veuillez m'écrire un courriel avant de le faire. Je ne veux pas restreindre l'utilisation de mes textes, mais j'aimerais que mon nom soit marqué dans vos sources et que ma source soit utilisée dans le bon contexte. À part de cela, j'aimerais bien lire vos travaux finaux par pure curiosité pour élargir mon horizon en apprenant et faisant apprendre. Peut-être que mon petit site pourrait même contenir une section utile avec vos travaux et aider d'autres étudiants par la suite en élergissant le réseau, mais c'est libre à vous d'accepter mon idée et d'embarquer dans mon petit projet que j'ai commencé sur ce petit site-ci.

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    I.                   INTRODUCTION

     

    Mon travail de recherche porte sur le Tadjikistan, un pays méconnu en Asie centrale ayant éveillé mon intérêt après avoir lu par hasard un reportage sur ce pays. Ce travail est divisé en trois parties majeures: un complet historique général du pays et du Moyen Orient entier qui est nécessaire afin de comprendre la complexité des enjeux géopolitiques et problématiques ethnico-culturelles et idéologiques auxquelles le pays fait face, un volet portant un intérêt particulier au développement du Tadjikistan sous l’occupation russe et enfin une analyse détaillée de l’évolution du pays depuis son indépendance postsoviétique comportant une ouverture finale décrivant le Tadjikistan moderne.

     

    L’historique général du pays traite dans un premier temps les origines de l’identité tadjike et les différentes époques d’occupation qui ont forgé le pays jusqu’à nos jours. Cette partie aborde brièvement l’histoire des pays avoisinants les plus importants du Tadjikistan en distinguant ce dernier des autres nations.

     

    Ensuite suit une analyse plus détaillée de l’occupation russe et notamment de la République socialiste soviétique du Tadjikistan et son développement politique, géostratégique et économique ainsi que son importance pour Moscou. Cette partie décrit également les conditions des peuples turcophones et persanophones du pays à partir du règne de Staline.

     

     La dernière partie ayant un poids égal aux deux autres met l’accent sur l’évolution du pays suite à la fin du régime soviétique et se concentre sur les instabilités politiques au début des années 1990, la guerre civile du Tadjikistan entre 1992 et 1997 et la montée de l’islamisme dans le pays. Le personnage d’Emomalii Rahmon, officiellement président du Tadjikistan depuis 1994, joue un rôle important dans cette partie. Le travail décrit sa politique intérieure et extérieure de même que le nouveau mouvement nationaliste tadjik. Le travail se termine avec une courte analyse socioculturelle en jetant un regard sur la situation actuelle du pays en parlant notamment de l’influence islamiste, l’exode de la main-d’œuvre masculine et les conditions de vie des femmes dans ce pays souvent négligé par les études historiques, sociologiques et géopolitiques. Une estimation argumentée jugeant le futur proche du pays termine ce travail.

     

    II.                SURVOL DE L’ANTIQUITÉ ET DU MOYEN ÂGE AU MOYEN ORIENT AVEC UNE CONCENTRATION SUR L’HISTOIRE TADJIKE

     

    Étant peuplé depuis plusieurs millénaires avant Jésus Christ par un prototype des ethnies indo-iraniennes et iraniennes, le territoire actuel du Tadjikistan fit partie intégrante des grands empires qui se succédèrent entre le Moyen-Orient, l’Asie centrale et l’Inde comme les Empires perse, macédonien, seldjoukide et bactrien durant l’Antiquité et l’époque des grandes migrations eurasiennes. Ce n’est que sous la dynastie samanide régnant en Transoxiane et au Khorassan à l’époque du Moyen Âge et surtout au neuvième et dixième siècle après Jésus Christ suivant la conquête arabe du Moyen-Orient que la culture tadjike commença à se développer. Les dirigeants de l’Empire des Samanides s’intitulant émirs, mais dépendants formellement du califat des Abbassides, firent de leur capitale Boukhara et de la ville de Samarkand des cités florissantes et créèrent une structure étatique forte. La monnaie tadjike contemporaine en vigueur depuis octobre 2000 suite à la décision du président Rahmon de renforcer l’identité nationale tadjike, le somoni, est d’ailleurs nommée en honneur d’Ismail Samani, sous lequel l’Empire des Samanides connût sa plus grande apogée. Ce personnage a la réputation d’avoir fondé le premier État tadjik.[1] Il était un des premiers grands dirigeants issus de la région de la Transoxiane et avait unifié pratiquement tous les territoires peuplés de Tadjiks par ses conquêtes territoriales.[2] Selon les interprétations colorées des historiens proches du pouvoir actuellement en place au Tadjikistan, cette époque caractérisée comme l’âge d’or de l’histoire politico-culturelle étant symbolisée par la renaissance iranienne, un gouvernement relativement stable, une harmonie sociale basée sur une coexistence pacifique entre une conception séculière et religieuse au sein d’une population multiethnique est encore un exemple pour la quête d’une identité nationale contemporaine. L’époque sert à nos jours  en tant qu’enjeu politique pour la légitimation de l’État tadjik et de son président Rahmon.

     

    Vers le début du nouveau millénaire, le Moyen Orient entier devint une poudrière caractérisée par des multiples conquêtes, des gouvernements instables et des vagues migratoires et subdivisions ethnico-culturelles complexes. L’Empire des Samanides fut écrasé par une poussée des Qarakhanides, mais leur royaume occidental tomba à son tour dans les mains des Khorezmiens d’origine seldjoukide. Leur empire fut après peu de temps violemment conquis par l’Empire turco-mongol qui se défit ensuite en quatre khanats mongols dont le khanat de Djaghataï qui occupa une grande partie de la Transoxiane. La division des quatre khanats céda à son tour à l’Empire des Timourides qui fut fondé par le guerrier turco-mongol Tamerlan qui était né près de Samarcande et avec lequel la population en place pouvait s’identifier. En même temps, la région correspondant au Kirghizistan contemporain se fit peupler dès le quinzième et jusqu’à la fin du seizième siècle par les Kirghizes qui étaient un peuple nomade turcophone d’origine mongole ayant inné les valeurs islamiques et qui était majoritairement composé de sunnites ayant déjà été en place dans la région acquise par les Kirghizes migratoires. Le peuple s’était déplacé au fur et à mesure du nord du continent asiatique à travers la Sibérie vers le sud en quête de trouver un territoire stable ce qui fut perturbé par l’émergence et les querelles entre les nombreux empires en place et l’occupation russe par la suite. Tous ces facteurs firent disperser l’unité kirghize autant que l’unité tadjike à travers le continent entier allant de l’Iran jusqu’en Chine et les deux nations partagent ainsi encore à nos jours un sort comparable.

