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    Le présent travail est une analyse réflexive du colloque de l’adaptation scolaire et sociale organisé principalement par l’Université du Québec à Chicoutimi. J’ai suivi ce colloque dans le cadre du cours «Approches pédagogiques». Il s’est déroulé le 8 avril 2011 à l’hôtel «Le Montagnais» à Chicoutimi. La thématique du colloque de cette année était «L’école, les parents et la communauté… des alliés privilégiés». Après un accueil chaleureux et une conférence d’ouverture, les participants se séparaient pour suivre une conférence en avant-midi et une autre conférence en après-midi. Celles-ci étaient elles-mêmes séparées par un excellent dîner avant que cette journée éducative se soit terminée avec un petit résumé audiovisuel de la journée et des prix de présence.

                J’aimerais concentrer mon travail réflexif sur les deux conférences que j’ai choisi de suivre. Lors de notre inscription au colloque, nous avions eu le choix entre dix conférences différentes et nous pouvions marquer nos trois préférences pour l’avant-midi et l’après-midi. J’ai réussi à obtenir mes premiers choix. En avant-midi, j’ai suivi une conférence sur «La prévention de la toxicomanie chez les jeunes» et en après-midi, j’ai participé à l’atelier intitulé «La collaboration école, famille et communauté».

                Le premier atelier «La prévention de la toxicomanie chez les jeunes» présentait l’organisme «Tandem Lac-Saint-Jean-Est» ainsi que le «Programme Mosaïque» qui œuvrent dans la commission scolaire du Lac-Saint-Jean et qui sont d’origine almatoise. Le premier organisme vise un soutien communautaire qui a pour but d’offrir aux jeunes entre douze et trente ans ainsi qu’à leurs parents des services d’information, d’aide psychosociale et de référence correspondants à leurs besoins. Le deuxième programme fait de la prévention des toxicomanies auprès des élèves tout en offrant du soutien, des pistes et des résolutions aux élèves et également parents. Ce programme œuvre directement auprès de la dernière année des écoles primaires de la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean ainsi qu’au sein de la totalité des classes aux écoles secondaires avec le slogan «La prévention, c’est l’affaire de tous».

                Le «Programme Mosaïque» est mobilisateur et fait de la promotion des saines habitudes de vie et de comportements à risque en lien avec la toxicomanie, mais aussi les jeux de hasard et d’argent. En utilisant l’approche «École en santé», le programme s’inspire des pratiques novatrices et reconnues en matière de promotion de la santé. Les objectifs du programme sont divers. On vise notamment à responsabiliser le jeune face à sa réussite personnelle. On favorise le développement de compétences personnelles et sociales, la promotion de saines habitudes de vie, le renforcement de la capacité des jeunes à faire des choix éclairés et l’adoption de comportements sains et sécuritaires tout en favorisant également l’implication des jeunes et des parents. Cela se fait en établissant un lien personnel entre le jeune et les éducateurs en prévention des toxicomanies afin de diminuer l’incidence de problèmes d’adaptation engendrés lors du passage entre l’école primaire et l’école secondaire en promouvant également les services d’aide pour les jeunes et les parents et en améliorant enfin l’accessibilité et le suivi des jeunes dans un contexte de soutien accompagnateur.

                Trois ateliers s’adressent à la clientèle de l’école primaire. Un premier atelier ayant lieu au mois de novembre dans les classes de la sixième année est intitulé «À la découverte de mes passions». Il vise à renforcer l’estime de soi des jeunes élèves tout en créant une autoévaluation de leur part à travers une création plastique favorisant les présentations et échanges entre les élèves eux-mêmes ainsi qu’entre les élèves et leurs parents. Des sujets tels que la famille, les amis, les enseignants, la mode, les médias, la publicité, les vedettes, les lois et les adultes en lesquels les élèves ont confiance ainsi que leurs goûts et besoins uniques sont touchés. Un deuxième atelier ayant lieu au mois de mars ou au mois d’avril s’intitulant «La résistance aux pressions et la gestion du stress»  recherche encore plus de renforcer l’estime de soi des élèves. Il présente des techniques de résistance et des mesures à prendre contre le stress telles que l’alternative, le changement de groupe, l’excuse, l’humour, le perroquet, l’indifférence, la recherche d’alliés, l’inversion des rites ou simplement la force d’oser dire des vraies choses. On montre aux élèves les lieux et situations à risque concernant l’initiation à la consommation. Un troisième et dernier atelier à l’école primaire se déroule en mai ou en juin et porte le titre «À ma nouvelle école, je connais mes alliés». On y parle notamment d’activités d’intégration au secondaire et fait la promotion des services et des activités disponibles à la nouvelle école. Le programme tente de stimuler l’implication des élèves dans les activités proposées à cette nouvelle école afin de créer un lien significatif entre les élèves et l’éducateur en prévention des toxicomanies sur place aux nouvelles écoles. On tente également de préparer les élèves à un possible choc lorsqu’ils seront de nouveau tout à coup les plus jeunes et peut-être les plus déstabilisés à la nouvelle école. Le programme suggère comment maîtriser ce nouveau rôle.

                À l’école secondaire, un total de cinq ateliers plus un atelier spécial sur le bal des finissants sont organisés par le «Programme Mosaïque». L’atelier de la première année de l’école secondaire s’intitule «Le pouvoir de l’activité physique». Il renseigne sur les habitudes de vie saines et néfastes et parle des expériences et influences de substances toxicomanes sur les activités physiques. Dans un cours d’éducation physique, les intervenants en toxicomanie font des expériences avec les élèves en parlant des facteurs stimulants, dépresseurs ou perturbateurs que certaines drogues peuvent avoir. Le facteur stimulant est représenté par une musique rythmée et un éclairage de «black light», le facteur dépresseur par une musique lente et un éclairage tamisé et le facteur perturbateur est enfin suggéré par une marche sur une musique déstabilisante et une lumière de stroboscopes. Le deuxième atelier se déroulant une année plus tard s’appelle «La consommation de drogues et ses conséquences» et met au centre des activités la thématique des changements physiques et émotionnels des adolescents dans la puberté. On présente les raisons pour lesquelles les jeunes cherchent un recours aux drogues lors de cette période de leur vie. On informe les élèves sur des différentes catégories de drogues et leurs particularités. Le troisième atelier portant le nom «Toxicomanie: le prix à payer» se déroule au sein d’un cours de sciences et technologie. Les élèves réalisent ensemble avec leur enseignant et les intervenants des recherches scientifiques sur la composition de certaines drogues. Un film intitulé «Cerveau en tête» est également visualisé et discuté. Le quatrième atelier s’appelle «Le pouvoir de tout changer» et parle notamment des dangers de l’alcool au volant lorsqu’un bon nombre d’élèves s’approchent de l’acquisition de leur permis de conduire. L’activité principale se déroule dans un cours d’éthique (et culture religieuse) et on y visionne des témoignages et documentaires sur des victimes d’accidents de voiture en lien avec un conducteur à conditions affaiblies ayant pris de l’alcool. Le but de l’atelier est de bouger et même choquer les élèves et de semer des graines pour les responsabiliser face à leurs attitudes et celles de leur entourage face à la conduite à conditions affaiblies. Le cinquième atelier se déroulant lors du cinquième secondaire s’intitule «Coûts et bénéfices» et cherche encore à développer le sens critique des élèves en provoquant des débats et jeux de rôle au sein du cours d’éthique (et culture religieuse). Le sixième et dernier atelier a lieu peu avant le bal des finissants et s’intitule logiquement «Le bal et l’après-bal des finissants». À l’aide de lunettes simulant une marche à facultés affaiblies et idéalement également à l’aide d’interventions de policiers, de travailleurs de rue et des intervenants en toxicomanie, on essaie de dresser un portrait global alarmant des risques en lien avec la conduite à facultés affaiblies.

                Selon moi, cet atelier était très informatif et inspirant. J’avais moi-même vécu deux de ces ateliers lors de mon passage en cinquième secondaire et je me rappelle d’une vidéo choquante sur le destin d’une fille nommée Jacqueline Saburido (remarque: à voir sur internet à vos propres risques) qui était victime d’un accident de voiture lorsqu’un jeune conducteur à facultés affaiblies était entré en collision avec la voiture de l’amie de la fille. Deux personnes sont mortes sur le coup, deux personnes ont subi des blessures mineures tandis que Jacqueline Saburido avait un corps brûlé et gravement défiguré après un feu qui avait éclaté dans la voiture. L’image de la fille m’a hanté pendant plusieurs semaines et je m’en souviens à chaque fois que j’entends parler d’un accident de voiture avec de l’alcool au volant. Je trouve qu’il est important que des organismes tels que «Mosaïque» et «Tandem» existent car de plus en plus d’élèves consomment de plus en plus jeunes. J’aimerais ainsi suggérer de répandre le programme encore plus au sein des écoles primaires. Il serait aussi intéressant de faire de la prévention aux écoles des adultes et au sein des cégeps afin d’accompagner les jeunes jusqu’à l’âge adulte. Le nombre d’accidents à facultés affaiblies est par exemple particulièrement haut au Saguenay-Lac-Saint-Jean et en tant que piéton, il arrive fréquemment que je vois des voitures rouler à des vitesses exagérées. Les conducteurs sont souvent jeunes et immatures, font des gestes obscènes aux piétons et accélèrent volontairement lorsqu’un piéton croise la rue au loin. Malheureusement, ceci n’est pas un préjugé, mais un fait fondé sur de nombreuses expériences acquises par mes amis, ma petite amie et moi-même. Il y a quelques semaines, j’ai également été témoin d’un accident causant deux morts sur le boulevard Talbot qui avait été causé par un conducteur qui avait dépassé le taux d’alcool permis dans le sang. J’avais vu les réanimations sans succès du conducteur par des ambulanciers sur place et l’événement m’a touché et inquiété. Toutes ces expériences ont fait en sorte que j’ai porté une attention particulière à cet atelier et particulièrement sa dernière partie. Le fait d’avoir connu beaucoup de bons amis qui ont pris des drogues douces qui ont influencé à long terme leurs comportements sans que j’aie été capable d’intervenir efficacement m’a également inspiré à devenir enseignant et de m’impliquer surtout au niveau social et comportemental des jeunes. Cet atelier m’a donné des pistes et inspirations que j’avais recherchées depuis longtemps. En tant qu’enseignant, il est certain que je soutiendrai ces organismes plus tard et je serais prêt à collaborer avec eux en espérant que les deux organismes offriront un jour leurs services sur l’ensemble du territoire québécois.

                Le deuxième atelier sur «La collaboration école, famille et communauté» auquel j’ai pu assister en après-midi a également été particulièrement intéressant et avait bien complété le témoignage lors de l’ouverture du colloque à mon avis.

    La conférencière a commencé son atelier en parlant de la communauté qui devrait créer un partenariat avec les écoles et les familles afin d’agir de façon simultanée à l’intérieur et à l’extérieur de l’école. Ceci implique tous les acteurs concernés et vise l’actualisation des ressources et des compétences de chaque partie. Il s’agit aussi d’un processus en apprenant à travailler ensemble et à mettre en valeur ce que chaque partenaire peut apporter de positif dans la relation. Les éléments essentiels de ce partenariat sont parmi tant d’autres le leadership des acteurs incluant la vision commune, le travail d’équipe, l’élaboration de plans d’action, le financement communautaire ou le développement progressif d’un réseau de connections ainsi que la formation et le développement professionnel. Avec ces bases, le partenariat doit relever des défis tels que l’ouverture du milieu scolaire à la communauté, la disponibilité des ressources humaines, l’organisation structurée et équitable du partenariat, la gestion du partage des ressources matérielles et financières et aussi le déplacement des professionnels.

                En ce qui à trait à la famille, celle-ci a des effets influençant la réussite des jeunes. La cohésion familiale, le niveau de scolarité des parents, les attitudes de ceux-ci envers l’école, les enseignants ou le programme de formation ainsi que les attentes, motivations et aspirations de la part de la famille envers les enfants jouent un rôle déterminant dans le passage du jeune élève à l’école primaire et secondaire. Des petits gestes réguliers et standardisés tels que la perception des qualités de l’enfant, le niveau de la communication parlée et écrite avec les enfants, l’inclusion de pratiques éducatives dans la vie privée, le niveau des supports affectifs et les interactions quotidiennes jouent énormément sur les performances, les attitudes et la stabilité émotionnelle, intellectuelle et sociale du jeune.

    C’est pour cette raison-là que l’enseignant ou l’entière équipe-école en général doit collaborer avec les parents si le succès de leurs élèves leur tient à cœur. La conférencière nous mentionne ainsi les six types de participation d’Epstein de la part des enseignants envers la communauté et les familles de leurs élèves. Ces six types incluent le rôle de l’enseignant à aider les familles dans le rôle parental au besoin, à renforcer la communication, à s’investir dans le bénévolat, à chercher à approfondir l’implication d’apprentissages éducatives à la maison suggérés par l’enseignant lui-même, à réaliser l’inclusion des parents dans les prises de décision scolaires les plus importantes et à développer la collaboration des enseignants avec les parents au sein de la communauté. Des méthodes probantes visant à s’approcher le plus possible des familles incluent des actions telles que rejoindre les parents où ils sont ou les inviter à rejoindre les enseignants et les élèves sur place pour que surtout les parents puissent se faire une idée de l’enseignement. Les enseignants devraient ainsi ouvrir des horizons et des portes, valoriser les parents dans leurs forces, talents et compétences particuliers, adapter leurs horaires et disponibilités aux réalités des familles et transmettre des informations positives sur les élèves non seulement à l’école, mais aussi par téléphone ou en se rendant directement aux domiciles familiaux. Un exemple concret d’une de ces pistes possibles pourrait être la création d’un premier contact avec les familles de la part de l’enseignant quelques jours avant le début de l’année scolaire afin de créer une bonne relation de base et afin de démontrer sa motivation, son implication et sa polyvalence.