     

    Avec le début du Moyen Âge en Occident, la région du Tadjikistan contemporain tomba sous le contrôle d’une autre dynastie mongole, celle des Chaybanides qui prit le nom d’Ouzbeks en référence au prince mongol Özbeg qui devint ainsi le père fondateur de l’Ouzbékistan contemporain. Encore à nos jours, les régions ethniques tadjiks et ouzbèks se chevauchent au-delà des frontières étatiques ce qui crée d’ailleurs encore de nombreux problèmes identitaires originaires de cette époque bouleversante. La dynastie des Chaybanides fut dirigée par une multitude de khans qui régnèrent de façons distinctes tandis que la seule stabilité et le seul point en commun était l’émergence islamique qui eut une mainmise grandissante sur l’état. Elle limita l’hétérogénéité intellectuelle de la région ce qui mena à des révoltes au sein des différentes populations et même au sein des khans eux-mêmes. Le khan de Boukhara et Samarkand fut assassiné par son propre entourage ce qui mit une fin sanglante à la dynastie. Le khanat de Boukhara fut ensuite dirigé par les Djanides et devint la région la plus riche, la plus puissante et la plus peuplée des divers khanats. On peut parler d’une deuxième époque de stabilité et unité au sein du Tadjikistan. Ce ne fut pas le cas pour une bonne partie des tribus ouzbeks qui montèrent après cet assassinat et des défaites contre les Kalmouks vers le nord pour y former l’ethnie des Kazakhs, un terme qui peut se traduire par «les fugitifs».[3] Les Afsharides émergents conquirent le khanat des Djanides en 1740 et occupèrent l’ancien territoire perse au complet vers la fin du dix-huitième siècle. Mais leur fondateur, Nâdir Shâh, un stratège militaire expansionniste doué avec des idées progressistes voulant équilibrer et enfin unir les peuples sunnites et chiites, se heurta avec ses ambitions utopiques aux différentes mœurs religieuses et devint paranoïaque après un attentat raté initié par un de ses fils qui l’amena à procéder à des vastes purges jusqu’à ce qu’il ait vraiment été assassiné par ses propres généraux.[4] Sa mort entraîna des luttes pour le pouvoir interfamiliales sanglantes dont certains chahs profitèrent pour déclarer l’indépendance de leurs régions comme Ahmad Shâh Durrani qui devint ainsi le premier padishah d’Afghanistan et est à nos jours perçu comme le père de la nation afghane.[5] En même temps, les désirs d’indépendance se prononcèrent également parmi la population turkmène déchirée entre une multitude de petits empires émergents. Elle migrait constamment et assura sa survie économique au niveau du commerce des esclaves en effectuant des raids auprès des régions avoisinantes autour de l’oasis Merv où les ancêtres du peuple turkmène avaient déjà vécu depuis le deuxième millénaire avant Jésus Christ. Ce mouvement fut surtout intellectuel autour du chef spirituel et philosophe poétique Magtymguly Pyragy et autour de l’émergence et de la redécouverte d’histoires épiques nationales telles que l’épopée de Köroğlu qui furent plus valorisées par ce premier leader spirituel et ses successeurs.   

     

    La plupart du territoire tadjik tomba ensuite sous le contrôle des trois khanats ouzbeks. L’émirat de Boukhara fut contrôlé par les Manghit qui étaient des descendants des Mangudaï, une unité de la cavalerie légère de l’Empire mongol ayant colonisé des terres ouzbèks. Une autre partie du territoire était occupé par le khanat de Kokand, une région économiquement florissante constituée de paysans sous le statut officiel de vassalité chinoise qui fit d’importantes conquêtes territoriales, accorda l’asile à la bourgeoisie kazakhe qui chercha à se protéger contre l’expansionnisme russe et qui organisa bientôt des forces armées respectables qui menèrent des révoltes contre la Chine et l’émirat de Boukhara, notamment sous le règne agressif de Jahangir Khoja venant du Turkestan oriental du tribu Aq Tagh parmi les Khoja qui avait crée des milices multiethniques unissant pour la première fois des soldats paysans du Turkestan, Kirghizstan et Tadjikistan. Le troisième khanat ouzbek, celui de Kiva, un ancien pôle islamique majeur de la région, était culturellement, économiquement et militairement moins important que les khanats voisins, se situa majoritairement sur le territoire ouzbek et se détériora à cause d’un bon nombre de conflits régionaux qui déstabilisèrent encore une fois le Moyen Orient entier. Celui-ci poursuivit sa quête désespérée d’une époque stable telle qu’elle avait été vécue sous l’Empire des Samanides.

     

    III.             L’OCCUPATION RUSSE ET LA RÉPUBLIQUE SOCIALISTE SOVIÉTIQUE DU TADJIKISTAN

     

    Après la décision du tsar Alexandre II de rassembler les territoires conquis au fur et à mesure depuis le début de la deuxième moitié du dix-neuvième siècle en Asie Centrale sous le nom de Turkestan russe en 1867, le Tadjikistan ainsi que le reste de l’Asie Centrale se firent entièrement occuper étape par étape par le puissant voisin russe.[6] À partir de 1868, les Russes occupèrent la ville de Khodjent au bord du fleuve Syr-Daria dans la fertile vallée de Ferghana dans le nord du Tadjikistan étant connue en tant que l’ancienne Alexandrie Eskhate, l’Alexandrie ultime la plus reculée et fondée par Alexandre le Grand qui n’osa pas attaquer les tribus guerrières nomades vivant dans le nord de la ville. La chute du khanat de Kokand en 1873, la conquête du khanat de Bourkhara en 1876 et l’annexion des principautés du Pamir en 1895 marquèrent les étapes marquantes de l’expansionnisme russe.

     

    Les raisons ayant poussé les Russes à conquérir ces terres étaient purement économiques et stratégiques. Économiquement, le prix des fibres de coton monta en flèche à cause de la Guerre de Sécession et la Russie effectua une agriculture massivement concentrée sur le coton dans les nouvelles terres conquises. Stratégiquement, la Russie voulut se protéger contre la Compagnie anglaise des Indes orientales qui avait pris une extension jugée menaçante vers le début de la deuxième moitié du dix-neuvième siècle. Plus tard, la Russie chercha également à se protéger contre la montée de l’islamisme au Moyen Orient. La Russie tsariste autant que la Russie soviétique avaient également en vue d’acquérir éventuellement un accès direct à la mer Arabique ce que le pays ne réalisa pourtant jamais car il était incapable de conquérir complètement l’Afghanistan.

     

    La Russie ne rencontra que peu de rébellions, notamment dans les villes de Djizak, d’Istarawshan et de Samarkand lors de ses conquêtes territoriales. Les Russes restèrent distancés à l’égard des différentes ethnies en place et gardèrent des éléments substantiels des anciens régimes en place. Le sous-gouvernement local était de plus en plus fréquent tandis que certains émirs pouvaient garder leur autorité régionale. Les populations islamistes n’étaient pas reconnues en tant que citoyens russes et n’avaient pas les privilèges et le protectorat de la Russie tsariste, mais étaient en même temps relativement libres et épargnées des obligations telles que le service militaire russe. Les autorités tsaristes mirent en place plusieurs mesures hésitantes visant la propagation de la langue russe qui furent plus ou moins couronnées de succès à l’époque. La seule chose qui causa de véritables conflits durant cette phase d’occupation était le contrôle russe de la production et surtout de la distribution des cultures du coton. Généralement, les terres conquises par la Russie retirèrent des avantages de l’occupation tels que de nouvelles relations socioculturelles, des échanges commerciaux intensifiés, le développement de l’éducation, l’émergence des industries et la construction de chemins de fer qui amenèrent une puissante pulsion au développement socio-économique du Turkménistan russe.

     

    Ce sont les Révolutions russes de 1917 qui entrainèrent la région entière dans une féroce guerre civile de six ans qui opposa les Bolcheviks révolutionnaires avec leur Armée rouge aux Armées blanches formées de tsaristes, de partisans d’une monarchie constitutionnelle, de républicains ou encore de socialistes révolutionnaires. Beaucoup de réfugiés de guerre se retirèrent au Turkménistan russe afin de s’y organiser contre les forces bolcheviques ou afin de s’enfuir dans les pays voisins tels que l’Iran, l’Afghanistan ou la Chine.