                 À la fin, la conférencière donne trois exemples pertinents par rapport à des initiatives visant la collaboration entre l’école, la famille et la communauté. Chacune des trois initiatives vise surtout une intervention auprès les milieux défavorisés. La premier s’intitule «FECRE», ce qui signifie «Famille, école, communauté, réussir ensemble». Elle vise autant les élèves du préscolaire et de l’école primaire que ceux de l’école secondaire et donc une clientèle entre environ deux et douze ans. Elle cherche à développer une communauté éducative et inclut plusieurs étapes comme le portrait de la situation, une analyse approfondie, l’élaboration d’un plan de réussite qui est accompagné d’un suivi et qui mène enfin à une évaluation diversifiée. Une deuxième initiative portant l’abréviation «PAELE», qui signifie «Programme d’aide à l’éveil à la lecture et à l’écriture», est très semblable, mais vise plutôt un plan d’actions sociales de l’ensemble de la Municipalité régionale de comté qui remplace le simple plan de réussite. La clientèle est ici beaucoup plus jeune et ne va généralement que jusqu’à l’âge de cinq ans. Le dernier exemple porte l’abréviation «SIAA» et signifie donc «Stratégie d’intervention «Agir autrement»». Elle est très semblable à la première initiative et vise les mêmes mesures ainsi que la même clientèle. Elle voit pourtant même un peu plus large en s’adressant à l’ensemble de la clientèle des écoles primaires et secondaires. Cet accompagnement va donc jusqu’à l’âge adulte des élèves. Cette initiative tente de transmettre des pratiques visant la réussite scolaire de tous les élèves.

                Selon moi, cet atelier m’a surtout permis de voir l’enseignement de plus en plus large. Il m’a ouvert l’horizon par rapport à l’interdépendance de l’école, de la famille et de la communauté. L’atelier a vraiment démontré que la vocation d’un bon enseignement va beaucoup plus loin que le travail à l’intérieur de la communauté scolaire et vu que je m’intéresse surtout au côté social de l’enseignement, l’atelier a réussi à me donner plusieurs pistes et inspirations qui me serviront sans aucun doute déjà lors des prochains stages et dans un avenir proche lorsque j’exercerai le métier d’enseignant. Je pense qu’une telle dynamique décrite de nombreuses fois lors de cet atelier dépend pourtant non seulement de l’implication des enseignants qui peuvent facilement être débordés par les tâches, mais surtout des visées de l’école, de la collaboration entière de l’équipe-école et du leadership essentiel de la direction. Ceci m’inspire à m’impliquer plus à ce niveau-là et à choisir ma future école également par rapport à l’engagement de sa direction afin d’y pouvoir appliquer entièrement ma vision sociale de l’enseignement.

                En tout, les deux ateliers m’ont vraiment apporté de belles réflexions qui me seront utiles dans le futur. C’est la première fois que j’ai suivi un tel colloque et je suis convaincu que ce n’était pas la dernière fois. D’ailleurs, je suivrai un colloque vers la fin de cette session-ci et probablement un autre à Trois-Rivières au mois d’août car je pense que ce genre d’événement peut m’apporter de nouvelles informations pertinentes ainsi que des inspirations engagées lorsque j’effectue des choix aussi réfléchis que cette fois-ci pour les conférences à suivre qui ont entièrement été à la hauteur de mes attentes. En dernier, je tiens à remercier les organisateurs de cet événement au plaisir de suivre un autre atelier de ce genre au cours de la prochaine année scolaire. 

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    1. Introduction

     

    À partir de la fin de la Première Guerre mondiale jusqu’à la fin de ce que l’on appelle la Grande Noirceur qui couvre la période du deuxième mandat du premier ministre québécois Maurice Duplessis de 1944 jusqu’en 1959, la province du Québec était à l’avènement de changements moraux, sociaux et économiques tout en essayant de plus en plus de protéger de manière conservatrice la survie des valeurs traditionnelles telles que la foi catholique, la famille et l’agriculture et de forger une plus forte identité québécoise. Mon travail thématique tente d’analyser de plus près cette époque entre les deux extrêmes en mettant l’accent sur la colonisation de la province à l’aide de trois exemples traitant le développement de l’Abitibi et de la Témiscamingue, du Nouveau-Québec ainsi que du Saguenay et du Lac-Saint-Jean. Le travail se concentre ici surtout sur la période de 1918 à 1960. Après une mise en contexte, je vais m’apprêter d’analyser étape par étape la colonisation franco-canadienne de cette époque à l’aide de plusieurs ouvrages historiques et articles de revues scientifiques et tenter de conclure avec un regard vers ce qui se passera entre le début des années soixante du vingtième siècle marquées par la Révolution tranquille et la situation d’aujourd’hui.

     

    2. La colonisation franco-canadienne suite à la Confédération canadienne

     

                Il y a déjà des tentatives de colonisation franco-canadiennes bien avant l’époque touchée par le travail thématique. Il faut ici souligner le curé François-Xavier-Antoine Labelle qui voulait cesser l’émigration des Canadiens-français vers la Nouvelle-Angleterre depuis la création de la Confédération canadienne en fondant la société de colonisation du diocèse de Montréal ainsi qu’une loterie pour ladite colonisation. Il œuvre notamment dans la paroisse de Saint-Jérôme qui est devenue la capitale des Laurentides d’où vient le surnom «Roi du Nord» attribué à Labelle. Le premier ministre provincial Honoré Mercier lui confie le post de sous-commissaire au nouveau département de l’Agriculture et de la Colonisation.[1] Suite à la mort de Labelle qui avait pris une distance face à l’idéologie ultramontaine et ainsi perdu beaucoup de prestige, les efforts de la colonisation sont pratiquement cessés. D’une année à l’autre, le budget est presque coupé de la moitié et le nouveau ministère est supprimé en 1901 pour être rétabli en 1905 par le premier ministre Gouin. Vers le début du vingtième siècle, la colonisation reprend de l’ampleur et devient tranquillement une préoccupation nationale.

     

    3. Le Québec entre 1918 et 1960: Conservatisme et agriculturalisme

     

    Suite au déclin de l’idéologie ultramontaine de la fin du dix-neuvième siècle qui proclame la suprématie de l’Église dans la société, le Québec s’accroche à un traditionalisme nationaliste beaucoup plus politisé et désacralisé en voulant protéger en premier lieu la culture franco-canadienne et les désirs du peuple. Plusieurs événements historiques ont fait en sorte que ce mouvement perçu comme progressiste et social prend une tournure conservatrice. L’élite de la province est essentiellement réservée au clergé et aux professions traditionnelles. Elle est homogène et s’oriente à l’image de la philosophie française de l’«Honnête homme» misant sur des formes de politesse et rituels civilisés, mais aussi sur un savoir unique et très renfermé tout en évitant tout lien avec ce que l’on considère étant des personnes de mauvaises mœurs[2]. Lionel-Adolphe Groulx, personnage marquant de l’époque, précise que ce type d’homme fallait «savoir et converser et vivre»[3]. Selon Frédéric Lasserre, le clergé conservateur et agriculturaliste poursuit certaines tendances ultramontaines en encourageant «une forte natalité afin d’assurer un accroissement démographique qui permettrait d’assurer aux Canadiens-français de demeurer majoritaires sur leurs terres, un phénomène appelé la «revanche des berceaux» et qui a caractérisé la démographie canadienne-française jusque dans les années 1950.»[4] Cet agriculturalisme est décrit par Michel Brunet comme étant «une philosophie de la vie qui idéalise le passé, condamne le présent et se méfie de l’ordre social moderne».[5]  D’un point de vue démographique, le sous-développement canadien-français face aux taux de naissances élevés dans le Canada anglophone et aux États-Unis parsème la peur d’autres tentatives d’assimilation vécues par la province dans le passé et le Québec tente de s’isoler davantage. Le début du vingtième siècle connaît politiquement la crise de la conscription lors de la Première Guerre mondiale qui mène à l’émeute de Québec et crée un fossé de plus en plus profond entre le gouvernement fédéral et provincial. La montée de nouvelles idéologies telles que le socialisme ou de nouveaux mouvements tels que l’émancipation de la femme restent suspects à l’élite franco-canadienne. Les valeurs nouvelles telles que la démocratie, l’individualisme ou l’éducation allant à l’attribution de diplômes sont méprises. Henri Bourassa voit les valeurs traditionnelles en danger et constate dans un sur deux documents d’époque fournis que j’avais choisi que «l’industrialisme capitalisé, enfin, avilit la propriété foncière, particulièrement la propriété rurale; il crée le plutocratisme, avec son inévitable compagnon, le paupérisme, d’où, par une naturelle conséquence, jaillit le socialisme; il arrache le peuple à la vie saine des campagnes, favorable entre toutes au développement de la famille, pour en surpeupler les villes et créer l’effroyable atmosphère où fondent et se corrompent les familles rurales.»[6] La crise économique et l’avènement d’un nouveau conflit mondial soulignent ces attitudes.

     

    4. La crise de la colonisation

     

                L’entre-deux-guerres connaît une mise en valeur de la colonisation. Dans le même discours déjà mentionnée, Bourassa constate qu’«il est absurde qu’une ville comme Montréal possède à elle seule un tiers de la population de la province.» Il va même plus loin en soulignant que «le mieux qui pourrait arriver à Montréal, ce serait que deux cent mille de ses habitants la quittassent demain et s’en allassent à la campagne reprendre dans le contact avec la bonne terre une provision de force et de santé.» En accusant l’émigration et l’étouffement ou la surpopulation des campagnes du déclin démographique, social et économique du Québec, Paul Gouin, avocat et homme politique montréalais, suggère dans le deuxième document d’époque sélectionné de ma part parmi les choix sur le site du cours la réclamation de l’opinion publique en faveur d’un «plan de colonisation soigneusement étudié et hardiment exécuté.»[7] Il prévoit la fondation des centaines de nouvelles paroisses à travers la province orchestrée par une commission. Selon lui, «il s’agit ici d’une formule nouvelle, d’une commission composée de fonctionnaires et de spécialistes indépendants, et possédant toute la liberté d’action et toute l’autorité nécessaires pour régler nationalement et non pas politiquement, une question nationale.»  Gouin va encore plus loin en proclamant la maxime suivante: «Si nous voulons enfin devenir un peuple, il faut coloniser. Il faut coloniser la terre; il faut coloniser aussi les âmes et les cœurs.»

     

    L’Union nationale sous Maurice Duplessis réalise en grandes parties ces idées après l’échec du plan Gordon au niveau fédéral étant peu planifié et trop orienté à transformer des chômeurs en agriculteurs et qui voulait initier un exode urbain afin d’éviter des révoltes. Il faut également mentionner la dualité avec l’échec du plan Vautrin au niveau provincial qui porte un coup fatal au gouvernement Taschereau car le ministre de la Colonisation, de la Chasse et des Pêcheries utilise des subventions accordé au plan à des fins personnelles.

     

    5. La mise en valeur de la colonisation sous Duplessis

     

    Même si Gouin et Duplessis mettent bientôt un terme à leur coopération au sein du même parti à cause de quelques points de vue différents, le premier ministre met en valeur le développement rural. Il crée le Crédit agricole provincial, met en œuvre un vaste programme d’électrification, soutient la formation de coopératives de pêche, favorise la voirie en la mettant au premier rang des prévisions budgétaires à la fin de son règne et il se préoccupe des régions rurales éloignées dans les régions administratives de la Côte-Nord et du Nord-du-Québec. En même temps, il accorde davantage d’attention à l’influence cléricale au sein de l’État, au sentiment national et patriotique et au mouvement anti-syndicaliste et anti-interventionniste.[8] Par contre, malgré ces efforts, il reste impuissant face au phénomène de l’urbanisation et du néolibéralisme.

     

    6. La colonisation en Abitibi et en Témiscamingue

     

    Gouin donne dans son ouvrage l’exemple des terres en Abitibi et en Témiscamingue comme des régions qui devraient être davantage colonisées. Le chercheur Jean-Pierre Dupuis décrit que la région «fondée pour perpétuer le mode de vie agricole des Canadiens-français, n’aurait pas réussi, malgré tous les efforts consentis, à soustraire ceux-ci aux effets négatifs de l’industrialisation capitaliste.»[9] Cela s’explique par deux phénomènes principaux. Premièrement, la politique économique de l’Union nationale concède de grands avantages aux compagnies étrangères afin de les inciter de s’installer au Québec. Les colons francophones voient bientôt plus de perspectives en travaillant au sein de ces entreprises au lieu de garder leur métier traditionnel de cultivateur. Deuxièmement, la crise économique contribue au début à faire gonfler les effectifs des agricultures, car la production domestique ainsi que l'entraide familiale constituent le seul rempart contre l'indigence complète pour un bon nombre de sans-emplois. Mais après une hausse remarquable de la production lors de la Deuxième Guerre mondiale, les coûts de production bondissent, les travaux en forêt se professionnalisent et les communications de masse deviennent omniprésentes contredisant peu à peu la vision des élites politiques et religieuses en charge de la colonisation. Le talon d’Achille de la colonisation est d’ailleurs imprégné dans le début du siècle lors des premières tentatives de la reprise du mouvement. Il faut notamment parler du manque d’instruction des agriculteurs, de faibles ressources financières, de la crise agricole de 1921 consécutive à la fermeture des marchés européens menant au syndicalisme agricole et de la crise économique mondiale.[10] Le sort de l’Abitibi-Témiscamingue ne s’améliore que tardivement avec une deuxième vague de colonisation avec la découverte de gisements aurifères qui amène des travailleurs miniers de l’Europe orientale suite à la Deuxième Guerre mondiale. Cet essor est plutôt influencé par une nouvelle politique d’immigration que par le sens original de la colonisation. 