     

    Le Tadjikistan fut découpé à plusieurs reprises lors de cette période sans que les puissances russes en place aient pris en compte la véritable répartition territoriale des différentes ethnies. Il devint une République autonome au sein de l’Ouzbékistan entre 1924 et 1929 et sa capitale fut placée dans le village de Douchanbé avant que la région soit devenue la République socialiste soviétique du Tadjikistan en 1929.[7] Joseph Staline n’était pas en mesure d’accorder un territoire et une organisation politique propre à chaque peuple de l’Asie Centrale et tenta donc d’assigner des frontières malaisées afin de supprimer d’avance de possibles mouvements indépendantistes. La politique centrale de Moscou oscilla entre la russification et l’encouragement de la culture nationale. L’afflux des Russes et autres Européens appartenant aux pays du bloc de l’Est provoqua la disparition de la langue tadjike comme langue d’enseignement cédant la place au russe. Ce n’est que durant les années 1970 qu’un bon nombre de philologues étudièrent les langues parlées en Iran et en Afghanistan et constatèrent que la langue tadjike n’avait non seulement échoué de se moderniser, mais qu’elle était en voie de disparition totale. Une révolution intellectuelle puisant dans la terminologie du farsi d’Iran et du dari d’Afghanistan modernisa la langue tadjike et des tensions politiques avec Moscou se firent sentir au cours de la décennie suivante qui mena à la Loi sur la langue de la RSS du Tadjikistan vers la fin de la Perestroïka.[8] Étant une des républiques les moins avantagées et importantes de l’Union soviétique, le Tadjikistan connut néanmoins un certain développement industriel basé notamment sur l’industrie légère et agro-alimentaire. La région devint connue pour la construction du barrage de Nourek entre les années soixante et les années quatre-vingt qui est encore le barrage le plus haut du monde à nos jours et qui suffit presque à la totalité des besoins de la République en électricité.[9] Ces avantages économiques n’empêchèrent néanmoins pas une montée de mécontentement de la population tadjike envers Moscou qui était proche d’anéantir complètement la culture tadjike, exploita radicalement les ressources naturelles ce qui eut des conséquences écologiques désastreuses causant des terres incultivables et des famines et devint politiquement de plus en plus instable. La politique de Glasnost et Perestroïka ouvrit la porte aux rébellions de Douchanbé en 1990 lors desquelles la république proclama sa souveraineté le 24 août 1990. Le 9 septembre 1991, le président du Parlement appelé Qadriddin Aslonov, après avoir interdit toutes les activités du Parti communiste en place, fit proclamer l’indépendance du pays avant que l’Union soviétique se soit écroulée définitivement vers la fin de la même année.

     

    IV.             LES DÉFIS DU TADJIKISTAN POSTSOVIÉTIQUE

     

    La joie de la nouvelle liberté ne durera pas longtemps. Seulement deux semaines après la proclamation d’indépendance, le gouvernement en place fut renversé par le conservateur Rakhmon Nabiyev, l’ancien secrétaire général du Parti communiste qui devint officiellement premier ministre le 24 novembre 1991. Mais ce retour en arrière fit éclater des combats entre les procommunistes soutenues par Moscou qui ne voulut pas entièrement perdre son rayon d’influence et les démocrates islamistes qui se radicalisèrent. Lorsque Nabiyev fit armer des milices de l’ethnie procommuniste Kouliabi, celle-ci tenta d’éradiquer les milices de l’ethnie islamiste de Pamiri et ce fut le début d’une guerre civile sanglante avec des légères tendances génocidaires. Cette guerre se déroula officiellement pendant cinq ans et un mois. Les communistes réussirent à repousser les démocrates islamistes organisés au sein du Centre de coordination des forces démocratiques ou du Parti démocratique du Tadjikistan, les nationalistes appelés Rastokhez, les séparatistes nommés Lal-i Badakshan et les islamistes des ethnies Pamiri et Gharmi organisées au sein du Parti de la renaissance islamique.[10] Des mouvements de guérilla se formèrent dans de divers exils et le Gorno-Badakhchan devint une province autonome dominée par les rebelles islamistes. Sous toutes ces pressions, Nabiyev abdiqua également et fut remplacé par Akbarsho Iskandarov, l’ancien porte-parole du soviet suprême. Après trois mois, des batailles pour la capitale Douchanbé provoquèrent l’absence définitive du gouvernement et le Tadjikistan se trouva sans présidence officielle pendant deux ans et plusieurs projets de rédaction d’une constitution échouèrent. Ce fut l’apogée sanglante de la guerre civile. Ce ne fut que lorsque les procommunistes reprirent leurs forces et qu’une intervention des Nations Unies en 1993 mit en place un cessez-le-feu fragile qu’une élection et un référendum se tinrent simultanément en novembre 1994. Ce fut Emomalii Charifovitch Rahmonov, un Kouliabi à la tête du gouvernement officieux depuis l’échec d’Iskandarov qui avait commencé sa carrière politique au sein du régime soviétique en matière d’économie et d’agriculture, qui prit le pouvoir et prôna la réconciliation nationale. À l’aide des Nations Unies, il rencontra les différentes forces rebelles à des endroits neutres tels que Moscou, Téhéran, Islamabad et enfin Almaty dans le but d’unir le pays et de créer une identité tadjike à l’image de l’Empire des Samanides. Ce n’était que grâce à l’intervention militaire continue des Nations Unies et surtout de la Russie qui craignit une poussée islamiste que le gouvernement kouliabi autour de Rahmonov fut en mesure de signer un accord de paix avec les forces rebelles le 23 décembre 1996 à Moscou qui ne fut officialisé que le 27 juin 1997. C’était la fin officielle de la guerre civile, mais plusieurs tensions et querelles eurent encore lieu et la paix sembla être peu stable. Peu à peu, les guérillas oppositionnelles décidèrent d’affronter le pouvoir en place par la voie politique au sein du gouvernement et non par la voie de la résistance armée et le terrorisme. Rahmonov gagna les élections présidentielles en 1999 et encore une fois en 2006 ce qui découragea certaines parties de l’opposition de s’impliquer politiquement et qui recoururent de nouveau à la violence sauf que ces actes eurent un moins grand impact car le gouvernement autour de Rahmonov avait profité du temps pour se stabiliser un peu plus. Malgré que l’opposition et les observateurs internationaux estiment que les élections aient pu être truquées, son règne continu amena finalement un certain niveau de stabilité politique au pays.

     

    Selon certains historiens, il y a aussi un autre point de vue à considérer que les conflits purement ethnico-religieux et idéologiques lorsqu’on parle de la guerre civile tadjike. Selon Jean-Luc Racine, «les camps en présence opposent moins des ethnies telles que les Ouzbeks, Tadjiks ou Pamiris encore une fois toutes subdivisées, que des groupes tadjiks localisés ayant des intérêts concurrents.»[11] Le pays étant devenu subitement un État de l’arrière-cour négligée par la politique internationale et largement sous-développé socio-économiquement fut également bouleversé par les nombreuses déclarations d’indépendance des pays avoisinants qui se firent presque simultanément et des fortes vagues migratoires. Selon les chiffres officiels, un demi-million de Tadjiks se réfugia à l’extérieur du pays durant la guerre et l’opposition triple même ce chiffre tandis que la multitude de la main-d’œuvre appartenant à des ethnies étrangères et minoritaires vivant au Tadjikistan se dépêchèrent de quitter le pays instable au plus vite ce qui créa une crise économique avec un taux de chômage atteignant durant les périodes les plus dures plus que cinquante pourcent.

     

    Les instabilités permanentes en Afghanistan n’amenèrent non seulement un mouvement islamiste plus fort dans le pays, mais également le développement d’un énorme trafic de drogues organisé par les Afghans à l’aide de paysans tadjiks appauvris n’ayant souvent pas le choix d’accepter à cultiver de l’opium afin de nourrir leurs familles. Malgré un contrôle plus sévère des frontières grâce au soutien des Nations Unies et surtout des États-Unis, la corruption fait toujours rage dans le pays appauvri et le trafic de drogues a même augmenté au cours des dernières années. En plus de cela, la géographie tadjike comportant des larges chaînes de montagnes abordant environ une frontière de 1400 kilomètres partagés avec l’Afghanistan est en faveur de la contrebande et difficile à sécuriser.[12]

     

    À cause de toutes ces instabilités, beaucoup de fermiers ou travailleurs urbains tadjiks partirent principalement travailler en Russie et abandonnèrent leurs familles au Tadjikistan qui dépendaient de leurs transactions monétaires souvent irrégulières. Certains hommes profitèrent de l’occasion pour tourner complètement le dos à leur patrie et s’installèrent de manière permanente en Russie et se marièrent souvent de nouveau. Ceci créa un manque de main-d’œuvre au Tadjikistan et une émancipation forcée des femmes qui effectuèrent ainsi les travaux de leurs maris exilés. Afin de suffire aux besoins fondamentaux, les enfants de ces nouvelles veuves tadjikes ne fréquentèrent plus régulièrement l’école afin d’effectuer des tâches agricoles. Mais il y a également un danger plus écologique pour l’agriculture tadjike. Les nombreux glaciers dans les chaînes Pamir et Trans-Alaï fondent progressivement ce qui résulte d’un réchauffement de la température moyenne annuelle d’un degré et demi durant seulement une décennie. L’approvisionnement en eau potable est ainsi menacé et l’eau insalubre cause déjà des maladies telles que le typhus, l’hépatite et la diarrhée dans les campagnes qui manquent de soins sociaux et médicaux. Des inondations et précipitations provoquant des glissements de terrain constituent un autre danger considérable.

     

    Tandis que le président Rahmonov souligne son désir de contrer tous ces problèmes par le renforcement de l’identité nationale tadjike en changeant son nom d’origine soviétique Emomalii Charifovitch Rahmonov en un Emomalii Rahmon plus tadjik, les adeptes du panturquisme ayant déjà mené une politique d’apartheid à l’égard de leurs congénères tadjiks dans la République de Boukhara qui fut seulement arrêtée par la révolution bolchevique nient l’existence d’une nation tadjike. Ceci est juste un exemple parmi tant d’autres que le pays est encore loin d’être uni et d’avoir résolu toutes les hostilités de la guerre civile.

     

    V.                CONCLUSION

     

    Pour en conclure, le Tadjikistan a toujours été une nation hautement dispersée à travers le Moyen Orient. C’est une nation qui avait été marquée par des forces impérialistes au niveau de la prospérité économique, l’émergence culturelle et la prépondérance de la religion au sein de l’état. Encore à nos jours, une grande partie du peuple tadjike et une bonne partie des villes historiques telles que Samarkand et Boukhara ne se situent pas sur le territoire tadjik et nuisent au rêve de l’identité nationale commune qui ne sera d’ailleurs probablement jamais reconnu par les minorités radicalisées. Les nombreuses ethnies différentes au sein du territoire actuel, les nombreux tadjiks exilés, une guerre civile longue et sanglante, une économie qui est une des plus faibles de l’ancienne Union soviétique et un territoire morcelé et difficile à gérer qui est également touché par des changements climatiques et problèmes écologiques profonds font du territoire tadjik et des nations avoisinantes subissant un sort comparable une poudrière comparable avec celle des Balkans en Europe durant le vingtième siècle. Il n’y a pas d’amélioration en vue car une forte poussée islamiste, un trafic de drogues de plus en plus accentué et une instabilité grandissante au Moyen Orient au sein des pays comme l’Afghanistan et l’Iraq constituent de nouvelles problématiques émergentes auxquelles la jeune république doit faire face. Le pouvoir gouvernemental est assuré par un régime jugé dictatorial par les observateurs internationaux orienté au système soviétique ainsi que par la présence des Nation Unies et particulièrement par le soutien militaire russe et par le soutien monétaire américain. Mais on ne peut pas parler d’une véritable autonomie, unité ou démocratie au sein du pays déstabilisé.

     

    Le risque que la situation au Tadjikistan se détériore est omniprésent, par exemple lorsque les Nations Unies quitteront l’Afghanistan qui exerce déjà une influence négative sur son jeune pays voisin ou lorsque la Russie perdra son intérêt à protéger le Tadjikistan à cause des nombreux autres enjeux politiques du pays ou encore lorsque le président Rahmon et son gouvernement subiront un putsch ou lorsqu’il décédera tout simplement. Il y a sans aucun doute encore un chemin très long et dur à faire avant que le pays puisse finalement obtenir la stabilité, l’unité et la reconnaissance internationale qu’il désire en grandes parties.

     

     

    Bibliographie

     

    Ouvrages généraux

     

    Auzias, Dominique, Jean-Paul Labourdette, Hervé Kerros et Patricia Chichmanov, Asie centrale : Kazakhstan, Kirghizistan, Ouzbékistan, Tadjikistan, Turkménistan, Paris, Nouvelles Éditions de l’Université, 313 pages et Nancy, Petit Futé, 2007 (réédition et actualisation en 2010), 366 pages.

     

    Balbi, Adriano, Abrégé de géographie, Paris, Éditions Libraire Jules Renouard, 1833, 1361 pages.

     

    Balencie, Jean-Marc et Arnaud de La Grange, Mondes rebelles : L'encyclopédie des acteurs, conflits & violences politiques, Paris, Éditions Michalon, 2001, 1677 p.

     

    Bosworth, Clifford Edmund, Les dynasties musulmanes, Arles (France), Actes Sud, collection Sinbad, 1996, 334 pages.

     

    Brechna, Habibo, Die Geschichte Afghanistans: das historische Umfeld Afghanistans über 1500 Jahre (en français: L’histoire de l’Afghanistan: l’entourage historique à travers 1500 ans), Zurich (Suisse), vdf Hochschulverlag AG, 2005, 448 pages.

     

    Erl, Stefan, Tadschikistan 1992-1997 – Ursachen und Verlauf einer menschlichen Tragödie (en français: Tadjikistan 1992-1997 – Causes et déroulement d’une tragédie humaine), Munich et Ravensbourg, GRIN Verlag, 2007, 52 pages.

     

    Gorshenina, Svetlana et Sergej Asbasin, Le Turkestan russe: une colonie comme les autres?, Éditions Complexe, Groupe Vilo, Paris, Édition de 2010, 548 pages.

     

    Henrard, Guillaume, Géopolitique du Tadjikistan : Le nouveau grand jeu en Asie centrale, Paris, Éditions Ellipse, 2000, 120 pages.

     

    Juneau, Thomas, Gérard Hervouet et Frédéric Laserre, Asie centrale et Caucase : une sécurité mondialisée, Saint-Nicolas, Les Presses Université Laval, 2004, 242 pages.

     

    Karam, Patrick, Asie centrale, le nouveau grand jeu : l’après- 11 septembre, Paris, Éditions L’Harmattan, 2002, 322 pages.