     

    7. La colonisation du Nouveau-Québec

     

                Le Nouveau-Québec correspond avec les régions administratives du nord de la province qui sont aujourd’hui la Côte-Nord et le Nord-du-Québec. Des villes telles que Port-Cartier, Baie-Comeau et l’ancienne ville d’Hauterive aujourd’hui intégrée au sein de Baie-Comeau, Sept-Îles ou encore Schefferville où Duplessis, décède en 1959 surgissent ou progressent massivement à la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Duplessis est ici influencé et suivi de près par le professeur d’économie et sociologue Esdras Minville qui avait tenté de réparer les dommages créés par les plans Gordon et Vautrin. Pourtant, cette colonisation est souvent dépendante des entreprises américaines et n’est point durable. Tandis que certaines villes nordiques canadiennes sont en forte expansion, ceci n’est pas le cas pour le Québec. L’exemple de Schefferville est parmi les plus frappants. Lorsque Brian Mulroney, président de l’«Iron Ore Company» annonce le 2 novembre 1982 la fin de l’expédition du fer de Schefferville entrepris pendant seulement vingt-huit ans, la plupart des cinq milles habitants quittent la région. Ce qui en reste aujourd’hui sont environ deux cents colons blancs cohabitant avec neuf cents Innus de la bande de Matimekosh-Lac-John et huit cents Naskapis de Kawawachikamach. Malgré l’écotourisme et une nouvelle identité purement autochtone qui rebaptise par exemple la ville au nom de Matimekosh, la ville se distingue par ses bâtiments et centre sociaux démolis ou démantelés, une isolation socioéconomique et un taux de criminalité élevé.[11] Bien des villes nordiques connaissent le même sort et sont souvent mis plus tard sous la gestion autonome des peuples autochtones. La vague de colonisation s’arrête donc à peu près en même temps que la Révolution tranquille trouve son apogée.

     

     8. La colonisation au Saguenay et au Lac-Saint-Jean

     

                L’ouverture des terres du Saguenay et du Lac-Saint-Jean date de 1842 lors d’une entente entre le gouvernement du Canada-Uni et la Compagnie de la Baie d’Hudson suite à une pétition des habitants de Charlevoix. Faisant partie de la Société des Vingt-et-un et étant les colons pionniers du nord du Québec, ils demandent l’ouverture de la région à des fins d’exploitation agricole. Le gouvernement s’engage à laisser le monopole du commerce des fourrures à la Compagnie, mais se permet l’établissement de colons dans certaines régions choisies.[12] L’implantation d’une industrie des pâtes et du papier dirigée par des investisseurs anglophones comme les héritiers de William Price, surnommé «Père du Saguenay», favorise à partir du début du vingtième siècle la production hydro-électrique de la région. Celle-ci attire ainsi des alumineries et l’économie régionale connaît une première apogée. Le ralentissement économique suite à la Première Guerre mondiale mène à des conflits ouvriers en 1921. Une mauvaise adaptation aux réalités régionales de la part de la Fédération ouvrière de Chicoutimi, la fermeture d’usines de papeterie comme dans le village de Val-Jalbert en 1927 et enfin la crise économique mondiale en 1929 mènent au déclin. Pour contrer la tendance, le gouvernement provincial investit dans des projets de construction comme ceux des routes de terre vers Saint-Siméon, Saint-Urbain et Québec à partir d’Hébertville ou encore la construction du Pont de Sainte-Anne à Chicoutimi. Ces réseaux routiers, le redémarrage économique lors de la Deuxième Guerre mondiale et la con-urbanisation des trois villes de Chicoutimi, Jonquière et La Baie favorisent l’urbanisation et l’industrialisation grandissantes de la région ressemblant à celles des grands centres québécois à partir des années 1960. L’installation de l’Université du Québec à Chicoutimi ouvre la région envers le reste de la province et le monde entier. Les premiers effets positifs de ce développement disparaissent pourtant rapidement au cours des dernières décennies du siècle.

     

     9. La Révolution tranquille

     

                Une panoplie de raisons explique la fin de la colonisation en lien avec la Révolution tranquille. Premièrement, il y a l’émergence d’une nouvelle intelligentsia au Québec remplaçant l’autorité cléricale. Elle est en faveur d’une société urbaine, sécularisée et démocratique, influencée par les nouveaux médias et la renaissance intellectuelle de la poésie et du roman. On observe un «nouvel espace idéologique»[13]. Le Québec sort de son isolation sociopolitique et devient plus rationnel et adapté aux réalités du monde moderne. Vu que la plupart des villes éloignées sont des paroisses gérées par l’Église catholique, celles-ci subissent durement le déclin religieux qui ronge aussi de l’intérieur avec les pressions de la Confédération des travailleurs catholiques du Canada, la Jeunesse étudiante Catholique ou des revues progressistes telles que la Cité libre que le clergé tente en vain d’affronter avec des mesures telles que la limitation d’accès aux revues et livres savants à l’aide de l’Index. Le slogan du parti libéral qui gagne les élections en 1960, «Maîtres chez nous!», ne s’applique pas seulement au niveau intellectuel, social ou politique, mais également au niveau économique. Beaucoup d’entreprises américaines quittent la province en abandonnant peu à peu les villes et villages récemment construits. Les sociétés d’État émergent, l’économie locale redémarre et un programme de réformes sociales progressistes est mis en place incluant l’assurance-hospitalisation gratuite et la création du ministère des Affaires culturelles. Le rôle de l’état dans l’économie devient de plus en plus important. Le taux de natalité élevé favorise une forte urbanisation, les nombreuses réformes et nouvelles libertés ouvrent le Québec envers le monde et la nouvelle conscience nationale incite une montée indépendantiste.

     

    10. Le sort des colonies éloignées

     

    La colonisation reste pourtant à l’écart des progrès qui se jouent surtout dans les grands centres urbains valorisés par une panoplie d’événements socioculturels, des fois à l’échelle internationale telle que l’Exposition universelle de 1967 à Montréal.

     

    Dans le nord québécois, la Convention de la Baie-James et du Nord québécois de 1975 attribue une large autonomie politique et administrative aux communautés autochtones et la démographie y augmente lentement.

     

    L’Abitibi-Témiscamingue profite plus tard de sa position géographique en agissant en tant que centre important concernant les relations commerciales et culturelles avec le Nord-du-Québec et en hébergeant des projets hydroélectriques importants, mais la démographie reste néanmoins en déclin.

     

    Au Saguenay-Lac-Saint-Jean, une ère de quatre décennies de prospérité prend sa fin au début des années 1980 et ce sont encore principalement les compagnies anglophones restantes et les emplois traditionnels qui y jouent un rôle déterminant dans le secteur économique. La démographie y est également en déclin car beaucoup de jeunes manquent de perspectives et effectuent un exode rural vers les grandes villes.

     

    11. Conclusion

     

                Pour en conclure, la colonisation du Québec a été orchestrée à l’aide des valeurs ecclésiastiques ultramontaines et a connu son apogée à partir de la Première Guerre mondiale pour se terminer au plus tard au courant de la deuxième moitié du vingtième siècle. Les gouvernements en place durant la première moitié du vingtième siècle préconisent la vie familiale et l’agriculture et condamnent l’individualisme et les péchés des villes. Toute une identité et philosophie nationale meurt avec le décès de Maurice Duplessis et les valeurs et priorités sociales et gouvernementales changent radicalement. Les quelques régions éloignées florissantes sont encore à nos jours emprisonnées dans une relation de dépendance envers des entreprises étrangères et des projets d’état, si elles ne se définissent pas par une nouvelle identité autochtone qui a connu un essor lors des dernières décennies. Finalement, la colonisation québécoise constitue un échec, car la majorité de la population se concentre sur les grandes villes tandis que les grands espaces nordiques sont en déclin et restent peu peuplés, exploités et découverts jusqu’à nos jours.   


    Bibliographie

     

    1.      BÉLAND, Mario, «Le «Roi du Nord»» dans Cap-aux-Diamants No. 55, automne 1998, Les Éditions Cap-aux-Diamants Inc., Québec, 1998, 57 pages (page 53)

     

    2.      BOURASSA, Henri, «La famille canadienne-française. Son péril, son salut», dans  La famille. Compte rendu des cours et conférences, Semaines sociales du Canada, IVe session, Montréal, 1923, 360 pages (pages 280 et 284)

     

    3.      BRUNET, Michel, «Trois dominantes dans la pensée canadienne-française: l’agriculture, l’anti-étatisme et le messianisme», dans La présence anglaise et les Canadiens: études sur l’histoire et la pensée des deux Canadas, Éditions Beauchemin, Montréal, 1958, 292 pages (pages 113 à  166)

     

    4.      DUMONT, Fernand, «Une révolution culturelle?», F. Dumont, J. Hamelin, J.-P. Montminy, dir., dans Idéologies au Canada français 1940-1976, Vol I: La Presse - La Littérature, Québec, Les Presses de l'Université Laval, 1981, nombre original de pages inconnu (pages 5 à 31)

     

    5.      DUPUIS, Jean-Pierre, «Le développement minier de l’Abitibi: les projets des colons», dans Recherches sociographiques Vol. 34, no 2, mai-août 1993, Presses de l’Université Laval, Québec, 1993, 569 pages (pages 233 à 260)

     

    6.      FARET, Nicolas, «L’honnête homme ou L’art de plaire à la cour», Éditions Pierre David, Paris, 1630, 231 pages (pages 21 et suivantes)

     

    7.      GARNEAU, Louis,  «Le dernier train pour Schefferville – La Métropole du Nord revit sous les pas des Innus et des Naskapis», dans Recto verso, no 299, nov.-déc. 2002, revue indépendante, Montréal, environ 38 pages (pages 10 à 16)

     

    8.      GIRARD, Camil et Normand Perron, «Histoire du Saguenay-Lac-Saint-Jean», Québec, Institut québécois de recherche sur la culture, 1989, 665 pages

     

    9.      GOUIN, Paul, «Colonisons la terre, les âmes et les cœurs», dans Servir. I. La cause nationale, Montréal, Les Éditions du Zodiaque, 1938, 250 pages (pages 123 à 132)

     

    10.  GROULX, Lionel-Adolphe, «L’originalité de notre histoire», dans Centenaire de l’Histoire du Canada de François-Xavier Garneau, Société historique de Montréal, 1945, 460 pages (page 38)

     

    11.  LACOURSIÈRE, Jacques, Jean Provencher et Denis Vaugeois, «Maurice Duplessis premier ministre (1944-1959)» dans la troisième partie de Canada – Québec: 1534-2000, Éditions du Septentrion, Montréal, 2001, 592 pages (pages 444 à 454)

     

    12.  LASSERRE, Frédéric, «La quête du territoire de la Nation: de l’empire du Canada à la Terre-Québec», dans Varia – 190 – 2004/1, revue Norois, Éditeur Brest, Université de Caen Basse Normandie, 2004, 117 pages (pages 9 à 23)

     

    13.  RENAISSANCE CATHOLIQUE, LA (auteurs spécifiques non mentionnés), «La colonisation du Québec» dans  La Renaissance catholique, numéros 33 à 36, Issy-les-Moulineaux, France, janvier à avril 1996, total de 13 pages 

     

     


    [1] BÉLAND, Mario, «Le «Roi du Nord»» dans Cap-aux-Diamants No. 55, automne 1998, Les Éditions Cap-aux-Diamants Inc., Québec, 1998, 57 pages (page 53)

    [2] FARET, Nicolas, «L’honnête homme ou L’art de plaire à la cour», Éditions Pierre David, Paris, 1630, 231 pages (pages 21 et suivantes)

    [3] GROULX, Lionel-Adolphe, «L’originalité de notre histoire», dans Centenaire de l’Histoire du Canada de François-Xavier Garneau, Société historique de Montréal, 1945, 460 pages (page 38)

    [4] LASSERRE, Frédéric, «La quête du territoire de la Nation: de l’empire du Canada à la Terre-Québec», dans Varia – 190 – 2004/1, revue Norois, Éditeur Brest, Université de Caen Basse Normandie, 2004, 117 pages (pages 9 à 23)

    [5] BRUNET, Michel, «Trois dominantes dans la pensée canadienne-française: l’agriculture, l’anti-étatisme et le messianisme», dans La présence anglaise et les Canadiens: études sur l’histoire et la pensée des deux Canadas, Éditions Beauchemin, Montréal, 1958, 292 pages (pages 113 à  166)

    [6] BOURASSA, Henri, «La famille canadienne-française. Son péril, son salut», dans  La famille. Compte rendu des cours et conférences, Semaines sociales du Canada, IVe session, Montréal, 1923, 360 pages (pages 280 et 284)

    [7] GOUIN, Paul, «Colonisons la terre, les âmes et les cœurs», dans Servir. I. La cause nationale, Montréal, Les Éditions du Zodiaque, 1938, 250 pages (pages 123 à 132)

    [8] LACOURSIÈRE, Jacques, Jean Provencher et Denis Vaugeois, «Maurice Duplessis premier ministre (1944-1959)» dans la troisième partie de Canada – Québec: 1534-2000, Éditions du Septentrion, Montréal, 2001, 592 pages (pages 444 à 454)

    [9] DUPUIS, Jean-Pierre, «Le développement minier de l’Abitibi: les projets des colons», dans Recherches sociographiques Vol. 34, no 2, mai-août 1993, Presses de l’Université Laval, Québec, 1993, 569 pages (pages 233 à 260)

    [10] RENAISSANCE CATHOLIQUE, LA (auteurs spécifiques non mentionnés), «La colonisation du Québec» dans  La Renaissance catholique, numéros 33 à 36, Issy-les-Moulineaux, France, janvier à avril 1996, total de 13 pages

    [11] GARNEAU, Louis,  «Le dernier train pour Schefferville – La Métropole du Nord revit sous les pas des Innus et des Naskapis», dans Recto verso, no 299, nov.-déc. 2002, revue indépendante, Montréal, environ 38 pages (pages 10 à 16)

    [12] GIRARD, Camil et Normand Perron, «Histoire du Saguenay-Lac-Saint-Jean», Québec, Institut québécois de recherche sur la culture, 1989, 665 pages (remarque: le paragraphe entier est surtout basé sur différentes sections de cet ouvrage)

    [13] DUMONT, Fernand, «Une révolution culturelle?», F. Dumont, J. Hamelin, J.-P. Montminy, dir., dans Idéologies au Canada français 1940-1976, Vol I: La Presse - La Littérature, Québec, Les Presses de l'Université Laval, 1981, nombre original de pages inconnu (pages 5 à 31)

     

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    Le compte rendu critique suivant porte sur le documentaire canadien «Paysages fabriqués». Datant de 2006, le documentaire d’environ quatre-vingt-six minutes réalisé par Jennifer Baichwal accompagne pendant plusieurs mois et à plusieurs reprises le photographe Edward Burtynsky qui part pour découvrir les phénomènes en lien avec l’essor économique chinois. Le but du documentaire est de montrer les changements planétaires illustrés à l’exemple de l’essor économique chinois. Burtynsky avait préféré ne pas distribuer son film dans un environnement politisé pour permettre aux spectateurs de regarder le monde de points de vue différents et non imposés.