     

    Kaziev, Shapi Magomedovitch, Crash of tyrant: Nadir Shah, Makhachkala, Éditions Epoch, 2009, 416 pages.

     

    Louknitski, Pavel, Le Tadjikistan soviétique, Moscou, Éditions en langues étrangères, 1954, 246 pages.

     

    Schär, Philipp, Daniel Wunderli et Flavio Kaufmann, Die Wahrnehmung des US-amerikanischen Einflusses in den ehemaligen Sowjetrepubliken (en français: La perception de l’influence états-unienne dans les anciennes républiques soviétiques), Munich et Ravensbourg, GRIN Verlag, 2007, 76 pages.

     

     

     

    Périodiques

     

    Avioutskii, Viatcheslav, La crise du Tadjikistan, France, Hérodote – revue de géographie et de géopolitique, 1997, no. 84, pp. 145 à 176, 250 pages.

     

    Buisson, Antoine, Ismoil 1er et la dynastie des Samanides, des mythes fondateurs, France, Le Courrier des pays de l’Est, 2008/3, no. 1067, pp. 28 à 33, nombre de pages inconnu.

     

    Hohmann, Sophie, Sophie Roche et Michel Garenne, The changing sex ratios at birth during the civil war in Tajikistan: 1992-1997 (en français: Les rapports de sexe-ratio à la naissance durant la guerre civile au Tajikistan : 1992 – 1992), Bethesda, Maryland (National Institues of Health), International Journal of Biological Science, Ivyspring International Publisher, 2010, vol. 42, no. 6, pp. 773 à 786, nombre de pages inconnu.

     

    Racine, Jean-Luc, Le cercle de Samarcande: géopolitique de l’Asie centrale, France, Hérodote – revue de géographie et de géopolitique, 1997, no. 84, pp. 6 à 43, 250 pages.

     

    Rousselot, Hélène, Tadjikistan 2006 : Le grand jeu du Président, Paris, Le Courrier des pays de l’Est (la documentation française), 2007, no. 1059, pp. 175 à 186, nombre de pages inconnu.

     

    Rousselot, Hélène, Tadjikistan 2007 : Détérioration sociale malgré l’aide internationale, Paris, Le Courrier des pays de l’Est (la documentation française), 2008, no. 1065, pp. 160 à 169, nombre de pages inconnu.

     

     

     

    Sites Internet

     

    Affaires étrangères et Commerce international Canada, Centre d’apprentissage interculturel – Information culturelle sur le Tadjikistan, Ottawa, Canada, lien direct: http://www.intercultures.ca/cil-cai/ci-ic-fra.asp?iso=tj (consulté le 16 avril 2011).

     

     

     

    Leclerc, Jaques, L’aménagement linguistique dans le monde – Tadjikistan, Trésor de la langue française au Québec à l’Université Laval, 2011, lien direct:  http://www.tlfq.ulaval.ca/axl/asie/tadjikistan.htm (consulté le 17 avril 2011).

     

     

     

    Matériel audiovisuel 

     

    Von Nahmen, Alexandra, Tadschikistan, Rückzugsraum für Islamisten (en français: Le Tajikistan, retraite des islamistes), Berlin, Deutsche Welle, 2010, 9 minutes et 17 secondes.

     



    [1] Affaires étrangères et Commerce international Canada, Centre d’apprentissage interculturel – Information culturelle sur le Tadjikistan, Ottawa, Canada, lien direct: http://www.intercultures.ca/cil-cai/ci-ic-fra.asp?iso=tj (consulté le 16 avril 2011).

    [2] Buisson, Antoine, Ismoil 1er et la dynastie des Samanides, des mythes fondateurs, France, Le Courrier des pays de l’Est, 2008/3, no. 1067, pp. 28 à 33, nombre de pages inconnu.

     

    [3] Balbi, Adriano, Abrégé de géographie, Paris, Éditions Libraire Jules Renouard, 1833, 1361 pages. 

    [4] Kaziev, Shapi Magomedovitch, Crash of tyrant: Nadir Shah, Makhachkala, Éditions Epoch, 2009, 416 pages.

    [5] Brechna, Habibo, Die Geschichte Afghanistans: das historische Umfeld Afghanistans über 1500 Jahre (en français: L’histoire de l’Afghanistan: l’entourage historique à travers 1500 ans), Zurich (Suisse), vdf Hochschulverlag AG, 2005, 448 pages.

    [6] Gorshenina, Svetlana et Sergej Asbasin, Le Turkestan russe: une colonie comme les autres?, Éditions Complexe, Groupe Vilo, Paris, Édition de 2010, 548 pages.

    [7] Avioutskii, Viatcheslav, La crise du Tadjikistan, France, Hérodote – revue de géographie et de géopolitique, 1997, no. 84, pp. 145 à 176, 250 pages.

    [8] Leclerc, Jaques, L’aménagement linguistique dans le monde – Tadjikistan, Trésor de la langue française au Québec à l’Université Laval, 2011, lien direct:  http://www.tlfq.ulaval.ca/axl/asie/tadjikistan.htm (consulté le 17 avril 2011).

    [9] Louknitski, Pavel, Le Tadjikistan soviétique, Moscou, Éditions en langues étrangères, 1954, 246 pages.

    [10] Balencie, Jean-Marc et Arnaud de La Grange, Mondes rebelles : L'encyclopédie des acteurs, conflits & violences politiques, Paris, Éditions Michalon, 2001, 1677 p. 

    [11] Racine, Jean-Luc, Le cercle de Samarcande: géopolitique de l’Asie centrale, France, Hérodote – revue de géographie et de géopolitique, 1997, no. 84, pp. 6 à 43, 250 pages.

    [12] Von Nahmen, Alexandra, Tadschikistan, Rückzugsraum für Islamisten (en français: Le Tajikistan, retraite des islamistes), Berlin, Deutsche Welle, 2010, 9 minutes et 17 secondes

     

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    I.                   INTRODUCTION

    La Corée du Nord est un pays qui ne semble pas être de ce monde. Depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale suite à laquelle la péninsule coréenne fut libérée de l’occupation japonaise presque simultanément par l’Union soviétique dans le nord et par les États-Unis dans le sud et suite aux déclaration d’indépendance des deux parties en 1948 qui ne se reconnaissaient pas diplomatiquement et prétendaient être chacune le seul état coréen légitime, la Corée du Nord s’est davantage isolée. Suite au conflit fratricide de la Guerre de Corée entre 1950 et 1953 ayant mené à un armistice et pacte de non-agression et en 2007 historiquement à une déclaration de paix mais non à un véritable traité de paix, la création d’une zone démilitarisée et une profonde séparation des deux états coréens sont maintenues jusqu’à nos jours. La Corée du Nord a poursuivi une géopolitique agressive à l’exemple d’un régime sévèrement socialiste inspiré de l’idéologie staliniste où des provocations stratégiques et des fois même armées comme les récents essais nucléaires alternent avec des apaisements diplomatiques et concessions politiques comme les réunions de familles coréennes séparées. Le pays a ajouté sa propre touche idéologique à cette inspiration afin de définir sa souveraineté culturelle, idéologique et politique avec l’établissement du «juche» basée sur une société autonome sans classes et un culte de personnalité discipliné et fortement endoctriné autour du président éternel Kim Il-sung. Après son décès, la «politique de songun», développée par le fils et successeur Kim Jong-Il, accorde une importance énorme à l’autonomie militaire. La péninsule coréenne reste jusqu’aujourd’hui la poudrière de l’Asie de l’Est, un dernier vestige de la guerre froide et le dernier état séparé au monde.

    Le travail de session tente à mettre l’accent sur la géopolitique nord-coréenne en analysant ses origines, en dressant son développement historique et en caractérisant son état actuel par rapport au contexte global de l’Asie de l’Est à nos jours.

    II.                LA GUERRE EN CORÉE ET SES CONSÉQUENCES  

    Suite à l’occupation soviétique du nord de la péninsule libérée par les forces japonaises, Kim Il-Sung, s’étant retiré sur le territoire de l’Union soviétique après une courte période au sein de la guérilla et résistance anti-japonaise et s’étant ensuite hissé au sein de l’Armée rouge jusqu’au grade de commandant de division et ayant ainsi acquis la réputation d’un héros de guerre, retourna en Corée du Nord. Au début, il y revint en tant qu’employé et conseiller d’un possible futur commandant de la nouvelle capitale nord-coréenne Pyongyang, un rôle auquel Kim et un bon nombre d’anciens émigrants nord-coréens avaient été idéologiquement préparés par l’Union soviétique depuis un an. Le régime soviétique ne vit pourtant en les forces rebelles déjà en place à Pyongyang aucun partenaire à la hauteur de leurs attentes idéologiques et décidèrent ainsi de mettre le héros de guerre Kim Il-Sung au pouvoir. Il était un fidèle collaborateur du régime staliniste et une icône respectée parmi les autres émigrants en même temps. Selon Pierre Rigoulot, les documents de l’époque révèlent que le futur conflit coréen «fut entièrement préparé par le chef d’État stalinien de Pyongyang» et Kim semble avoir envoyé un total de 48 télégrammes concernant le feu vert de Moscou pour une attaque de l’armée du sud.[1] Celle-ci était peu nombreuse, mal équipée et délaissée par les Américains qui n’avaient pas jugé bon, selon l’analyse du secrétaire d’État Dean Acheson, d’inclure la Corée du Nord dans le périmètre de sécurité américain en Asie.[2] Ce n’était qu’en 1950 que Kim reçut le feu vert de Staline qui avait attendu que la guerre civile chinoise soit remportée par les forces communistes qui se mirent aussitôt à assurer une possible intervention au côté de la Corée du Nord lors d’une possible riposte américaine malgré des doutes de Mao qui «se laissa convaincre» par Staline.[3] Sous-estimant le danger d’un possible conflit car «une guerre ne serait pas à envisager pour le moment»[4], les États-Unis se firent surprendre par l’éclatement des hostilités débutant le 25 juin 1950. La Corée du Nord conquit Séoul trois jours plus tard et le pays entier à part d’une petite partie autour de Busan jusqu’en septembre 1950 avant que les Américains aient été en mesure de riposter. Les hostilités opposant les Nations Unis au Bloc de l’Est durant cette guerre par procuration se poursuivirent avec des conquêtes territoriales équilibrées menant à une guerre de position jusqu’au 27 juillet 1953. Les conflits causèrent la mort de près de quatre millions de militaires et civiles pour un résultat de conquêtes territoriales quasiment identiques à la situation initiale.[5]

    III.             À LA RECHERCHE D’UNE IDENTITÉ NORD-CORÉENNE  

    Tandis que la Corée du Sud signa un traité de défense mutuelle avec les États-Unis le premier octobre 1953 et que les États-Unis agrandirent leur périmètre de sécurité en instituant le 8 septembre 1954 l’Organisation du Traité de l’Asie du Sud-Est, la Corée du Nord resta engoncée dans son alternance entre fidélité et attraction entre Pékin et Moscou. En même temps, le pays préserva une approche indépendante sans adhérer à des organisations telles que le Conseil d’assistance économique mutuelle ou au Pacte de Varsovie ce qui était au début bien vu par les puissances occidentales qui jugèrent que le pays soit moins radical que ses confrères socialistes. La séparation ne devait être que temporaire, mais la réunification signifiait l’absorption d’un côté par l’autre que les deux parties ne voulaient pas subir et le statut quo fut ainsi maintenu.

    La Corée du Nord connut une croissance annuelle de l’industrie plus élevée que celle de la Corée du Sud avec près de vingt-cinq pourcent lors des dix premières années suivant la guerre et ce bond en avant devint connu sous le nom inspiré du cheval mythique coréen «Chollima». Le pays fut avantagé historiquement par le fait que la plupart des centrales électriques et complexes industriels avaient été construits sur le territoire de la Corée du Nord lors de l’occupation japonaise, politiquement par le soutien étroit des autres pays socialistes en ce qui concerne par exemple les réformes agraires, la nationalisation des grandes industries et la mise en place d’un système d’organisations en coopératives et géographiquement par le fait que la plupart des ressources minières étaient localisées dans le nord.[6] Pourtant, lorsque le bloc de l’Est initia officiellement une déstalinisation au vingtième congrès du Parti communiste d’Union soviétique suite à laquelle plusieurs crises et réorientations suivirent, la Corée du Nord connut des purges de plus en plus étendues qui tentèrent à renforcer la position de Kim Il-Sung en créant ainsi un système dynastique. Cette création d’un culte der personnalité créa des premières tensions entre la Corée du Nord et les autres pays socialistes. La stratégie de Kim Il-Sung trouva un premier point culminant avec l’application de la «Constitution socialiste» en 1972 qui prépara l’hégémonie mettant en place la succession de Kim Jong-Il à son père. La crise au sein des pays socialistes et surtout le fossé entre la Chine sous Mao et l’Union soviétique sous Khrouchtchev et ses successeurs firent ralentir l’essor économique de la Corée du Nord surtout à partir de la deuxième moitié des années 1960.

    IV.             EN QUÊTE DE LA RÉUNIFICATION ET D’UNE OUVERTURE 

    Concernant les relations diplomatiques, la Corée du Nord développa au début un véritable terrorisme d’État contre son voisin du sud incluant des enlèvements et attentats terroristes ainsi que l’envoi d’agents subversifs et d’équipes de guérilla afin de renverser le régime occidentalisé. Ce ne fut qu’après que le pays fit un pas hésitant vers la question de la réunification qui mena à la déclaration conjointe du 4 juillet 1972 entre les deux Corées. Les sept points principaux de la déclaration continrent la création de trois piliers de la réunification. Ceux-ci étaient l’indépendance, la paix et l’union nationale, l’interdiction d’utiliser de la force militaire et de porter des préjugés l’un envers l’autre, la mise en place des actions de coopération entre les deux pays, la coopération avec la Croix-Rouge, l’installation d’une ligne de communication directe entre les deux pays, la mise en place d’un Comité de coordination Nord-Sud et enfin le respect et l’attention particulière portés à cette déclaration conjointe.[7]  La Corée du Nord s’ouvrit ainsi envers une collaboration économique avec le voisin du sud en implantant des usines sud-coréennes dans le nord et aussi des rapprochements sociaux en lien avec l’organisation de retrouvailles pour des familles séparées. Lors des inondations de la Corée du Sud vers le milieu des années 1980 ou encore les pertes agricoles et famines en Corée du Nord vers la fin des années 1990, les deux pays s’aidèrent mutuellement. La Corée du Nord s’ouvrit également aux puissances occidentales lorsque Kim Il-Sung rencontra l’ancien président américain Jimmy Carter en lui promettant de cesser la production d’armes nucléaires en échange d’un soutien économique de la part des États-Unis. Mais lorsque les détentes diplomatiques s’accentuèrent de plus en plus, Kim Il-Sung décéda en 1994.