                Burtynsky explique que sa fascination pour les paysages fabriqués est à l’origine de la découverte d’un village minier abandonnée en Pennsylvanie qui  lui semblait être un surréalisme oublié par l’histoire, éloigné de la société et négligé par les médias. Malgré que son objectif n’est pas de critiquer l’industrialisation, plusieurs témoignages choisis tels que le commentaire en lien avec des jeunes travailleurs du Bangladesh qui sont jusqu’au cou dans le pétrole pour réparer des épaves ou encore l’interrogation sur le destin des paysans ayant été obligés à déménager lors de construction du barrage des Trois-Gorges laissent sous-entendre son opinion négatif face à ce phénomène. Ses opinions sont soulignées par le choix des images, témoignages et photos. Baichwal et Burtynsky filment des ouvriers morts de fatigue, des enfants jouant dans des montagnes de déchets ou des personnes âgées perdues dans des baraques au cœur des villes. Burtynsky argumente que la destruction de la nature est identique à la destruction d’une identité, mais souligne que les paysages fabriqués définissent une nouvelle philosophie.

                Le documentaire varie entre quatre styles différents. Il montre des extraits d’une conférence et exposition lors de laquelle Burtynsky présente les photos prises durant ses voyages. En lien direct avec cela sont des scènes qui sont filmés un peu derrière les coulisses montrant comment le photographe avait des fois des difficultés à s’entendre avec les autorités chinoises pour filmer certains endroits. Une autre partie revenant à la fin de chaque étape du film nous présente tout simplement les photos prises, des fois en mettant discrètement l’accent sur certains détails, des fois en montrant tout simplement le résultat final. En dernier, il y a le documentaire lui-même qui laisse la place à certains commentaires du photographe ainsi qu’à des témoignages.

                Le documentaire commence avec un travelling de huit minutes filmant l’intérieur d’une des entreprises chinoises gigantesques dans les provinces de Fujian et Zhejiang. En montrant le degré élevé d’identification des ouvriers avec l’entreprise allant jusqu’aux uniformes portant les mêmes couleurs que l’emblème et la mascotte de l’entreprise et en diffusant certains commentaires critiques de certains chefs de section de travail prononcés durant les pauses, le documentaire montre l’effort commun du peuple chinois de rejoindre le statut des pays industrialisés européens et américains. Lorsque des ouvriers ou responsables font pourtant des témoignages, ils préfèrent souvent ne pas dévoiler leur opinion personnelle et récitent des déclarations de l’entreprise, ce qui montre que ce mouvement est fortement centralisé et endoctriné. En ce qui concerne les paysages, la directrice nous montre à l’aide de zooms les détails d’une série de containers ou de disques durs recyclés qui ressemblent à des paysages huis clos invivables. Le documentaire présente ensuite les effets directs des usines gigantesques sur leur entourage avec des montagnes de déchets où des ouvriers font le tri d’éléments recyclables et où des enfants jouent aisément. On voit un peu plus loin un port rempli de cargaisons où se réalise la construction de navires gigantesques. Le recyclage crée des odeurs au-dessus des villes et une contamination de la nappe phréatique selon Burtynsky. Celui-ci met l’accent sur les dangers concernant le développement durable, la santé publique et la biodiversité. Il tente de créer un lien entre l’industrialisation chinoise et sa vie de tous les jours en mettant l’accent sur le fait que cinquante pourcent des ordinateurs au monde se font recycler en Chine. Il montre des extraits filmés en noir et blanc dans le passé illustrant le changement des paysages et la manière dont la population régionale s’est habituée à y vivre. Le documentaire est souligné par une musique de synthétiseurs artificielle, mécanique et discordante sous-entendant une critique et atmosphère négative.

                Ensuite, le documentaire nous montre un port à la plage de Chittagong au Bangladesh où des épaves chinoises se font démolir et recycler. Les travaux sont souvent effectués à la main par de jeunes travailleurs autour de dix-huit ans. Burtynsky met l’accent sur les conditions de travail peu sécuritaires mettant en danger la santé des jeunes. La plupart des images filmées sont en noir et blanc et soulignent la tristesse, la destruction et les dangers sur place. Le fait que les bateaux contenaient surtout du pétrole, un matériel essentiel retrouvé sous forme plus ou moins dérivée dans la vie de tous les jours dans les voitures, vitres ou appareils de photo, est souligné par Burtynsky qui fait allusion à une interdépendance grandissante dans un monde globalisé.

                Après une courte escalade à des sites pollués exploitant du pétrole et du charbon, le documentaire montre les champs de construction du barrage des Trois-Gorges étant le plus grand barrage et la plus grande centrale électrique au monde. Au barrage se trouvent des milliers de travailleurs œuvrant auprès des stocks de matériaux gigantesques dans un environnement sombre et bruyant. À part des témoignages positifs auprès des visiteurs, Burtynsky souligne que la plupart des travailleurs y ayant vécu auparavant doivent démolir leurs propres maisons et sont déménagés par le gouvernement. Les plus démunis se voient complètement séparés de leur entourage habituel.

                La dernière étape du documentaire mène Burtynsky à Shanghai, la ville avec le taux de croissance le plus rapide en Chine ce qui crée un choc des générations. D’un côté, il y a la population plus âgée dans les quartiers démunis s’accrochant au traditionalisme. De l’autre côté, il y a la génération des jeunes qui occupe de plus en plus d’espace et qui s’assimile à une vision du monde globalisée. Cet écart est montré par le témoignage d’une agente immobilière vivant dans une maison gigantesque et employant deux jardiniers ainsi que le lien cinématographiques lorsque celle-ci parle de sa cuisine ouverte pendant que Baichwal montre l’image d’un coin de cuisine d’une ruelle sale. Le documentaire se termine avec une série d’images prises dans la métropole.

                En fin de compte, le documentaire prétendument neutre et peu politisé ne laisse pas la place à une interprétation libre. Burtysnky manque ainsi d’atteindre les objectifs prononcés par lui-même. Il montre des images de paysages sombres, sales et artificiels et commente le sort des jeunes travailleurs, des sans-abris ou de la génération âgée sans pour autant commenter le sort des fonctionnaires et de la classe moyenne enrichie qui vivait souvent en une pauvreté rurale désolante en un environnement plus naturel. Il évite de parler des profits économiques accumulés et de leur gestion étatique ainsi que de la vie des prochaines générations urbaines. Une perspective ou des pistes futures par rapport à la problématique traitée manquent. Burtynsky critique et commente seulement quand il veut et son documentaire manque de cohérence et d’objectivité. Le choix des images ressemblant à des diaporamas sans fin et de la musique sombre biaise le documentaire. Un autre réalisateur aurait pu arriver à un résultat complètement différent avec les mêmes choix. Le documentaire ressemble avec ses images industrielles beaucoup à la comédie dramatique «Les temps modernes» de Charlie Chaplin et avec ses grands plans sur des cubes de déchets au film d’animation «WALL-E» de Pixar, deux films mettant en scène les effets négatifs de l’industrialisation et du système capitaliste. Au lieu de nous montrer une Chine ouverte sur le monde, le réalisateur met en vedette des fonctionnaires et ouvriers manipulés et peu sympathiques tandis que les victimes de cet essor économique se montrent modestes, émotives et authentiques. Étant conscient des problèmes qui accompagnent l’industrialisation chinoise, je suis généralement d’accord avec ceux qui critiquent le fossé entre les générations, la pollution de la planète et le réchauffement politique et l’influence rigide d’un état trop centraliste. D’un autre côté, il ne faut pas oublier que les villes européennes et nord-américaines ont été sales et surpeuplés lors de leur industrialisation, mais sont souvent engagées dans un développement durable et aménagement environnemental à nos jours. Vu que la Chine vit l’industrialisation de manière beaucoup plus accélérée, je pense que le pays s’engagera à moyen terme également dans une direction favorable à l’écologie. Tous les facteurs critiques du film ont déjà été mentionnés à de nombreuses reprises. D’un point de vue artistique, les images sont souvent impressionnantes, mais d’un point de vue documentaire, le film me semble prétentieux et défaitiste suivant la tendance ordinaire de bien de documentaires propagandistes ayant une touche environnementaliste et gauchiste.

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    Le compte rendu critique traite l’ouvrage « Shawinigan Water and Power – 1898-1963 – Formation et déclin d’un groupe industriel du Québec » de Claude Bellavance, présenté à l’origine comme thèse de doctorat en 1991 et publié dès 1994 par les Éditions du Boréal situées à Montréal. À part d’une analyse détaillée du sujet autour de 300 pages, l’ouvrage contient une riche bibliographie, des appendices, un index et une liste de figures, tableaux et cartes. Je me suis particulièrement intéressé au sujet de l’ouvrage car j’ai suivi un cours de géographie économique à l’université et je me suis particulièrement intéressé à ce champ d’études depuis ce temps-là. Je voulais également savoir davantage sur l’impact des nombreux bouleversements tels que les deux guerres mondiales, le krach boursier et les précurseurs de la Révolution tranquille du Québec qui est selon moi une époque charnière dans l’histoire récente de la province sur l’économie au Québec. Je vais diviser mon travail en deux grandes parties en parlant premièrement des informations de base en lien avec l’ouvrage choisi avant d’aborder un résumé détaillé. Par la suite, je vais tenter de faire une critique de l’ouvrage en évaluant les éléments positifs et négatifs et finir mon travail avec une courte conclusion.

    Il s’agit donc à l’origine d’une thèse de doctorat qui s’adresse principalement aux experts du domaine de l’histoire du Québec et particulièrement à l’histoire économique de la province. L’ouvrage est également d’un intérêt remarquable pour les spécialistes en études régionales ou ceux qui s’occupent même du développement régional d’un point de vue historique. L’ouvrage est également particulièrement intéressant pour les personnes ayant travaillé pour Shawinigan Water and Power et leurs descendants ainsi que pour tous ceux et celles qui sont impliqués ou s’intéressent pour la société d’État québécoise Hydro-Québec vu que son histoire est étroitement lié à celui de Shawinigan Water and Power.  Le but de l’auteur était de mettre l’accent sur l’économie québécoise avant l’étatisation qui est selon lui souvent laissé à l’ombre. Il voulait mieux connaître le rôle de Shawinigan Water and Power dans le secteur de l’hydroélectricité québécoise, mais en même temps aller plus loin que le nombre d’ouvrages semblables qu’il mentionne et qui l’ont inspiré en touchant aussi ce que l’on appelle l’«Empire Shawinigan », c’est-à-dire l’organisation administrative et la crise interne, les caractéristiques des différents dirigeants et l’évolution intégrale du groupe industriel en mettant l’accent sur une centaine de firmes et filiales de Shawinigan Water and Power et ses investissement spécifiques, accomplissements progressives et rendements positifs et négatifs. Après avoir parlé des enjeux de l’étude d’une grande entreprise d’électricité au Québec, l’auteur parle donc dans un premier temps de l’entreprise d’électricité avant de se concentrer sur ce que l’auteur appelle le groupe Shawinigan, un important groupe industriel multisectoriel. Afin d’atteindre ces objectifs, l’auteur s’est servi de plusieurs ouvrages historiques déjà existants, mais principalement penché sur l’étude des Archives nationales du Canada et le Centre d’archives d’Hydro-Québec.

    L’auteur divise l’histoire de l’entreprise d’électricité en trois étapes. Dans la première étape traitant l’établissement d’un territoire, l’auteur démontre la montée rapide de l’entreprise durant les deux premières décennies de son existence. Fondée en janvier 1898 par des hommes d’affaires anglophones venant de Boston et Montréal, l’entreprise s’installe dans la région de la Mauricie qu’elle développe industriellement. L’entreprise tente d’établir un marché régional autour de la première centrale hydroélectrique. La croissance de l’entreprise repose sur des ventes massives à la grande industrie et l’achat des concessions autour de la centrale en absorbant bientôt beaucoup de petites entreprises moins riches et souvent peu structurées. L’entreprise s’engage également dans un processus d’expansion spatial après avoir créé un monopole naturel en Mauricie toléré par le gouvernement. D’abord en concurrence avec la société Montreal Heat, Light and Power, Shawinigan Water and Power s’unie bientôt avec celle-ci. Les deux entreprises s’achètent les actions les une des autres et échangent même leurs administrateurs, ce que l’auteur décrit comme une vraie première dans l’histoire économique du Québec et une des raisons principales pour la montée et plus tard le déclin de l’empire.

    Dans la deuxième étape, l’auteur aborde le rôle de leader de l’entreprise à partir des années 1920 jusqu’à la première phase d’étatisation en 1944 qui donne naissance à Hydro-Québec qui devient un concurrent farouche. Durant les années 1920, l’entreprise obtient l’ensemble des chutes du haut Saint-Maurice par l’État québécois et domine le marché de l’électricité des lieux les plus importants au Québec, mais elle fait aussi face à ses premiers échecs ou complications. Un projet dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean mène à des ententes complexes quadripartites et une implication au moins indirecte dans la « tragédie du Saguenay-Lac-Saint-Jean », mais se termine avec un bilan positif selon l’auteur qui permet à l’entreprise d’obtenir une quantité d’énergie supplémentaire, à empêcher la naissance de firmes productrices concurrentes et à créer des conditions comparables à celles établies partout aux abords du Saint-Laurent. Le premier grand échec se déroule selon l’auteur plutôt en lien avec les projets de Mille Iles Power et de Carillon à proximité de Montréal dans lesquels l’entreprise investit beaucoup d’argent pour voir les projets démantelés et abandonnés seulement une ou deux décennies plus tard. Vu que Montreal Heat, Light and Power n’assume pas la responsabilité des ententes préalables, un froid se crée entre les deux alliés et brise ce que l’auteur appelle le « sentiment de communauté d’intérêts ». La grande crise économique désavantage encore plus leurs relations. L’État québécois cherche à enquêter et réglementer les pratiques des entreprises d’électricité lors de la commission Lapointe qui font face à une crise de légitimité durant les années 1930. Ce n’est qu’avec le début de la Deuxième guerre mondiale que l’économie redevienne favorable à Shawinigan Water and Power, mais cette amélioration ne peut empêcher la fondation d’Hydro-Québec.