    V.                LE RÈGNE DE KIM JONG-IL ET LA CRISE DES ANNÉES 1990 

    Les années 1990 étaient une décennie difficile pour la Corée du Nord. Le bloc de l’Est s’effondra et le pays perdit ainsi le soutien d’un de ses alliés économiques, politiques et idéologiques avec l’Union soviétique. Celle-ci n’agissait qu’en tant que conciliateur diplomatique en cas de conflit, mais fut occupée par de nombreux conflits intérieurs. L’élite politique autour des deux Kim craignit que ces bouleversements puissent également affecter la nouvelle identité nord-coréenne et tandis que Kim Il-Sung accepta de s’ouvrir envers le monde occidental, son fils se basa sur l’isolement afin de préserver l’hégémonie et les valeurs de fidélité autour d’un culte de personnalité soutenue par une discipline staliniste endoctrinée par l’État. Il annula ainsi les efforts démontrés par son père lors des dernières années de sa vie. Aux bouleversements internationaux s’ajoutèrent les problèmes internes avec le décès de Kim Il-Sung auquel son fils succéda. Celui-ci était beaucoup moins énergétique, peu habile en matière diplomatique et politique et également peu soutenu au sein du parti dirigeant. Ces facteurs menèrent à un deuil national de trois ans durant lequel Kim Jong-Il chercha l’appui de son pouvoir au sein du militaire et géra une politique intérieure renfermée et encore plus endoctrinée afin de cacher ses habiletés réduites en tant que dirigeant charismatique. De mauvaises récoltes causées par des changements climatiques entrainant des phénomènes tels que les sécheresses, les inondations et les déforestations menèrent à une période de grande famine durant les dernières années de la décennie. Cette politique renfermée et la situation économique et humanitaire défavorable provoquèrent un exode nord-coréen lorsque de plus en plus de réfugiés nord-coréens s’échappèrent de leur pays en prenant des risques lors de véritables odyssées pour se réfugier notamment en Corée du Sud, en Chine ou même des fois dans les pays de l’Asie du Sud-Est. Cette vague migratoire ainsi que plusieurs témoignages permirent tranquillement à la communauté internationale de dresser une image de plus en plus négative de la Corée du Nord. À une «politique de rayon de soleil» de la Corée du Sud visant un apaisement et rapprochement envers la Corée du Nord suivit rapidement un régime plus strict et conservateur tandis que les États-Unis sous le règne de George W. Bush stigmatisèrent le pays comme une partie de l’«Axe du Mal». Tous ces événements géopolitiques firent en sorte que la Corée du Nord s’isola et s’appauvrit davantage en cherchant à défendre son intégrité par une politique visant l’intimidation à l’aide d’attaques militaires, d’essais d’armes de destruction massive et d’une montée de discours diffamatoires visant la Corée du Sud et ses principaux alliés diplomatiques. La Corée du Nord est ainsi encore aujourd’hui diplomatiquement coincée entre une dépendance des pays occidentaux afin de répondre aux besoins criants d’une population affamée et malade et une volonté fière et acharnée de vouloir garder son autonomie et son honneur à l’intérieur et à l’extérieur du pays.

    VI.             LA GÉOPOLITIQUE CONTEMPORAINE DE LA CORÉE DU NORD 

    À nos jours, la Corée du Nord se prépare à poursuivre son hégémonie avec la succession de Kim Jong-Un qui a fait une partie de ses études en Suisse et qui prendra la place de son père souffrant de diabète et selon des rumeurs aussi d’un accident vasculaire cérébral.[8] Malgré la chute du monde socialiste, une mondialisation accélérée des pays voisins tels que la Chine et la Corée du Sud et les dernières rebellions contre des régimes autoritaires au Maghreb et au Moyen-Orient, la Corée du Nord semble toujours rester indifférente à tous ces changements. Pourtant, le pays joue encore un rôle important dans la géopolitique contemporaine.

    En premier lieu, il faut évidemment mentionner la Corée du Sud. Les deux pays se sont prononcés pour une éventuelle réunification et de nombreux réfugiés nord-coréens et organisations sociales coréennes tentent de faire de la prévention auprès du pays isolé et si ce n’est qu’en envoyant des ballons avec des messages critiquant le régime staliniste à travers la frontière hautement surveillée. D’un autre côté, le statut quo a également des avantages pour Séoul car il justifie la présence militaire américaine sur leur territoire de laquelle le militaire sud-coréen bénéficie par rapport aux dépenses en matière de défense et au partage d’un savoir-faire de la puissance militaire la plus importante au monde. Lors d’une possible réunification, Séoul estime aussi que les coûts élevés d’une restructuration sociopolitique complète du nord, le nombre de réfugiés nord-coréens et le ralentissement économique pourraient nuire à l’image et le rôle de la Corée du Sud dans un monde globalisé et mondialisé. La Corée du Nord de sa part ne peut s’imaginer une réunification que sous la tutelle de leur régime actuel qui prendra ainsi une expansion vers le sud.

    En ce moment, la Corée du Nord est encore un pion stratégique pour la Chine dont celle-ci n’a pas l’intention de se départir et ceci non seulement parce que le pays sert comme zone de tampon entre le concurrent économique sud-coréen et la présence militaire américaine jugée trop présente. La Chine protège le pays isolé contre la stricte application des sanctions internationales et fournit de l’aide alimentaire autant que des ventes d’armes et de technologie nucléaire. Les deux pays entretiennent une relation économique mutuellement bénéfique et le commerce bilatéral s’est soldé à 2,8 milliards de dollars en 2008 ce qui signifie une augmentation près de quarante pourcent par rapport à l’année précédente. Mais contrairement à l’opinion populaire, la Chine profite également de ces ententes. Elle s’est par exemple vue attribuer la gestion de plusieurs installations portuaires nord-coréennes. Pourtant, l’apparition de rapports confidentiels ayant vu le jour en lien avec les dévoilements de «wikileaks» selon lesquels la Chine pourrait s’imaginer une réunification coréenne sous la gouvernance du sud montre que la relation dite harmonieuse et forte entre les deux pays est en train de se fissurer. Le nouveau leader économique de l’Asie semble également progressivement se désengager de son partenariat stratégique avec Pyongyang qui est devenu trop encombrant et nuisible à l’émergence pacifique de Pékin.[9] Mais la Chine est devenue le partenaire économique principal pour la Corée du Nord et le seul défenseur ardent du pays et sa stabilité politique, sociale et économique dépend énormément du grand voisin.

    Le Japon a une mauvaise perception de la Corée du Nord car celle-ci n’hésite pas d’effectuer ses essais de lancements de missiles par-dessus les eaux et îles du territoire japonais et vu que celle-ci a également kidnappé un total de dix-sept Japonais afin de former des espions nord-coréens et enrichir culturellement la propagande staliniste.[10] Le Japon se prononce aussi contre une réunification à l’exemple allemand des deux états coréens pour des raisons purement économiques en craignant que la Corée pourrait se classer ainsi au huitième rang économique mondial d’ici 2050 ce qui est soutenu par une étude de Goldman Sachs.[11] Pour le régime nord-coréen, le Japon est encore perçu comme une menace impérialiste ayant humilié le peuple coréen et les deux régimes n’entretiennent des relations diplomatiques qu’à l’aide de l’intervention chinoise.