    La troisième étape à partir de 1944 et 1945 initie véritablement le déclin progressif de l’entreprise concurrencé par une société d’État mettant en question les marchés entre les grandes firmes et l’équilibre créé depuis cinq décennies. L’État québécois réserve à sa société des immenses ressources des bassins hydrographiques de la Côte-Nord et tente de limiter l’expansion du marché de Shawinigan Water and Power. Des retards et complications dans l’aménagement d’une centrale hydroélectrique à Hamilton au Labrador ainsi que la victoire d’Hydro-Québec dans l’obtention du droit d’aménagement du projet prometteur de Bersimis par l’État québécois plongent l’entreprise dans une crise. Elle devient dépendante d’Hydro-Québec et doit acheter de l’énergie supplémentaire de la société d’État pour subvenir aux besoins et demandes de sa clientèle vu qu’elle n’a pas réussi à construire de nouvelles grandes centrales hydroélectriques. Lors de la deuxième phase d’étatisation, Shawinigan Water and Power se fait finalement définitivement acheter par Hydro-Québec en 1963, une procédure fortement influencé par la vague de Révolution tranquille dans la province et les décisions du Ministre des Ressources hydrauliques et des Travaux publics et plus tard du Ministre des Richesses naturelles qui est à l’époque René Lévesque. Selon l’auteur, le bilan par rapport à une forte croissance du volume d’affaires de la compagnie d’électricité basée sur les clientèles domestique et commerciale suite à la reprise du programme d’électrification des municipalités rurales autour de 1955 reste positif et la santé au moment que l’entreprise devienne une filiale d’Hydro-Québec est excellente.

    L’auteur analyse ensuite le groupe Shawinigan en deux étapes. Il parle d’abord de la formation et de l’expansion initiale de celui-ci qui couvre la période de 1898 à 1929. Au début, la plupart des secteurs connaissent des rendements plutôt faibles ou médiocres et les filiales dépendent de l’aide ponctuelle et structurelle de la grande entreprise d’électricité. Certaines filiales connaissent pourtant aussi une bonne rentabilité, notamment des firmes dans la distribution d’électricité ainsi que des compagnies autonomes. Shawinigan Water and Power ne se concentre donc pas sur les profits capitaux et investissements directs, mais tente de bâtir un empire pour le futur.

    Lors de la deuxième phase que l’auteur décrit comme le déclin et la désintégration du groupe Shawinigan à partir de 1930 et finissant en 1963, la grande crise économique frappe de plein fouet le groupe industriel plus que la grande entreprise avec des baisses de valeur allant jusqu’à 47% dans le cas de Shawinigan Chemicals et les filiales ne se rétablissent jamais de ce traumatisme profond. L’empire décide de se concentrer quasiment uniquement sur les domaines de l’électricité et de la chimie et ce n’est que Shawinigan Engineering qui survit d’une manière plus ou moins autonome. On peut parler de financements autonomes et de réinvestissements dans des vieux projets déjà réalises sans initier assez d’innovations pour revenir au niveau relativement prospère avant la grande crise. L’entreprise principale se détache de ses filiales peu à peu et se restructure massivement. Suite à l’étatisation sous le gouvernement de Jean Lesage, seulement deux filiales, la Shawinigan Chemicals et la Shawinigan Engineering, survivent cette époque. La première devient une partie de l’empire Gulf, la deuxième est acquise par Canada Steamship Lines pour devenir enfin une filiale du groupe Lavalin.

    En ce qui concerne maintenant ma critique de l’ouvrage, il y a beaucoup de points positifs, mais aussi certains points négatifs. Le principal avantage de l’ouvrage est qu’il amène véritablement quelque chose de nouveau grâce aux détails portant sur la dualité entre Shawinigan Water and Power qui est précisée à l’aide des sources venant des archives d’Hydro-Québec et surtout grâce au deuxième volet de l’ouvrage qui porte sur le groupe Shawinigan et ses différentes filiales dont on entend peu parler dans d’autres ouvrages comparables. La consistance de l’ouvrage est énorme et cire une multitude de sources pertinentes et détaillées ce qui assure la validité et démarche professionnelle du livre. Un autre point positif est sans aucun doute l’illustration, car l’auteur cherche à visualiser avec des tableaux, cartes et photos les différentes étapes de son analyse. Ceci facilite la compréhension du texte qui est fluide, mais qui déborde de chiffres complexes, d’abréviations et termes techniques et de noms de personnages et entreprises souvent étrangers et difficiles à retenir. Au niveau de l’organisation du texte, l’auteur fait bien de séparer ses deux analyses portant à la fois sur l’entreprise hydroélectrique et aussi sur l’empire Shawinigan avec toutes ses filiales, car la lecture aurait été trop lourde et la richesse d’informations trop chaotique pour être un ouvrage structuré et professionnel.

    Pourtant, il y a aussi quelques points négatifs. Après une analyse très détaillée qui inclut pourtant très rarement des légers sauts dans le temps en ce qui a trait notamment les illustrations supplémentaires, l’ouvrage s’arrête abruptement lorsqu’on parle des dernières années de Shawinigan Water and Power. Le sujet est amené d’une manière tellement riche et intéressante que l’on aurait aimé avoir des détails sur l’étatisation de l’entreprise par rapport aux décisions politiques, le destin des travailleurs et dirigeants de l’entreprise et l’absorption stratégique de l’entreprise privée par la société d’État. Comment est-ce qu’Hydro-Québec a pu fusionner les stratégies de l’entreprise privée avec son idéologie? À quel point est-ce que l’absorption a renforcé la société d’État au niveau provincial, national et international? Une entrevue avec un ancien travailleur ou même dirigeant de Shawinigan aurait pu amener une perspective socioéconomique au sujet qui manque ici. Une autre lacune légère est le manque d’une chronologie vraiment détaillée ou d’un tableau unissant les différentes filiales avec leurs chiffres les plus importants. Il y a certains tableaux dans l’annexe qui touchent partiellement ces aspects, mais ceux-ci sont souvent très spécifiques et complexes et un schéma général y manque encore. D’un point de vue plus personnel encore, je trouve que le bilan final de l’auteur est beaucoup trop positif vu que Shawinigan Water and Power a selon moi connu un déclin extrême lors de ses dernières décennies en ce qui concerne ses ambitions d’expansion échouées, sa dépendance élevée d’Hydro-Québec et sa perte de marché et que l’on ne peut ainsi pas parler d’un bilan positif ou mitigé pour ces dernières années.

    Pour en conclure, « Shawinigan Water and Power – 1898-1963 – Formation et déclin d’un groupe industriel au Québec » est un ouvrage bien structuré, riche en informations et réussit à ajouter une particularité unique au domaine des recherches de l’histoire économique du Québec grâce à son deuxième volet qui jette un regard professionnel et détaillé derrière les coulisses d’une grande entreprise d’électricité. Celui-ci donne envie de connaître savoir encore davantage sur le destin de l’empire après sa chute et invite ainsi indirectement la communauté scientifique d’une manière dynamique d’explorer encore plus ce terrain historique à la base de cette thèse. 

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    1.  INTRODUCTION

     

                Notre présent travail a pour but de dresser le portrait de la ville d’Iqaluit. Premièrement, nous parlons de la localisation de la ville que nous introduisons également avec un bref historique. Ceci inclut non seulement sa configuration spatiale, mais aussi les caractéristiques physiques générales du lieu en lien avec l’hydrographie, le climat ou le relief, le lien de la ville avec les provinces, villes et site naturels voisins, notamment par rapport à la communication et l’accès. Ensuite, dans une perspective d’observation, nous dressons l’image socio-économique de la ville ce qui inclut la composition de la population et les services sociaux fournis autant que les principales ressources de la région et le marché du travail régional. Des cartes de localisation ainsi qu’une pyramide démographique se trouvent en annexe. Ce travail sert en tant que présentation de la ville et en tant que préparation aux deux prochains travaux dans lesquels nous identifierons deux problématiques générales en lien avec les aspects humains et physiques en sortant les forces et faiblesses qui s’apparentent à notre localité avant de terminer avec un travail qui a pour but d’analyser et d’estimer le positionnement de la localité à moyen terme en regard des objectifs du développement durable en proposant des méthodes, opérations et améliorations qui pourraient être utiles à la progression de celui-ci.

     

    2.  UN BREF HISTORIQUE ET UNE MISE EN CONTEXTE

     

                La ville d’Iqaluit est la capitale du Nunavut, le plus jeune et le plus grand des territoires du Canada. Pour donner un bref historique, la ville a été baptisée sous le nom de «Frobisher Bay» d’après le marin britannique Sir Martin Frobisher qui avait effectué plusieurs voyages pour la couronne d’Angleterre afin de trouver le passage du Nord-Ouest et de trouver des ressources naturelles précieuses sans succès et qui avait découvert ladite baie en 1576. Il n’y avait que quelques voyages scientifiques ainsi que des activités régionales limitées dans la baie de Frobisher jusqu’en 1942. Dans cette année, la ville de Frobisher Bay a été fondée en tant que base militaire américaine pour permettre des réapprovisionnements et des arrêts aux avions militaires allants et venants de l’Europe durant la Deuxième Guerre mondiale. La «Frobisher Bay Air Force Base» fermait ses portes en 1963, mais l’aéroport régional continuait à exister et la population locale restait sur place. Le premier janvier 1987, le nom de la ville changeait pour la première fois pour «Iqaluit» qui signifie «endroit poissonneux» en inuktitut. En décembre 1995, la ville était choisie pour devenir la future capitale du nouveau territoire du Nunavut à partir de 1999 après un référendum sur tout le territoire, mais cela durait jusqu’au 19 avril 2001 avant que la ville n’obtienne le statut de ville par Ottawa.

     

    3.  LA LOCALISATION ET LE CLIMAT

     

                Géographiquement, la capitale du Nunavut se trouve dans le sud-est de l’île de la Terre de Baffin, la province canadienne la plus proche étant le nord du Québec. Iqaluit est situé au bord de l’océan Arctique dans la baie de Frobisher. Elle est au nord du détroit d’Hudson, à l’ouest de la mer du Labrador, au sud du détroit de Davis et de la mer ou baie de Baffin et enfin à l’est des passages Nord-Ouest et de la baie d’Hudson. Iqaluit se trouve à approximativement 300 kilomètres dans le sud-est du Lac Amadjuak et plusieurs petits lacs et rivières sans noms officiels se trouvent autour de la ville. La rivière ayant un nom le plus proche de la ville se trouve dans le sud de l’île est s’appelle «Soper River», située dans le «Soper Heritage River Park» depuis 1992[1]. Le «Sylvia Grinnell Territorial Park Reserve» débute à seulement un kilomètre à l’ouest de la ville. La communauté la plus proche se trouve à Apex qui est en fait une subdivision de la ville se trouvant à cinq kilomètres à l’est de la ville principale. Le «Qaummaarviit Territorial Historic Park» se trouve sur une île dans la baie de Frobisher dans le sud d’Iqaluit et le «Katannilik Territorial Park Reserve» est situé un peu plus loin dans le sud-est de l’île de la Terre de Baffin. Ces deux derniers parcs nationaux ne sont pas accessibles par voiture, mais par bateau en été ainsi qu’à pied et à l’aide de motoneiges ou plus traditionnellement de traineaux à chiens en hiver.

     

                Iqaluit se trouve à la frontière de deux zones de climat polaire, soit l’arctique et le subarctique. Selon la classification de Koppen, il s’agit également d’un climat de toundra et il y a donc peu de végétation ce qui permet l’accès à beaucoup de vents froids et secs et des blizzards en hiver. Entre juillet et septembre, il y a une bonne précipitation en haut de 50 millimètres qui peut aller jusqu’à 63,5 millimètres en moyenne au mois d’août. Les températures moyennes en hiver peuvent atteindre -31,2 degrés Celsius en février et une moyenne maximale de 11,6 degrés en juillet pour l’été. Le record de froid a été enregistré le 10 février 1967 à -45,6 degrés Celsius et le record de chaleur date du 28 juillet 2001 avec 25,8 degrés Celsius. La neige débute au mois d’octobre et peut rester jusqu’en juin, mais la quantité est souvent très faible et tourne autour de cinq centimètres ou moins.

     

    4.  LE RELIEF ET LES PRINCIPALES RESSOURCES

     

    Le paysage est englacé pendant huit mois de l’année et on peut voir des bancs de neige sur le pergélisol ainsi que des icebergs plus loin dans la baie de Frobisher si celle-ci n’est pas complètement gelée. Le Bouclier Canadien est érodé par la fonte et le retrait des glaciers. En été, le sol est rocailleux et on peut découvrir des plaines, plateaux et collines très peu couverts de végétation. Les principales ressources naturelles de la région sont les minéraux ainsi que le pétrole que le gouvernement canadien compte davantage exploiter. Par rapport au défi d’assurer l’accès à des ressources en eau suffisantes et salubres, des scientifiques de Ressources naturelles Canada travaillent depuis 2007 sur le projet «Renforcement de la résilience des établissements humains face aux changements climatiques», une activité de transfert de technologie en géomatique et en télédétection durant laquelle un groupe restreint a réussi à produire une carte ainsi que des statistiques détaillées sur les ressources en eau de surface dans le but de former du personnel local afin de préparer la ville et le territoire complet aux défis qu’apporteront le développement durable et le réchauffement climatique afin d’optimiser l’utilisation des ressources d’eau qui y existent en grand nombre[2]. 

     

    5.  LA CONFIGURATION SPATIALE, L’ACCÈS ET LES COMMUNICATIONS

     

                En ce qui concerne la configuration spatiale et l’accès, la ville d’Iqaluit a de nombreux inconvénients. Il n’y a pas de grande autoroute qui lie la ville aux capitales des autres provinces vu que les conditions climatiques et aussi la localisation sur une île sont largement défavorables à la construction d’une telle route. Iqaluit est la seule capitale au sein du Canada qui n’a pas de feux de circulation routière et seulement quelques panneaux routiers. Quelques rues à l’intérieur de la ville ont obtenu des noms depuis 2003, mais il y a encore des rues sans noms dans la région. Le système de routes locales lie la communauté d’Apex au «Sylvia Grinnell Territorial Park Reserve». Il n’existe pas de transports en commun, car le projet d’un système d’autobus traversant la ville a été abandonné à cause d’un manque de clientèle. Pourtant, il y a un système de taxis disponible à Iqaluit. Il y a des voitures à Iqaluit, mais elles sont peu nombreuses à cause des conditions climatiques difficiles et des coûts d’importation élevés. Les motoneiges et des véhicules tout-terrain sont plus nombreux et populaires. Traditionnellement, il y a une route menant à Kimmirut qui est accessible avec des véhicules tout-terrain. Durant l’hiver, la ville devient accessible par motoneiges et traineaux à chiens grâce au détroit d’Hudson lorsque ce dernier est gelé. Il crée ainsi une liaison naturelle d’une longueur allant jusqu’à 700 kilomètres et d’une largeur entre 64 et 240 kilomètres entre le Nunavut et le Québec. Durant l’été, Iqaluit devient accessible par bateau, mais le port n’est pas assez profond pour que les grands bateaux de cargaison puissent directement y accéder. Des petits bateaux locaux transportent les cargaisons de la baie de Frobisher jusqu’au petit port d’Iqaluit. Le seul accès stable est l’aéroport d’Iqaluit, l’ancienne base militaire américaine qui existe depuis 1942. Les avions de «Canadian North» et «First Air» lient Iqaluit à Ottawa et Yellowknife et plusieurs petites villes au Nunavut. Depuis 2010, «Air Canada Jazz» offre également des vols entre Ottawa et Iqaluit à une plus grande clientèle. Sinon, il y a des lignes régionales telles que «Kivalliq Air», «Air Nunavut», «Unaalik Aviation», «Canadian Helicopters» et «Nunasi Helicopters» qui ont accès à l’aéroport d’Iqaluit. Une liaison par avion entre Iqaluit et Nuuk, la capitale du Groenland, est actuellement en état de planification.

     

     

                En ce qui concerne les médias, la ville offre six chaines de radio différentes, trois chaines de télévision et deux journaux. La plupart de ces médias sont locaux, mais souvent mis en place par des institutions ou même sociétés d’État comme Radio-Canada.

     

    6.  LA POPULATION D’IQALUIT

     

                Selon le recensement de 2006, il y a un total de 6184 habitants qui vivent à Iqaluit. Ceci signifie un taux de variation de 18,1% en comparaison avec les chiffres de 2001. Le territoire du Nunavut a connu un taux de variation de 10,2% durant la même période. En 2006, 29474 personnes vivent sur le territoire et cela signifie donc que plus qu’un cinquième de la population territoriale se concentre sur la ville d’Iqaluit. Selon le «Nunavummit Kiglisiniartiit», le Bureau des Statistiques du Nunavut, la population du territoire pourrait atteindre près de 43000 habitants en 2020.[3] L’âge médian de la population d’Iqaluit est très jeune[4] avec une moyenne de 28,8 ans et le taux de naissances est à la hausse. Sur 6085 habitants recensés, 6025 sont des citoyens canadiens et 3650 ont une identité autochtone. Il y a également des minorités ethniques présentes à Iqaluit telles que 55 Chinois, 45 Noirs et Maghrébins et 35 Philippins pour mentionner les minorités les plus nombreuses. Sur 6085 habitants, 4015 parlent la langue anglaise à la maison, 1805 parlent une langue non-officielle et surtout l’Inuktitut et 180 habitants parlent la langue française à la maison. En 1996, 60% de la population parlaient encore l’Inuktitut à la maison comparativement à seulement 35% qui parlaient en anglais.[5] Le revenu médian est beaucoup plus élevé à Iqaluit qu’au reste du territoire et atteint une valeur de 92123 dollars canadiens sans impôt en 2005. Ceci se voit également par rapport au taux de chômage qui est de seulement 7,8% à Iqaluit, mais de 15,6% au Nunavut.[6]

     

    7.  L’ÉDUCATION ET L’ÉCONOMIE À IQALUIT

     

                Sur 4535 habitants qui ont 15 ans et plus, 1615 n’ont aucun certificat, diplôme ou grade, 775 ont un diplôme d’études secondaires ou équivalent et 265 un certificat ou diplôme d’apprenti ou d’une école de métiers. À Iqaluit se trouve une école préscolaire-primaire avec le «Nakasuk School» ainsi qu’une école secondaire qui s’appelle «Inuksuk High School». Les principaux domaines d’études postsecondaires à Iqaluit sont le commerce, la gestion et l’administration publique avec 465 étudiants, l’architecture, génie et services connexes comptent 400 étudiants et les sciences sociales et de comportement ainsi que les études de droit comptent un ensemble de 310 étudiants. En ce qui concerne les professions, cette tendance est semblable. D’une population active âgée de 15 et plus de 3470 personnes, 720 travaillent dans le domaine des affaires, des finances et de l’administration, 700 dans le domaine des ventes et services et 540 dans le domaine de la gestion. L’industrie locale se concentre avec 565 travailleurs sur les services de commerce, mais 1630 personnes travaillent tout simplement dans d’«autres services» en 2006. Depuis la fondation du territoire, l’économie régionale a fait d’énormes progrès.

     

    8.  CONCLUSION

     

                Pour en conclure, la ville d’Iqaluit est en expansion démographique et économique depuis la fondation du territoire du Nunavut. La ville devient un endroit intéressant pour beaucoup de chômeurs venant des autres provinces canadiennes et même certaines minorités ethniques s’y installent. Malgré une configuration spatiale défavorable, des lacunes par rapport à l’accès de la ville et un climat extrême qui se réchauffera d’environ 1,5 à 4 degrés Celsius en moyenne d’ici 2050[7], la ville est une zone émergente qui deviendra d’autant plus importante dans le contexte des revendications territoriales en Arctique en lien avec les ressources pétrolières et un possible accès au légendaire passage Nord-Ouest grâce au réchauffement climatique.

     

     


    [1] INTERNET 1996 WORLD EXPOSITION (1996), «Welcome to the Soper River», lien direct: http://park.org/Canada/arctic/soper1/soper1.html#becoming (consulté le 30 janvier 2011)

    [2] BUDKEWITSCH, PAUL (2009), «Information géomatique sur un bassin versant d’Iqaluit, Nunavut, utilisant des données d’observation de la Terre et des levés de terrain», Ressources naturelles Canada, Ottawa, lien direct: http://cct.rncan.gc.ca/geospatial/iqaluit_f.php (consulté le 30 janvier 2011)

     

    [3] DAHL, JENS, JACK HICKS et GRAHAM WHITE (2000), «Inuit regain control of their lands and their lives», Copenhague, Danemark: «International Work Group for Indigenous Affairs», pages 34 et 35 

    [4] GOUVERNEMENT du Territoires du Nord-Ouest (1998), «Checklist of Northwest Territories government publications for 1998», Yellowknife, lien direct : http://www.assembly.gov.nt.ca/_live/documents/content/check98.pdf (consulté le 30 janvier 2011)

    [5] MALTAIS, BRUNO (2010), «Visages du Nord : Lumière sur Iqaluit», Radio-Canada (chronique web), Ottawa/Montréal/Iqaluit, lien direct : http://www.radio-canada.ca/nouvelles/enprofondeur/national/visages-du-nord/chroniques_web/index.asp?d=2010-4-7 (consulté le 31 janvier 2011)

    [6] STATISTIQUES CANADA (2007), «Profils des communautés de 2006 : Iqaluit», Ottawa, lien direct : http://www12.statcan.gc.ca/census-recensement/2006/dp-pd/prof/92-591/details/page.cfm?Lang=F&Geo1=CSD&Code1=6204003&Geo2=PR&Code2=62&Data=Count&SearchText=Iqaluit&SearchType=Begins&SearchPR=01&B1=All&Custom= (consulté le 30 janvier 2011)

    [7] BERTOL, MICHELLE (2010), «Le lotissement durable d’Iqaluit», Ressources naturelles Canada, Ottawa, lien direct: http://adaptation.nrcan.gc.ca/case/iqaluit_f.php (consulté le 31 janvier 2011)

     

     

    1.  INTRODUCTION

    Suite à notre présentation générale de la ville d’Iqaluit, cette deuxième partie vise de cerner les problématiques qui sont selon nous les plus importantes se rattachant à notre localité dans le but d’évaluer et de diagnostiquer le potentiel global de celle-ci. Nous avons choisi trois problématiques qui sont d’ailleurs toutes interdépendantes et étroitement liées par le contexte de la nordicité de la capitale du Nunavut. La première problématique est celle de l’isolation sociale qui entraîne notamment des désavantages flagrants par rapport aux services sociaux, à la communication et à l’éducation. La deuxième problématique est celle de la géostratégie de la ville d’Iqaluit. Nous parlerons ici en détail de l’aspect de l’accessibilité et de certaines infrastructures autant que de l’économie externe limitée. Notre dernière problématique touche le climat arctique et son influence négative par exemple sur l’économie interne et l’immigration. Le sujet du réchauffement climatique sera également brièvement abordé lors de l’analyse de cette problématique en parlant des avantages et aussi des inconvénients qui se rapportent à ce phénomène précis. Ce sujet sera abordé de nouveau lors du troisième travail pratique qui établira un scénario pour le futur de la ville ainsi que les méthodes et opérations prévues afin de résoudre les problématiques mentionnées dans une approche considérant le développement durable. Le travail présent sera accompagné d’un schéma systémique illustrant nos idées dans le but de faciliter la compréhension du sujet.

    2.  L’ISOLATION SOCIALE

                L’isolement entraine souvent des facteurs quelque peu défavorables. Tout est plus cher et souvent plus rare comme le loyer et la nourriture, sans compter les problèmes liés au taux de mortalité infantile qui est deux fois plus élevé à Iqaluit que la moyenne générale du Canada, le taux de suicide qui est six fois plus élevé, le taux de tuberculose étant huit fois plus haut que le reste du Canada et le taux des maladies transmises sexuellement (MTS) qui est de treize à vingt fois plus élevé que la moyenne nationale. D’autres problèmes s’ajoutent à ceux mentionnés plus haut, tel que le pourcentage de fumeurs (68%) comparativement à 27% pour le reste du Canada, sans parler de l’abus d’alcool des Inuits.

    N’ayant pas de bonnes infrastructures, il est difficile de construire un hôpital, un Centre local de services communautaires ou encore un centre policier à Iqaluit. Les matériaux nécessaires à la construction qui ne sont souvent livrés que par la voie maritime et les spécialistes dans leurs domaines tel que les électriciens, architectes sont difficiles à trouver ou procurer. Il n’y a donc peu de personnes qualifiées qui désirent venir travailler à Iqaluit vu son éloignement des grands pôles de développement. Cependant, quelques infirmières et médecins se déplacent une fois par mois, sinon moins, sur place pour donner un service de santé adéquat pour les Inuits qui composent autour de 85 pourcent de la population Iqaluit. Mais le manque d’infirmières est le maux le plus problématique en ce moment dans ce territoire comme partout ailleurs au Canada.  

    Par contre, un point positif vient améliorer leur sort, même si la solution est loin d’être la plus efficace et facile. Depuis quelque temps, on voit une nouvelle technologie de communication s’ouvrir aux patients d’Iqaluit. Alors qu’avant les médecins devaient se déplacer pour diagnostiquer les malades, il est possible maintenant de faire le tout par images satellites et visuelles. Les spécialistes d’Ottawa ou de Montréal peuvent ainsi dire si le patient doit être transporté par avion dans un centre de santé le plus près ou si rien ne presse. Il faut savoir aussi que le seul moyen pour traiter les arrêts du cœur, les grossesses ectopiques ou prématurés, pneumonies ou dommages quelconques est de prendre l’avion qui est payé par le gouvernement. Le budget du Nunavut est de 408.7 millions et environ 80 millions vont directement à la santé pour le transport de 12 des 28 communautés d’Inuits au Nunavut. Même si les communications ne sont pas si perfectionnées, il est tout de même possible d’avoir le cellulaire, l’internet et des ordinateurs dans cet endroit si isolé du reste du Canada. Durant les dernières années, plusieurs stations de radio ont été inaugurées et ouvertes à Iqaluit et des journaux locaux s’y vendent également de plus en plus. On compte actuellement deux journaux, trois chaînes de télévision et six chaînes de radio différentes. En constante évolution, on peut communiquer plus facilement avec Iqaluit et cela permet aux habitants d’avoir de meilleurs soins et services sociaux.

    Concernant l’aspect de l’éducation, plus d’un tiers de la population active n’a aucun grade ou diplôme et le taux de chômage se situe actuellement à 7.8 pourcent. Mais la situation s’améliore perpétuellement. Les infrastructures déjà existantes ont été améliorées graduellement depuis la fondation du territoire du Nunavut. Trois garderies («Les petits Nanooks», «Kids on the beach daycare» et «First steps daycare centre»), deux écoles primaires, la «Nakasuk School» (de la garderie jusqu’à la cinquième année) et une école du nom de «Joamie Iliniarvik School» (pour la première à la cinquième année), l’«Aqsarniit Ilinniarvik School» (à partir de la sixième allant jusqu’à la huitième année) qui est ainsi également appelée «Middle School», une école secondaire modernisée du nom d’«Inuksuk High School» (de la neuvième à la douzième année d’études) et même une école francophone du nom de l’«École des Trois-Soleils», une institution postsecondaire, le «Nunavut Arctic College», et enfin l’«Akitsiraq Law School» qui offre des cours de baccalauréat en étude de droits en collaboration avec l’Université d’Ottawa se trouvent dans la petite ville. Par contre, ce réseau d’éducation énorme ne suffit pas encore de combler tous les besoins. La ville a besoin de travailleurs spécialisés de l’extérieur de la région. Certains jeunes étudiants quittent la ville pour poursuivre les études surtout dans les cégeps et universités de l’Ontario et du Québec.