    Les États-Unis, diffamés par la propagande agressive de la Corée du Nord qui ne s’approche de l’ennemi impérialiste que sous condition d’aides économiques et infrastructurelles notables, vise la lutte contre la prolifération nucléaire, la dénucléarisation du pays et l’ouverture de discussions bilatérales à ce sujet au sein d’un processus de négociation à six et notamment avec la Chine. Le scénario idéal des États-Unis semble être le soutien de la Chine d’un coup d’État nord-coréen impliquant ensuite également l’intervention américaine afin de justifier leur future présence continue en Corée. En éliminant le régime staliniste, les États-Unis aimeraient voir le remplacement du régime en place par une nouvelle dictature temporaire dans le but de démocratiser le dernier vestige de la guerre froide, de se débarrasser des ambitions nucléaires du pays et d’atteindre enfin une nouvelle ouverture vers le monde à l’exemple contemporain de la géopolitique chinoise. Sachant que ces buts restent utopiques, les États-Unis ont pourtant accepté le statut quo et profitent du prétexte de la crise coréenne pour maintenir des forces armées en Corée du Sud et au Japon pour former une ceinture militaire face à une Chine aux aguets.

    VII.          CONCLUSION 

    Malgré les déclarations internationales soutenant une possible réunification coréenne, la plupart des pays profitent du statut quo actuel malgré les périodes de tensions et de détentes qui s’enchaînent de façon sinusoïde auxquels les parties impliquées se sont bizarrement habituées. La Corée du Nord tente à garder à tout prix son autonomie archaïste, la Corée du Sud préserve le soutien militaire de la puissance mondiale américaine tout en continuant à progresser économiquement, la Chine continue à grandir dans le rôle de conciliateur et évite de possibles changements profonds au sein de ses pays voisins qui pourraient perturber l’émergence de l’Asie de l’Est, les États-Unis continuent à justifier leur présence militaire en Asie tout en observant et influençant doucement à leur avantage l’essor économique et géopolitique de la région et le Japon est encore débarrassé de la crainte d’une possible émergence d’une force économique unie entre les deux Corées. L’Asie de l’Est embrasse le changement et la prospérité de la mondialisation tandis que le régime de la Corée du Nord se plaît dans son rôle d’état rebelle, têtu et unique qu’il maintient avec une persévérance aveugle malgré que les anciens alliés comme la Russie et la Chine ou les pays sous le joug d’une dictature comparable telle que la Libye s’adaptent à un monde moderne et globalisé. Si la Corée du Nord n’avait pas encore changé d’un pouce son idéologie, c’est qu’elle ne prévoit pas de changer quoiqu’il soit à moins que ce soit un jour par l’influence peu probable d’une force extérieure qui devrait pourtant hésiter à faire ce pas radical contre un pays possédant autour de six ou sept bombes nucléaires selon les dernières estimations.

    Il n’y a qu’une solution possible pouvant entrainer des changements majeurs dans ce statut quo. Ce sera une révolution à l’intérieur du régime staliniste venant non des militaires et politiciens prospères, mais des travailleurs, paysans et prisonniers nombreux mourant de faim. En attendant ces changements, la Corée du Nord célèbre la quatre-vingt-dix-neuvième année du Juche et se prépare à continuer l’hégémonie staliniste.


    BIBLIOGRAPHIE

    1.      ASSOCIATION D’AMITIÉ FRANCO-CORÉENNE (2009) : «La puissance économique d’une Corée réunifiée pourrait dépasser celles de l’Allemagne et du Japon», lien direct  sur «KOREA IS ONE»: http://www.korea-is-one.org/spip.php?article3184

    2.      BÉSANGER, Serge (1996): «Le défi chinois», Éditions Alban, Roissy-en-France (Paris), France, p. 375

    3.      CHARVIN, Robert et Guillaume Dujardin (2010): «La Corée vers la réunificatione», Éditions L’Harmattan, Paris, France, p.118

    4.      CHAUTARD, Sophie (2006): «L’indispensable de la géopolitique», Éditions Studyrama, Levallois-Perret (Paris), France, p. 295

    5.      COURMONT, Barthélémy (2008): «L’autre pays du matin calme: les paradoxes nord-coréens», Éditions Armand Colin, Paris, France, pp. 9

    6.      FALLETTI, Sébastien (2010): «L’ahurissant royaume des Kim» dans le magazine «Le Point», numéro de janvier 2010, Holding Artémis, Paris, France

    7.      HAUTER, François (2008): «Les captives étrangères de la Corée du Nord» dans le journal «Le Figaro», numéro du 21 avril 2008, Éditions Socpresse, Groupe Dassault Communication, Paris, France

    8.      KBS World Radio (2011): «La Corée du Nord de A à Z», Séoul, Corée du Sud, lien direct (consulté le 17 avril 2011) : http://world.kbs.co.kr/french/event/nkorea_nuclear/general_01.htm

    9.      RIGOULOT, Pierre (2000): «Un si beau dimanche à Séoul», SA Sophia Publications, Paris, France, Revue «L’Histoire» No. 244, juin 2000, p. 18-19

    10.  SIMMONS, Walter (1950), Article du 14 juin 1950 dans le Chicago Tribune, Tribune Company, Chicago, États-Unis

    11.  SOUTY, Patrick (2002): «La guerre de Corée, 1950-1953: guerre froide en Asie orientale», Presses Universitaires de Lyon, Lyon, France, p. 212



    [1] RIGOULOT, Pierre (2000): «Un si beau dimanche à Séoul», SA Sophia Publications, Paris, France, Revue «L’Histoire» No. 244, juin 2000, p. 18-19

    [2] CHAUTARD, Sophie (2006): «L’indispensable de la géopolitique», Éditions Studyrama, Levallois-Perret (Paris), France, p. 295

    [3] BÉSANGER, Serge (1996): «Le défi chinois», Éditions Alban, Roissy-en-France (Paris), France, p. 375

    [4] SIMMONS, Walter (1950), Article du 14 juin 1950 dans le Chicago Tribune, Tribune Company, Chicago, États-Unis

    [5] SOUTY, Patrick (2002): «La guerre de Corée, 1950-1953: guerre froide en Asie orientale», Presses Universitaires de Lyon, Lyon, France, p. 212

    [6] KBS World Radio (2011): «La Corée du Nord de A à Z», Séoul, Corée du Sud, lien direct (consulté le 17 avril 2011) : http://world.kbs.co.kr/french/event/nkorea_nuclear/general_01.htm

    [7] CHARVIN, Robert et Guillaume Dujardin (2010): «La Corée vers la réunificatione», Éditions L’Harmattan, Paris, France, p.118

    [8] FALLETTI, Sébastien (2010): «L’ahurissant royaume des Kim» dans le magazine «Le Point», numéro de janvier 2010, Holding Artémis, Paris, France

    [9] COURMONT, Barthélémy (2008): «L’autre pays du matin calme: les paradoxes nord-coréens», Éditions Armand Colin, Paris, France, pp. 9

    [10] HAUTER, François (2008): «Les captives étrangères de la Corée du Nord» dans le journal «Le Figaro», numéro du 21 avril 2008, Éditions Socpresse, Groupe Dassault Communication, Paris, France

    [11] ASSOCIATION D’AMITIÉ FRANCO-CORÉENNE (2009) : «La puissance économique d’une Corée réunifiée pourrait dépasser celles de l’Allemagne et du Japon», lien direct  sur «KOREA IS ONE»: http://www.korea-is-one.org/spip.php?article3184

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