    3.  L’ASPECT DE L’ISOLATION GÉOSTRATÉGIQUE

                L’isolation géostratégique est un inconvénient majeur se rattachant à la localité d’Iqaluit. La ville est située sur l’île de la Terre de Baffin et la seule voie d’accès régulière à la ville est par avion. Situé dans un grau entouré de collines rocheuses avec un sol acide, mince, pauvre et quasiment infertile à cause du pergélisol où la végétation se limite principalement aux lichens et en été aussi aux épilobes à feuilles larges, aux oxytropis de Maydell, au coton arctique, aux pavots safranés, aux pyroles à grandes fleurs, aux raisins d’ours, aux silènes acaules, aux dryades à feuilles entières, aux canneberges et mûres, aux céraistes vulgaires, au thé du Labrador et aux œillets marins[1], la ville est surtout composée d’une poignée de maisons préfabriquées. Il n’y a qu’un réseau limité de routes de grave d’environ une vingtaine de kilomètres. Les panneaux de circulation sont rares, les rues ne portent pas de noms et les feux de circulation sont aussi inexistants que les stationnements publics. Peu de gens possèdent des voitures qui n’ont pas une longue espérance de vie dans un climat arctique et la plupart des gens se déplacent à l’aide de motoneiges et de sept services de taxi différents en ville.[2] D’une manière étonnante, le passé et le présent vivent ensemble à Iqaluit où une bonne partie des Inuits vont encore à la chasse et célèbrent des danses et chants traditionnels en amenant leurs téléphones mobiles partout. Cet aspect semble être un mélange harmonieux et unique, mais d’un point de vue géostratégique, la jeune capitale a un grand retard à rattraper et une ouverture d’esprit et un sens de l’entrepreneuriat à développer si elle veut faire face aux défis d’un monde globalisé sans sortir perdante des enjeux économiques et politiques se rattachant à celui-ci.

    Le manque d’accessibilité nuit non seulement aux infrastructures, mais aussi à l’économie car la ville offre peu d’avantages pour des entreprises de l’extérieur de s’y installer. Le sol empêche ou au moins complique largement la construction d’usines à Iqaluit. Tout se limite donc à un marché économique interne et il y a une dépendance envers les importations des marchés externes. La main-d’œuvre locale n’est pas suffisante pour suffire aux besoins de la population et le taux d’immigration et de travailleurs externes ayant un contrat à Iqaluit augmente en flèche. L’économie régionale a surtout fait des progrès et a même connu un boom économique suite à la fondation du Nunavut dont Iqaluit est la capitale[3], mais celle-ci est très limitée, a connu un retour à la normale et est dangereusement dépendante des services extérieurs. Les grands marchés, les pays voisins et mêmes les provinces voisines ou territoires voisins sont loin de la ville. L’économie locale est largement basée sur les subventions du gouvernement fédéral. Le «sous-sol» du Nunavut regorge de ressources minières telles que le cuivre, l’or, l’argent, le plomb, le zinc et le diamant et vingt pourcent des richesses pétrolières du Canada se trouvent en territoire nunavummiut, mais le tout est jusqu’à date inaccessible ou extrêmement difficile à exploiter d’un point de vue climatique, technologique et financier. Même si ces richesses sont exploitées, ce seront encore des travailleurs spécialisés de l’extérieur qui profiteront surtout de ce phénomène tandis que la population locale ne s’enrichira que partiellement et pour une période temporairement limitée. Ce qui nuit après tout au développement régional et aussi à la mentalité d’indépendance des habitants est le fait qu’Iqaluit soit encore dépendant des forces extérieures et qu’il soit incapable de s’émanciper réellement.

    4.  LE CLIMAT ET SES CONSÉQUENCES

                Bien que le climat avantage certains endroits sur la Terre, il n’en est pas de même pour Iqaluit. Le climat arctique et désertique de cet endroit du Nunavut ne permet pas aux habitants de cette ville de faire d’importantes infrastructures et encore moins des maisons comme nous sommes tous habitués de voir. Bâtis sur le pergélisol, leurs maisons ressemblent le plus souvent à des maisons mobiles faites sur mesure et les plus grosses infrastructures restent l’hôtel de ville et un hôtel ou encore motel où les gens qui viennent puissent être logés. Le système routier est également très peu développé. Souvent en terre battue, les routes ne sont pas asphaltées, car le mouvement du sol est constant et briserait dès la première année l’asphalte mis en place.

                Le climat a également une influence sur l’économie régionale. À part de l’artisanat inuit et des surplus de la pêche, Iqaluit ne réalise pas beaucoup d’exportations. Le pergélisol empêche presque complètement l’agriculture et la construction d’usines et la ville ou encore le gouvernement fédéral doit investir énormément d’argent et d’efforts afin de combler les besoins de la population par l’importation de marchandises. En ce qui concerne les besoins fondamentaux, il y a de la fabrication de vêtements à Iqaluit, mais le marché régional est trop petit et culturellement spécialisé pour suffire à la population. En ce qui a trait la nourriture, les Inuits restent quelque peu attachés à leurs modes de vie traditionnels, mais ils doivent s’adapter à une nouvelle vie avec une population qui augmente en flèche et qui ne pourrait plus être entièrement nourrie par quelques chasseurs et pêcheurs et surtout avec un réchauffement climatique qui se fait sentir davantage à Iqaluit et qui risque non seulement d’éloigner les animaux chassés de la ville mais qui effacera également une multitude d’emplois et événements traditionnels. À cela s’ajoute sans aucun doute le boycott de certains pays d’importer les fourrures et viandes de la région à cause de l’opposition de plusieurs pays contre les méthodes dont la chasse aux phoques est réalisée qui nuit aux activités économiques traditionnelles. En ce qui concerne les logements, ceux-ci sont importés du sud et souvent des fabrications spéciales. Des champs de travail ou la construction de maisons complètes sur place sont impossibles à cause du pergélisol, le froid énorme et les blizzards.

                En ce qui concerne l’immigration, la ville d’Iqaluit voit de plus en plus de minorités s’installer dans la région, mais peu d’immigrants du sud du Canada ou même de l’extérieur du pays restent de manière permanente à Iqaluit. Les conditions climatiques, la nature monotone et le manque de divertissements sont des obstacles considérables à l’immigration.

    5.  CONCLUSION

                Pour finir, Iqaluit est pour le moment une ville isolée du reste du monde. Cependant, si nous regardons vers le futur, presque tous les aspects mentionnés risquent de se modifier avec les impacts du réchauffement planétaire. Avec un climat plus doux, les modes de vie traditionnels sont en voie de disparition, mais un nouveau marché économique et une nouvelle vague d’immigration pourraient se créer avec l’accessibilité du Passage du Nord-Ouest. L’amélioration dans les communications permet aux habitants d’Iqaluit de sortir de leur isolation permanente et aux spécialistes de la santé d’offrir un meilleur service à leurs patients du Grand Nord. Les ressources précieuses cachées sous le pergélisol deviendront également accessibles et pourraient être exploitées et créer un boom économique temporaire. Pourtant, la question des revendications territoriales en Arctique pourrait éventuellement placer la ville d’Iqaluit au centre de tensions diplomatiques et même militaires dans le pire scénario. Il ne reste qu’à savoir maintenant si les peuples anciens sont prêts pour faire face aux changements que le réchauffement climatique amènera sur le territoire du Nunavut.



    [1] IQALUIT 2002-2003 (2003), «Fleurs de la toundra», lien direct: http://iqaluit.free.fr/nunavut/geo_fleurs.html (consulté le 19 février 2011)

    [2] JOHNSON, MAUREEN (1999), «Canada’s new arctic territory charts its course», Washington D.C., États-Unis, «Pan American Health Oraganization», magazine «Perspective in health», volume 4, No.2, lien direct: http://www.paho.org/English/DPI/Number8_article1.htm (consulté le 19 février 2011)

    [3] RADIO-CANADA (1999), «Boom économique à Iqaluit», Montréal, Québec, Canada, lien direct: http://archives.radio-canada.ca/politique/provincial_territorial/clips/857/ (consulté le 19 février 2011)


     

    1.  INTRODUCTION

                    Suite à l’identification de problématiques au niveau social, géostratégique et climatique en lien avec Iqaluit, ce dernier volet de notre travail vise à identifier le positionnement à moyen terme en regard des objectifs du développement durable. On se penche sur la question si le proche futur de la ville d’Iqaluit suivra un scénario optimiste ou pessimiste. Pourtant, lors de l’étude de cette tâche, deux volets différents au sein d’un même scénario ont émergé. D’un point de vue positif, les aspects sociaux et géostratégiques connaîtront une nette amélioration tandis que cette croissance s’avérera négative par rapport à la problématique climatique ou écologique.

    2.  LE DÉVELOPPEMENT DURABLE

                En premier lieu, il faut clarifier ce qui est le développement durable. Celui-ci concilie les trois piliers économique, social et écologique dans le but de trouver un équilibre cohérent et viable à long terme. Selon le rapport de Brundtland, «le développement durable est un mode de développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre à leurs».[1] Nous allons diviser notre travail en trois parties orientées à ces trois piliers et aux trois problématiques identifiées lors de notre deuxième volet tout en indiquant des mesures, méthodes et opérations afin de contrer les problématiques et de renforcer le développement durable.

    3.  LE PILIER ÉCONOMIQUE

    Le développement économique est en forte croissance à Iqaluit, surtout au niveau de la construction et de l’exploitation minière et pétrolière. «L’exploitation minière demeure une activité économique essentielle au Nunavut qui attire des centaines de millions de dollars en investissements chaque année»[2], souligne John Duncan, ministre de l’Agence canadienne de développement économique du Nord. Le géant français «Areva» tente d’installer une exploitation minière d’une valeur de 1,5 milliards de dollars sur le sol du Nunavut pour recueillir de l’uranium.[3] Les compagnies «Peregrine Diamonds Ltd.» et «BHP Billiton» ont récemment annoncé qu’elles voudraient investir 17,7 millions de dollars dans l’exploitation de diamants à Chidliak, en proximité d’Iqaluit.[4] Tout en gardant les marchés traditionnels tels que l’artisanat inuit et la pêche qui connaît d’ailleurs encore des investissements de plusieurs centaines de milliers de dollars afin de trouver de nouvelles stratégies de commercialisation[5], le Nunavut entier se modernise et s’ouvre à des investissement étrangers. Étant donné que le territoire du Nunavut est pratiquement inexploré, ce genre d’investissement semble être durable et non seulement temporaire comme cela était le cas avec le Nord-de-Québec ou la Côte-Nord où des villes minières comme Schefferville[6] n’ont connu qu’un essor très court et limité.

    La seule problématique en lien avec ce développement positif est le fait que la ville dépende encore énormément des subventions fédérales et que non seulement la plupart des investissements économiques mais aussi des travailleurs qualifiés viennent de l’extérieur. La présence de cette main-d’œuvre crée davantage d’emplois régionaux au secteur tertiaire, mais les secteurs primaires et secondaires restent négligés. D’un point de vue positif, le secteur secondaire est déjà en augmentation à court terme vu que l’augmentation de la population et l’installation de nouvelles entreprises demande la construction de nouveaux bâtiments, des réparations routières et des créations et rénovations d’un bon nombre de réseaux et d’institutions. Au niveau primaire, les changements climatiques pourraient offrir de nouvelles voies à une agriculture quasiment inexistante jusqu’à date et malgré que certains espèces animal et végétal disparaîtront, de nouvelles espèces plus vastes et splendides venant du sud enrichiront la région à long terme également. Ce n’est que la période de transition qui sera difficile à gérer, mais elle sera comblée par l’essor économique actuel. Ce scénario positif est souligné par l’essor du domaine de l’éducation à Iqaluit et son rôle de centre intellectuel du nord du Canada. Avec trois garderies, cinq écoles primaires et secondaires et deux institutions postsecondaires récemment établies et élargies, le peuple inuit souligne sa volonté de faire directement partie et d’améliorer l’essor économique de façon durable.

    4.  LE PILIER SOCIAL

                «Les trois communautés, inuit, anglophone et francophone, cohabitent bien chez nous.», souligne Dominique Huserau, représentante de «Carrefour Nunavut».[7] La ville d’Iqaluit est en effet un exemple parfait de la mondialisation. Environ deux tiers de la population parlent aujourd’hui l’anglais. À part des 6025 citoyens canadiens dont 3650 ayant une identité autochtone, il y a des minorités ethniques venant d’endroits aussi exotiques que la Chine, le Maghreb et les Philippines.[8]

    Pourtant, cette ville en perpétuel changement démontre également les problèmes qui viennent avec cette création d’une société hétérogène isolée dans le nord. Le Nunavut a le plus grand taux d’homicides, de suicides, d’abus d’alcool et de drogues et de maladies transmises sexuellement ainsi qu’une image dévastatrice de la santé publique.[9] Le reportage de Patrick White[10] en donne des exemples. La prison d’Iqaluit construite pour environ soixante-cinq prisonniers est pleine à craquer avec une centaine de jeunes criminels. Certains prisonniers doivent dormir ensemble dans un gymnase. Un policier en ville témoigne que neuf sur dix appels à la police, sinon plus, sont en lien avec des actes de violence en lien avec l’abus d’alcool. Un autre problème est le taux de croissance de la population qui crée un surplus de déchets, un manque d’habitations et des conflits intrafamiliaux. On donne l’exemple d’une famille de seize personnes qui attend la construction d’une maison et qui dort ensemble dans une chambre à coucher ne contenant que des lits pour trois personnes. Mais ce n’est pas seulement le manque de nouvelles locations qui pèse lourd sur la société, car les appartements et maisons existants exigent souvent des rénovations et hébergent de l’air pourri, des murs poreux et des planchers brisés. La très jeune population du Nunavut doit faire face à un tas de problèmes qui n’a pas cessé d’augmenter depuis la fondation du territoire il y a douze ans.

    Pourtant, la situation est devenue tellement grave que le scénario pour le futur de la ville reste malgré tout optimiste car la situation ne risque plus d’empirer. Avec l’arrivée de plus en plus de visiteurs et d’immigrants, la société d’Iqaluit risque de s’adapter à un nouveau standard de vie et sortira de son isolation qui est un des facteurs principaux de sa misère. De nouvelles activités culturelles et une ouverture vers les cultures étrangères mèneront à davantage d’activités sociales. Les investissements économiques et gouvernementaux favoriseront à long terme la construction de nouveaux bâtiments ce qui enlèvera le poids des confrontations, frustrations et agressions au sein des logements serrés, délabrés et peu personnalisés et diminuera le taux de criminalité élevé. L’essor des institutions scolaires donnera aux futures générations une multitude de choix de carrière et une stabilité et intégration dans un monde hétérogène auquel les générations plus âgées ne se sont jamais habituées. De plus, des préventions face aux maladies transmises sexuellement et aux abus de drogues et d’alcool seront davantage réalisées au sein de ces institutions. Iqaluit devrait également s’impliquer politiquement dans la lutte contre l’abus d’alcool et suivre l’exemple de Pangnirtung, la deuxième ville du Nunavut, qui a réalisé une prohibition sur son territoire.[11] En fait, sur vingt-cinq communautés au Nunavut, sept communautés ont récemment installé une prohibition et treize autres ont au moins certaines restrictions. Iqaluit est parmi les cinq communautés restantes qui n’ont pas encore entrepris des mesures significatives contre l’abus d’alcool. Avec de telles mesures, la phase de transition difficile durant laquelle le peuple inuit doit se forger une nouvelle identité et existence entre le passé traditionnel et la culture occidentale infuse du présent se réalisera d’une manière plus contrôlée et sécuritaire.  

    5.  LE PILIER ÉCOLOGIQUE

                Iqaluit, qui connaît une température annuelle moyenne relativement modérée de moins dix degrés Celsius, devra faire face à une augmentation de la température entre un degré et demi et quatre degrés jusqu’en 2050 ce qui entraînera des changements importants sur terre et en mer comme une augmentation de quinze pourcent des précipitations annuelles.[12] La ville d’Iqaluit est consciente de l’importance du développement durable. La maire Madeleine Redfern souligne qu’«Iqaluit a pris un engagement à long terme vers le développement durable et s’est engagé à étendre les services municipaux.»[13] Des anecdotes telles que la construction d’une première serre dans l’Arctique en plein centre-ville d’Iqaluit qui sera bientôt agrandie démontrent que la communauté tente se premiers pas hésitants vers ce nouveau modèle peu connu.[14] 

    D’un autre côté, Iqaluit a besoin de s’ouvrir envers le monde par les moyens de l’économie et du tourisme pour contrer ses problèmes sociaux et afin d’atteindre et maintenir un standard de vie plus élevé. La montée des explorations de sites de ressources naturelles et des exploitations minières et pétrolières ainsi que la création d’un nouveau port en eaux profondes et l’agrandissement et la modernisation de l’aéroport en place visent la prospérité économique et la modernisation bien avant le développement durable. Le site «Population Data» souligne que «ce développement, loin de satisfaire aux exigences du développement durable en cette période de frénésie, risque bien de se faire au détriment de la faune locale.»[15] Mais les menaces vont plus loin. En juin 2008, la ville de Pangnirtung avait vécu sous état d’urgence pendant un mois à cause d’une inondation venue d’une montagne qui était provoquée par des pluies sur neige abondantes.[16] Suite à cela, des oiseaux inconnus sous cette latitude tels que des geais bleus et des merles ont été repérés. Les saisons de pêche et de chasse sont en changement rapide depuis que les anciens avaient remarqués les premiers changements climatiques il y a environ vingt ans. Mais le véritable danger n’est pas visible: sous le pergélisol ses cachent des tonnes de méthane qui pourraient se libérer. Avec la fonte du pergélisol, les maisons et bâtiments pourraient aussi être endommagés.[17] Cela souligne le besoin criant de la construction, rénovation et stabilisation des bâtiments et systèmes routiers au Nunavut ainsi qu’une augmentation de mesures de sécurité. À cause de son isolation et son manque d’expériences, le Nunavut semble être impuissant face à des possibles catastrophes et changements naturels pouvant freiner l’essor socioéconomique.

    6.  CONCLUSION

                Finalement, le scénario à court et moyen terme à Iqaluit semble positif en ce qui concerne le développement économique tandis que le scénario pour le pilier social est en ce moment très instable, mais risque de trouver un certain équilibre à moyen et long terme. Ce n’est que sur le pilier écologique que les progrès du Nunavut sont encore hésitants malgré que les effets du réchauffement climatique soient visibles et niés par personne. Malgré une meilleure intégration socioéconomique, la population d’Iqaluit ne semble pas encore être prête à court et à moyen terme de changer ses habitudes de vie en harmonie avec le développement durable et le territoire ne semble pas être en mesure de se protéger contre des éventuelles catastrophes naturelles. Cette capacité d’adaptation ainsi que la prise de mesures immédiates au niveau infrastructurel et écologique soutenues notamment par le gouvernement fédéral prouveront dans les prochaines années si le scénario d’Iqaluit et du Nunavut sont aussi roses qu’ils semblent être en ce moment.


    Bibliographie

    1.      AGENCE CANADIENNE DE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE DU NORD (10 mars 2011), «CanNor donne un élan à l’industrie de la pêche du Nunavut», Toronto, «Marketwire», lien direct: http://www.marketwire.com/press-release/CanNor-donne-un-elan-a-lindustrie-de-la-peche-du-Nunavut-1409281.htm (consulté le 3 avril 2011)

     

    2.      AGENCE CANADIENNE DE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE DU NORD (21 mars 2011), «Le gouvernement fédéral appuie le Symposium minier du Nunavut», Toronto, «Marketwire», lien direct: http://www.marketwire.com/press-release/Le-gouvernement-federal-appuie-le-Symposium-minier-du-Nunavut-1414860.htm (consulté le 3 avril 2011)

     

    3.      BERTOL, Michelle (2010), «Le lotissement durable d’Iqaluit», Ottawa, Ressources naturelles Canada, lien direct: http://adaptation.nrcan.gc.ca/case/iqaluit_f.php (consulté le 5 avril 2011)

     

    4.      BRAUNE, Gerd (2009), «Tomaten in der Arktis», Berlin, «Berliner Zeitung», lien direct: https://www.berlinonline.de/berliner-zeitung/archiv/.bin/dump.fcgi/2009/0311/horizonte/0006/index.html (consulté le 5 avril 2011)

     

    5.      COMMISSION MONDIALE SUR L’ENVIRONNEMENT ET LE DÉVELOPPEMENT (1988 (version originale en anglais de 1987)), «Notre avenir à tous», Montréal, Éditions du Fleuve, 454 pages

     

    6.      GEORGE, JANE (29 mars 2011), «Diamond companies will spend another $17.7 million on exploration near Iqaluit», Iqaluit, «Nunatsiaq News», lien direct: http://www.nunatsiaqonline.ca/stories/article/2903_diamond_companies_will_spend_17.7_million_on_exploration_near_iqaluit/ (consulté le 3 avril 2011)

     

    7.      GLOBE AND MAIL, THE (4 avril 2011), «Why is Nunavut’s crime rate much higher than Canada’s?», Toronto, lien direct: http://www.theglobeandmail.com/news/national/nunavut/why-is-nunavuts-crime-rate-much-higher-than-canadas/article1969940/ (consulté le 4 avril 2011)

     

    8.      JACOT, Martine (2009), «Les Inuits redoutent les effets du changement climatique», Paris, «Le Monde», lien direct: https://ethnolyceum.wordpress.com/2009/07/06/les-inuits-redoutent-les-effets-du-changement-climatique/ (consulté le 5 avril 2011) 

     

    9.      MARTIN, Terence (2011), «Pour des bâtiments et routes plus sécuritaires dans le Nord canadien», Ottawa, Ressources naturelles Canada, lien direct: http://www.nrcan-rncan.gc.ca/com/elements/issues/56/cannor-fra.php?PHPSESSID=76eda76e5379a5b3c465072540d4f09c (consulté le 5 avril 2011)

     

    10.  PANGNIRTUNG – COMMUNITY PROFILE (déclaration de presse du 23 juin 2010), Pangnirtung, lien direct: http://www.pangnirtung.ca/profile (consulté le 5 avril 2011)

     

    11.  PIERRE-DESCHÊNES, CLAUDINE, «Schefferville», «L’encyclopédie Canadienne», Toronto, «Institut Historica Dominion», lien direct: http://www.thecanadianencyclopedia.com/index.cfm?PgNm=TCE&Params=F1ARTF0007197 (consulté le 3 avril 2011)

     

    12.  POPULATION DATA (2008), «Villes du bout du monde: Iqaluit», lien direct:  http://www.populationdata.net/index2.php?option=article&aid=73&article=2008-05-30-Villes-du-bout-du-monde-(serie)-:-Iqaluit (consulté le 5 avril 2011)

     

    13.  PRESSE CANADIENNE (3 avril 2011), «Nucléaire: le Japon fait réfléchir le Nunavut», Toronto (Montréal pour «Métro Montréal»), lien direct: http://www.journalmetro.com/linfo/article/822189--nucleaire-le-japon-fait-reflechir-le-nunavut (consulté le 3 avril 2011)

     

    14.  REDFERN, Madeleine, «Welcome to the city of Iqaluit», Iqaluit, présence sur internet, lien direct: http://www.city.iqaluit.nu.ca/i18n/english/index.php (consulté le 5 avril 2011)

     

    15.  STATISTIQUES CANADA (2007), «Profils des communautés de 2006 : Iqaluit», Ottawa, lien direct : http://www12.statcan.gc.ca/census-recensement/2006/dp-pd/prof/92-591/details/page.cfm?Lang=F&Geo1=CSD&Code1=6204003&Geo2=PR&Code2=62&Data=Count&SearchText=Iqaluit&SearchType=Begins&SearchPR=01&B1=All&Custom= (consulté le 4 avril 2011)

     

    16.  THÉRIAULT, Charles (10 mars 2011), «Les retraites ouvrent le marché de l’emploi», Ottawa, «Le Droit», lien direct: http://www.cyberpresse.ca/le-droit/actualites/economie/201103/10/01-4378161-les-retraites-ouvrent-le-marche-de-lemploi.php (consulté le 4 avril 2011)

     

    17.  WHITE, Patrick (1er avril 2011), «The trials of Nunavut: Lament for an Arctic Nation», Toronto, «The Globe and Mail», lien direct: http://www.theglobeandmail.com/news/national/nunavut/northern-crime/article1963420/ (consulté le 4 avril 2011)



    [1] COMMISSION MONDIALE SUR L’ENVIRONNEMENT ET LE DÉVELOPPEMENT (1988 (version originale en anglais de 1987)), «Notre avenir à tous», Montréal, Éditions du Fleuve, 454 pages

    [2] AGENCE CANADIENNE DE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE DU NORD (21 mars 2011), «Le gouvernement fédéral appuie le Symposium minier du Nunavut», Toronto, «Marketwire», lien direct: http://www.marketwire.com/press-release/Le-gouvernement-federal-appuie-le-Symposium-minier-du-Nunavut-1414860.htm (consulté le 3 avril 2011)

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    [5] AGENCE CANADIENNE DE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE DU NORD (10 mars 2011), «CanNor donne un élan à l’industrie de la pêche du Nunavut», Toronto, «Marketwire», lien direct: http://www.marketwire.com/press-release/CanNor-donne-un-elan-a-lindustrie-de-la-peche-du-Nunavut-1409281.htm (consulté le 3 avril 2011)

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    [8] STATISTIQUES CANADA (2007), «Profils des communautés de 2006 : Iqaluit», Ottawa, lien direct : http://www12.statcan.gc.ca/census-recensement/2006/dp-pd/prof/92-591/details/page.cfm?Lang=F&Geo1=CSD&Code1=6204003&Geo2=PR&Code2=62&Data=Count&SearchText=Iqaluit&SearchType=Begins&SearchPR=01&B1=All&Custom= (consulté le 4 avril 2011)

    [9] GLOBE AND MAIL, THE (4 avril 2011), «Why is Nunavut’s crime rate much higher than Canada’s?», Toronto, lien direct: http://www.theglobeandmail.com/news/national/nunavut/why-is-nunavuts-crime-rate-much-higher-than-canadas/article1969940/ (consulté le 4 avril 2011)

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    [12]  BERTOL, Michelle (2010), «Le lotissement durable d’Iqaluit», Ottawa, Ressources naturelles Canada, lien direct: http://adaptation.nrcan.gc.ca/case/iqaluit_f.php (consulté le 5 avril 2011)

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    [14] BRAUNE, Gerd (2009), «Tomaten in der Arktis», Berlin, «Berliner Zeitung», lien direct: https://www.berlinonline.de/berliner-zeitung/archiv/.bin/dump.fcgi/2009/0311/horizonte/0006/index.html (consulté le 5 avril 2011)

    [15] POPULATION DATA (2008), «Villes du bout du monde: Iqaluit», lien direct:  http://www.populationdata.net/index2.php?option=article&aid=73&article=2008-05-30-Villes-du-bout-du-monde-(serie)-:-Iqaluit (consulté le 5 avril 2011)

     

    [16] MARTIN, Terence (2011), «Pour des bâtiments et routes plus sécuritaires dans le Nord canadien», Ottawa, Ressources naturelles Canada, lien direct: http://www.nrcan-rncan.gc.ca/com/elements/issues/56/cannor-fra.php?PHPSESSID=76eda76e5379a5b3c465072540d4f09c (consulté le 5 avril 2011)

    [17] JACOT, Martine (2009), «Les Inuits redoutent les effets du changement climatique», Paris, «Le Monde», lien direct: https://ethnolyceum.wordpress.com/2009/07/06/les-inuits-redoutent-les-effets-du-changement-climatique/ (consulté le 5 avril 2011) 

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